• Aucun résultat trouvé

La collecte des données

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 177-182)

EXPLORATION, MODELE ET HYPOTHESES

Section 1. La méthodologie de l’étude qualitative

2. La collecte des données

Nous avons fait le choix de conduire des semi-directifs, sur la base d’un guide d’entretien reprenant les différents besoins en information.

2.1.Le choix des entretiens individuels semi-directifs

Afin de mener à bien cette démarche, des entretiens individuels semi-directifs ont été conduits. Evrard, Pras et Roux (2003) précisent qu’il s’agit de la méthode de recueil de données la plus recommandée lorsque l’on a besoin d’informations spécifiques et centrées.

Thiétard (1999) définit l’entretien comme une technique destinée à collecter, dans la perspective de leur analyse, des données discursives reflétant notamment l’univers mental conscient ou inconscient des individus. Ce dernier point nous intéresse particulièrement, du fait de l’existence de mécanismes de défense inconscients suggérés par la TMT face à la saillance de mortalité. La nature de l’entretien, directif ou semi-directif, répond à un arbitrage entre le degré de liberté laissé à l’interviewé et le niveau de profondeur souhaité

des informations collectées (Evrard et alii., 2003). Au regard de nos questions de recherche bien précises et du fait du caractère potentiellement tabou de l’objet d’étude, nous avons fait le choix de mettre en œuvre des entretiens semi-directifs, reposant sur un guide d’entretien avec une liste de thèmes bien spécifiques à aborder. Notre objectif était également de laisser le répondant s’exprimer librement sur la thématique liée à la mort afin d’en cerner les éléments conscients et d’observer l’attitude du répondant.

Notons également que l’entretien individuel permet particulièrement de comprendre les motivations et les freins à la consommation (Berthier, 2004). Cet aspect constitue un objectif central pour notre objet d’étude. De plus, une attention particulière a été donnée à la bonne conduite de ces entretiens (notamment en termes de clarté de l’échange et de l’aisance du répondant) ainsi qu’à l’élaboration d’un guide d’entretien clair, pertinent et compréhensible.

Tous les entretiens ont été intégralement retranscrits sur ordinateur sur la base d’un enregistrement audio préalable. Cela a permis de cerner l’ensemble des informations nécessaires à la compréhension de l’objet de recherche.

2.2.Le guide d’entretien

Le guide d’entretien correspond à la liste des thèmes à aborder tout au long de l’entretien. Il a été créé sur la base de l’ensemble des informations dont nous avions besoin.

Ces besoins en information sont la conséquence directe du travail de revue de littérature élaboré précédemment, des pistes de recherche envisagées mais également de l’intuition du chercheur (Romelaer, 2002). Ainsi, afin de cerner l’influence de la saillance de mortalité, deux groupes de répondants ont été mis en place : un groupe pour lequel une situation de saillance de mortalité a été imposée en début d’entretien et un groupe de contrôle. L’objectif était de pouvoir envisager des réponses distinctes entre les groupes. Pour ces deux groupes, les mêmes thèmes ont été ensuite abordés dans le même ordre. Les thèmes composant le guide d’entretien étaient donc les suivants :

(1) l’appréhension de l’idée de sa propre mort (ou situation de saillance de mortalité) ; (2) l’attitude à l’égard de l’idée de sa propre mort (dimensions affective et cognitive notamment) ;

(3) les mécanismes de défense proximaux, immédiatement après la stimulation liée à l’idée de sa propre mort ;

(4) un élément de distraction pour détourner l’attention sur d’autres aspects de la vie ; (5) l’effet sur les réponses comportementales et les motivations sous-jacentes.

Nous revenons donc sur chacun de ces thèmes afin d’apporter des précisions sur leur contenu et leur pertinence au regard de la problématique.

2.2.1. L’appréhension de l’idée de sa propre mort

L’un des objectifs est de comprendre comment l’individu senior conçoit l’idée de sa propre mort et quelles en sont les représentations. Le thème de la mort étant un sujet délicat et souvent perçu comme tabou, le guide d’entretien a été créé de telle sorte à diriger finement le répondant vers le sujet d’étude sans l’imposer brutalement pour éviter un rejet immédiat.

Ainsi, avant d’aborder le thème de la mort, un ensemble de questions introductives ont été posées, telles que :

, Quand vous regardez la personne que vous êtes aujourd’hui, et celle que vous avez été, qu’en pensez-vous ?

, Quand vous pensez à ce que vous avez fait et ce que vous n‘avez pas fait dans votre vie, qu’en pensez-vous ? Avez-vous des regrets ou au contraire des éléments dont vous êtes fiers ?

, Pensez-vous au moment où vous ne serez plus là ? A quelle fréquence ?

, Qu’est-ce que cela évoque en vous ? (pensées, émotions, souvenirs, expériences etc) Notons que le mot « mort » n’a pas été évoqué dans les questions. Nous avons préféré parler du « moment où vous ne serez plus là », afin, là encore, d’éviter de choquer le répondant ou de le mettre mal à l’aise pour la suite de l’entretien. L’objectif était également d’éviter une stratégie d’évitement immédiate. Lors de chaque entretien, le terme « mort » était ainsi utilisé pour la première fois par le répondant lui-même, et non par le chercheur.

