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Conflits de voisinage et mauvais voisin

Constitution et modalités du voisinage

Chapitre 5 Les formes du voisinage

5.2 Les relations de voisinage en Turquie

5.2.4 Conflits de voisinage et mauvais voisin

Le voisin a beau occuper une place spéciale dans les représentations et le vécu en Turquie, et bien que le principe de base soit « si tu es gentil, tout le monde est gentil avec toi » (« sen iyi

olursan, herkes iyi ») (Halide, 56 ans, femme au foyer), il n’en demeure pas moins une source

possible de conflit. Si la plupart des classifications concernant les relations de voisinage se basent sur des relations positives, on ne peut cependant ignorer les conflits de voisinage, qui forment, eux aussi, un domaine important des relations de voisinage, non dans le sens quantitatif mais dans le sens que de mauvaises relations de voisinage peuvent influer le bien-être dans un logement, pouvant même bien-être à la source d’un déménagement. Les conflits, sur lesquels je reviendrai en fin du chapitre sept, peuvent avoir de nombreuses causes, mais concernent le plus souvent des problèmes de bruit ou bien le linge mis à sécher dehors. Il peut aussi s’agir de disputes ponctuelles et passagères entraînant des paroles blessantes.

Les relations de voisinage commencent par l’échange de salutations. Or, lorsque celles-ci sont absentes, il est alors impossible d’entretenir des relations plus poussées. La salutation est considérée par les habitants comme le minimum à s’acquitter vis-à-vis de son voisin et une omission est unanimement blâmée.

Lâle : Il ne dit même pas bonjour par exemple. Tu le regardes, comme ça, tu t’attends à ce qu’il te salue, il tourne la tête.

Bülent : Le matin, il partait marcher et c’était juste au moment où je sortais. Par exemple je lui disais bonjour et lui ne rendait pas le bonjour, il passait. C’est pourquoi je ne le salue même pas. Nous n’avons aucune relation avec lui.

(Lâle, 30 ans, institutrice ; Bülent, 36 ans, ingénieur).

Elle s’assoit en bas devant l’agence immobilière. A cause de Tijen abla (avec qui elle est très proche) je l’ai saluée. Tu la regardes en face, tu lui dis bonjour, et elle te regarde bizarrement. Je lui ai dit bonjour une autre fois, elle s’est forcée pour me dire bonjour. En passant, j’ai voulu instaurer des salutations mais, comme elle regardait avec un air froid, j’y ai renoncé. Elle n’a pas eu confiance, cette femme. Dans ces conditions, on n’a pas eu d’autres relations.

(Lâle, 30 ans, institutrice).

Cependant, quelqu’un qui ne respecte pas les principes fondamentaux des relations de voisinage peut se faire rappeler à l’ordre. Ainsi Halide raconte comment son voisin a fini par la saluer après que son mari se soit plaint à la femme de celui-ci.

Avant, quand on le croisait sur le palier, il ne saluait pas. Il a eu une hémorragie digestive. Nazım, Ayşe et moi, toutes les trois, nous y sommes allés. Après cela, quand nous le rencontrons dans l’escalier, il ne dit même pas bonjour. Alors un jour Nazım est allé se plaindre à sa femme. Un jour il l’a vue avec Bülent, elle revenait du marché et avait des sacs à la main. Bülent les a pris et les a portés jusqu’en haut, ensuite Nazım lui a dit « Qu’est-ce que c’est que ton mari ! Nous le croisons et il ne dit même pas bonjour. » Elle a dû le dire à son mari et depuis il dit bonjour.

(Halide, 56 ans, femme au foyer).

Les relations de voisinage sont basées sur une réciprocité nécessaire, qui, si elle n’est pas effective, empêche l’entretien de bonnes relations. Tout comme l’échange de salutations,

l’échange de visite joue un rôle important dans le maintien des relations. De nombreuses personnes m’ont ainsi fait la remarque suivante : « Elle n’est jamais venue me voir, alors moi non plus je n’y vais pas ! ». Ou bien : « J’y suis allée plusieurs fois mais comme elle ne m’a pas rendu la visite je n’y vais plus ! ».

