A l’heure actuelle au Mexique, où l’explosion démographique des grandes villes
entraîne une pression d’ensemble de plus en plus importante sur les ressources forestières, les
institutions environnementales et principalement forestières n’hésitent pas à dénoncer la
dégradation des ressources forestières et des milieux naturels qui leur sont associés, sans
oublier, bien sûr, les risques futurs de pénurie d’eau, ce qui pourrait être catastrophique pour le
développement économique et social du pays.
Cependant, ces réflexions ne sont pas nouvelles. D’une manière générale, elles
s’insèrent, d’abord dans la logique malthusienne, selon laquelle la croissance géométrique de
la population entraînerait la rareté des ressources naturelles et mettrait en danger l’existence des
espèces animales et végétales sur la Terre. Puis, d’une manière plus particulière dans la pensée
conservationniste, l’idée même de préserver la nature à l’état « sauvage » est celle des plus
grands promoteurs de la conservation forestière états-unienne de la fin du XIXe et début du
XXe siècle, influençant ainsi la conservation forestière dans le monde entier, à commencer
même par les deux pays frontaliers : le Mexique et le Canada. S’il est vrai que ces États voisins
ont développé, chacun, leur système de conservation selon leurs propres contextes historiques,
économiques, politiques et sociaux liés à l’exploitation des forêts (Depraz et Héritier, 2012), la
constante diffusée par les corps des ingénieurs forestiers de l’époque dans ces trois pays était
que les populations locales, indigènes ou autochtones, étaient les coupables du défrichement et
que seulement les idées des hommes « civilisés » pouvaient conduire à la protection des forêts.
En tout cas, dès la fin du XIXe et le début du XXe siècle, tous les éléments du débat actuel
étaient déjà présents : dégradation et épuisement des ressources naturelles et même des discours
catastrophiques à propos des rapports nature/société, dont les bases scientifiques restent encore
largement à démontrer (Veyret, 2005). Paradoxalement, ce débat est plus que jamais présent
dans les politiques internationales de conservation forestière. La seule différence peut-être, que
l’on trouve aujourd’hui, est la façon dont on veut protéger et conserver les forêts.
À l’heure actuelle, au niveau international, les politiques forestières se veulent
intégratrices. C'est dire qu’elles sont plus souples avec les populations locales, qui de fait, sont
devenues les actrices principales de la conservation des forêts. Toutefois, comme nous l’avons
indiqué, chaque pays envisage ce but à partir de son histoire économique, politique, sociale et
même environnementale. Au Mexique, par exemple, malgré l’émergence d’une diversité de
projets politiques environnementaux intégrateurs, qui se sont multipliés depuis les deux
dernières décennies, l’intégration des populations locales à la gestion des forêts est loin d’être
évidente. D’une part, les populations locales sont encore stigmatisées selon l’image de
« l’indigène ignorant » et, d’autre part, les politiques forestières sont encore imprégnées d’une
logique de gestion centralisée, qui en théorie n’existe plus, mais qui, dans la pratique, a encore
du mal à disparaître après une tradition de 71 ans de pouvoir centralisé dans le système politique
mexicain
70. Partant, la conservation des forêts soulève des enjeux de plus en plus importants,
non seulement par la difficulté de gérer les forêts d’une manière partagée, mais par les discours
environnementaux qui sont de plus en plus alarmistes et surtout par la difficulté rencontrée par
le pays à respecter ses engagements politiques internationaux.
70 Nous faisons référence au contexte postrévolutionnaire qui en 1929 a donné lieu à la création du Parti National
Révolutionnaire (PNR) devenu plus tard le Parti de la Révolution Institutionnelle (PRI) et qui depuis, est resté à la
tête du pouvoir jusqu’à l’an 2000. Toute cette période a été caractérisée par l’absence de pluralité des partis politiques ; par l’absence de démocratie, car le Président avait gardé pour lui de pouvoir choisir son successeur et les gouverneurs des États ; enfin, l’État-parti avait aussi le contrôle des médias [Nieto, 2011] (et même, encore
aujourd’hui il existe une forte censure à la liberté d’expression). Ces signes montrent que le PRI au centre de l’État,
a réussi à imposer, progressivement, ce qu’en 1990 l’écrivain péruvien, Mario Vargas Llosa a considéré devant les médias comme « la dictature parfaite ». Si en principe les premiers signes de la décentralisation au Mexique sont apparus en 1982, de faite, la plupart des institutions environnementales et forestières est encore plus récente (1990-2000). Dans ce contexte, malgré les progrès au niveau de la décentralisation de fonctions institutionnelles, dans la pratique, la décentralisation des fonctions vers « le bas », n’est pas complètement évidente, ni pour le peuple ni pour les acteurs institutionnels.
