• Aucun résultat trouvé

Configuration 1 : une dynamique multipartite locale impulsée par le conseil régional autour

Partie 2. CEP et coopérations entre acteurs

6. Trois configurations locales

6.1. Configuration 1 : une dynamique multipartite locale impulsée par le conseil régional autour

Les deux territoires relatifs à cette première configuration bénéficient de contextes régionaux relativement favorables en matière d’orientation tout au long de la vie.

Ici, les nouveaux exécutifs régionaux ont maintenu le financement des dispositifs techniques dédiés aux questions d’orientation et de CEP. Les ressources collectives construites par le niveau régional sont plus avancées (plateforme téléphonique, portail numérique, données socio-économiques territoriales, etc.) et plus opérationnelles que la moyenne (en termes de professionnalisation croisée des opérateurs, groupe de travail sur l’ingénierie financière notamment).

Outre leur situation relativement dynamique en termes d’activité et d’emploi, ces deux territoires ont pour principale particularité de bénéficier de la territorialisation des SPRO initiée et organisée par les conseils régionaux (dès 2016 dans un cas, en 2017 dans l’autre). L’animation, saluée pour sa qualité, y est confiée à la Cité des métiers qui constitue, en parallèle, un lieu unique et fédérateur sur les questions d’orientation.

Ce cadre de coopération est avant tout un espace de mise en réseau entre les interlocuteurs locaux, qu’il s’agisse des opérateurs CEP ou plus largement des acteurs du SPRO (Cité des métiers, Carif-Oref, CIO, CRIJ, Université, Rectorat, AFPA, CCI, PLIE …)

Les participants y voient un facteur essentiel d’évolution des partenariats au niveau local, en particulier pour sa capacité à favoriser une interconnaissance mutuelle :

« Ça a permis de mieux se connaitre, les partenaires ont une meilleure connaissance de l’offre

de services de chacun des partenaires-clés qui peuvent intervenir sur le niveau 1 en particulier, mais le 2 et le 3 également. » (Responsable, Cap emploi).

Plusieurs registres de plus-value sont mentionnés :

- L’ouverture du cercle des partenaires au niveau territorial, notamment avec les Opca, - L’amélioration de la visibilité de certains, à l’instar des Opacif davantage identifiés comme des

opérateurs CEP à part entière ou encore des Cap emploi, surtout auprès des « Opca et de

l’Apec ».

Les SPRO territoriaux permettent la rencontre et le décloisonnement au niveau local entre les univers propres au SPE et ceux des salariés.

L’interconnaissance, qui va au-delà de la présentation croisée des offres de services déployées par chacun, constitue une ressource non négligeable dans le travail des conseillers notamment en matière d’accueil, d’information et de ré-orientation :

« Moi le SPRO territorial m’a beaucoup apporté, en termes de connaissance des acteurs : on connait mieux les acteurs, on connait mieux leurs services, on a leurs coordonnées. Sur un 1er niveau d’orientation c’est essentiel. Je m’en sers aussi de manière opérationnelle dans mes entretiens. Se connaître permet de s’échanger plus facilement les publics. » (Conseillère,

Fongecif).

Dans l’un des deux territoires, le SPRO territorial ne se limite pas à être un lieu d’échanges, il est aussi conçu comme un espace « actif », un cadre pour initier et coordonner des actions territoriales (journée d’intelligence collective, évènements communs auprès des usagers à l’instar de forums de l’emploi ou de l’orientation, workshop sur la professionnalisation des acteurs SPRO/CEP, etc.). Des outils spécifiques ont également été développés à l’instar de l’annuaire SPRO des acteurs locaux du CEP, recensant précisément les interlocuteurs idoines pour chaque niveau du CEP et chaque structure, ou encore, la géolocalisation des interlocuteurs locaux pour faciliter l’accès des usagers aux services. Aux dires des participants, les retombées sont jugées « positives » et la dynamique « réussie », et cela d’autant plus qu’elles ont un caractère opérationnel. C’est bien — et même peut-être avant tout — le pragmatisme et la portée opérationnelle des coopérations locales qui sont recherchées et plébiscitées, comme nous l’avons dit dans la section 4. Ainsi, dans l’autre territoire où le SPRO est récent, il est jugé encore « trop théorique », ce dont témoignent nos interlocuteurs :

« Il n’y a pas encore de choses concrètes qui en sont sorties et qui vont impliquer l’activité des

conseillers. » (Responsable, Pôle emploi).

« Il faudrait peut-être aller plus loin dans la professionnalisation, l’échange de pratiques entre

les conseillers du CEP, ce serait peut-être des échanges sur des situations spécifiques. »

(Responsable, Cap emploi).

Mais l’ancienneté du SPRO territorial n’est pas le seul facteur qui détermine la mise en œuvre d’actions concrètes. Dans les deux territoires, les frontières géographiques des SPRO locaux sont soupçonnées de venir hypothéquer l’implication des acteurs du fait de leur inadéquation à une situation locale spécifique. Il faut à ce titre signaler que le découpage territorial des deux SPRO ne correspond à aucune des zones d’intervention des opérateurs du CEP.

Cet aspect est particulièrement important pour les opérateurs qui œuvrent sur un périmètre resserré à l’intérieur d’un SPRO territorial plus vaste, à l’instar des Missions locales et des agences de Pôle emploi. L’impression qui ressort ici est que la spécificité des enjeux locaux ne peut être pleinement saisie et peut se trouver « noyée », « perdue », « marginalisée » dans le cadre des SPRO. Pour cette raison, dans l’un des deux territoires (là où le SPRO territorial est le plus ancien), la responsable de l’agence de Pôle emploi ne participe pas aux réunions du SPRO. Elle préfère « partir des

problématiques locales pour mettre en place des actions qui donnent des résultats concrets », et s’est

engagée dans la construction d’un partenariat local multi-acteurs (sur un périmètre plus limité) dans lequel elle se pose en leader. C’est dans ce cadre que s’est développée une alliance de travail forte entre conseillers Pôle emploi et Mission locale à partir d’un séminaire de travail commun sur le CEP.

69

C’est peut-être en raison de leur caractère insuffisamment pragmatique que les dynamiques partenariales engagées dans le cadre des SPRO territoriaux apparaissent globalement inabouties, en particulier dans leur essaimage auprès des conseillers. Tous n’y participent pas et n’ont pas systématiquement de retour sur ces réunions.

Enfin, aux dires des acteurs interrogés, ces dynamiques ne semblent pas complètement sécurisées car essentiellement tributaires du portage politique par les conseils régionaux. Dans le contexte de la nouvelle réforme de la formation professionnelle, les acteurs de terrain étaient en attente de nombreuses décisions.

6.2. Configuration 2 : un système d’acteurs fragmenté dans lequel les