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Chapitre V. Discussion générale

C. Rôle de la biodiversité dans la fourniture des services écosystémiques

1. Collecte des données sur le site

La méthodologie proposée ici consisterait en plusieurs étapes, comme illustré par la Figure 55 :

a) Caractérisation écologique du milieu : connaître les propriétés du sol (agronomiques,

structurales, relief, etc.), les conditions climatiques (ensoleillement, pluviométrie, vents), et

lesàesp esàa i alesàetà g talesà sus epti lesàd’ t e àp se tesàsu àleàsiteà tudi à etàso à

environnement proche), en incluant les espèces potentiellement cultivées ;

b) Caractérisation des fonctions et services écosystémiques : déterminer les fonctions assurées

par le milieu, en distinguant, dans la mesure du possible, les contributions des différentes

espèces présentes ouàg oupesàd’esp es aux processusà àl’o igi eàdeà esàse i es ;

c) Identification des interactions entre les espèces, présentes ou à implanter : évaluer, ne

serait-ce que qualitativement, les interactions probables entre espèserait-ces (symbiose, prédation,

inhibition, etc.). Ces interactions peuvent en effet influer sur la fourniture de services à court

ou moyen terme ;

d) Identification des impacts des interventions humaines (pratiques agricoles, aménagements) :

évaluer les changements du milieu induites par les interventions humaines et leurs effets sur

Discussion générale

Cette approche complète le cadre proposé par Dominati et al. (2010), basé sur le rôle des sols dans la

fourniture des services, en intégrant le rôle de la biodiversité,àdo tàl’i po ta eàestàdeàplusàe àplusà

reconnue (Bouvron et al., 2010; Hooper et al., 2012; Tixier et al., 2013).

Figure 55 : Cadre conceptuel de la modélisation des services écosystémiques

a) Caractérisation écologique du milieu

Laà a a t isatio à ologi ueàduà ilieuàpo teàsu àdeu à o posa tesàesse tiellesàdeàl’ os st e : la

composante abiotique et la composante biotique.

Composante abiotique

La composante abiotique porte sur les propriétés du sol, les conditions climatiques ainsi que les

apports de ressources en provenance des milieux environnants. En pratique, elle est couramment

réalisée en préalable àl’i stallatio àd’une culture à un endroit donné : elle en conditionne la faisabilité

technique.

Certaines propriétés du milieu sont peu influencées à court/moyen terme (profondeur du sol, texture,

minéraux), sauf en cas deàlou dsàt a au àd’a age e tà– comme la mise en pla eàd’u àsolà o st uit,à

ouà d’aut esà i f ast u tu es.à áà l’i e se,à d’aut esà a ie tà plusà fo te e tà e à fo tio à deà l’a ti it à

biologique et des interventions humaines (porosité du sol, teneur en matière organique/nutriments,

pH, etc.).

Discussion générale

Composante biotique

La o posa teà ioti ueàd itàlesàesp esàp se tesàsu àl’u it àspatialeà o sid e,àouàsus epti lesà

d’i te agi à a e à elle. L’i e tai eà d ità id ale e tà lesà esp esà pou a tà a oi à u eà a tio à su à lesà

fo tio sà os st i uesà lo ales,à u’elleà soità positi eà ou négative. Ces espèces peuvent : être

auto hto es,àa oi à t ài stall esàpa àl’Ho eà ultu e ,à olo ise àleà ilieuà ravageurs, migrateurs).

Lesà do esà peu e tà t eà issuesà d’i e tai eà su à leà te ai ,à deà laà litt atu e,à ota e tà su à lesà

habitats caractéristiques des espèces.

Un paramètre important à prendre en compte pour sélectionner les espèces à inclure dans cet

inventaire peut être leur a o àd’action, i.e. le périmètre autour duquel les individus peuvent interagir

les uns avec les autres, en particulier pour les espèces à action très locale (e.g. arbres, microfaune). Ce

dernier peut en effet (1) la gi àl’i e tai eà àdesàesp esà o iles/o igi ai esàdeà ilieu à oisi s (cf.

Figure 56), et (2) aide à à l’a age e tà duà ilieuà pour maximiser les interactions positives et

i i ise àlesài te a tio sà gati esàa e àlesàfo tio sàutilesà àl’Ho e.

