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CHAPITRE 2: Présentation du terrain d’étude

2.9 Choix du terrain d’étude

La démarche consiste à chercher des explications à la fréquence élevée d’incendies de forêt dans la région de Kabylie en allant plus dans le détail de son terrain, c'est-à-dire prospecter à l’échelle de ses communes, voire de ses villages et de ses hameaux pour la mise en évidence et l’explication des rapports des variables spatiales influençant le phénomène d’incendie. Cet exercice nécessite un examen plus approfondi c’est à dire à une échelle spatiale plus fine et la Kabylie maritime avec ses fréquences d’incendies supérieures à la

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moyenne, paraît comme le terrain adéquat à une analyse des différents paramètres qui entrent dans l’occurrence du feu et de sa diffusion.

Pour ce faire, nous avons choisi les cinq communes maritimes de la wilaya de Tizi Ouzou (Mizrana, Tigzirt, Iflissen, Azeffoun et Aït Chafaâ) qui cumulent annuellement un nombre très considérable d’incendies de forêts.

La précédente présentation de la forêt algérienne a décliné un certain nombre de caractéristiques communes à la région méditerranéenne, notamment climatiques, mais aussi certaines spécificités locales liées à la structure et à la composition de sa flore ainsi qu’à l’occupation du sol. Cependant, le contraste est saisissant quant au nombre d’incendies qui se produisent annuellement dans cette zone aussi restreinte, par rapport au reste du territoire de la Kabylie voire de toute l’Algérie pour certaines années. C’est le principal trait original de ce terrain. Les dégâts engendrés sont également très considérables et ce, malgré la proximité de la mer et l’exposition nord de son relief.

La wilaya de Tizi Ouzou, à laquelle appartient ce terrain d’étude, est classée première à l’échelle nationale en terme de départs de feux (2 834 pour la période 1985-2006) et troisième en terme de superficies incendiées (63 000 pour la même période) après Bejaïa, qui est aussi une ville Kabyle et Skikda qui se situe plus à l’Est du pays.

L’objectif est non seulement de comprendre les raisons de déclenchement d’un aussi grand nombre d’incendies qui dégradent les espaces forestiers de la Kabylie maritime, mais de chercher s’il existe un lien direct entre les conditions météorologiques et les surfaces brûlées (voir chapitre 5).

La zone d’étude est composée de deux parties importantes à savoir la bande littorale plus nette à l’Est et la partie montagneuse de hauteur modérée qui surplombe le littoral. Bien que ces deux parties ne constituent qu’un seul ensemble physique, elles ne présentent pas le même degré de perturbation, ni les mêmes conditions écologiques.

La déclivité du terrain sur une dizaine de kilomètres, confère une certaine hétérogénéité aux différents facteurs en allant des bas-fonds aux crêtes, notamment, les précipitations, les températures, l’exposition, la nature des sols, l’humidité atmosphérique et le facteur humain. Par conséquent, différents stades dynamiques de la végétation apparaissent (forêt, maquis, garrigue et pelouse).

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La concentration des populations sur ce territoire est partiellement encouragée par la douceur du climat et la présence de certaines opportunités économiques offertes par la proximité de la mer. Ces conditions ont généré une attraction des habitants des villages voisins pour s’y installer. La densité démographique est plus importante aux abords de la côte que sur les collines qui portent la majorité des villages côtiers. Les habitations sont individuelles, groupées ou diffuses, et se répandent un peu partout sur les collines côtières. Elles sont généralement construites en marges des agglomérations semi-urbaines et constituent une extension moins nette que celles des villes côtières. Les habitations collectives se rencontrent dans les centres ville.

En résumé, le choix de ce terrain répond à des critères concrets sur lesquels est basé notre questionnement, à savoir : le nombre élevé d’incendies par rapport aux autres régions du pays, la particularité du climat avec la proximité de la mer, la présence de différents stades dynamiques de la végétation, la topographie, la présence humaine et la disponibilité de certaines données qui servent à l’analyse et à l’interprétation des résultats.

Tableau 2.6: Quelques données sur les incendies des communes maritimes (1986-2001)

Communes Nombre de feux Superficie brûlée (ha) % des incendies Feux moyens (ha)

Ait Chafaa 42 3 487,5 5,5 83,03

Azzefoun 175 4 340 22,6 25,42

Iflissen 324 5 028 42,8 15,15

Mizrana 133 2 499,3 17,6 18,79

Tigzirt 83 1 600,5 11 19,28

Les forêts de la région de Kabylie, de par leur composition et leur structure, sont particulièrement sensibles aux incendies et constituent de fait un objet d’étude d’une grande importance. Les fréquences élevées d’incendies qu’elles enregistrent, sont l’un des éléments qui suscitent l’inquiétude des spécialistes en la matière. Les forêts côtières kabyles n’échappent pas à la logique des conditions pyro-climatiques qui, indirectement, continuent à façonner le paysage végétal de cette contrée. Chaque année un nombre important d’incendies élimine des centaines d’hectares de végétation forestière dans cette localité.

La « matorralisation » des paysages forestiers de cette partie de la Kabylie est due, en particulier, à la récurrence intempestive des feux qui ne laissent pas le temps nécessaire à la reprise végétative et à la cicatrisation de la végétation après incendie.

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Conclusion

De par sa situation géographique et ses caractéristiques bioclimatiques, la Kabylie maritime est, aussi, un domaine forestier où se croise le rural et l’urbain et où les pratiques se partagent entre modernité et sécularité.

Le cadre géomorphologique confère à cette contrée un aspect de moyenne montagne où sont rencontrées plusieurs formations végétales de type méditerranéen, ceci offre au phénomène de l’incendie de forêt un cadre particulièrement favorable à son développement.

Les conditions climatiques estivales constituent le facteur principal de l’apparition massive des feux de forêts. Ce phénomène est aggravé par la progression de l’habitat rural qui favorise le mitage en plus de l’ancrage culturel de la pratique du feu dans les milieux de pâture.

La fréquence des incendies varie considérablement d’une commune à l’autre, la commune d’Iflissen enregistre le nombre le plus élevé sur les cinq communes étudiées avec un pourcentage de 42,8 %.

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