Enfin, précisons que les premières questions introductives ont permis d’avoir une vision globale de la façon dont le répondant senior perçoit sa propre vie : l’amener à faire un court bilan de sa vie, pour en déduire une évaluation positive ou négative. Cet élément nous a permis de placer la perception de la vie en parallèle avec l’idée que chaque répondant se faisait de sa propre mort afin de percevoir une éventuelle relation.

2.2.2. L’attitude à l’égard de l’idée de sa propre mort

Le second thème abordé a comme objectif de percevoir notamment les dimensions affective et cognitive de l’attitude à l’égard de l’idée consciente de sa propre mort.

Concernant la dimension affective, l’objectif est donc de la définir en tant qu’émotions positives ou négatives et en terme d’intensité (faibles ou fortes) en se fondant sur les verbatim et la perception de l’enquêteur. Bien que les émotions liées à l’idée de sa propre mort aient été essentiellement étudiées sous le terme d’anxiété à l’égard de la mort (Urien, 2003), nous pensons que parmi les individus seniors, ces émotions négatives ne sont pas aussi immédiates et évidentes: l’avancée en âge peut être associée à une sagesse pour laquelle la mort n’est plus à craindre et peut être source d’épanouissement (Wong, 1999).

Ainsi, après avoir tenté de comprendre les évocations liées à l’idée de leur propre mort, les individus sont interrogés sur ce qu’ils ressentent :

, Cette idée vous dérange-t-elle ?

, Précisez ce que vous ressentez (émotions, sentiments, changements physiques, souvenirs, rappels de situations particulières etc.).

Concernant la dimension cognitive, l’objectif est de déceler les connaissances et croyances que possède l’individu sur le thème étudié. Elle se rattache donc à l’évaluation de l’idée de sa propre mort par l’individu : l’attitude générale liée à l’idée de sa propre mort dépend de son évaluation en terme de menace, perte ou défi par le répondant. La dimension conative fait quant à elle référence aux comportements ou aux intentions de comportements qui découlent de la conscience de cette idée. Elle sera également appréhendée.

2.2.3. Les mécanismes de défense proximaux

Dans le cas où la mort serait perçue comme un événement source d’émotions négatives, il est intéressant de déceler quelles sont les différentes stratégies mises en œuvre par les individus seniors. Nous avons donc laissé les individus s’exprimer pour répondre à la question suivante : que faites-vous alors pour supporter cette idée dans votre vie quotidienne? Dans certains cas, il a fallu guider les répondants en donnant des exemples pour les aider à formuler des réponses claires. Notons qu’il s’agissait ici de percevoir les mécanismes de défense proximaux, mis en œuvre immédiatement après la situation de saillance de mortalité, afin de vérifier la pertinence de ces mécanismes mis en évidence par la TMT.

2.2.4. L’élément de distraction

La littérature portant sur les recherches sur la TMT a montré que la saillance de mortalité n’avait d’effets sur les comportements que lorsque les pensées liées à la mort étaient fortement accessibles mais en dehors de l’attention focale (Greenberg et al., 1994).

Des éléments de distraction nous semblaient donc indispensables, afin de détourner l’attention du répondant de l’idée de mort. Les répondants devaient alors répondre à une question portant sur les medias utilisés dans leur vie quotidienne, et les objectifs liés à leur utilisation (rechercher de l’information, se distraire, établir des liens sociaux etc.). Ce thème n’a pas fait l’objet d’une analyse particulière et avait uniquement comme objectif de détourner l’attention du répondant sur une autre thématique. Compte tenu de la cible visée, nous avons veillé à ce que les éléments de distraction soient suffisamment longs. En effet, les individus seniors sont supposés être plus exposés que les adultes d’âge moyen à des rappels de la mortalité. De ce fait, nous avons supposé qu’il fallait éventuellement plus de temps pour placer les pensées liées à la mort en dehors de l’attention focale pour ces individus.

2.2.5. L’effet sur les réponses comportementales

Le dernier thème avait comme objectif de percevoir si, au niveau inconscient, la saillance de mortalité avait une influence sur les comportements au quotidien, et en particulier sur les comportements de consommation. D’où les questions successives suivantes, volontairement générales dans un premier temps dans un objectif d’exploration :

, Qu’est-ce qui a le plus d’importance dans votre vie quotidienne ? Quels sont les éléments prioritaires aujourd’hui ?

, Avez-vous des objectifs personnels de vie ? , La consommation, c’est quoi pour vous ?

, Quels sont les domaines de consommation qui vous attirent le plus ? , Que recherchez-vous avant tout lorsque vous consommez ?

, Les marques sont-elles importantes pour vous ?

Notons que les deux premières questions avaient comme objectif de cerner à nouveau les objectifs de vie, mais à un moment où les pensées liées à la mort sont dans le champ de l’inconscience.

Ces différents thèmes nous ont permis d’élaborer un guide d’entretien présenté dans l’encadré 3.1.1. L’étude exploratoire s’est faite sur la base de deux guides d’entretien : un premier guide qui débute par le thème de la mort et de la perception de sa propre vie ; un second, considéré comme étant celui du groupe de contrôle, pour lequel nous n’avons fait aucune référence à la fin de vie. Seules les questions portant sur les objectifs de vie, les comportements au quotidien et les comportements de consommation en particulier ont été posées.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 177-182)