Outre ces échanges de politesse, les relations de voisinage impliquent de répondre à une certaine convenance, à certains codes que sont censés partager tous les habitants333. Ceux qui vont alors à leur encontre sont considérés comme de mauvais voisins. Même si ce terme n’est jamais explicitement cité, il est à opposer aux notions de « bon voisin » (iyi komşu) ou de gens bien (iyi insanlar) auxquelles les informateurs faisaient souvent référence au cours des entretiens. Ainsi Merve et Bilal, manifestent-ils leur réserve actuelle pour adopter les codes ayant cours dans leur nouvel immeuble, ayant subi de nombreux désagréments de voisinage dans leur ancien immeuble.

Bilal : Après avoir déménagés, nous avons vu qu’ici -vous savez ici il y a quatre étages, nous sommes au troisième étage- au-dessus de nous il n’y a personne qui secoue son tapis, personne qui n’allume la radio ou son magnétophone. Il n’y a personne qui parle fort.

Merve : Les portes ne claquent pas.

Bilal : Il n’y a rien dans les environs qui fasse de la saleté. Personne ne se mêle des affaires de personne à moins d’y être obligé.

Merve : Oui.

Bilal : Nous nous sommes demandé s’il n’y avait pas une erreur. (Rires).

Merve : Là-bas [dans leur ancien immeuble] ils n’arrêtent pas de jeter les cigarettes à l’intérieur, les mégots. Ces escaliers sont comme si on en avait jeté partout, ils les jettent à l’intérieur, du haut jusqu’en bas.

Bilal : Et pourtant quelqu’un vient faire le ménage, une fois par semaine.

Merve : Dès qu’elle a le dos tourné, juste après on ne se rend pas compte que ça a été nettoyé. Ils fument et les jettent leurs mégots de tout en haut. Imaginez ! Est-ce qu’on jette sa cigarette du balcon après l’avoir fumée ?!

Bilal : C’est pour cela qu’ici nous sommes contents.

Merve : C’est tellement différent. Ici vous ne trouverez aucun mégot dans les escaliers. Personne ne secoue de tapis, il n’y a pas de bruit. Qu’est-ce que c’est bien ! [Rires] J’ai l’impression d’être à l’étranger. Je le dis toujours.

[...]

Bilal : Avant, au dessus de nous ils secouaient leurs tapis. Merve : Oui.

Bilal : Ils allumaient leur radio, leur magnétophone et nous étions dérangés par leur bruit. Les enfants, sans penser que l’immeuble était une propriété commune, cassaient tout.

Merve : Par exemple, ils lavent leur escalier, ils lavent devant leur porte, à partir du haut, et l’eau s’accumule devant ta porte. Est-ce que tu peux accepter une chose pareille ? Et ils font ça chaque jour. Tu parles gentiment, je le disais, ne faites pas ci, ne faites pas ça. A qui parles-tu ? C’est à nouveau la même chose. Et ça dure pendant des années. Alors après je me suis tue. J’ai vu que rien ne changerait, que rien ne change.

Bilal : Nous n’avons pas réussi à changer ces gens. Merve : Nous n’avons pas réussi.

Bilal : Nous avons pourtant beaucoup essayé. [...]

Merve : Bien sûr, ce n’est pas tout le monde, hormis deux ou trois personnes. Bilal : Il y avait 17 appartements dans cet immeuble.

Merve : Tu en enlèves trois ou quatre.

333 Cf. M. de Certeau, L. Giard et P. Mayol (1994), L'Invention du quotidien, 2. Habiter, cuisiner, Paris : Gallimard, Folio/Essais.

Bilal : Alors, parfois tu es obligé de dire quelque chose d’en bas jusqu’en haut, ça arrive tous les quarante ans. Mais chaque jour, comme un mégaphone, d’en bas vers le haut : « Maman ! Papa ! », « Filiz ! »...

Merve : En criant.

Bilal : ... « Lance ma veste ! ».

Merve : Ah oui, ils sont drôles ! [Rires]. Bilal : C’est difficile de comprendre les gens. [...]

Merve : Et puis nous étions gênés par le bruit de ceux des étages du dessous, et des saletés de ceux du dessus. Je peux vous le dire.

