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Pour chacun des critères pré-cités, le site des lacs Oguémoué-Ezanga s'est révélé plus intéressant que celui de Remboué dans la perspective de cet aménagement-pilote en première zone.

Concernant la forêt :

a) Richesse forestière résiduelle (exprimée par le nombre de tiges/ha dont le diamètre est supérieur ou égal au DME) :

Remboué : - épuisement du massif en Okoumé : 0,60 tige/ha

Oguémoué:

- relative richesse en bois divers non déroulables : 2,06 tiges/ha (inventaire DIARF­ Remboué 97 ; cf. 1 - 17)

- pas d'inventaire disponible ; le massif d'Evaro pourtant très proche et inventorié par la DIARF n'est pas comparable car relativement protégé par son statut de réserve forestière

- d'après nos observations et sondages sur place:

• environ 1 tige/ha Okoumé sauf dans la partie ouest surexploitée

• relative richesse en bois divers : 2 à 3 tiges/ha

b) Richesse forestière potentielle (exprimée par le nombre de tiges/ha dont le diamètre est compris entre DME-20 cm et DME, soit le peuplement d'avenir)

Remboué: - renouvellement insuffisant en Okoumé : 0,89 tige/ha

- renouvellement insuffisant en bois divers : 1,92 tige/ha (inventaire DIARF-Remboué 97 ; cf. I - 17)

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Oguémoué : - nombreux peuplement purs d'Okoumé dans les zones anciennement exploitées, les fiches agricoles et les lisières de savane : 3 à 5 tige/ha en moyenne

- renouvellement correct en bois divers : 2 à 4 tiges/ha c) Diversité des milieux ( cf.I - 41)

Remboué:

Oguémoué:

les milieux remarquables sont les mangroves et raphiales des rives de ! 'Estuaire ; les sols sont médiocres (hydromorphes et superficiels) ; la forêt de terre ferme est du type à Okoumé, Ozigo et Alep.

les milieux remarquables sont les grands lacs d'expansion de !'Ogooué, quelques petits lacs enclavés (Mavoungou) et les savanes incluses de Topo et Ezanga ; on distingue deux types de sols et de paysages : à l'ouest en plaine, des sables argileux très profonds, très sensibles à l'érosion et fertiles en l'absence d'hydromorphie ; à l'est dans les collines : des sols ferralitiques sur cuirasse démantelée ; on se situe dans une zone de transition entre deux types de forêt à okoumé ; enfin le milieu abrite deux espèces devenues rares : le lamantin et ! 'hippopotame.

d) degré de perturbation du milieu : (cf.I - 41) Remboué:

Oguémoué :

à l'exception des mangroves et forêts marécageuses, le milieu est fortement dégradé ; les forêts de terre-ferme sont surexploitées depuis les années vingt et des pistes forestières les sillonnent en tous sens ; la canopée est souvent disjointe et le sous-bois très dense compromet la régénération des essences précieuses ; la bande défrichée et cultivée le long de la RNl atteint 5 km et ce front ne cesse de progresser car ces cultures sont destinées au marché de Libreville ; les facilités d'accès et la proximité des centres urbains (Libreville, Owendo, Ntoum et Kango) accroît aussi la pression de chasse et le braconnage.

la présence des lacs et l'état des pistes constituent la meilleure protection de ce site ; le milieu est peu perturbé à l'exception de la partie ouest surexploitée depuis les années vingt mais où la régénération d'Okoumé est spectaculaire ; les savanes et lacs sont intacts et abritent de nombreuses espèces animales ; la pression de chasse est très faible et la pêche reste une activité saisonnière.

Concernant les populations locales

Remboué : la population est relativement nombreuse et concentrée le long de la RNl (2749 habitants recensés en 1993 dans 8 villages dont 1 de 1083 habitants) ; elle pratique une agriculture destinée à la vente ; venus d'horizons divers à la faveur des chantiers forestiers et des projets agro-industriels ou attirés par la proximité de la grande ville, ces riverains ne revendiquent aucune identité commune et les structures coutumières sont affaiblies ; de même les liens avec les élites originaires de la zone se sont-il distendus ; les populations contrôlent mal l'accès aux ressources ; les coupes familiales diminuent (moins de 10 par an) car la zone d'attribution est aussi celle convoitée par l'agriculture ; ces coupes sont exploitées par fermage par plusieurs opérateurs ; une forêt communautaire ne pourrait donc être assise qu'à l'intérieur du massif où des PTE sont délimités et en cours d'exploitation ; enfin, mais n'avons eu connaissance d'aucun projet de développement local autour de Remboué.

