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CONFIGURATIONS FAMILIALES ET CAPITAL SOCIAL

CAPITAL SOCIAL ET COMPOSITION FAMILIALE 4.3

4.3.1 Capital social et structuration familiale

Indices de capital social et nombre de mariage 4.3.1.1

Un des sujets qui présente de l’intérêt est de tester l’impact du remariage sur le capital social. En effet, les études réalisées en Europe ont montré que les familles de première union sont liées à des liens forts et donc au capital social bonding tandis que la recomposition familiale (définie ici comme le remariage) est liée au type bridging (Widmer, 2006).

Tableau 12 : Indices du soutien émotionnel : Moyennes par structure familiale (nombre de mariage)

Structure familiale Première union Remariage F-test

N=348 N=52

Soutien émotionnel donné

Taille voisinage 4.83 5.15 0.58

Densité voisinage 0.58 0.53 1.02

Nombre de composantes faibles 1.00 0.99 0.60

Centralité d’intermédiarité 0.22 0.29 1.94

Soutien émotionnel reçu

Taille voisinage 3.62 3.63 0.00

Densité voisinage 0.73 0.72 0.04

Nombre de composantes faibles 1.00 0.99 0.60

Centralité d’intermédiarité 0.36 0.38 0.17

Réseau complet

Taille du réseau complet 8.19 7.85 0.40

Densité du réseau complet 0.31 0.33 0.15

Différence des composantes faibles avec/sans ego 1.34 1.21 0.25 Centralisation d'intermédiarité normalisée 0.12 0.20 6.34**

Seuil de significativité : (*) 0.1 ; (**) 0.05 ; (***) 0.01.

Le Tableau 12 donne les moyennes des indices pour le soutien émotionnel. Il ne montre aucune différence dans le voisinage immédiat des répondantes (personnes étant directement en relation de soutien émotionnel avec elles). Concernant le réseau familial en entier, on constate une plus forte centralisation des familles recomposées par rapport à celles de première union. Il s’agit du seul indice significatif pour les relations de soutien émotionnel et matériel. Il nous permet pour autant de confirmer le constat de l’effet du nombre de mariage sur le type de capital social. Ce fait relevé dans la littérature en Europe et aux États-Unis peut être élargi au contexte familial africain.

Le tableau suivant donne les mêmes indices mais pour l’influence. Il va dans le même sens car lorsque la répondante est à son premier mariage son réseau familial compte moins de composantes faibles.

Tableau 13 : Indices pour l’influence : Moyennes par structure familiale (nombre de mariage)

Structure familiale Première union Remariage F

Influence exercée

Taille voisinage 4.51 4.65 0.11

Densité voisinage 0.45 0.45 0.01

Nombre de composantes faibles 0.97 1.00 1.37

Centralité d’intermédiarité 0.26 0.19 2.37

Influence subie

Taille voisinage 2.96 2.67 1.27

Densité voisinage 0.67 0.72 1.55

Nombre de composantes faibles 0.97 1.00 1.37

Centralité d’intermédiarité 0.42 0.41 0.05

Réseau complet

Densité du réseau complet 0.25 0.23 0.58

Différence des composantes faibles avec/sans ego 1.36 1.88 4.12**

Centralisation d'intermédiarité normalisée 0.16 0.14 0.84 Seuil de significativité : (*) 0.1 ; (**) 0.05 ; (***) 0.01.

Le tableau 14 montre s’il existe une différence entre les deux formes de structures familiales en termes de relations conflictuelles. Une telle différence existe mais seulement au niveau du voisinage aussi bien lorsque c’est la répondante qui est ou pas à l’origine des petits conflits. Ces derniers ne se répercutent pas sur l’ensemble du réseau selon la distinction par le nombre de mariage.

Tableau 14 : Indices pour le conflit : Moyennes par structure familiale (nombre de mariage)

Structure familiale Première union Remariage F

Ego énerve

Taille voisinage 1.34 1.58 0.69

Densité voisinage 0.21 0.27 1.23

Nombre de composantes faibles 0.48 0.63 4.20**

Centralité d’intermédiarité 0.25 0.25 0.00

Ego est énervé

Taille voisinage 1.03 1.27 1.63

Densité voisinage 0.29 0.34 0.67

Nombre de composantes faibles 0.48 0.63 4.20**

Centralité d’intermédiarité 0.36 0.65 3.28*

Réseau complet

Densité du réseau complet 0.07 0.06 0.03

Différence des composantes faibles avec/sans ego 0.89 1.03 0.28 Centralisation d'intermédiarité normalisée 0.03 0.04 0.73 Seuil de significativité : (*) 0.1 ; (**) 0.05 ; (***) 0.01.

Indices de capital social et type structurel monogamie/polygamie 4.3.1.2

Le contexte de l’étude est marqué par une pratique répandue de la polygamie. La rivalité entre coépouses et les relations conflictuelles qui découlent de la polygamie nous font penser qu’elle n’est pas bénéfique pour le capital social. Cependant, la polygamie constitue en soi une extension du ménage et de la famille qui est un support important de solidarité. Il reste à voir si cet élargissement structurel de la famille impacte sur le capital social.

