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8.3 A l’échelle régionale : comparaisons entre différents sites domestiques du Centre-Ouest

8.3.2 Comparaisons

8.3.2.1 Comparaison des ensembles fauniques

Les ensembles fauniques des différents sites du Néolithique moyen du Centre-Ouest sont assez semblables en termes de quantité et selon l’étendue des fouilles (fig.118). Le site de Gouzon n’a pas été pris en compte dans le tableau suivant car nous ne disposons pas des données précises, mais au total quelques centaines de restes ont été décomptées pour un NRd d’environ 300 (Tresset, in. Eneau et al., 1998). Nous pouvons voir que cela reste à chaque fois des ensembles assez modestes, avec un taux de détermination en moyenne inférieur à 20%, excepté à Temps-Perdu où ce dernier est un peu plus élevé (29%), mais l’importance du corpus est très restreinte (NR= 441), les taux de détermination les plus bas étant atteints pour les deux sites de notre étude. Cependant le taux de détermination dépend aussi des méthodes de fouille et notamment de la mise en place de tamisage. Ces petits corpus limitent fortement la fiabilité d’analyse statistique à l’échelle régionale. De plus, rappelons qu’hormis pour Le Peu et les Châteliers, tous les autres ensembles proviennent presque exclusivement du

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comblement de l’enceinte, nous pouvons alors nous questionner sur la représentativité à l’échelle d’un site certainement beaucoup plus complexe. Néanmoins, ce sont les seules données que nous possédons pour tenter d’appréhender les rapports homme-animal du Néolithique moyen du Centre-Ouest, ce qui rend leur comparaison intéressante.

Figure. 118 : Tableau de comparaison des ensembles faunique de différents sites néolithiques du

Centre-Ouest. (Données Châteliers : Bedault, 2017 ; Données Temps-Perdu : Braguier, 1999).

Le NR a été utilisé pour la comparaison des ensembles fauniques car c’est l’unité de comptage dont nous disposons pour chacun de ces sites et qui permet une certaine uniformité. Il sera de fait utilisé pour toutes les comparaisons numériques suivantes.

8.3.2.2 Comparaison des espèces en présence

Le spectre faunique des différents sites du Néolithique moyen du Centre-Ouest est

sensiblement le même en termes d’espèces représentées. Nous retrouvons sur tous les sites la triade domestique, bovinés, caprinés et suinés (Tresset, In. Eneau et al., 1998 ; Braguier, 1999 ; Bedault, 2017), bien que pour ces derniers l’attribution des restes au porc est parfois délicate et n’a pas toujours pu être prouvée, notamment pour Chante-Grolle et Gouzon. Le chien est également présent excepté à Chante-Grolle et Gouzon (Tresset, In. Eneau et al., 1998 ; Braguier, 1999 ; Bedault, 2017). Pour les espèces sauvages, nous retrouvons la présence du cerf sur tous les sites, mais parfois uniquement à partir de bois comme à Temps-Perdu. L’aurochs et le sanglier sont attestés sur tous les sites hormis Le Peu, mais l’attribution d’os à ces deux espèces est parfois délicate. Nous avons là les principales espèces présentes sur ces différents sites du Néolithique moyen du Centre-Ouest. D’autres espèces sauvages sont parfois présentes, tel que le chevreuil, l’ours, des oiseaux ainsi que des petits animaux comme les rongeurs ou les batraciens (Tresset, In. Eneau et al., 1998 ; Braguier, 1999 ; Bedault, 2017). Le chien est présent dans la faune de trois des cinq sites du Néolithique moyen que nous avons comparés. Lorsque le chien est présent il ne l’est qu’en quantité très faible : 0,8% à Temps- Perdu (Braguier, 1999) et 2,4% aux Châteliers sans que des traces anthropiques ne soient mises en évidence (Bedault, 2017), cela n’ayant donc pas permis d’interprétation. Les deux

Le Peu Chante-Grolle Châteliers Temps-Perdu

NR Total 2750 480 3970 441

NR Indét 2614 424 3265 314

NR déter. 136 56 705 127

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sites pour lesquels il n’apparait pas (Chante-Grolle et Gouzon), n’ont cependant été fouillés que sur une très petite surface du fossé, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions sur l’absence du chien. Au Peu en revanche le chien n’est guère plus présent si l’on s’en tient aux parties anatomiques en connexion supposée (5%) qui sont certainement les plus représentatives de son état dans la faune du site (Cf. partie 5.3.3.3). Il l’est très nettement plus si l’on fait le décompte total du NR (31%). Mais ce n’est pas vraiment son taux de représentativité qui importe au Peu, mais surtout le fait qu’une action anthropique sur la carcasse aient pu être observées, et amènent à penser à une activité de pelleterie.

8.3.2.3 Comparaison de la part d’animaux domestiques et sauvages

Les résultats de la comparaison de la proportion de faune sauvage et de la faune domestique sont présentés dans le graphe ci-dessous (fig.119). D’une façon générale nous observons que la faune domestique est très largement dominante, et qu’il n’y a aucun site où la faune sauvage domine. Néanmoins, les pourcentages exprimés dans ce tableau peuvent être pour certains critiqués. Nous avons fait le choix par souci d’homogénéité avec les autres études d’inclure dans la faune domestique les suinés indéterminés. C’est notamment le cas pour le Peu, pour Chante-Grolle, pour Gouzon (Tresset, in. Eneau et al., 1998) et également pour Temps-Perdu où aucun élément probant permettant de déterminer le porc n’est avancé (Braguier, 1999). Si cela n’a qu’une faible incidence au Peu et à Temps-Perdu du fait de la faible proportion de suinés, cela pourrait en avoir une bien plus importante à Gouzon et Chante- Grolle où ils sont dominants. Il faut aussi tenir compte de la détermination de l’aurochs par rapport au bœuf qui est parfois délicate. Les bois de cerf n’ont pas été inclus dans ce décompte. Pour le site de Temps-Perdu les restes d’aurochs ont également été exclus car il s’agit de bucranes, ne témoignant pas forcément d’une activité de chasse ou d’une exploitation (Braguier, 1999).

