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Une adaptation visant à renforcer des indices de

2. I NDICES DE FRONTIERE ENTRE UN DETERMINANT ET UNE UNITE LEXICALE

2.3. Conclusion sur les indices de début d’une unité lexicale

Nous n’observons pas dans cette étude un allongement systématique de la consonne initiale d’un mot de contenu, mais uniquement lorsque la consonne initiale est non voisée. En revanche, nous avons observé que de façon complémentaire, l’intensité de la consonne initiale d’un mot de contenu est renforcée par rapport aux autres consonnes lorsqu’elle est voisée. Il est donc envisageable que ces deux indices se complètent selon le type de consonne.

Dans les deux cas, nous n’avons pas observé de renforcement dans le bruit de ces indices. Il ne semble donc pas exister de stratégie de renforcement dans le bruit des indices de durée et d’intensité marquant le début d’un mot de contenu. Cependant, notre corpus n’était pas idéal pour cette

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exploration, puisque nous avons examiné de façon confondue plusieurs consonnes, suivies de voyelles différentes. Il est possible que les grands écart-types observés sur nos données proviennent de ces effets de coarticulation et nous empêchent d’examiner précisément le phénomène qui nous intéresse.

Au niveau articulatoire, nous avons observé que le pincement labial n’est pas non plus significativement renforcé sur les consonnes bilabiales en début de mot. En revanche sa force est significativement plus importante en début de mot que ce soit dans le silence ou dans le bruit, et est également significativement renforcée dans le bruit par 2 locutrices sur 3. Il serait donc nécessaire de mener un test perceptif afin de déterminer si l’augmentation de la force du pincement labial contribue à une meilleure perception visuelle ou auditive (par le bruit de plosion qui pourrait y être associé) de la frontière entre un déterminant et un mot de contenu.

Dans ce paragraphe, nous n’avons pas examiné de façon exhaustive tous les indices prosodiques permettant de marquer le début d’un mot de contenu. D’autres auteurs se sont également intéressés au renforcement de tels indices en conditions d’intelligibilité perturbée. En particulier, Welby 2007 [377]

a porté son attention sur le « coude » de fréquence fondamentale en début de mot de contenu pouvant être un indice intonatif de marquage de la frontière avec le déterminant qui précède. Dans une première étude effectuée en parallèle de notre étude articulatoire, sur le même corpus pilote (cf.

Annexe Pil2, Garnier et al. 2006 [102] ; Garnier et al. 2006 [104]), cet auteur a observé que certains locuteurs montraient dans le bruit des cas de renforcement de ce « coude », sans que cette tendance soit significative (Welby 2005 [374]). Celle-ci n’a pas pu être observée dans une seconde étude (Welby 2006 [375]).

140B3. INDICES DE DEBUT DE LENONCE

3. I NDICES DE DEBUT DE L ENONCE

Pour étudier le marquage de début d’énoncé, nous avons exploré la deuxième base de données, où chaque énoncé est de la forme « la Bala longe la Lanla » et commence donc par le déterminant [la].

Pour avoir une référence de comparaison, nous avons dû trouver dans l’énoncé une autre occurrence de cette même syllabe, toujours portée par un mot outil, mais cette fois en position neutre de l’énoncé.

Le deuxième déterminant introduisant l’objet de la phrase satisfait à cette condition.

Nous avons ainsi pu comparer la différence de durée entre le premier et le deuxième déterminant, représentant la différence de durée entre la syllabe initiale de l’énoncé et une autre syllabe non initiale. Par contre, nous ne pouvons pas examiner la différence d’intensité ou d’amplitude des mouvements articulatoires entre ces deux syllabes à cause de l’effet de déclinaison. Il existe en effet une diminution progressive de la fréquence fondamentale, de l’intensité et de l’amplitude de l’articulation au cours de l’énoncé. Ainsi, la différence que l’on observerait entre la syllabe initiale et non initiale de l’énoncé risquerait d’être davantage imputable à ce phénomène de déclinaison qu’au marquage du début de l’énoncé.

Nous avons pour cela mesuré la durée des premières syllabes [la] de chaque énoncé, en condition de silence et de bruit cocktail à 85dB. Nous avons fait de même pour la durée du deuxième déterminant [la] situé au milieu de l’énoncé. Cela représentait au total 34 mesures pour chaque type de syllabe et dans chaque condition.

