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5.3 Analyse de la faune d’un point de vue spatial

5.3.2 La zone « haute »

5.3.2.3 Analyse de l’os brûlé

La zone haute du site est celle qui a livré le plus de restes brûlés avec 539 restes pour une masse de 124,4g (fig.65), soit 85% du nombre de restes brûlés du site. Cela s’explique par la présence de fosses qui ont servi de fond de foyer et de dépotoir notamment pour les rejets de foyer induits par la zone d’habitat conjointe. Ce qui nous a semblé propice à une étude sur la composition de l’assemblage d’os brûlés de ces fosses afin de traiter de la question de l’utilisation de l’os comme combustible.

Figure. 65 : Tableau de répartition des os brûlés de la zone haute.

Tranchée Structure NR total PdR total NR brulés PdR brulés

tr7 st41 318 327,9 231 75,7 tr7 st47 210 64,6 34 9,4 tr7 st49 80 12,4 80 12,4 tr7 st53 5 0,9 5 0,9 tr3 st62 31 9,9 0 0 tr9 st81 5 1,4 5 1,4 tr9 St82 176 24,1 176 23,8 tr9 st93 5 0,3 5 0,3 tr9 st95 3 0,5 3 0,5 Total 833 442 539 124,4

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5.3.2.3.1 Présentation du corpus

La structure 41 offre le corpus le plus important du site en termes d’os brûlés, avec un total de 231 restes pour un poids de 75,7g. La taille des restes est assez homogène puisqu’ils sont tous, sauf rares exceptions, inférieurs à 1cm pour un poids moyen de 0,35g et aucun reste ne dépasse le gramme. Précisons que cette structure ne livre pas seulement des restes brûlés, 27% du NR est non brûlé (fig.65), qui ne seront pas pris en compte dans cette étude sur l’utilisation de l’os comme combustible, mais doivent l’être pour appréhender la fonction de cette fosse.

La structure 49 n’a livré que des fragments d’os brûlés, avec 80 restes pour un poids de 12,4g. Nous avons donc un très fort taux de fragmentation avec un poids moyen de 0,20g, relevé notamment par deux fragments d’os carbonisés de 3cm environ, tous les autres restes étant inférieur au demi centimètre.

5.3.2.3.2 Objectifs et méthodes d’analyse

Comme nous l’avons évoqué (Cf. partie 4.3.2) l’os peut être utilisé volontairement comme combustible pour ses propriétés ou simplement jeté au feu comme un déchet. Nous distinguerons trois catégories d’os brûlés : carbonisé (noir), intermédiaire, calciné (blanc voire bleu) ; ainsi que deux catégories d’os : spongieux et compact. A noter que quelques esquilles vraiment trop petites pour être classées dans l’une des catégories n’ont pas été prises en compte. Le but étant de voir si des choix ont été opérés dans les types d’os mis au feu pour influer sur la combustion.

5.3.2.3.3 Intérêt de ces fosses pour cette analyse

Ces deux fosses se situent en haut de versant, à proximité des bâtiments. Elles font partie d’un ensemble de huit fosses qui semblent fonctionner pour six d’entre elles par paire. La structure 41 semble être une fosse dépotoir, comme en témoigne les restes lithiques (Galin in Ard et al., 2016) et osseux. La taille réduite des restes brûlés, leur nombre important (72,6% de l’assemblage osseux de cette fosse), et leur état de brûlure allant de totalement carbonisé à calciné, pourrait suggérer des rejets de foyer. Cela rend cet ensemble très propice à cette analyse.

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La structure 49 a été interprétée comme un fond de foyer avec un probable aménagement d’une sole de plaquette calcaire (Ard et al. 2016a). Nous pourrions donc avoir là les restes osseux provenant d’un foyer en place. D’autres fosses à proximité ont aussi été interprétées comme des fonds de foyer mais livre un matériel moins abondant et moins propice à cette analyse. L’objectif étant ainsi avoir un aperçu de l’utilisation de l’os comme combustible dans ce type de fosse foyer.

5.3.2.3.4 Résultats pour la fosse 41

Le nombre de fragments d’os spongieux (NR=30) est nettement inférieur à celui des os compacts (NR=198) (fig.66), soit 87% d’os compact et 13% d’os spongieux.

Figure. 66 : Pourcentage du nombre de restes brûlés compacts et spongieux présents dans la st.41 (NR

total= 228).

Lorsque nous regardons la répartition des os compacts et spongieux en fonction de l’état de brûlure, nous remarquons que l’os spongieux est principalement représenté pour l’état calciné (NR=28), très peu à l’état intermédiaire (NR=2) et pas du tout pour l’état carbonisé (fig.67). L’os compact est aussi le plus représenté pour l’état calciné (NR=88), et un peu moins pour l’état intermédiaire (NR=51) et carbonisé (NR=59) (fig.67). En revanche, les restes compacts carbonisés sont plus lourds que les restes compacts calcinés (fig.68).