C’est donc dans le but de mieux comprendre les enjeux et les limites de la conservation
au Mexique, que nous avons réservé cette partie de la recherche à l’étude de la mise en place
des politiques forestières dans le contexte national. Ceci, évidemment, tout en tenant compte
d’un mélange des différentes situations économiques, politiques ou sociales qui, à travers le
temps et sous l’influence d’intérêts économiques et du courant international de la conservation,
ont plus ou moins redéfini l’application des politiques forestières de la fin du XIXe siècle
jusqu’à nos jours.
3.1. Antécédents des politiques de conservation forestière (XIIIe-XIXe siècles)
3.1.1. Dans les civilisations précolombiennes
Bien qu’il soit toujours hasardeux de situer avec précision l’origine de la conservation
forestière, certaines recherches (Simonian, 1990 : 43 ; in : Almazán Reyes, 2011 ; p. 83)
révèlent des antécédents particulièrement intéressants à ce sujet. Au Mexique, au XIII
esiècle,
l’usage irrationnel des bois avait déjà conduit l’empereur Nopaltzin
71à interdire de mettre le
feu à la forêt sans obtenir une autorisation au préalable. Puis, au XV
esiècle, le prince de
Texcoco, Netzahualcóyotl, a restreint les zones de coupes de bois, sous peine de mort pour celui
qui osait violer la règle. En outre, il avait ordonné le reboisement des zones proches de la Vallée
de Mexico
72. D’autres initiatives de protection de la nature sont venues plus tard avec
l’empereur Moctezuma, qui au XVI
esiècle a créé quelques parcs zoologiques et jardins
botaniques (Kürzinger et al., 1991 :63 ; in : Paz Salinas, 2005 ; p. 65).
Ainsi, grâce à ces exemples, nous constatons à quel point l’idée de la conservation des
forêts est ancienne au Mexique. Mais, surtout, on doit souligner que, contrairement aux idées
diffusées par les conservationnistes du XIX
eet du XX
esiècle, ces démarches témoignent du
souci de la préservation de la nature et des milieux forestiers existant chez les peuples indigènes
bien avant l’arrivée des colons européens sur la Grande Tenochtitlán. De fait, l’hypothèse qui
pourrait expliquer ce comportement vis-à-vis de la nature est que les indigènes savaient
qu’autrefois le dérèglement des milieux naturels avait provoqué la disparition de civilisations
importantes ; ils avaient donc conscience que ce phénomène pouvait se reproduire s’ils ne
faisaient pas attention à la protection de la nature (Sánchez Ardeche, 1990, p. 40 ; in : Almazán
Reyes, 2011, p. 84). Cela permet d’en déduire que les indigènes pouvaient éprouver un fort
71Tlatoani (empereur) Chichimeca qu’entre 1202 et 1236 a gouverné la culture précolombienne du même nom.
sentiment de respect envers la nature, puisque ce dernier était motivé par la crainte de la
disparition de l’espèce humaine. Selon ces prémisses, la protection de la nature était donc
dépourvue de tout intérêt économique. De fait, nous verrons que ce dernier n’est apparu qu’avec
l’arrivée des colonisateurs espagnols.