Bilal : Par exemple il y a un autre appartement, le mari de la femme buvait. Merve : Ben oui.

Bilal : Ca aussi ça dérangeait. Merve : Et il sortait sur le balcon.

Bilal : Ils faisaient un tel bruit ! Il y a un autre appartement, le femme battait son enfant, sans arrêt, parce qu’il pleurait. Peut-être que l’enfant est malade, peut-être qu’il a faim, un nouveau-né. Et bien sûr quand tout ça s’additionne...

Merve : Ben oui.

Bilal : ... tu n’es pas tranquille.

Merve : On a supporté ça pendant des années, jusqu’à un certain point. Tu accumules. Maintenant que les enfants ont grandi nous avons voulu les éloigner d’un tel environnement. Tous les deux n’ont pas voulu de cet immeuble-là.

(Bilal, 49 ans, commerçant ; Merve, 40 ans, femme au foyer).

Un autre nouvel arrivant dans l’immeuble me dit que dans son ancien immeuble son voisin du dessus coupait du bois dans son salon, quand il ne mettait pas sa musique à plein volume le week-end de bon matin. Et il concluait que là-bas il n’y avait aucun voisinage.

Si les mauvaises relations de voisinage relatées ci-dessus sont dues à des désagréments continuels, des événements ponctuels peuvent être à l’origine de conflits. On retrouve la notion de respect (saygı) comme fondement aux bonnes relations et sans lequel celles-ci vont se dégrader. Rappelons que le terme « saygısız », littéralement « sans respect », « irrespectueux », est une insulte en turc. Ainsi, lorsque les limites du respect sont dépassées, bien que la résidence soit relativement calme, interviennent des conflits, comme entre Sibel et sa voisine du dessus.

Sibel : Moi, je n’ai jamais manqué de respect à mon voisin du dessous. [...] Elle, elle a fait quelque chose qu’elle ne devait pas faire. Ce que elle a fait, alors elle a étendu son linge et ses kilims, il y a mon linge en dessous, je l’avais lavé, et elle étend ses kilims au-dessus. Je lui ai dit de les enlever, et avec des épingles à nourrice je les ai épinglés, et je les ai pliés comme ça. Alors elle a enlevé les épingles à nourrice et les a à nouveau redescendus. Donc ça c’était mon premier/deuxième message, le premier c’était de lui demander de les enlever, le deuxième ça. Et le troisième, d’ailleurs quand elle l’a jeté j’ai regardé, je lui ai demandé pourquoi, je lui ai dit que ma limite était là, non seulement par rapport à ma vue et en plus qu’en dessous il y avait mon linge. [...] Bon, pour la limite, ce n’est pas grave, il y a la porte. Mais il y a mon linge. Fille de Ramazan : C’est de l’irrespect.

Sibel : Je lui ai dit : « regarde, là ça touche mon linge !» et elle m’a donné la réponse suivante « Moi ça touche par terre ! ». Non mais tu vois le manque de logique de sa réponse ? Ca touche par terre.

Fille de Ramazan : De son propre balcon.

Sibel : Alors là j’étais sciée. Je lui ai dit que ça ne dérangeait pas si ça touche son propre sol. Tu dis que ça touche par terre, ton kilim, et moi ça touche mon linge. Je n’ai jamais vu un pareil manque de logique, si irrespectueusement. Avant je la saluais, maintenant j’ai arrêté.

[...]