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Figure. 119 : Part d’animaux domestiques et sauvages dans différents sites du Néolithique moyen et

récent du Centre-ouest : Le Peu ; Chante-Grolle ; Gouzon (Tresset, In. Eneau et al., 1998) ; Temps-Perdu (Braguier, 1999) ; Les Châteliers (Bedault, 2017).

Nous avons donc une homogénéité entre Le Peu, Temps-Perdu et les Châteliers avec une proportion de faune sauvage inférieure à 10%. En revanche Gouzon et Chante-Grolle se distinguent par un taux particulièrement élevé d’animaux sauvages (50% et 38%). A Gouzon cela est dû principalement au cerf et à Chante-Grolle à l’aurochs.

8.3.2.4 Comparaison de la part de chaque espèce de la triade domestique

Nous obtenons pour l’ensemble des cinq sites néolithiques moyen du Centre-Ouest une moyenne de 56,5% de bœufs, 27,5% de porcs et 16% de caprinés. Néanmoins lorsque l’on s’intéresse à la répartition des trois espèces de cette triade domestique on observe de grandes variations entre les sites (fig.120). Nous pourrions définir deux modèles très généraux de la répartition de ces espèces. Le premier pour les sites du Peu, de Temps-Perdu et des Châteliers où l’on a une dominance du bœuf (extrême à Temp-perdu (81%), très forte (70%) au Peu et un peu plus modérée aux Châteliers (51%)), une position intermédiaire des caprinés (avec environ 25% aux Châteliers et au Peu et seulement 12% à Temps-Perdu), et enfin une infériorité du porc (très modérée aux Châteliers (21%) mais beaucoup plus exprimée à Temps- Perdu (7%) et au Peu (4%)). Le second où les suinés sont dominants pour les sites de Chante- Grolle (50%) et Gouzon (55%). Ils ne le sont néanmoins pas autant que le bœuf dans les autres sites puisque les suinés sont talonnés par ce dernier (44% à Chante-Grolle et 36% à Gouzon). Ce sont en revanche les caprinés qui sont très peu représentés avec moins de 10% des restes.

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Figure. 120 : Comparaison des proportions de chaque espèce de la triade domestique sur différents

sites néolithiques du Centre-Ouest : Le Peu ; Chante-Grolle ; Gouzon (Tresset, In. Eneau et al., 1998) ; Temps-Perdu (Braguier, 1999) ; Les Châteliers (Bedault, 2017)

8.3.2.5 Des zones d’activités spécialisées sur les sites du Néolithique moyen du

Centre-Ouest

Cette partie traitera exclusivement des sites du Peu et des Châteliers puisque ce sont les deux seuls sites du Néolithique moyen du Centre-Ouest à avoir été fouillés, et à livrer des restes sur une zone assez étendue et non restreinte à l’enceinte. Cela permet alors d’observer la répartition spatiale de la faune et des types de rejets.

Nous l’avons vu pour le Peu (Cf. partie 5.3), les différentes zones du site ne livrent pas les mêmes types de restes. L’impact de la taphonomie et le faible nombre de restes limitent cette étude, mais nous avons remarqué qu’en zone haute, à proximité des habitats nous retrouvions un nombre important de petits fragments d’os brûlés que nous avons interprétés comme des rejets de foyer, avec également plusieurs fosses ayant servi de fond de foyer. A proximité du marais et à l’écart de l’habitat en zone basse, la représentation anatomique des restes retrouvés (forte proportion de bas de pattes et squelette axial) pourrait faire penser à une zone de traitement primaire des carcasses. Mais des activités autour du travail de la peau et de la fourrure ne sont pas à exclure, les restes de chien et la forte proportion de phalanges pouvant en être des témoins. Aux Châteliers (Bedault, 2017), des hypothèses du même ordre ont été évoquées. La représentation anatomique des restes pourrait suggérer un traitement primaire des carcasses, et donc une possible zone de boucherie (Bedault, 2017). Notons qu’à l’inverse de la possible zone de boucherie du Peu, il y a aux Châteliers un déficit de phalanges.

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Celles-ci ont pu être laissées dans la peau au moment du dépeçage et être rejetées ailleurs (Bedault, 2017), peut-être dans une zone où étaient traitées les peaux. Précisons cependant que les fouilles et les études de ces deux sites sont encore en cours et qu’il n’est donc pas impossible que ces hypothèses soient modifiées, invalidées ou confirmées, dans les années à venir.

La mise en évidence de zones d’activité spécialisées sur ces sites fait également apparaitre certaines limites et de possibles biais dans ces études archéologiques. En effet, une spécialisation des activités entraine alors des rejets spécifiques (nous permettant d’ailleurs d’identifier ces activités). Par conséquent en fonction des zones fouillées il est possible que le type de restes diffère, amenant de fait à des interprétations différentes, notamment sur le spectre faunique. C’est donc un critère, au-delà de l’aspect quantitatif, qui peut influer sur la représentativité du corpus des sites.

8.4 Synthèse générale et hypothèses

8.4.1 La faune du Néolithique moyen du Centre-Ouest : de la diversité et