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1.2 Viscoélasticité des matrices polymères

1.2.3 Comportement thermomécanique des polymères

1.2.3.1 Spectrométrie mécanique

Pour étudier la mobilité moléculaire, nous allons chercher à identifier les phénomènes de relaxation mécanique. En effet la relaxation mécanique caractérise l’ajustement d’un système à de nouvelles conditions d’équilibre quand celle-ci est modifiée par une variable externe. Le retour à une situation pour laquelle le système retrouve une configuration d’équilibre énergique-ment plus stable, se fait par des mouveénergique-ments moléculaires qui accompagnent la réorganisation et/ou un réarrangement des unités structurales.

Dans le domaine élastique et linéaire, pour un matériau homogène et isotrope, la loi de Hooke (unidirectionnelle) relie la déformationε et la contrainte exercéeσpar l’intermédiaire du module de Young (équation 1.2) :

σ= Eε (1.2)

Pour un matériau viscoélastique, l’utilisation d’une notation complexe permet d’écrire sim-plement le comportement viscoélastique. La loi de Hooke (équation 1.3) est alors utilisée pour déterminer le module complexe E*, [48] et [15].

σ= Eε (1.3)

La réponse de la structure soumise à des déformations sinusoïdales en régime stationnaire, en termes de contrainte, s’écrit :

oùδest l’angle de déphasage. Donc, en notation complexe :

ε0eiωt (1.5) σ0ei(ωt+δ) (1.6) De l’équation 1.3 : E= σ0 ε0 (cos(δ) + isin(δ)) E= E+ iE (1.7)

La partie réelle E du module complexe caractérise le comportement élastique du matériau et définit sa raideur. Il est appelé également module élastique ou module de stockage. Il permet de quantifier l’énergie emmagasinée et restituée au cours des sollicitations [71].

La partie imaginaire Ereprésente le module visqueux ou module de perte. Il caractérise le comportement visqueux du matériau et quantifie l’énergie dissipée sous forme de chaleur [71]. Le rapport de la partie dissipative sur la partie conservative représente le facteur de perteη, qui constitue l’amortissement intrinsèque du matériau, est directement donné par le rapport :

η= E

E = tan(δ) (1.8)

Il peut aussi être déterminé à partir de l’angle de déphasageδ.

ε

0

ε

0

ε

0

η

E’

ε

0

η

E’

σ

ε

FIG. 1.8 – Cycle contrainte/déformation elliptique pour un matériau viscoélastique linéaire A chaque fréquence, le module de perte décrit une relation contrainte/déformation elliptique (figure 1.8) :

Le nom facteur de perte traduit le fait queηcorrespond au ratio de l’énergie dissipée Edsur un cycle de déformation par 2πfois l’énergie potentielle maximale V , avec :

V = Eε2 0 2 (1.10) et Ed= Z T 0 σ: ˙εdt= Eηε2 0ωZ ω 0 sin2t)dt =πEηε2 0=η2πV (1.11)

La forme de l’ellipse qui décrit un cycle d’hystérésis change avec l’évolution du facteur de perteη. Plusηest grand, plus l’énergie dissipée Ed est grande et plus la surface de l’hystérésis est importante.

1.2.3.2 Influence de la température

Si l’on effectue des mesures sur un polymère amorphe, en conservant constante la pulsation ω de la sollicitation mécanique et en faisant varier la température, on observe un maximum pour tan) et une chute du module conservatif E’ autour de la température de transition Tα, correspondant aux mouvementsαcollectifs des unités constitutives (figure 1.9). Au maximum du pic de tan(δ) et pour une pulsationωimposée, la relation suivante est grossièrement vérifiée :

ωτα≈ 1 (1.12)

oùτα est le temps de relaxation des molécules.

On voit que si la pulsationωde la sollicitation augmente, le pic de tan(δ) se déplace vers les hautes températures pour maintenir la condition de l’équation 1.12. Tαet Tgsont différentes mais restent très proches.

Aux basses températures, tan(δ) est faible et les pertes mécaniques aussi. Mais dans ce cas, le temps de relaxation des molécules τα est trop faible pour leur permettre de suivre la sollicitation mécanique.

Cependant il existe des relaxations secondaires correspondant à des mouvements locaux rapides se produisant à des températures telles que leurs temps de relaxation soient égaux à la période de la sollicitation mécanique.

La relaxationγest souvent associée à des rotations de groupements atomiques latéraux (ou radical R) portés par le squelette de la chaîne et a lieu à de très basses températures.

La relaxationβcorrespond à des mouvements localisés de quelques unités constitutives des chaînes principales qui basculent localement entre des positions voisines, n’entraînant pas de déplacements de molécules. Il y a donc changement local de conformation des chaînes. Parmi les relaxations secondaires, la relaxationβreste la plus observable. Le domaine de température et de fréquence où cette relaxation s’opère se situe en-dessous de Tg.