Figure 56 : Zone d'influence de différentes espèces susceptibles d'agir sur un territoire

b) Caractérisation des fonctions et services écosystémiques

De nombreuses études proposent, pour différents types de milieux, une grande variété de services

os st i uesà e dus,àa e àsou e tàlesàesp esàouàg oupesàd’esp esàpa ti ipa tàau àp o essusàe à

jeu (Bouvron et al., 2010). Par exemple :

 en fonction de ses propriétés, le sol peut assurer une fonction de réservoir de ressources (eau,

ati eà o ga i ue,à su sta esà d’i t t ,à deà gulatio à filt atio ,à ta po ,à deà suppo tà

(habitat) ;

 laàp odu tio àdeà io asseàpeutà t eàt sàd pe da teàdeàlaà ua tit àd’hu usàda sàles sols,

dont le renouvellement nécessite (1) un apport de matière organique riche en lignine et (2) sa

d o positio àpa àu eàsu essio àd’age tsà iologi ues.

áàpa ti àdeàl’i e tai eà ta li, identifier localement les espèces participant à ces processus utiles peut

permettre deà i le àlesàa tio sà à ett eàe àœu eàpou àsti ule àleu àd eloppe e t et, in fine, ces

processus.àáàl’i e se,àlesàinteractions potentiellement nuisibles (propagation de maladie, prédation

des récoltes) pourraient être mises en évidence, ainsi que les moyens de les réguler.

Discussion générale

Pour pouvoir prédire/quantifier la fourniture de services écosystémiques, il serait utile de

déterminer la relation entre ces services et certains paramètres du milieu ou des espèces (comme

l’a o da e,ài.e. le no eàd’i di idus à– par exemple :àd te i e àl’a o da eà i i aleàdeà e sà

de terre nécessaires dans un sol pour en assurer une bonne porosité.

Un inventaire aussi exhaustif que possible des espèces potentiellement présentes et de leurs fonctions

permet également de juger de la criticité de certaines fonctions : plus une fonction est assurée par un

o eài po ta tàd’esp esà edo da eàfo tio elle ,àplusà etteàfo tio àaàdeà ha esàdeàpe du e à

dans le temps, en dépit des variations des abondances des populations (résilience).

Leà lie à e t eà edo da eà fo tio elleà età silie eà essite aità d’ t eà ua tifi à(Standish et al.,

2014),àe àte a tà o pteàduà o eàd’esp esàassu a tàu eàfo tio ,àdeàleu àa o da eàetàa ti it .

Pour simplifier, e àp e i eàapp o i atio ,àleàseulà o eàd’esp esàassu a tàu eàfo tio àpou aità

être retenu, en partant du principe que « toute fonction doit être assurée par plusieurs espèces, et

toute espèce doit assurer plusieurs fonctions ».

c) Identification des interactions entre les espèces, présentes ou à implanter

Lesàdiff e tsài di idusàd’u eà eàesp e,àetàplusàglo ale e tàlesàdiff e tesàesp esàp se tesà

dans un écosystème, interagissent en permanence. Ces interactions multiples ont des effets sur leur

a o da eàetàleu àa ti it ,à u’ilsàsoie tàpositifs (symbiose) ou négatifs (compétition) pour les deux,

positifà pou à l’u à età gatifà pou à l’aut eà pa asitis e,à p datio ,à ouà u’u eà seuleà esp eà ti eà u à

bénéfice (commensalisme) ou subisse une nuisance (a e salis e àsa sà ueàl’aut eà eàsoitài pa t e.

Il en découle une régulatio à atu elleàdesà os st esàetàdesàfo tio sà u’ilsàassu e t,à u’ilàs’agisseà

de la production nette de biomasse, de la régulation des nuisibles et maladies, de la dégradation de

polluants.

Cesà i te a tio s,à glig esà depuisà l’e pa sio à d’u à od leà ag i oleà as à su à laà o o ultu e,à

fi ie tàd’u à egai àd’i t tà a ifest àpa àdeà o eusesàe p i e tatio sàdeàte ai àautou àdeà

l’ag o ologieà e ploite à esà i te a tio sà iologi uesà pour produire à de hauts rendements en

i i isa tàlesài te e tio sàhu ai es ,àl’ag ofo este ieà asso ie àdesàa es/a ustesà àdesà ultu esà

annuelles), la mise en place de couverts végétaux ou le retour à des associations polyculture/élevage

imitant la nature (Liagre et Dupraz, 2008; Malézieux et al., 2009; Malézieux, 2012; Mollison et

Holmgren, 1990; Savory et Butterfield, 1999; Thomas et al., 2013; Tixier et al., 2013).

Ces pratiques ont toutes en commun (1) de maximiser la contribution de la biodiversité dans la

réalisation des fonctions de support et de régulation, indispensables à une production durable de

biomasse, et (2) de restreindre les interventions humaines, autant que possible, à un aménagement

judicieux visant à maximiser les interactions favorisant ces processus et à minimiser celles le

défavorisant.

