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Dans certaines collectivités ultra-marines, le rattachement des services fiscaux au président de l’exercice local peut s’avérer problématique pour

la mise en œuvre effective et indépendante des prérogatives de la Haute Autorité. Un risque sur la confidentialité des échanges entre la Haute Autorité et l’administration fiscale locale est susceptible de naître lors-qu’elle adresse des demandes d’information à ces services, qu’il s’agisse de demandes portant directement sur le président de l’exécutif local ou sur d’autres responsables publics du territoire.

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4. LA MISE EN ŒUVRE D’UNE DÉTECTION RAPIDE DES SITUATIONS DE CONFLIT D’INTÉRÊTS

Aux termes des articles 1ers de la loi organique et 33 de la loi du 11 octobre 2013 précitées, les différentes personnes assujetties aux obligations déclaratives devaient déposer une déclaration d’intérêts avant la fin de l’année 2014. Les échéances définies par le législateur différaient selon les catégories de déclarants.

Compte tenu des nombreuses contraintes ayant pesé sur le début d’activité de la Haute Autorité, présentées dans le précédent volume de ce rapport d’activité91, ses services n’ont pas été en mesure d’examiner immédiatement chacune de ces déclarations. Dans ces conditions, l’examen des déclarations d’intérêts obéissait à une logique de stock et dépendait des échéances de publication de ces déclarations. L’examen des intérêts s’est donc effectué initialement par catégories de déclarants et non à mesure de leur réception.

Or, un tel processus de contrôle n’avait pas vocation à être pérenne sous peine d’entraver l’effectivité et la rapidité de la détection et de la prévention des situations de conflit d’intérêts.

Dans cette perspective, le cycle de contrôle des déclarations d’intérêts a été modifié. Il est passé d’une logique de stock à une logique de flux : toute décla-ration déposée est dorénavant examinée dès sa réception. Cette modification permet d’accroître l’efficacité de la prévention des situations de conflits d’in-térêts éventuelles, dont le mécanisme déclaratif constitue l’un des principaux outils de détection.

L’examen opéré sur ces déclarations a pour objet de rechercher si les éléments déclarés par le responsable public concerné sont susceptibles de caractériser une telle situation. Il est considéré que dès lors qu’un doute subsiste, un courrier est adressé à la personne concernée afin qu’elle précise les mesures qui ont été mises en œuvre pour prévenir toute situation de conflit d’intérêts. La faculté pour le déclarant de solliciter un conseil déontologique est également rappelée dans ce courrier. En effet, toute personne soumise aux obligations déclaratives dispose de la faculté de saisir la Haute Autorité d’une demande d’avis portant sur une question de nature déontologique rencontrée dans l’exercice de sa fonction ou de son mandat.

91_ Parmi elles : des effectifs insuffisants, un afflux important de déclarations, les contraintes liées à l’encadrement par la loi du contrôle de certaines déclarations.

92_ Pour l’analyse du contenu de certains de ces échanges, voir ci-après (page 82-84).

Le risque de conflit d’intérêts

La mise en place d’un examen systématique des déclarations d’intérêts a engen-dré une augmentation substantielle du nombre d’échanges entre la Haute Autorité et les personnes entrant dans son champ et du nombre de demandes d’avis adressées par ces dernières. À titre d’exemple, entre le 1er juillet 2015 et le 30 juin 2016, sur les 3304 déclarations d’intérêts transmises et contrôlées à ce titre, 131 courriers ont été adressés (soit une proportion d’environ 5 % des déclarations d’intérêts examinées)92.

RISQUE DÉONTOLOGIQUE

= CONFLITS

RISQUE PÉNAL = PRISE ILLÉGALE

D’INTÉRÊTS

INTÉRÊTS Activité • Professionnelle

Activité • professionnelle du conjoint

Siège du conseil • d’administration

d’une société Autres mandats électifs •

Activités bénévoles • etc. • FONCTION PUBLIQUE

• Ministre

• Maire

• Conseiller ministériel

• PDG d’entreprise publique

• Directeur d’administration

• etc.

