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B. La réussite aux différentes épreuves

2. La compréhension orale

L’épreuve de compréhension de textes a.

Comme l’avait montré l’étalonnage réalisé sur la tranche d’âge 40-59 ans, la moyenne, déjà élevée sur la tranche d’âge 20-39 ans, est encore plus élevée en ce qui concerne notre tranche d’âge. Nous retrouvons donc cette augmentation de moyenne lors de la comparaison entre les deux validations. La moyenne obtenue par les sujets cérébrolésés âgés de 40 à 59 ans est de 15,68 tandis que celle obtenue par les sujets cérébrolésés entre 20 et 39 ans est de 13,4 points. Ainsi, les différences entre les deux populations cérébrolésées sont significatives (p = 0,001).

145 Il en va de même en ce qui concerne les différences observées entre la population témoin et le groupe de sujets cérébrolésés âgés de 40 à 59 ans (p = 0,027). Les scores obtenus sont donc plutôt bons. Un sujet parvient à saturer l’épreuve alors qu’aucun n’y était parvenu lors de la précédente validation. En outre, nous pouvons constater que le premier texte est mieux réussi que le second qui nécessite de faire plus d’inférences.

Ce premier texte et les questions qui l’accompagnent peuvent être relus et répétés sans influencer la notation. Cela permet de ne pas solliciter de façon trop importante les processus mnésiques et attentionnels. Nous avons pu constater que, souvent, une répétition était nécessaire aux sujets cérébrolésés afin de leur permettre de restituer les informations du texte, y compris pour ceux dont aucun déficit mnésique n’était mis en évidence lors de l’évaluation cognitive. Ainsi, la répétition aurait permis de contourner les déficits d’ordre attentionnel.

L’épreuve de compréhension de métaphores b.

Cette épreuve de compréhension de métaphores évalue également l’élaboration de phrases puisque les sujets doivent formuler eux-mêmes leurs explications.

Le groupe de sujets cérébrolésés obtient des scores significativement inférieurs au groupe témoin (p = 0,004). 58,1 % des sujets cérébrolésés âgés de 40 à 59 ans réussissent l’épreuve contre 69,8 % des sujets témoins. Des résultats similaires ont été observés lors de la validation portant sur la tranche d’âge 20-39 ans. Effectivement, les quelques différences observées entre les résultats des sujets cérébrolésées ne sont pas significatives (p = 0,988).

Sur les 6 items proposés, deux items sont particulièrement échoués, autant dans la population témoin que dans la population cérébrolésée. C’est le cas des items « tourner autour du pot » et « sortir de la cuisse de Jupiter ». Les échecs à la première expression semblent être en lien avec une utilisation détournée et non adaptée de celle-ci au quotidien. Tandis que les échecs à la seconde expression citée seraient plutôt liés au fait que cette expression semble moins courante que les autres. Effectivement, un grand nombre de sujets ont déclaré ne pas savoir ce que cela signifiait. Ces échecs seraient donc à mettre sur le compte d’un problème de connaissances sémantiques et non sur le compte d’un problème de compréhension du sens figuré ou de compétences pragmatiques.

L’épreuve de reconnaissance visuelle d’expressions métaphoriques c.

Cette épreuve met en avant des résultats significativement différents entre la population témoin et le groupe de sujets cérébrolésés âgés de 40 à 59 ans (p = 0,004). Ces résultats sont similaires à ceux obtenus lors de la validation sur la tranche d’âge 20-39 ans. Ainsi, la

146 moyenne obtenue par la population cérébrolésée est de 2,53 points contre 3,18 pour les sujets témoins. L’item le plus échoué est l’item 2 (« donner sa langue au chat ») avec un taux de réussite de seulement 43,3 %. Les sujets ont éprouvé de grandes difficultés à identifier les éléments saillants du dessin ainsi qu’à se détacher de la concrétude du dessin. Ceci souligne la pertinence de cette épreuve ainsi que l’importance de l’évaluation quantitative, en plus de l’évaluation qualitative.

L’épreuve de compréhension de phrases complexes d.

Comparativement aux résultats obtenus par la population témoin, l’épreuve de compréhension de phrases complexes est significativement échouée par le groupe de sujets cérébrolésés âgés de 40 à 59 ans (p = 0,019). Cette différence est significativement similaire à celle observée lors de la validation sur la tranche d’âge 20-39 ans (p = 0,745). La moyenne obtenue par les sujets cérébrolésés âgés de 40 à 59 ans est relativement élevée puisqu’elle atteint 8,07 (contre 9,32 pour la population témoin). Il en va de même avec le taux de réussite. Cinq sujets parviennent même à saturer l’épreuve, soit un sixième contre un tiers des sujets de la population témoin. L’item le moins réussi est le dernier item : « La jeune fille dont Charles a dénoncé le petit ami à la police l’a menacé au procès ». Ceci est expliqué par deux aspects de la phrase : sa longueur et sa complexité. En effet, cette phrase est composée de deux propositions enchâssées et caractérisée par l’emploi de pronoms anaphoriques. En outre, cet item fait appel à la mémoire à court terme et à la mémoire de travail. Ces difficultés de mémorisation peuvent être majorées par la proximité phonologique entre les deux verbes utilisés que sont « menacé » et « dénoncé ». Un grand nombre de sujets a donc eu de grandes difficultés à mémoriser la phrase, et ce, malgré les répétitions autorisées. Ainsi, les difficultés rencontrées par les sujets semblent être en lien avec les étapes d’intégration et de fixation décrites par Magné (Magné, 2005).

L’épreuve de compréhension d’inférences e.

Le groupe des sujets cérébrolésés âgés de 40 à 59 ans obtient une moyenne de 6,20 points (contre 7,44 pour le groupe témoin) avec un taux de réussite de 51,7 % (contre 62 % pour le groupe témoin). L’analyse statistique (p = 0,014) met en avant des différences significatives entre les deux groupes.

La compréhension de l’énoncé est permise par l’interprétation de l’intention du locuteur et donc par la réalisation d’inférences logiques. Les sujets ont parfois eu des interprétations erronées, voire aberrantes pour certains items, ce qui semble mettre en cause les processus

147 inférentiels. En outre, l’item le plus échoué implique l’humour. Dans la plupart des cas, les sujets n’ont pas perçu le côté illogique de la phrase et ont alors uniquement reformulé l’énoncé.

D’après Bracops (Bracops, 2006), la compréhension des processus inférentiels est notamment en lien avec la situation d’énonciation. La prosodie, les mimiques, l’intonation et les gestes du locuteur ont donc une grande influence sur la compréhension du sujet… Malgré une tentative de contrôle de ces paramètres, nous ne pouvons exclure l’hypothèse selon laquelle nous induisons, malgré nous, des modifications de notre comportement extraverbal, par ailleurs, automatique dans notre quotidien.