Sibel : Et puis il y a l’histoire avec les enfants. Moi je ne peux pas y aller, c’est un délit, enfin, je ne peux pas y aller pour lui dire qu’elle me dérange. Ici il y a un concierge, d’abord j’envoie le concierge, je l’envoie une deuxième fois et la troisième fois c’est moi qui y vais. D’ailleurs maintenant j’ai mesuré tous les risques. C’est comme ça que j’ai fait. La troisième fois c’est moi qui y suis allée et j’ai dit à son enfant directement que j’allais appeler la police, que j’allais le donner à la police, j’allais l’emmener au poste de police. De quoi lui faire peur. Et il a eu peur. Et tu sais l’erreur de sa famille ? Le bruit, « tap tap tap tap tap », comme ça sans arrêt, et je vais te dire une chose, moi j’aime bien cet enfant, dans la journée il peut faire ce qu’il veut. Enfin, il fait ça la nuit, jusqu’à une heure du matin il joue avec quelque chose, il renverse des choses, il court. Tu sais ma mère est un peu pointilleuse [...] ma mère me dit sans arrêt, « allez, vas-y ma fille, va te plaindre » et que sais-je, sans arrêt, « je te donne une heure » me dit ma mère. Je lui dis que ce n’est pas grave en pleine journée, mais elle est malade, elle a de la tension. Une, deux fois j’envoie Muhsin efendi, trois, quatre fois. Pas deux fois, quatre fois je l’ai envoyé. Rien à faire. A la cinquième, mes yeux étaient comme ça, je suis sortie. Je lui ai dit, j’ai crié bien sûr. Elle pensait que j’étais la femme du concierge ou un truc comme ça.

[...]

Sibel : Elle ne peut rien dire, parce que je lui ai dit que la femme d’en dessous n’était pas bien, qu’elle était folle, je disais ça de moi, j’ai dit que sa voisine du dessous était folle et qu’elle ferait ceci ou cela [rires]. Alors qu’en dernière instance c’est moi qui suis sortie. Ils laissent leur enfant se promener pieds nus, alors que s’ils lui mettaient des chaussures, il n’y aurait plus de bruit. Je lui ai dit qu’il y a des chaussures normales, souples, non seulement son enfant n’aurait pas mal au ventre, et en plus je ne serais pas dérangée.

[...]

Ramazan : Ce n’est pas facile d’attraper la culture urbaine, c’est encore la culture villageoise. Sibel : Maintenant, regarde la différence : je vais à Istanbul, là je ne peux pas étendre le linge de mon fils sur son balcon, il se fâche. Il me dit « maman, il y a un étendage à l’intérieur ». « Ah bon, mon fils, on étend son linge à l’intérieur ? » D’ailleurs il n’y a pas de fil, je mets des cintres sur le balcon pour que ça prenne le soleil et oh, le soir il est arrivé, il a tout ramassé pour les mettre à l’intérieur. « Ca ne se fait pas, en aucun cas ! » me dit-il. Je n’ai pas pu mettre une chaise sur mon balcon. Là j’ai dit : « ça c’est trop ! Qu’est-ce que c’est que ces balcons sur lesquels je ne peux pas étendre mon linge ? Je ne les fais pas pendre, je ne fais rien ». Mais non, il paraît que c’est impossible, que ça ne se fait pas.»

(Sibel, 50 ans, retraitée ; Ramazan, 59 ans, retraité).

Le linge est apparu à plusieurs reprises comme une source de conflit dans la résidence. Cem et Nilüfer ont eux aussi rencontré un problème similaire qui a pris une ampleur extrême.

Cem : Eux, nous ne les voyons pas, nous sommes fâchés. [...]

Cem : La raison...

Nilüfer : La raison, c’est que ce sont des gens incompréhensifs, des gens qui ne savent pas habiter en immeuble, voilà la raison.

Moi : Il s’est passé quelque chose de spécial ?

Cem : Il y a eu une dispute entre elles. Depuis ce temps... d’ailleurs depuis qu’ils sont arrivés, ils ne voient personne. Je pense qu’ils doivent voir Dilek hanım, et un peu Sevil hanım, sinon ils ne voient personne d’autre de l’immeuble.

Nilüfer : De toute façon le mari et la femme travaillent. Cem : Il y a eu un événement amer.

Nilüfer : Alors, puisque ça vous intéresse, je vais vous donner brièvement quelques explications. J’avais étendu mon linge sur le balcon, à l’endroit que j’utilise toujours.

Cem : C’est l’endroit que nous utilisons depuis sept ans.

route ! ». C’est la cinquième fois que je suis en location et jamais, je n’aime pas les choses comme ça, je n’ai jamais eu aucun problème avec personne. Je lui ai expliqué : « voisine, que ça sèche et juste après je l’enlève ! ». Ensuite je suis montée chez Nalan, elle m’avait invitée à prendre un café. En apprenant notre conversation elle m’avait dit de ne pas me démoraliser et m’a proposé un café. Pendant ce temps, la femme du dessous a déchiré tout mon linge et l’a tiré en bas. Il y avait des draps, des rideaux, elle a tout mis en morceaux. Le morceau de fer pendait. Cet événement amer s’est passé comme ça.