Courriers envoyés après examen de déclarations d’intérêts

DÉCLARANTS NOMBRE DE

COURRIERS ENVOYÉS

Membres du Gouvernement 293

Membres du Parlement européen 6

Elus régionaux 3

Elus départementaux 32

Elus communaux et membres d’EPCI 70

Membres de cabinet 10

Membres d’autorités administratives indépendantes 3 Fonctions dirigeantes dans le secteur public 5

TOTAL 131

En fin de période, soit entre le 1er avril 2016 et le 30 juin 2016, sur plus de 300 déclarations déposées, près de 10 % d’entre elles ont donné lieu à un échange de courrier.

Ce changement de méthode d’examen des déclarations d’intérêts permet : _ d’assurer la diffusion d’une culture déontologique auprès des responsables

publics au moyen d’une sensibilisation sur leur situation  ;

_ d’augmenter le nombre de demandes d’avis afin que les intéressés puissent connaître les mesures qu’il convient de mettre en œuvre pour prévenir de telles situations.

En 2016, parmi les dix-huit demandes d’avis sur une situation individuelle (concernant l’intéressé lui-même ou un tiers), douze l’ont été à la suite du contrôle de la déclaration d’intérêts opéré par les services de la Haute Autorité.

Par ailleurs, la Haute Autorité a précisé sa doctrine en acceptant sous certaines conditions la recevabilité de demandes relatives à la situation d’un tiers. Elle a ainsi été saisie à deux reprises par un président de conseil régional et un ministre préalablement à la nomination d’un vice-président ou d’un collaborateur.

Initialement, l’Autorité admettait la recevabilité de telles demandes une fois les intéressés nommés. Or, l’élargissement de ces demandes aux situations des personnes dont la nomination est envisagée s’est imposée dans la mesure où cette évolution répond à la mission de la Haute Autorité d’accompagner les responsables publics dans l’exercice de leur pouvoir de nomination, afin d’éviter de placer leurs collaborateurs en situation de conflit d’intérêts.

93_ Pour le gouvernement Valls III.

94_ Article 25 ter de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires créé par l’article 5 de la loi du 20 avril 2016 précitée.

Ces demandes nouvelles témoignent d’un attachement des responsables publics à exercer leurs fonctions avec probité et déontologie. L’élargissement de la recevabilité des demandes d’avis répond au demeurant au souci exprimé par le législateur, dans la loi du 20 avril 2016, qui a conditionné la nomination de certains agents publics à la transmission préalable d’une déclaration d’intérêts94.

On peut d’ailleurs s’étonner que seuls les agents publics soumis aux nouvelles obligations prévues par la loi du 20 avril 2016 doivent adresser une déclaration d’intérêts à l’autorité de nomination avant d’entrer en fonctions, cette obligation n’étant pas prévue par la loi du 11 octobre 2013 pour les personnes titulaires d’un emploi à la décision du Gouvernement, lesquelles adressent leur décla-ration d’intérêts dans un délai de deux mois à compter de leur nomination.

Cette différence, entre des agents publics pour lesquels les risques déonto-logiques paraissent pourtant comparables, pourrait être corrigée en élargissant la procédure de déclaration d’intérêts préalable aux emplois à la décision du Gouvernement et aux membres des organismes publics mentionnés au 6° du I de l’article 11 de la loi du 11 octobre 2013 précitée. Dans cette hypothèse, toute personne dont la nomination à un emploi à la décision du Gouvernement serait envisagée par le Conseil des ministres devrait préalablement adresser au ministre compétent une déclaration d’intérêts destinée à s’assurer qu’il ne détient aucun intérêt de nature à empêcher cette nomination. Cette déclaration serait transmise à la Haute Autorité une fois la nomination effectuée.

Cette procédure pourrait également être transposée, mutatis mutandis, aux emplois auxquels il est pourvu en application du cinquième alinéa de l’article 13 de la Constitution. Pour ces derniers, une déclaration d’intérêts pourrait ainsi être transmise aux commissions parlementaires compétentes préalablement à l’audition du candidat.

PROPOSITION N° 7

Élargir aux emplois à la décision du Gouvernement

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