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CONFIGURATIONS FAMILIALES

DESCRIPTION DES CONFIGURATIONS FAMILIALES 3.5

3.5.7 La configuration familiale alliance

La configuration familiale de type alliance est une configuration dans laquelle les membres les plus significatifs sont directement apparentés au conjoint. Les apparentés par le sang de la répondante ont une présence marquée mais de moindre importance par rapport à ceux du conjoint. En plus de ce dernier, son père, sa mère et ses germains sont fortement présents. L’épouse du frère du conjoint se retrouve également dans cette configuration. Les enfants sont cités mais sont moins présents que ce qui est attendu (la moyenne).

Figure 18 : Illustration d’une configuration familiale alliance

Le réseau familial ci-dessus est celui des relations de soutien émotionnel. Le réseau est composé de germains du conjoint et de leurs proches dont la mère et les deux épouses dont la répondante. Le réseau est dense même si l’épouse du frère du conjoint est un peu moins « connectée » que les autres membres du réseau.

CONCLUSION

L’approche configurationnelle apporte des outils pertinents pour l’étude des contextes familiaux modernes qui se complexifient au gré des changements dans le domaine économique, mais aussi social avec la mutation des valeurs. La réalité familiale peut être conçue comme un réseau d’interdépendances et n’est plus à confiner dans les limites des définitions classiques de la famille. Pour circonscrire le cercle familial, l’observation et des enquêtes de terrain mettent en exergue les relations d’interdépendances entre une personne et les membres de son réseau. Or, ces relations d’interdépendances se tissent également en dehors des liens de parenté, d’où la pertinence d’une approche configurationnelle de la famille. Au-delà de l’aspect théorique, les principaux défis ont consisté à délimiter et décrire les réseaux familiaux individuels, mais également à comparer leur similarité afin de les classifier. Les progrès dans la recherche appliquée notamment avec le développement des outils informatiques et de méthodologies adaptées ont permis la mise en place de procédures appropriées visant l’application de l’approche configurationnelle de la famille (Widmer 2010).

C’est dans cette perspective que la démarche suivie devait permettre de produire et valider des configurations familiales représentatives des contextes familiaux des femmes de l’échantillon, et au-delà des femmes sénégalaises. Elle s’inspire des travaux de sociologues comme Widmer (2010). Les configurations familiales sont des regroupements de réseaux familiaux présentant de fortes similarités des liens entre les répondantes et les membres de leurs réseaux respectifs. Ces liens sociaux – de parenté, d’intimité, de voisinage, etc.- sont ici désignés par les « termes cités », et ont constitué les objets de base de la classification des réseaux familiaux.

Les méthodes de classification sont largement utilisées en sciences sociales, mais les tutoriels existants ne traitent pas des réseaux sociaux. La spécificité des données de réseaux a été prise en compte pour déterminer les paramètres algorithmiques adaptés à chaque étape de la procédure de classification. Il s’agit d’une procédure validée pour produire les configurations familiales mais que nous avons documenté, détaillé et argumenté.

Nous proposons également dans ce chapitre une aide à la décision pour la validation et le choix du cluster (nombre de classes ou configurations à retenir). En se limitant au

sens sociologique ou à la taille des classes produites, il peut être difficile d’opérer un choix objectif si les clusters qui présentaient plus ou moins les mêmes profils. Cela est notamment dû au nombre élevé de termes rares, ce qui relève du caractère élargi des réseaux familiaux et en définitive des spécificités du contexte de l’étude. Les termes obtenus dans cette recherche sont nombreux (124 au total) et diversement répartis dans les réseaux, ce qui rend plus difficile l’homogénéisation des classes produites par classification hiérarchique. Il importe dès lors d’affiner la validation d’un cluster par la diversification des modes de validation (interne, externe et relative).

Les problèmes évoqués dans la production et la validation des configurations familiales faisant l’objet de ce chapitre relèvent d’aspects techniques mais posent aussi des questions sur la pertinence et l’applicabilité des méthodes présentées pour approcher les réalités africaines. L’approche configurationnelle a jusque-là été utilisée pour étudier les réalités familiales occidentales. L’application de l’approche configurationnelle pour déterminer les réseaux familiaux est une première expérience au Sénégal qui présente un intérêt certain pour la recherche dans le domaine de la famille. Le contexte est marqué par d’importantes transformations sociales et économiques avec ses implications sur les systèmes familiaux. Il semble pertinent de recourir à des méthodes et techniques aptes à traiter et analyser les nouveaux contextes familiaux.

Un autre aspect de l’applicabilité de l’approche configurationnelle est celle de la spécificité des configurations familiales observées en regard au contexte de l’étude.

Quelques constats sont à faire sur les configurations familiales des femmes sénégalaises en comparaison aux réalités européennes. En effet, les études similaires auprès des femmes suisses ont identifié des configurations familiales amicale et post-divorce (Widmer et Favez, 2012). La première configuration est principalement composée d’ami(e)s alors la seconde est marquée par la présence de l’ex-belle famille et de l’ancien conjoint. Dans notre cas, les amies se retrouvent dans la configuration orientation, les relations amicales se maintiennent lorsque la répondante ne change pas de résidence après le mariage (résidence uxorilocale). Dans le cas de la résidence virilocale, les répondantes ont tendance à superposer les relations amicales à celles de voisinage. Une autre réalité liée au contexte et aux normes sociales est que les femmes mariées ont tendance à exclure les hommes des relations amicales et de voisinage. Le mariage impose un confinement relationnel par le genre et la parenté : les relations

d’intimité avec les personnes de l’autre sexe ne sont autorisées que dans le cadre de la parenté. C’est peut-être là la raison pour laquelle les ex-conjoints ne sont jamais cités comme personnes significatives. Dans les études effectuées en Europe, la présence des enfants justifient parfois le maintien des liens avec l’ex-belle famille et surtout avec l’ancien conjoint. Cette présente étude montre l’exclusion non pas seulement de l’ex-conjoint mais de toute sa famille du réseau familial même lorsqu’il y a eu des enfants dans les mariages précédemment contractés. La configuration post-divorce n’a pas été observée chez les femmes de l’échantillon ayant connu la recomposition familiale (13%

du total). Une autre spécificité des configurations familiales selon contexte de l’étude est relative aux cas de mariage dans le cadre de la parenté, plus précisément au mariage préférentiel. Des liens de parenté peuvent se superposer comme dans le cas de la configuration familiale maternelle, ce qui explique que les mères sont moins présentes alors que la configuration est orientée vers le clan utérin.

La production et la validation des configurations familiales des femmes sénégalaises représentent une première étape, les prochaines étapes de l’étude consistent à les tester.

Le chapitre à suivre confronte les configurations familiales avec des facteurs tels que la structure familiale, le réservoir de parenté et le capital social qui est censé provenir des relations d’interdépendances et donc des configurations familiales.

STRUCTURATION SOCIALE,