Nous avons alors réalisé des tests Anova à un facteur (TYPE SYLLABE) à deux niveaux : initiale et non initiale, afin de déterminer si la syllabe initiale des énoncés est produite de façon significativement différente des autres dans le silence et dans le bruit. Autrement dit, nous avons cherché à vérifier si la différence de valeur des différents paramètres examinés entre la syllabe initiale et non initiale d’un énoncé, joue le rôle d’indice de marquage du commencement de l’énoncé dans le silence, et si cela est toujours le cas dans le bruit.

Nous avons également mené un autre test Anova à un facteur (BRUIT) pour déterminer si cet indice, autrement dit la différence d’un paramètre entre la syllabe initiale et non initiale d’un énoncé, évolue de façon significative du silence au bruit. Nous insistons sur le fait que ce qui nous intéresse n’est pas tant l’évolution du silence au bruit de chaque syllabe, mais l’évolution de leur différence, pouvant constituer un indice perceptif de contraste pour l’interlocuteur.

Les résultats détaillés de ces tests statistiques sont présentés en Annexe Res8. Nous n’en présenterons ici qu’une synthèse

La Figure 119 représente la différence de durée entre la syllabe initiale des énoncés et une syllabe comparable mais neutre de l’énoncé, dans le silence et dans le bruit. On observe que l’allongement de la syllabe initiale de l’énoncé est bien effectué dans le silence par les locutrices L6 et L11, et par toutes les locutrices dans le bruit. Conformément à notre hypothèse et aux études antérieures, les syllabes initiales des énoncés tendent à être plus allongées dans le bruit que dans le silence.

Cependant, cette tendance n’est pas significative et inférieure à 10ms. Il ne semble donc pas y avoir, chez les 3 locutrices examinées, de stratégie de renforcement de l’indice de durée marquant le début de l’énoncé. Il serait intéressant d’examiner si d’autres indices (d’intensité, d’amplitude des mouvements articulatoires) sont plus significativement renforcés dans le bruit.

Figure 119. Représentation pour 3 locutrices de la différence de durée entre la syllabe initiale de l’énoncé (Initial) et une autre syllabe comparable mais non initiale (Neutre), dans le silence (en rouge) et dans le bruit (en jaune).

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4. I NDICES DE FIN DE L ENONCE

4.1. Matériel et méthode

Pour étudier le marquage de fin d’énoncé, nous avons exploré la deuxième base de données, dans laquelle les énoncés se terminent tous par un logatome cible de deux syllabes. Or ceux-ci sont de structure CVCV et ont été constitués de façon à représenter un ensemble de 17 syllabes en position initiale ou finale du mot (cf. § 2.1 du chapitre 4 pour plus de détails). Cela nous a permis de comparer une même syllabe en position finale et non finale (il s’agissait alors de l’avant dernière syllabe) de l’énoncé.

Nous avons commencé par mesurer la durée de la syllabe finale de chaque énoncé, son intensité et son aire intéro-labiale, en condition de silence et de bruit cocktail à 85dB. Nous avons fait de même pour la durée des mêmes syllabes en avant dernière position de l’énoncé. Cela représentait au total 34 mesures pour chaque type de syllabe et dans chaque condition.

Nous avons alors réalisé des tests Anova à un facteur (TYPE SYLLABE) à deux niveaux : finale et non finale, afin de déterminer si la syllabe finale des énoncés est produite de façon significativement différente des autres dans le silence et dans le bruit. Autrement dit, nous avons cherché à vérifier si la différence de valeur des différents paramètres examinés entre la syllabe finale et non finale d’un énoncé, joue le rôle d’indice de marquage de fin de l’énoncé dans le silence, et si cela est toujours le cas ans le bruit. Nous avons également mené un autre test Anova à un facteur (BRUIT) pour déterminer si cet indice, autrement dit la différence d’un paramètre entre la syllabe finale et non finale d’un énoncé, évolue de façon significative du silence au bruit. Nous insistons sur le fait que ce qui nous intéresse n’est pas tant l’évolution du silence au bruit de chaque syllabe, mais l’évolution de leur différence, pouvant constituer un indice perceptif de contraste pour l’interlocuteur.

