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Conclusions de la recherche qualitative

Troisième partie : Présentation des études empiriques

Entretien 1. Chloé, 15 ans, habite avec sa mère, son père et son petit frère à Paris Son frère

3.5 Conclusions de la recherche qualitative

Nous avons décrit les facteurs associés à l’adaptation et la non-adaptation à l’asthme chez les adolescents russes et français.

Premièrement, la non-utilisation du traitement médical est liée aux représentations que les adolescents ont de leur asthme. L’efficacité du traitement préventif n’est pas visible pour les adolescents, contrairement à l’efficacité des inhalateurs. Ainsi l’oubli des inhalateurs provoque des émotions négatives alors que ce n’est pas le cas pour l’oubli des médicaments prophylactiques. Les symptômes de l’asthme sont connus des adolescents grâce à leur expérience personnelle, tandis que les connaissances sur le fonctionnement de l’asthme sont moins accessibles pour eux. Il faut remarquer que les adolescents français ont plus de sources d’information : grâce aux écoles de l’asthme, ils ont la possibilité de communiquer directement avec des spécialistes de santé à propos de leur asthme.

Les représentations de l’asthme jouent parfois un rôle positif dans l’adaptation à cette maladie. Les représentations des facteurs qui déclenchent les crises d’asthme guident les stratégies de lutte contre cette maladie. Ces représentations sont communes chez les adolescents russes et français ; tous les adolescents énumèrent les facteurs externes (de l’environnement et de l’entourage social) et les facteurs internes (de son état psychologique et

être influencés par le contexte culturel.

La représentation de soi explique aussi l’expérience de la non-adaptation à l’asthme chez les adolescents. Les adolescents qui ont une représentation de soi comme une personne en bonne santé qui n’a pas besoin de traitement, oublient de prendre leur traitement. Parmi tous les adolescents qui ont participé à la recherche, seulement une adolescente française accepte le fait qu’elle soit malade et qu’elle aura toujours besoin de médicaments. Il n’y a pas de facteurs émotionnels négatifs dans la représentation de ce qu’est une personne malade de cette adolescente, contrairement aux autres adolescents. Les autres adolescents incluent des facteurs émotionnels négatifs dans leur représentation de ce qu’est une personne malade contrairement à leur représentation d’une personne en bonne santé. Même si selon les critères cognitifs les adolescents devraient se considérer comme des personnes malades (car ils prennent des médicaments et sont limités dans leurs activités), ils ne se considèrent pas comme tels à cause des critères émotionnels. Les adolescents qui ne se considèrent pas comme des personnes malades croient que les personnes malades sont malheureuses et ressentent des émotions négatives (par exemple, la jalousie). Ces adolescents se ressentent malades seulement pendant les crises, quand le besoin des médicaments est visible, mais pendant les périodes entre les crises, ils souhaitent oublier le fait qu’ils ont de l’asthme. Les facteurs émotionnels négatifs attachés à la représentation des personnes malades peuvent expliquer cela.

Nous avons remarqué des différences dans la représentation des personnes malades chez les filles et les garçons russes. Chez les garçons, l’image de la personne malade est associée à la faiblesse et ne ressemble pas à l’image masculine répandue dans la culture traditionnelle. Nous n’avons pas remarqué ces différences chez les garçons et filles français, mais ce fait peut être aussi lié au manque de garçons dans l’échantillon français (2 garçon versus 8 filles).

De même que la représentation de soi et les représentations de l’asthme, les relations sociales jouent un rôle positif et négatif dans l’adaptation à l’asthme. Les amis qui soutiennent les adolescents atteints d’asthme les aident à ne pas oublier de prendre leur traitement. De plus, ils ne changent pas leurs attitudes vis-à-vis des adolescents à cause de leur asthme, ce qui permet d’éviter la stigmatisation. Les relations avec les adultes aussi jouent un rôle positif dans l’adaptation à l’asthme ; ce sont surtout les parents qui aident les adolescents à prendre leur traitement, et qui en même temps leur permettent d’être indépendants dans leurs soins. En

non-adaptation à l’asthme (les comportements à risque, la non-utilisation des médicaments). La perception des risques sociaux dépend du contexte culturel de l’adolescent. Les adolescents russes ne tolèrent pas les situations où ils causent des difficultés aux autres (des émotions négatives, des difficultés dans la réalisation des objectifs communs), tandis que les adolescents français sont plus sensibles aux difficultés que leur entourage social leur cause (les remarques critiques, la pitié, etc.).

En plus des risques sociaux, les risques de ne pas pouvoir exercer une activité valorisée et importante expliquent aussi la non-adaptation à l’asthme chez les adolescents. Si l’activité interdite est importante pour les adolescents, ils sont prêts à risquer leur santé. Ces adolescents sont prêts à accepter les risques de santé, car la possibilité de pratiquer leur loisir est importante pour eux non seulement parce qu’il apporte des émotions positives, mais aussi en tant que valeur de vie. Ce type d’acceptation des risques est aussi lié à leur représentation de ce qu’est une personne en bonne santé chez les adolescents. La description de l’image d’une personne en bonne santé est liée au contexte culturel des adolescents. Les adolescents russes définissent la personne en bonne santé comme une personne qui peut se permettre de risquer sa santé. Prendre soin de sa santé est défini en termes de limites : il ne faut pas risquer trop, mais en même temps il ne faut pas s’occuper trop de sa santé. Les adolescents français définissent la personne en bonne santé comme une personne qui n’est pas limitée dans ses activités. En se considérant comme des personnes en bonne santé, ils se permettent ainsi de manifester des comportements à risque.

Ainsi, cette étude qualitative a permis de décrire les représentations cognitives et émotionnelles des adolescents sur la santé et la maladie ; et de montrer comment ces représentations expliquent l’adaptation et la non-adaptation à l’asthme dans les deux contextes culturels de ces adolescents.