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Figure. 67 : Pourcentage du NR en fonction de l’état de brûlure de l’os pour la St.41 (NR total = 238).

Figure. 68 : Pourcentage du poids des restes en fonction du type de brûlure de l’os pour la St.41 (PdR

total = 74,9g).

5.3.2.3.5 Résultats pour la fosse 49

Le nombre de fragments d’os spongieux (NR=8) est nettement inférieur à celui des os compacts (NR=65) (fig.69), soit 89% d’os compact et 11% d’os spongieux.

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Lorsque nous regardons la répartition des os compacts et spongieux en fonction de l’état de brûlure, nous remarquons que l’os spongieux est uniquement représenté pour l’état calciné (NR=8) (fig.70). L’os compact est le plus représenté pour l’état calciné (NR=40), et moins pour l’état intermédiaire (NR=12) et carbonisé (NR=13) (fig.70). Au niveau du poids, les restes carbonisés et intermédiaires sont en moyenne plus lourds que les restes calcinés (fig.71).

Figure. 70 : Pourcentage du NR en fonction de l’état de brûlure de l’os pour la St.49.

Figure. 71 : Pourcentage du poids des restes en fonction du type de brûlure de l’os pour la St.49.

5.3.2.3.6 Interprétations des résultats

Les résultats obtenus dans ces structures sont très similaires, nous observons exactement le même rapport d’os spongieux et compacts. Et leur disposition en fonction de l’état de brûlure, que ce soit à partir du nombre de restes ou du poids est très semblable, à la seule différence

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que les restes de la structure 49 ont un degré de brûlure moyen légèrement plus élevé que celui de la structure 41. Nous pouvons donc penser que l’os a été utilisé de la même façon dans les foyers qui ont constitué l’assemblage d’os brûlés de ces deux structures.

Les expérimentations de Théry-Parisot et Costamagno (2005) ont montré que seul l’os spongieux avait un intérêt en tant que combustible. Donc sa faible présence dans notre assemblage tendrait à montrer que les os ont été rejetés dans le feu, sans qu’il y ait une volonté d’obtenir un type de combustion particulier. La plus forte représentation d’os compact pouvant s’expliquer pour plusieurs raisons. D’une part l’os spongieux est plus fragile et plus sensible aux différents processus taphonomiques. D’autre part celui-ci brûle mieux du fait de la présence de graisse, ce qui explique certainement le fait qu’ils soient à un degré moyen de brûlure plus élevé que les os compacts.

Cette analyse admet cependant des limites pour la structure 41, puisque si les restes brûlés de cette fosse semblent appartenir à des vidanges de foyer, rien ne permet de dire qu’ils proviennent du même foyer. Or, rien ne nous permet de prouver qu’il n’y a pas là les restes de plusieurs foyers, avec différentes utilisations de l’os dans chacun d’eux. Si la structure 49 est bien un fond de foyer, ce qui semble être le cas, nous pouvons supposer que les restes brûlés proviennent uniquement de la combustion de ce foyer, bien qu'il ait pu être utilisé à des fins différentes. De plus, le remplissage de la fosse, composé également de nombreux tessons et éléments lithiques, peut aussi suggérer qu’elle ait servi de dépotoir, avec donc des possibles vidanges d’autres foyers, à moins que ce soit le foyer lui-même qui ait servit de dépotoir, avec donc un simple rejet détritique des ossements.

Seule une présence très majoritaire d’os spongieux peut faire penser à une utilisation préférentielle de ce type d’os, et donc de ses propriétés combustibles (Théry-Parisot et Costamagno, 2005). Ainsi après avoir exposé les résultats et les limites de cette étude il apparait qu’il n’est pas possible de conclure avec certitude sur la non-utilisation de l’os pour ses propriétés combustibles, même si c’est ce que nous sommes amené à penser. L’hypothèse d’un rejet détritique de l’os dans le feu pour s’en débarrasser, avec donc une utilisation de l’os comme combustible de façon opportuniste sans recherche de combustion particulière, semble la plus plausible. En effet, l’utilisation de l’os comme combustible pose plusieurs problèmes. D’abord il faut obtenir la ressource, c’est-à-dire tuer un animal, et récupérer les

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parties spongieuses, ce qui même pour un gros animal (un bœuf par exemple) ne représente pas une très grosse quantité. Ensuite, l’os est difficilement stockable, peut très vite poser des problèmes de salubrité et être dégradé (Cf. partie 4) perdant ou modifiant alors ses qualités de combustibles. Alors que le bois est au Néolithique une ressource qu’il est beaucoup plus facile à trouver, à collecter et à stocker sous différentes formes (buches, brindilles, bois vert, bois mort, bois humide, etc.) pouvant ainsi offrir un large panel de propriétés en tant que combustible. Il faudrait donc que l’os offre une très grosse plus-value par rapport aux autres matériaux de combustion pour justifier son utilisation. Par conséquent, hormis peut-être certains cas particuliers, l’utilisation de l’os comme combustible pour ses propriétés parait peu probable.