3.1.2. Dans la période coloniale
Si la période coloniale a bien été marquée par la surexploitation forestière, il ne faudrait
pas en conclure pour autant à l’inexistence d’un intérêt pour la conservation des forêts
73. En
1533, les coupes de bois étaient déjà limitées et il y avait aussi des gardes forestiers (G. Kubler,
1982 ; in : Sánchez-Vértiz-Ruiz, 2009 ; p. 496). Puis, du début de la période coloniale et au
moins jusqu’aux années 1560, des mesures ont été prises pour réduire la déforestation : on
accordait aux indigènes l’utilisation des forêts, mais à condition que la coupe facilite la
régénération de l’arbre ; puis, on exigeait des encomenderos qu’ils obligent leur encomendados
à planter leurs propres arbres afin de satisfaire leurs besoins en bois de chauffage ; enfin, les
gouvernants du moment avaient une attention particulière pour les zones boisées qui entouraient
les sources d’eau et contrôlaient également les zones destinées au pâturage (Lira, 1990).
Malgré tout, les effets de la déforestation étaient manifestes dès la fin du XVI
esiècle et
plus encore évidents durant le XVII
esiècle (Lira, 1990). Ceci était dû principalement à
l’exploitation minière, certes, mais aussi aux différents usages que l’on faisait du bois : bois de
chauffage, charbon de bois, fabrication d’ustensiles et construction de bâtiments coloniaux.
Selon les recherches de R. L. Sánchez Vértiz-Ruiz (2009), les premières constructions ont été
particulièrement gourmandes en bois. D’une part, elles étaient réalisées à l’image de celles
existant en Espagne, c’est-à-dire avec des poutres en bois. Mais celles de la Nouvelle Espagne
nécessitaient même plus de bois, car les maisons étaient plus grandes, vu qu’il y avait plus
d’espace disponible. De plus, R. L. Sánchez-Vértiz-Ruiz souligne que durant les premières
années de la période coloniale, il n’y avait pas d’instruments de coupe comme la scie, puisque
le fer n’était pas connu par les indigènes
74. Toutes les coupes de bois étaient alors réalisées de
73 Durant les trois siècles de domination espagnole les colons ont considéré les forêts comme une ressource qui
leur était propre et qui était appréciée par-rapport aux activités économiques et par-rapport aux besoins du moment : l’extraction minière, la fourniture de bois aux centres urbains ou l’élevage. Les indigènes qui étaient chargés de la coupe du bois, de son transport et de sa transformation (Lira, 1990 ; p. 118).
74 L’usage de la scie et d’autres outils coupants en fer est devenu courant une fois que la conquête a été amorcée.
Ces instruments étaient importés d’Europe, et au départ, les colons acceptaient de s’en passer. D’après R. L. Sánchez-Vértiz-Ruíz (2009).
manière brute avec des haches en pierre. Ces dernières servaient aussi à modeler les poutres.
Mais, avec ces techniques rudimentaires, le gaspillage de bois était inévitable.
Ainsi, en 1550, Antonio de Mendoza, premier vice-roi de la Nouvelle-Espagne, faisait
déjà part à son successeur de l’état des forêts : « En quelques années, il y a une grande quantité
de forêts qui a disparu, dans ces conditions, on manquera plus rapidement de bois que de
métaux » (Lira, 1990 ; p. 118). Ceci traduit une véritable préoccupation pour la dégradation
forestière. La vision générale du problème des forêts et quelques alternatives pour le résoudre
sont apparues vers la moitié du XVIII
esiècle dans la Real Ordenanza para el Aumento y
Conservación de los Montes y Plantíos, dictées par Fernand VI en 1748 et dans les Ordenanzas
de 1803. M. A. Almazán Reyes (2011)souligne un aspect intéressant des Ordenanzas de 1803 :
la protection des forêts était à la charge du Secrétariat de la Marine, lequel avait un intérêt
particulier pour le bois en tant que matière première pour la construction navale. De ce fait, la
moindre extraction de bois supposait une autorisation officielle, afin d’éviter amendes,
confiscation des outils de coupe ou des animaux de trait. Cela prouve que, loin de tout objectif
de protection écologique, la protection des forêts répondait plutôt à l’époque coloniale, à la
protection des intérêts économiques et à une certaine forme de contrôle territorial. De fait, le
contrôle des ressources forestières permettait de sécuriser la base du développement
économique et social colonial.