Moi : Pourquoi était-elle gênée ? Parce que c’était trop long ?

Nilüfer : Cette façade-là reçoit tout le temps le soleil, par exemple l’été le soleil entre jusqu’ici. C’était en cette saison d’ailleurs, le grand nettoyage de printemps334. Ca lui cachait son soleil. Je l’avais même priée, lui disant que je ne pouvais pas faire ça le soir, que ça sècherait tout de suite et que je l’enlèverai immédiatement après. Mais elle n’a pas compris. Voilà. Il n’y a rien d’autre.

[...]

Cem : Alors maintenant, voilà. Peut-être qu’elle a raison, elle s’est peut-être sentie agressée, mais ça se dit plus gentiment. En plus cela faisait sept ans qu’on étendait notre linge là. [...] D’ailleurs la première et la dernière fois qu’on s’est parlé ça a été cette dispute. Avant il n’y avait rien. Avec son mari, on se salue, il est très poli. Son mari ne s’en est pas mêlé, nous non plus n’avons pas voulu nous en mêler, et nous ne nous en sommes pas mêlés à vrai dire. Mais depuis on ne se parle pas.

[...]

Nilüfer : Par exemple, elle a emménagé ici, elle a fait tout un tas de travaux chez elles, et pour nous c’était impossible de nous asseoir dans cette pièce à cause du bruit. Mais elle était obligée de faire faire des travaux, et nous nous étions obligés de les supporter, n’est-ce pas ? Enfin. [...]

Nilüfer : Voilà ce qui s’est passé. Après cet événement, pendant deux jours j’ai gardé la porte fermée à clé pour ne pas le montrer à mon mari, pour ne pas qu’il voit le morceaux de fer. Parce que je me suis dit, qu’en tant qu’homme il ne peut pas retenir ses nerfs. Sa belle-soeur est avocate, elle a fait appel à elle, elle a dit qu’elle allait appeler la police. Je lui ai dit : « je vous en prie, faites, appelez-la ! » Ensuite ils ont trouvé le numéro de téléphone portable de mon mari, ils l’ont appelé : « Venez, il faut que je vous parle au sujet de votre femme ! » Cem : Quand elle a parlé d’avocat, et m’a demandé de venir pour parler, moi j’ai eu peur... en entendant le mot d’avocat, j’y suis allé, en bas, en bas il y a le parrain de mon fils, il est commerçant. Pardon, c’est mon parrain [kirve] qui a appelé.

Nilüfer : Alors voilà, ils descendent et demandent mon numéro de téléphone. [...] Le parrain ne lui donne pas le numéro de mon mari mais il m’appelle de son téléphone, parce qu’il a deviné qu’il y avait quelque chose. Nous avons parlé, ils nous ont présenté leurs excuses, ont dit qu’ils rembourseraient.

[...]

Nilüfer : Mon mari a dit qu’il n’en n’avait pas l’intention de leur faire payer quoi que ce soit mais que ce qu’ils avaient fait était d’une grande impolitesse et que ça n’aurait pas dû se passer. Après ils ont raccroché.

(Cem, 40 ans, commerçant ; Nilüfer, 40 ans, femme au foyer).

S’il est traditionnel et normal d’étendre son linge sur son balcon, il est aussi traditionnel d’y effectuer des grillades dès que les beaux jours arrivent, notamment en période de fête du sacrifice. Ainsi, un jour notre voisin du dessous, avec qui nous n’avions guère de relations par ailleurs, nous a hélé à partir de son balcon pour nous prévenir qu’il était sur le point d’y

334 A Adana, fait particulier à cette ville (qu’on ne retrouve pas par exemple à Zonguldak au nord, ou Istanbul), quand arrivent les beaux jours, les femmes effectuent un grand nettoyage de printemps durant lequel elles lavent