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Conditions de formation et genèse des cheniers

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 16-20)

I.2 Conditions de formation et genèse des cheniers

D'un point de vue génétique, la construction de cheniers implique (Fig. I.1) : une progradation du rivage par accumulation de sédiments ns,

une interruption de celle-ci avec formation d'un chenier sableux et/ou graveleux transgressant sur les dépôts ns,

une nouvelle progression de sédiments ns, etc...

La succession d'au moins deux cheniers, séparés par une bande de sédiments ns progra-dants, est appelée plaine de cheniers (Otvos et Price, 1979).

Cette dénition est à la fois sédimentologique (la base du chenier grossier reposant sur des vases), morphologique (formation d'un cordon de plage) et dynamique (alternance accumulation-érosion). Un chenier est un témoin d'un type d'accumulation côtière, des processus qui l'ont créé (et qui le font évoluer) et du système d'évolution générale d'une côte (Prost, 1992).

Deux grands types d'environnements sont propices à la formation de cheniers (Augustinus, 1989) :

Les côtes ouvertes à énergie de houle faible à modérée, et recevant des apports sédimentaires ns importants aux débouchés de grands euves ;

Les baies et estuaires fortement indentés, orant une bonne protection aux houles dominantes et un contexte souvent méso- à macrotidal.

Fig. I.2 Distribution mondiale des cheniers décrits dans la littérature. Les cheniers supposés sont évoqués dans la littérature sans information précise, ou observés sur des images satellites . Modié d'après Augustinus (1989).

Les cheniers de côtes ouvertes ont été les premiers a être décrits avec ceux de Louisiane (Russell et Howe, 1935). La quasi totalité du matériel sédimentaire, n comme grossier, est d'origine terrigène. Il est redistribué sur de grandes distances le long des côtes avales à la source par la dérive littorale prédominante (Fig. I.3). Ils sont généralement constitué de sables silicoclastiques ns à moyens, la production biologique étant faible sur ces côtes où la sédimentation ne est importante.

Les principaux sites décrits dans la littérature sont associés à de grands euves tels que le Mississippi et l'Atchafalaya en Louisiane (Draut et al., 2005b,a; McBride et al., 2007;

Penland et Suter, 1989; Russell et Howe, 1935; Russell, 1967; Schou, 1967), l'Amazone (Augustinus, 1980, 1989; Daniel, 1989; Prost, 1989, 1992), le Fleuve Jaune (Qinshang

Fig. I.3 Plaine de cheniers en bordure Sud de l'estuaire du Mellacoree, à la frontière entre le Sierra Leone et la Guinée (Anthony, 1989). La dérive littorale est orientée Nord-Sud. Image Google Earth©.

I.2. Conditions de formation et genèse des cheniers

Fig. I.4 Plaine de cheniers en Australie, dans le Golfe de Carpentarie (Rhodes, 1982). Les mudats, colonisés par la mangrove, sont nourris par les apports uviaux des rivières Flinders, Bynoe et Norman (de gauche à droite sur l'image). Le marnage de vive-eau est de l'ordre de 3 m. Image Google Earth©.

et al., 1989; Saito et al., 2000; Wang et Van Strydonck, 1997; Wang et Ke, 1989; Xitao, 1989), ou encore le Melakore en Sierra-Leone (Anthony, 1989).

Historiquement, les cheniers se développant dans les environnements de baies ou d'es-tuaires sont moins connus. De dimensions plus petites, ils sont associés à des marnages plus importants. Les courants de marées jouent en eet un rôle prépondérant dans la distribution des sédiments en zone sub- et intertidale.

Ces cordons sont plus grossiers que les cheniers de côtes ouvertes. Ils sont générale-ment constitués de matériel bioclastique, provenant directegénérale-ment de la production biolo-gique de l'estran. Les apports en sédiments ns sont très souvent uviaux (Fig. I.4), mais transportés sur de faibles distances. En eet, les euves côtiers débouchent dans des en-vironnements relativement fermés, où il n'y a pas ou très peu de dérive littorale. C'est le cas notamment en Australie (Chappell et Grindrod, 1984; Rhodes, 1982; Short, 1989), en Angleterre (Greensmith et Tucker, 1969; Neal et al., 2003), au Mexique (Meldahl, 1995), en Nouvelle-Zélande (Woodroe et al., 1983; Hayward, 2007; Schoeld, 1960), en Thaï-lande (Dheeradilok, 1995), au Canada (Martini, 1981), en Espagne (Rodriguez-Ramirez et Yanez-Camacho, 2008; Ruiz et al., 2005), ou encore en Russie (Shuisky, 1989). Un chenier isolé est également décrit en France dans l'estuaire de la Gironde par Pontee et al. (1998).

En Argentine dans la baie de San Sebastian, les argiles et les silts proviennent de l'éro-sion de falaises côtières miocènes à proximité de l'environnement de dépôt.

En Corée du Sud, dans la baie de Gomso, l'apport de matière en suspension est purement

marin et lié à la dynamique tidale, les rivières environnantes ayant des charges solides très faibles (Lee et al., 1994). Ce type d'environnement de dépôt est très similaire à celui de la baie du Mont-Saint-Michel. La mise en place de cheniers dans ce contexte sédimentaire n'est pas décrite dans la littérature.

D'autres cheniers sont identiés sur des photographies satellites, notamment en Asie, mais ne sont pas décrits dans la littérature. Du fait du manque d'information sur la sub-surface et sur leur mode de développement, ces corps sédimentaires ne peuvent qu'être supposés cheniers (Fig. I.2).

La quasi-totalité des cheniers décrits dans la littérature est d'âge holocène. Ils se dé-veloppent dès lors que la transgression ralentit, vers 6 000 - 5 000 ans BP, permettant la progradation des systèmes littoraux. Des cheniers d'âge pléistocène ne sont reportés que dans de rares cas : Nord du Golfe de Californie au Mexique (Meldahl, 1995), Suriname (Augustinus et al., 1989), et Chine (Xitao, 1989). Il n'existe à l'heure actuelle aucune des-cription de cheniers dans des roches sédimentaires d'ages plus anciens. Plusieurs raisons peuvent être invoquées : problème de reconnaissance, faible probabilité de retrouver ces corps très étroits et allongés sur des aeurements ou dans des forages, ou faible potentiel de préservation dans les séquences sédimentaires.

La mise en place de plaines de cheniers nécessite un niveau marin relativement stable, où de petites oscillations peuvent favoriser la progradation du mudat ou au contraire le développement de cheniers transgressifs. Ces corps sédimentaires ne peuvent être préser-vés que s'ils sont associés à des périodes de haut niveau marin. Le delta du Yangtze fait exception (Xitao, 1989) : Quatre cheniers ennoyés par plus de cent mètres de profondeur, mis en place lors du dernier bas niveau marin entre 20 000 et 15 000 ans BP ont été identiés sur la plateforme externe de la Mer de Chine par de la sismique et des carot-tages. La transgression holocène fut susamment rapide pour conserver ces morphologies.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 16-20)