3.4. Approche pluridisciplinaire pour définir la structure interne
3.4.2.3. Classification litho ‐ stratigraphique ‘simplifiée’
Figure 3‐18. Exemples de caractéristiques lithologiques réinterprétées aux forages SC8 et I1 pour une
homogénéisation des données.
3.4.2.3. Classification litho‐stratigraphique ‘simplifiée’
Après la phase d’analyse des données de forages et des éventuelles réinterprétations, les faciès ont
également été comparés avec les descriptions fournies dans la littérature (Journeaux, 1971 ; Flageollet &
Helluin, 1984 ; Flageollet, 1987 ; Flageollet, 1992 ; Maquaire, 1990). Cela a permis de ‘regrouper’ des faciès
Les dépôts de pente (formations superficielles), de couleur ocre à brune, sont hétérogènes et aux faciès
limoneux ou sablo‐limoneux avec nombreux silex et fragments de craie altérée ou fragmentée par les
alternances gel‐dégel (Figure 3‐19A). Ces débris sont de tailles très variables. Ces dépôts apparaissent
moyennement perméables avec des niveaux plus argileux peu perméables. Leurs épaisseurs varient de
quelques décimètres à plusieurs dizaines de mètres ;
(A) Formation superficielle limoneuse à débris de craie, (B) Sable et débris de craie et silex, (C) Couche argilo‐ limoneuse intermédiaire entre craie et sables glauconieux, (D) Sable glauconieux vert‐noir, (E) Sable albien vert‐kaki, (F) Marne bleue‐grise.
Figure 3‐19. Échantillons issus des carottages réalisés en novembre 2009 au Cirque des Graves.
(A) Affleurement de marnes bleues grises, (B) Blocs de craie émoussés provenant du versant et s’accumulant en haut de plage, (C) Écoulements boueux issus des marnes à la suite d’un épisode pluvieux et recouvrant les grés de l’Oxfordien.
Figure 3‐20. Affleurements et formations observés au pied de versant du Cirque des Graves (novembre 2011).
La craie glauconieuse du Cénomanien est généralement recouverte par les formations superficielles.
Sur les versants et dans les cirques, il s’agit de panneaux ou blocs de craie plus ou moins altérés et diaclasés
dont l'épaisseur varie entre 2,50 et 18 m. Le faciès est limono‐sableux et riche en silex (Figure 3‐19B). Le
d’une craie glauconieuse très perméable. Une séquence intermédiaire entre ces blocs de craie à nodules de
silice et les sables sous‐jacents se distingue par endroit. Il s'agit d'une formation très fine argileuse verdâtre
(Figure 3‐19C). Sa couleur rappelle celle des sables glauconieux sous‐jacents.
Les sables glauconieux vert‐noirs (Figure 3‐19D) sont des sables très poreux. Ces couches
glauconieuses argilo‐sableuses sont associées aux sables albiens verts kaki (Figure 3‐19E) également
marqués par une forte porosité (Journeaux, 1971). L’épaisseur de ces sables varie grandement, d’un point à
l’autre du versant, entre 0,30 et 19,40 m.
Enfin, la formation basale, en discordance stratigraphique avec les sables albiens, correspond à une
épaisse formation argilo‐marneuses de l’Oxfordien et du Kimméridgien qui repose sur les grès de l’Oxfordien qui constituent le substratum ‘indéformable’. Comme cela a été décrit dans la section 1.3.2. du
chapitre 1, dans le détail, les faciès sont très différents, avec des alternances de marnes et d’argiles, parfois
compactes ou silteuses, de couleur noire à grise ou bleue‐grise (Figure 3‐19F) et contenant des petits bancs
calcaires et gréseux. Les marnes bleues grises affleurent au pied du glissement du Cirque des Graves et lors
d’épisodes pluvieux donnent naissance à des petits écoulements boueux (Figure 3‐20).
3.4.2.4. Caractéristiques intrinsèques des matériaux
Les analyses et essais géomécaniques de laboratoire permettent de caractériser les matériaux des
versants instables, de réaliser des calculs de stabilité (calcul du coefficient de sécurité) et modélisations
numériques hydromécaniques, et d'en comprendre les modalités de fonctionnement (Angeli et al, 2005 ;
Antoine et al., 1981 ; Cascini et al., 2011 ; Crosta, 1998 ; Fell et al., 2000 ; Gasparetto et al., 1996 ; van Asch et al., 1996a ; van Asch et al., 2007b ; van Asch et al., 2009).
Figure 3‐21. Valeurs des angles de frottement interne de différentes formations issues de la littérature.
Une recherche bibliographique a permis de collecter les valeurs obtenues par différents essais réalisés,
depuis les années 1970, sur des matériaux prélevés lors des campagnes de forages réalisés le long des
versants littoraux du Pays d’auge. Pour les quatre formations principales (formations superficielles, craie,
sable, argile/marnes) nous présentons les caractéristiques intrinsèques, long terme, cohésion effective (c’)
et angle de frottement interne effectif (ρ’), relevées dans différents rapports (Figure 3‐21 et Figure 3‐22). Les
valeurs des limites d’Atterberg (indices et limites de plasticité) sont données pour les formations
apparents humides (γh) ont également été collectées, mais ne font pas l’objet d’une représentation
iconographique spécifique : on retiendra que les valeurs oscillent entre 19 et 21 KN/m3.
Les différents résultats obtenus mettent en évidence une forte dispersion des valeurs des
caractéristiques des matériaux :
les formations superficielles (FS) limono‐sableuses sont caractérisées par une cohésion faible (0 à
5 KPa) et par des angles de frottement compris entre 16 et 25°. Les limites d’Atterberg (tableau 3‐2)
permettent de classer les faciès les plus argileux parmi les limons très plastiques sensibles aux
variations de teneurs en eau ;
les formations de craie altérée aux faciès limono‐sableux‐argileux selon le degré d’altération
présentent des cohésions comprises entre 10 et 40 KPa et des angles de frottement variant de 10 à
35°.
les sables plus ou moins argileux présentent des cohésions très faibles à nulles, sauf celles
mesurées par Hydrogéotechnique en 2006, avec des valeurs très élevées comprises entre 42 et 79 KPa
(valeurs qui caractérisent des sables fins très argileux glauconieux). Les angles de frottement sont
assez élevés et compris entre 18 et 33° ;
les marnes et argiles sont caractérisées par des cohésions très variables comprises entre 0 et
122 kPa (Maquaire, 1990) et par des angles de frottement compris entre 11 et 34°. A noter les valeurs
surprenantes obtenues par Solroc à Trouville‐sur‐Mer avec des valeurs très faibles comprises entre 0
et 8°. Les limites d’Atterberg (Tableau 3‐2) permettent de les classer parmi les limons très plastiques
sensibles aux variations de teneurs en eau. Des caractéristiques résiduelles ont été obtenues par
cisaillement rectiligne alterné : la cohésion résiduelle est nulle et l’angle de frottement résiduel
moyen est de 11° avec un écart‐type de 0,94 (Maquaire, 1990).
Figure 3‐22. Valeurs de cohésion de différentes formations issues de la littérature.
Limite de plasticité (WP en %) Indice de plasticité (Ip)
F S 45‐79 20‐42
Argile/marne 45‐92 17‐37
Tableau 3‐2. Indices et limites de plasticité minimum et maximum enregistrés dans le secteur du Cirque des