Ilàs’agitàpa àe e pleà àdeà ou e tsà g tau àde sesàetà i hesàe àpla tesàfi at i esàd’azoteàpou àli ite à

la prolifératio àd’ad e ti esài.e. « mauvaises herbes » àetàli ite àlaà o so atio àd’e g ais ; (2) de

rotations de culture ou de stratégies dites « push-pull » visant à rompre le cycle de développement

des espèces potentiellement nuisibles à la culture, ou à les orienter vers des plantes plus appétantes

que la culture.

Discussion générale

Un aspect important à prendre en compte dans ces interactions est leur variabilité (Bshary et

Bronstein, 2004) :àellesàd pe de tàfo te e tàdesà o ditio sàduà ilieuàetàdeàlaàzo eàd’i flue eàdesà

esp es.àPa àe e ple,àdeu àesp esào tàpeuàdeà ha esàd’ t eàe à o p titio àpou àa de à àu eà

ressource si cette dernière est abondante et les espèces relativement éloignées.

Qua tifie àdeàfaço àp iseàleà ôleàdeà esài te a tio sà is ueàdeàg e àd’i po ta tesàdiffi ult sà

pratiques,àe àplusàdeàl’e t eà o ple it àduà o deà i a t.àLesàp i ipesàdeà aseàd’a age e tà

o u sà da sà etteà se tio à se le tà do à l’app o he la plus satisfaisante pour valoriser la

iodi e sit ,à eàs’ilsà eàpe ette tàpasàd’e à esu e àp is e tàlaà o t i utio .à

d) Identification des impacts des interventions humaines

Lesà i te e tio sà hu ai esà su àl’e i o e e tà a age e ts,à p ati uesà agricoles, etc.) sont la

plupa tà duà te psà oti esà pa à laà olo t à d’e à ti e à u à fi eà e t a tio à deà essou es,à

construction, élimination d’esp es jugées nuisibles, etc.). Elles consistent généralement à

exploiter/favoriser certains processus écosystémiques pour accroître les services générés. Néanmoins,

ellesàpeu e tàalt e àd’aut esàfo tio sàesse tiellesàauà o àfo tio e e tàdeàl’ os st e,à àplusàouà

moins long terme.

Par exemple, le travail mécanique du sol est couramment utilisé pour (1) accroitre la surface

deà o ta tàe t eàlesàpa ti ulesàdeàsolàetàl’ai ,à pou àsti ule àlaà i alisatio àdesà ati esà

o ga i uesàetàlaàli atio àdeà ut i e tsàutilesàpou àlaà ultu e,à àfa ilite àl’i filt atio àdeàl’eauà

dans des sols compacts, et (3) retarder/neutralise àleàd eloppe e tàd’ad e ti es. A long

te e,àilàa oîtàleà is ueàd’ osio àdesàsols,àd t uitàdeà o eusesàpopulatio sàutilesà àla

structuration du sol (vers de terre, champignons, racines de plantes) et maintient ce dernier

dans des conditions propi esà auà d eloppe e tà d’esp esà pio i esà – au premier rang

desquelles : les adventices (Thomas et al., 2013).

Identifier les effets des interventions humaines sur les processus écosystémiques et les espèces

vivantes permet ainsi (1) d’a ti ipe àlesà is uesà àplusàouà oi sàlo gàte eà u’elles induisent, et (2) de

sélectionner les pratiques les plus appropriées, minimisant ces risques.

áàl’i e se,àlaà o figu atio àa tuelleàdeàl’ os st eà tudi àpeutàpose àdesà o t ai tesàsu àlaàfaisabilité

de certaines interventions (e.g.u àsolài sta leài te ditàleàpassageàd’e gi sàlou dsàouàu eà o st u tio à

en dur ; u à la geà o ple eàd’esp esà g talesà o t ai tàu eà olteà a is e .à

Il convient de noter que l’Ho eàestà o sid à o eà àpa tàdans la vision écosystémique présentée

par la Figure 55,àalo sà u’e àtouteà igueu ,àilàestàu eàesp eà i a teà o eàlesàaut es.àCetteàdisti tio

seàjustifieàpa àlaàdi e sit àdesài te a tio sà u’ilàpeutà ett eàe àpla e,àl’a pleu àde leurs impacts, et

leur caractère – en théorie – plus facilement contrôlable ou mesurable. Il illustre bien le caractère très

a i ale tà desà elatio sà d’u eà esp eà a e à lesà aut esà età so à e i o e e t,à età l’i po ta eà deà

Discussion générale