Nous avons également examiné l’ambitus de la chute mélodique finale, en repérant sous Praat le ton bas final de frontière (L% dans le modèle de l’intonation du français de Jun et al. 1995 [170]) et le ton haut précédent (correspondant au Hi de l’accent secondaire dans ce même modèle). Cette chute mélodique n’est pas nécessairement alignée par rapport aux syllabes. Au cours de cette annotation, nous avons observé dans quelques rares cas (5 au total) que les locutrices réalisaient une continuation majeure en fin d’énoncé (c’est à dire un ton haut, H%) à la place de la chute finale attendue. Cela peut arriver lors de la lecture d’une liste de mots ou de phrase (Delattre 1966 [67]). Par contre, il est assez étrange que ce phénomène se soit produit ici, alors que les locutrices étaient enregistrées en parole semi-spontanée, et marquaient des pauses relativement longues entre chaque énoncé. Cette continuation majeure correspond à un phénomène prosodique différent de la chute mélodique finale. Aussi, il ne serait pas rigoureux de les étudier de façon confondue. Nous nous sommes ici intéressés uniquement à l’indice de marquage de fin d’énoncé que peut constituer la chute mélodique finale, et avons par conséquent mis de coté les cas de continuation majeure. Mais nous insistons sur le fait qu’il ne s’agit en aucun cas d’une sélection des données par rapport à nos hypothèses : nous ne cherchons pas ici à montrer qu’il existe des chutes mélodiques finales en fin d’énoncé (cela est une observation plus que classique), mais à déterminer si ces chutes mélodiques finales, quand elles sont produites, sont renforcées dans le bruit.

Nous avons alors réalisé sur ces mesures un test Anova à un facteur (BRUIT) pour examiner si l’intervalle de fréquences fondamentales (en tons) couvert par les chutes mélodiques en fin d’énoncé évolue de façon significative du silence au bruit. Les résultats détaillés de ces tests statistiques sont présentés en Annexe Res8. Nous n’en présenterons ici qu’une synthèse.

4.2. Résultats

La Figure 120 représente la différence de durée entre la syllabe finale des énoncés et une autre syllabe comparable, mais neutre de l’énoncé, dans le silence et dans le bruit. La Figure 121 représente l’ambitus tonal de la chute mélodique finale en fin d’énoncé, dans le silence et dans le bruit.

On observe que la syllabe finale des énoncés est bien allongée dans le silence par toutes les locutrices, et que cet allongement est renforcé dans le bruit également par toutes les locutrices. De

141B4. INDICES DE FIN DE LENONCE

même, l’ambitus tonal de la chute mélodique finale en fin d’énoncé est renforcé par toutes les locutrices dans le bruit.

Figure 120. Représentation pour 3 locutrices de la différence de durée entre la syllabe finale des énoncés (S2) et une autre syllabe comparable mais non finale (S1), dans le silence (en rouge) et dans le bruit (en jaune).

Figure 121. Représentation pour 3 locutrices de l’ambitus tonal de la chute mélodique finale en fin d’énoncé, dans le silence (en rouge) et dans le bruit (en jaune).

La Figure 122 représente la différence d’intensité et d’aire intéro-labiale entre la syllabe finale des énoncés et une autre syllabe comparable, mais neutre de l’énoncé, dans le silence et dans le bruit.

On observe bien une diminution de l’intensité en fin de phrase chez toutes les locutrices dans le silence, i.e. une différence d’intensité négative entre la syllabe finale de l’énoncé et la syllabe qui la précède. Cette diminution est moins importante dans le bruit que dans le silence pour toutes les locutrices. L’amplitude des mouvements articulatoires d’ouverture des lèvres suit la même tendance que l’intensité. Autrement dit, nous observons dans ce corpus aucune différence articulatoire sur la syllabe finale de l’énoncé, voire plutôt une tendance d’hypo-articulation.

Figure 122. Représentation pour 3 locutrices de la différence d’intensité entre la syllabe finale des énoncés (S2) et une autre syllabe comparable mais non finale (S1), dans le silence (en rouge) et dans le bruit (en jaune).

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