Oguémoué : la population est moins nombreuse (1943 habitants recensés en 1993 dans 15 villages dont 1 de 311 habitants) ; elle se répartit au nord en petits villages et campements de pêche au bord du lac et dans 3 villages au sud, le long de la rivière Obangé ; elle pratique une agriculture de subsistance, se trouvant trop éloignée de Libreville et isolée de Port-Gentil ; la cohésion sociale est forte : Fang et Akélé au nord, Eshira au sud, et les structures coutumières fonctionnent bien ; les villages contrôlent strictement l'accès à la ressource ; en particulier, les coupes familiales qui constituent le revenu principal sont assises sur des terrains familiaux dont les limites sont précisément connues et jalousement surveillées ; les plus proches du lac sont

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exploitées en régie, les autres sont affirmées à un opérateur principal, CF A, avec qui une relation de confiance s'est instaurée ; on peut créer une forêt communautaire sur la bande de 5 km comprise, au nord entre la rive du lac et la limite nord des PTE et au sud entre l 'Obangé et la limite sud des PTE ; enfin les perspectives de développement local sont encourageantes et des micro-projets ont déjà été initiés ; écotourisme sur le lac Evaro, pisciculture à Ntengué-Ntogola.

Concernant l'opérateur forestier

Remboué : nous avons pu recenser 10 PTE et lPI, le dernier d'entre expirant en 2008 ; ces permis sont exploités soit par leur titulaire (nous en avons identifiés 3), soit par des fermiers français ou libanais. II sera très difficile d'identifier un opérateur principal parmi eux. L'Okoumé est prioritairement recherché et vendu à la SNBG; la SHM nous a déclaré avoir acheté des grumes d'Okoumé dans cette zone en 98 pour satisfaire une forte demande locale en contre-plaqués ; elle se dit déçue par la qualité et le diamètre des billes achetées ; ayant recentré son activité sur la production de panneaux-export (production de 12 à 15.000 m3 panneau/an soit 25 à 30.000 m3 grume/an) elle ne souhaite dérouler que de gros Okoumés sains et droits provenant de ses permis de 2e zone en cours d'aménagement.

Oguémoué : nous avons recensé 20 PTE en exploitation dont le dernier expire en 2008 ; tous ces permis sont exploités en fermage par CFA qui a manifesté son intérêt pour l'aménagement de ces permis regroupés au sein d'une CFAD ; CFA exploite environ 40.000 rn3 grume/an dont 60 % Okoumé et 40 % bois divers ; cette société envisage aussi de créer deux scieries prioritairement destinées à la transformation des bois divers, l'une d'une capacité de 900 m3 grume/mois, située sur le chantier et destinée au sciage des bois non flottables, l'autre, d'une capacité de 1200 m3/mois et située à Port-Gentil pour les bois flottés ou achetés sur place. CFA se propose enfin d'installer une pisciculture sur le lac Mavoungou et un élevage d'aulacodes près de la base-vie d'Oguémoué.

Concernant le caractère pilote du projet

Remboué : ce site est situé entre deux forêts qui ont déjà fait l'objet d'aménagements-pilotes (Bokoué et Sud Estuaire) sans identification d'opérateur et la DIARF, pour couvrir toute cette zone, envisage de répéter cet exercice sur Remboué grâce à un financement de l'OIBT ; d'autre part, l'opérateur potentiel SHM, ne semble intéressé que par ! 'Okoumé de qualité qui a pratiquement disparu de cette forêt

Oguémoué : ce site se prête bien à l'exercice commandé par la DGEF sur financement de l' AFD - opérateur unique affermant tous les PTE de la zone et intéressé par l'aménagement ;

- possibilité d'asseoir des forêts communautaires dans la zone des coupes familiales ;

- fort intérêt de la population pour l'exploitation forestière ;

- possibilité d'initier des projets de développement local. Conclusion

Dans ce« match à deux», le seul élément qui apparaît plus favorable à Remboué réside dans sa facilité d'accès et sa proximité du site d'exportation ou de transformation d'Owendo et du marché de Libreville. On a vu d'ailleurs que cet atout avait son revers.

Dans ces conditions, le choix du site d'Oguémoué-Ezanga et de l'opérateur CFA a fait l'objet d'un large consensus de la part du maître d'ouvrage et du bailleur de fonds de cette étude.

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