Tableau 15 : Indices du soutien émotionnel : Moyennes par type structurel monogamie/polygamie

Type structurel de famille Monogamie Polygamie F N=266 N=134

Soutien émotionnel donné

Taille voisinage 5.00 5.31 1.02

Densité voisinage 0.53 0.56 1.10

Nombre de composantes faibles 0.99 0.99 0.49

Centralité d’intermédiarité 0.29 0.24 2.91*

Soutien émotionnel reçu

Taille voisinage 3.62 3.63 0.00

Densité voisinage 0.72 0.73 0.45

Nombre de composantes faibles 0.99 0.99 0.49

Centralité d’intermédiarité 0.38 0.37 0.17

Réseau complet

Taille du réseau complet 7.68 8.32 2.77*

Densité du réseau complet 0.33 0.30 1.94

Différence des composantes faibles avec/sans ego 1.33 1.31 0.00 Centralisation d'intermédiarité normalisée 0.19 0.17 1.14 Seuil de significativité : (*) 0.1 ; (**) 0.05 ; (***) 0.01.

La taille du réseau familial est plus grande dans les familles polygames que celles monogames, ce qui confirme logiquement l’élargissement structurel de la famille par la polygamie (Tableau 15). Pour le soutien émotionnel, on observe une plus faible centralisation des réseaux familiaux pour les situations de polygamie. Il faut noter que ces résultats ne sont que très peu significatifs.

Tableau 16 : Indices du soutien matériel : Moyennes par type structurel monogamie/polygamie

type structurel de famille Monogamie Polygamie F Soutien matériel donné

Taille voisinage 3.70 4.31 4.32**

Densité voisinage 0.45 0.47 0.26

Nombre de composantes faibles 0.99 1.00 1.01

Centralité d’intermédiarité 0.19 0.20 0.06

Soutien matériel reçu

Taille voisinage 2.82 3.15 3.45*

Densité voisinage 0.59 0.65 4.13**

Nombre de composantes faibles 0.99 1.00 1.01

Centralité d’intermédiarité 0.26 0.27 0.05

Réseau complet

Densité du réseau complet 0.23 0.23 0.00

Différence des composantes faibles avec/sans ego 1.06 1.10 0.6 Centralisation d'intermédiarité normalisée 0.12 0.13 0.97 Seuil de significativité : (*) 0.1 ; (**) 0.05 ; (***) 0.01.

Le Tableau 16 montre des différences plus nettes s’agissant du soutien matériel. Le voisinage immédiat des répondantes est plus large quand il s’agit de donner du soutien matériel que d’en recevoir. À cela s’ajoute le fait que la polygamie pousse à un élargissement supplémentaire du voisinage. Autrement dit, les femmes évoluant dans le régime de monogamie doivent sur un nombre réduit de personnes pour avoir un soutien matériel comparativement à la situation de polygamie. La polygamie n’élargit pas la taille du réseau global de soutien matériel par rapport à la monogamie. Pour la polygamie, le nombre de souteneurs est plus élevé (taille du voisinage du soutien matériel) et les relations de soutien matériel sont plus denses.

Tableau 17 : Indices pour l’influence : Moyennes par type structurel monogamie/polygamie

type structurel de famille Monogamie Polygamie F Influence exercée

Taille voisinage 4.33 4.92 3.60*

Densité voisinage 0.45 0.44 0.03

Nombre de composantes faibles 0.97 0.99 2.07

Centralité d’intermédiarité 0.26 0.24 0.16

Influence subie

Taille voisinage 2.85 3.05 1.23

Densité voisinage 0.66 0.70 1.13

Nombre de composantes faibles 0.97 0.99 2.07

Centralité d’intermédiarité 0.41 0.45 0.44

Réseau complet

Densité du réseau complet 0.25 0.23 0.97

Différence des composantes faibles avec/sans ego 1.34 1.59 1.18 Centralisation d'intermédiarité normalisée 0.16 0.16 0.05 Seuil de significativité : (*) 0.1 ; (**) 0.05 ; (***) 0.01.

Le type structurel monogamie/polygamie a peu d’effet sur le réseau d’influence (Tableau 17). Cependant, il semble que les répondantes dans les ménages polygames ont plus d’influence. On peut se demander si cela est lié au rang de mariage puisque la majorité des cas les femmes en situation de polygamie sont dans les premiers rangs.

L’organisation de la polygamie impose en principe une hiérarchie entre coépouses en fonction du rang de mariage : les premiers rangs ont l’ascendant sur les suivants.

Tableau 18 : Indices pour le conflit : Moyennes par type structurel monogamie/polygamie

type structurel de famille Monogamie Polygamie F Ego énerve

Taille voisinage 1.32 1.46 0.41

Densité voisinage 0.24 0.18 2.42

Nombre de composantes faibles 0.51 0.49 0.08

Centralité d’intermédiarité 0.24 0.27 0.18

Ego est énervé

Taille voisinage 1.02 1.13 0.72

Densité voisinage 0.31 0.27 0.74

Nombre de composantes faibles 0.51 0.49 0.08

Centralité d’intermédiarité 0.40 0.40 0.00

Réseau complet

Densité du réseau complet 0.07 0.06 0.53

Différence des composantes faibles avec/sans ego 0.77 1.20 4.18**

Centralisation d'intermédiarité normalisée 0.03 0.03 0.00 Seuil de significativité : (*) 0.1 ; (**) 0.05 ; (***) 0.01.

Le conflit semble lié au réseau familial dans son ensemble et non au voisinage direct des répondantes (Tableau 18). La variation du nombre de composantes faibles montre que les répondantes centralisent beaucoup plus les relations conflictuelles dans les cas de polygamie. Donc il y a plus de conflit lié à la position de coépouse par rapport à la monogamie où les conflits existent mais mettent moins en jeu les femmes uniques. Cela peut signifier que la polygamie crée plus d’interdépendances notamment entre coépouses. Ce résultat conforte la configuration familiale polygamique qui indique une désignation de la coépouse comme une personne importante. Dans cette perspective, il faut admettre que la polygamie peut produire des relations positives même si elles peuvent être doublées de relations conflictuelles.