3.2. Les premiers parcs nationaux sous l’influence conservationniste états-unienne
Parler de parcs nationaux au Mexique conduit à faire référence à l’influence de la pensée
conservationniste états-unienne de la fin du XIX siècle dont le parc national du Yellowstone
75demeure, encore aujourd’hui, la référence à travers le monde. Si, en général, l’origine de cet
espace protégé est associée à l’idée préservationniste de la nature sauvage ou wilderness
76,
témoignant ainsi de ce que les colons avaient découvert à leur arrivée sur le nouveau monde, la
réalité est toute autre. D’abord, les terres découvertes par les colons n’étaient pas désertes
77;
75 Crée en 1872, ce parc national reste une conception très particulière du modèle américain de conservation de la
nature, à la fois sauvage et porteur d’une valeur patrimoniale voire d’une fierté nationale envers des éléments emblématiques ou pittoresques (Depraz, 2008).
76 La préservation de la wilderness […] cherche d’abord la préservation de curiosités naturelles, d’un patrimoine
artistique comparable à celui des musées européens […] Que l’on y voit un lieu sacré, reflet de la volonté divine, ou le miroir de la mentalité démocratique et communautaire américaine, c’est un symbole que l’on protège dans la nature […] (Larrère, 1997).
77 C. Larrère (1997) rappelle que le paysage américain était fortement anthropisé à l’arrivé de Christophe Colomb
au Nouveau Monde puisque, depuis le paléolithique, les hommes se sont dispersés sur la terre entière. De plus, C. Larrère souligne que les indigènes avaient domestiqué une grande quantité d’espèces animales et végétales,
ensuite, les recherches de S. Depraz et S. Héritier (2012) sur l’origine de cet espace protégé
montrent que les enjeux étaient d’abord touristiques, portés par la compagnie de chemins de fer
transaméricaine Northern Pacific
78. En effet, la mise en circulation de trains a permis la
découverte des paysages montagneux. Contrairement à ce que l’on peut croire, la protection des
montagnes et des sites paysagers d’exception répondait en réalité d’abord à une vision
utilitariste des ressources naturelles. L’enjeu principal portait sur le statut public ou privé de
l’accès à la nature et non sur la protection des écosystèmes contre l’intervention humaine
(Depraz et Héritier, 2012).
D’une manière plus générale, les modalités de protection des ressources naturelles aux
États-Unis sont restées teintées par cette vision économique utilitariste, à l’image de la gestion
forestière prônée par Gifford Pinchot (1865-1946). Formé aux méthodes de sylviculture de
l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts de Nancy, il fut le premier chef du service forestier fédéral
des États-Unis, créé en 1905. G. Pinchot était partisan du wise use, c'est-à-dire d’un usage
raisonné des forêts qui permette leur renouvellement en évitant les coupes à blanc (Larrère,
1997).
La transcription mexicaine du modèle conservationniste états-unien peut être trouvée
dans l’action de Miguel Angel de Quevedo qui, comme Pinchot, était convaincu que la gestion
forestière permettrait d’assurer le renouvellement des écosystèmes forestiers, tout en tirant
profit de leur utilisation. Plusieurs points semblent avoir été déterminants pour mettre en place
une telle politique de conservation forestière utilitariste :
- L’ouverture de Porfirio Díaz aux idées étrangères qui, selon lui, étaient plus avancées et
conduiraient le pays au niveau économique des puissances mondiales ;
- Un modèle économique en pleine reconstruction, de type libéral devant favoriser
l’investissement de capitaux étrangers pour l’exploitation des gisements minéraux, et pour le
développement et modernisation du pays ;
- La surexploitation des forêts comme résultat de l’extraction minière intensive ;
transformant ainsi les forêts denses en forêts clairsemées entrecoupées de parcelles agricoles. De fait, parmi les
aliments végétaux et animaux que les Espagnols ont trouvé à leur arrivée au Nouveau Monde on trouve l’achiote,
l’avocat, l’anona, l’arrayán, la biznaga, la cacahuète, le cacao, la courgette, le camote, le piment, la chirimoya,
l’epazote, le haricot, le tournesol, la tomate, le maguey, le maïs, le mezquite, le nopal, la vanille et le zapote, ainsi que l’abeille, l’écureuil, la crevette, le crabe, le crocodile, la caille, le faisan, la garce, la dinde, le vers de maguey,
le jabali, le manati et l’huitre (Villegas-Durán, et al., 2001). Mais, au Mexique par exemple, même si les indigènes
s’alimentaient principalement de maïs, de haricot et de piments, des activités comme la chasse, la pêche et la
cueillette leur permettaient de compléter leur alimentation (Villegas-Durán et al., 2001).