Le caractère viscoélastique apparaît lorsqu’un mouvement moléculaire peut se libérer sous l’action de la sollicitation mécanique imposée. Ces mouvements correspondent, pour les basses températures (<Tg), aux transitions secondaires, provenant des mouvements locauxβdes unités

constitutives de la chaîne principale ou des mouvementsγdes groupements latéraux. Ces tran-sitions secondaires se caractérisent par un petit effet viscoélastique et une variation faible du module d’élasticité avec la température.

La figure 1.9 représente les évolutions du module conservatif E et du facteur de perte (tan(δ)) d’un polymère amorphe en fonction de la température. Nous distinguons bien les zones d’état du polymère ainsi que les différentes relaxations où s’opèrent les réorganisations molé-culaires.

FIG. 1.9 – Evolutions du module conservatif Eet du facteur de perte (tan(δ)) d’un polymère amorphe en fonction de la température

1.2.3.3 Principe d’équivalence Temps-Température

H. Leaderman (1941) suggère qu’il existe une équivalence entre le temps où une sollici-tation est appliquée et la température où se trouve le matériau viscoélastique. Il a constaté expérimentalement qu’une grandeur viscoélastique (module de relaxation, module complexe, complaisance, ...), à température élevée et pour un temps de sollicitation court, est identique à celle obtenue en basse température, mais pour des temps plus longs.

Il est donc possible de superposer les grandeurs viscoélastiques d’un polymère obtenues dans une même fenêtre de temps (ou de pulsation), mais à des températures différentes. Cette superposition ne peut se réaliser qu’à condition de multiplier l’échelle des temps par un facteur (facteur de translation aT) qui est fonction de la température. C’est le principe d’équivalence entre le temps et la température. Il permet d’établir une courbe de référence pour un polymère donné appelée courbe maîtresse. Cette courbe dépend directement de la température de réfé-rence choisie.

La possibilité de construire ces courbes maîtresses est la traduction graphique de la méthode des variables réduites, traduisant l’équivalence entre les effets du temps et de la température. Une formulation analytique de ce concept est donnée par les équations suivantes :

G(Ti,t) = ρTi ρ0T0G(T0, aTi T0 t) (1.13) et G(Ti, f ) = ρTi ρ0T0G (T0, aTi T0 f) (1.14)

Ces équations 1.13 et 1.14 s’appliquent aussi bien aux modules de conservation qu’au fac-teur de perte, et conduisent dans les deux cas à des facfac-teurs de glissements identiques, donnés par l’équation 1.15.

Williams, Landel et Ferry ([26]) ont observé expérimentalement que la variation du facteur de glissement aT est donnée par la relation suivante :

log(aT) = −C1(T − Tr)

C2+ (T − Tr) (1.15)

où C1et C2sont des constantes caractéristiques d’un polymère donné, Tr est une température de référence, choisie arbitrairement.

La relation de l’équation 1.15 est généralement connue sous le nom de loi WLF. A T <Tg, le polymère est hors d’équilibre et la structure du polymère est considérée dans un état iso-configurationnel ([14]), mais à T >Tg, le polymère est dans un état d’équilibre métastable (sur-fondu). Dans ce domaine, la relaxationαest très fortement dépendante de la température. Les lois d’Arrhénius sont observées aussi bien dans la région des transitions secondaires à basse température, que dans la région d’écoulement (T »Tg). L’équation 1.15 (WLF) permet de dé-crire de façon satisfaisante le comportement à partir de Tg, entre Tget Tg+50˚C. Cette équation montre la dépendance en température du facteur de glissement aT dans la gamme de tempéra-ture Tg«T «Tg+50˚C.

Le tableau 1.1 donne les valeurs des coefficients de WLF du PMMA pour une température de référence égale à la température de transition vitreuse Tg.

Cg1 C2g Tg(K)

32.2 80 388

TAB. 1.1 – Coefficients de WLF du PMMA pour une température de référence égale à Tg[12] A partir de cette loi, on peut directement tracer les courbes maîtresses du module conservatif

E et du facteur de perteη. La figure 3.1 représente l’évolution des courbes maîtresses E etη pour le PMMA, pour une température de référence de 22 ˚C (Température ambiante). Le point d’inflexion de la courbe (en rouge) du module conservatif, se trouvant vers 120 ˚C, correspond à la température de transition vitreuse Tgdu PMMA. Au voisinage de cette température, le PMMA est dans la zone de transition vitreuse, passant d’un état solide à un état visqueux. Le maximum du pic du facteur de perte est associé à la température de la relaxationα. Généralement dans la littérature, pour un polymère amorphe, les Tget Tαsont confondues, car elles sont très proches.