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SECTION I : L’AMBIANCE LORS DES NEGOCIATIONS

B. Les conséquences

Les conséquences qui se dégagent du comportement belliqueux des protagonistes

résident essentiellement dans la lenteur des négociations (1) et dans la poursuite probable

des hostilités (2).

1. La lenteur des négociations

Une ambiance peu conviviale n’est pas de nature à favoriser le déroulement des

pourparlers de paix. Dans le cadre des conflits armés internes, l’absence d’un minimum de

confiance entre les belligérants constitue le premier obstacle majeur à la solution pacifique. Il est difficile voire impossible de constater une bonne négociation dès lors que

les participants demeurent ancrés dans une psychologie de rejet de l’autre et dans un état d’esprit de bourreau et de victime tendant à justifier ses propres agissements en

133 L’étape de la pré - médiation précédant celles de la médiation et de la négociation

doit tenter d’apaiser les velléités agressives des participants en insistant sur l’importance de régler pacifiquement le conflit armé ainsi que sur l’impérieuse nécessité de sauvegarder des vies humaines et de reconstruire le tissu social fragilisé par la crise. Ces objectifs majeurs, guidant tout le processus de règlement pacifique, commandent que les principaux intéressés soient les premiers acteurs du processus et les auteurs des mesures pacifiques envisagées à cet effet. Dès lors, la cadence des pourparlers reste dépendante du degré de volonté des participants à parvenir dans un délai bref ou non à un accord de

paix ; les discussions peuvent être suspendues sur demande d’une partie au conflit pour

des raisons acceptables, c'est-à-dire celles liées par exemple à l’analyse des propositions

faites par la partie adverse ou par le médiateur. Celles-ci peuvent connaître un temps de

pause pour des motifs fantaisistes n’intéressant pas les débats suscités. Ces différents

comportements retardent de toute évidence l’avancée rapide des négociations.

S’il est vrai que les négociations se déroulant sur un très court terme sont à

déplorer en raison de leur caractère expéditif, celles s’étendant sur une longue période se

veulent ennuyeuses et lassantes. Il convient de suivre le rythme imposé par les participants avec la possibilité pour le médiateur de donner, de temps à autre, un coup

d’accélérateur en aidant les parties à travers des propositions tendant à surmonter des blocages éventuels. Ce dernier pourrait, conformément à sa mission de conduite des

discussions, définir un temps de parole raisonnable et consensuel en vue d’éviter de longs

débats improductifs.

Il n’existe pas, dans la pratique des négociations dans les conflits armés internes,

de délai de référence. En considération du climat qui entoure les pourparlers, ceux-ci

peuvent s’avérer long allant au-delà de douze (12) mois ou s’étaler sur une courte durée

ne dépassant pas deux (02) mois. A la lenteur des pourparlers, s’ajoute la reprise

probable des combats.

2. La reprise des hostilités

Il n’est point de doute que la méfiance affichée par les négociateurs et traduite par

des injures ou agressions verbales et physiques conduit certainement à la reprise des hostilités militaires sur les fronts de combats. La tension sur les champs de combat

134 influence l’atmosphère des négociations et vice-versa. La reprise des hostilités est consubstantiellement liée au sentiment de supériorité militaire et à la conviction inébranlable d'écraser l'ennemi par la force qui habitent intimement les belligérants qui

estiment chacun pour sa part être privé d'une telle probable victoire250.

A cette intime conviction militaire des protagonistes qui justifie la reprise des combats, s'ajoute fort malheureusement, le manque de confiance de ceux-ci vis-à-vis du médiateur et donc le peu de crédibilité de son action à leur égard soit pour ses méthodes et stratégies peu élégantes, soit pour suspicion légitime en raison de ses accointances supposées ou avérées avec une des parties au conflit. A cela s'ajoutent les échecs des médiations antérieures qui finissent par convaincre définitivement les belligérants de l'inefficacité d'un tel mode de sortie de crise.

Par ailleurs, l'atmosphère en dehors de la salle de négociation influe naturellement sur une probable reprise des armes. Bien souvent, les délégations négociantes subissent de très fortes pressions de leurs différents partisans qui constituent une sorte de puissants lobbies dont il faut tenir compte au risque de mettre la vie des négociateurs en danger.

Ces différents groupes251 de partisans et de soutien sont plus intransigeants et voient en

la médiation une complicité extérieure au profit de l'ennemi.

Tous ces facteurs ne sont pas de nature à favoriser une entreprise de médiation encore moins à garantir la durabilité ou la viabilité de mesures qui sortiraient, malgré tout, de négociations éventuelles. Tel n'est pas le cas lorsque le climat socio-politique qui sous-tend les négociations est, à l'origine, convivial.

PARAGRAPHE II : L’HYPOTHESE D’UN CLIMAT SOCIO-POLITIQUE APAISE

L'hypothèse d'un environnement socio-politique calme et détendu se traduit

aisément dans un comportement de détente (A) des acteurs concernés dont les effets

sont aussi encourageants pour le processus de paix ainsi initié (B).

250

Voir supra partie I Titre I Ch I Section I Par I B 1 les réticences des belligérants à l'idée de cessez-le-feu.

251 Au lendemain de l'Accord de Linas-Marcoussis, de violentes manifestations eurent lieu à Abidjan. Certains manifestants ont accusé les délégations négociantes d'avoir « vendu la Côte d'Ivoire » et d'avoir « dépecé la Constitution ivoirienne ». Le Président de l'Assemblée Nationale Mamadou KOULIBALY se justifiera à plusieurs occasions qu'il a refusé de tels actes en claquant la porte des négociations. Cette pression ne faiblira pas et en Novembre 2004 les Forces Armées de Côte d'Ivoire déclenchent les hostilités après accord du Président Laurent GBAGBO qui reconnaîtra que la pression était intenable.

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