- L’empathie idéologique entre G. Pinchot et Miguel Ángel de Quevedo, car tous les deux
étaient forestiers formés aux méthodes sylvicoles de l’école de Nancy ;
- Mais aussi, une empathie entre les conservationnistes de l’époque et les tenants politiques
libérales autour de Porfirio Díaz, tous considérant de manière discriminatoire les indigènes
comme étant des peuples sauvages et irresponsables dans l’utilisation des ressources forestières.
Dès lors, il fallait limiter au maximum leur utilisation de ressources forestières
79et plutôt faire
confiance aux investisseurs étrangers, peuples « civilisés » qui « démontraient » qu’ils
pouvaient exploiter de façon rationnelle les ressources forestières.
Cependant, d’un point de vue environnemental, même si les politiques impulsées par
Quevedo cherchaient à instaurer une gestion rationnelle des ressources forestières
80, celles-ci
se sont en réalité avérées impuissantes face aux intérêts économiques et politiques de la période
porfiriste. De fait, la restriction de l’accès aux ressources forestières à l’encontre des
populations indigènes était un élément favorable pour la politique libérale de Díaz, qui pouvait
ainsi céder les richesses forestières à l’exploitation étrangère plutôt que les laisser au profit des
paysans et des indigènes pauvres. De plus, la création de réserves forestières
81s’est faite au
compte-gouttes (Dumoulin-Kervran, 2009). Leur mise en place s’est avérée être un acte
purement symbolique face aux intérêts financiers des groupes économiques dominants qui ont
fini par faire une extraction irrationnelle des forêts.
79 Un exemple qui illustre cette idée est l’extrait d’une lettre (AGN, Fomento, Bosques, caja 88, exp. 18, 1908)
que nous livre Almazán Reyes (2011 : 117), où Quevedo s’adresse au Gouverneur de l’État de Mexico en 1908 et
condamne l’extraction de bois de la part des habitants d’Atlapulco, aux alentours de Mexico : […] on sait que
dans la forêt d’Atlapulco les habitants, et parfois même ceux qui habitent aux environs, trompent les gardes forestiers ; ils coupent du bois de manière irrationnelle sans respecter même le fait qu’il s’agisse des bois jeunes […] c’est pour cela que nous vous demandons d’élargir les mesures les plus restrictives à cette zone afin de mette un point final aux abus qui ont lieu dans la forêt sus-nommée. D’autres extraits dans Almazán Reyes (2011) montrent un certain mépris de la part de Quevedo et des entrepreneurs envers les indigènes et les populations rurales qu’ils accusaient d’être les responsables du défrichement.
80 Cependant, ses idées conservationistes n’étaient pas complètement nouvelles car elles s’apparentaient à celles
exprimées par la Sociedad Mexicana de Geografía y Estadística (SMGE), créé en 1833 par un groupe
d’intellectuels libéraux, et avec le soutien du gouvernement fédéral (voir Almazán Reyes, 2011).
81 D’après la Conanp (2005), il est reconnu que le Desierto de los Leones est la première réserve forestière établie
au Mexique en 1876. Néanmoins, cette même source rappelle les évidences selon lesquelles le Mineral del Chico
avait été déclaré zone de protection forestière au moins dès 1860. Ce site est localisé aux alentours de Pachuca, dans l’État d’Hidalgo, à 120 km au nord de Mexico et est considéré comme l’un des districts miniers argentifère
les plus anciens au Mexique, car ces gisements ont été découverts en 1552 (Bargalló, 1955 : 63, in : Saavedra Silva
et Sáchez Salazar, 2008). Son exploitation intensive au cours du XVIIIe et XIXe siècle a conduit l’État à le déclarer
Forêt Nationale en 1898 et plus tard, en 1922, Réserve Forestière (Conanp, 2006). Déclaré Parc National depuis 1982, c’est actuellement un site de grand intérêt touristique pour les randonneurs et pour les populations voisines de Pachuca, voire pour les habitants de Mexico en week-end.