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Introduction de la deuxième partie

Chapitre 3 : Objectivation du partenariat entre artiste et structure

I. Choix du terrain et construction du corpus d'analyse

2. Choix du terrain et constitution du corpus

Pour diffuser leurs appels à résidence, les structures disposent de différents supports. Tant que l’outil Internet était peu développé, il n’était pas rare de trouver des appels à

candidatures dans les pages de revues spécialisées, en particulier Art Press pour la

France. Ces annonces (payantes) présentaient le double avantage de cibler le lectorat (les artistes « contemporains » français), et de bénéficier de la légitimité du support. Face au développement des offres de bourses, des appels à projets, des appels en résidence, etc., des guides sur support papier ont également été régulièrement édités depuis la fin des années quatre-vingt-dix, à l’initiative d’écoles des Beaux-arts (Paris et Lyon) ou de

maisons d’édition indépendantes (le guide annuel Art et concours, par exemple). Nous

avons vu, dans le chapitre précédent, que la DAP et l'AFAA ont également publié quatre guides entre 1992 et 2003. Mais tous ces guides présentent des contraintes éditoriales fortes qui s'adaptent mal à la temporalité par projet des résidences. L'information

pertinente est en effet vite périssable, car les projets de résidences surviennent tout au long de l’année, et se modifient d’une session à l’autre.

Avec le développement d’Internet, les possibilités de diffusion se sont démultipliées et les procédures se sont simplifiées. Les structures peuvent désormais diffuser leurs appels en limitant les frais et les délais, en les plaçant sur les pages de leur site Internet, en les envoyant à leur carnet d’adresses mail, ou en passant par l'intermédiaire de sites ressource qui regroupent les annonces des structures et fédèrent l'information à destination des artistes. Les deux premières formes de diffusion de l’information, si elles sont largement utilisées par les structures, reposent sur un circuit fermé, limité au réseau préconstitué de chaque structure. La troisième est la plus ouverte et touche également le plus grand nombre de destinataires. C'est pourquoi les structures optent bien souvent pour l'association des trois modalités de diffusion de leurs appels (par mail, par leur site institutionnel, et via les sites ressource).

Pour rassembler des appels émanant de la plus grande diversité possible de structures d'accueil en résidence tout en retenant des documents comparables par leur forme et leur modalité de diffusion, nous avons donc construit notre corpus sur les sites ressources. Leur nombre étant, comme allons le voir, relativement limité, le choix des sites pose en effet des problèmes moindres que le repérage de sites institutionnels de structures qui nous placerait face à la nécessité de définir un corpus de structures.

Nous avons choisi de baser notre repérage sur des sites ne supposant de la part des scripteurs et des lecteurs aucune reconnaissance ou adhésion préalable. Nous avons donc écarté tout d’abord les sites institutionnels, comme le site du CNAP qui répertorie certes les structures et leurs diverses propositions, mais dont le biais consiste dans leur reconnaissance préalable (et leur financement) par le ministère de la Culture. De même, un certain nombre de sites fédèrent les appels à résidence, à un niveau national ou international, mais nécessitent une adhésion préalable de la part des émetteurs d’appels.

Il en va ainsi pour les sites internet des réseaux Resartis, les Pépinières européennes,

TransEuropHalles, l’association des Centres culturels de rencontre, etc.

Quelques sites opèrent au niveau international, comme e-flux.com et artnowonline.com. Nous

avons néanmoins choisi de nous appuyer sur des sites français dans la mesure où, d’un pays à l’autre, les catégories utilisées et les formes organisationnelles en vigueur peuvent être l’objet de modulations, en fonction des traditions et des logiques institutionnelles de chaque pays.

En France, nous avons repéré deux sites Internet qui centralisent un grand nombre d’annonces pour les artistes plasticiens que nous pouvons par ailleurs retrouver de

manière disparate sur des sites plus localisés : le site pourinfos.org,54et le site fraap.fr55 de la

FRAAP. Ils sont utilisés tant par des acteurs privés, des associations, des institutions que

par le ministère de la Culture. Ces sites ne nécessitent aucune adhésion et sont consultables librement. De plus ils disposent chacun d’une forme de légitimité valorisée

par le monde de l’art contemporain : Pourinfos.org est fondé et dirigé par un artiste, qui

développe le site selon un principe égalitariste, visant à diffuser tous les textes dans un même format énonciatif, quelle que soit la légitimité de l’institution émettrice. Le second est porté par une fédération regroupant un grand nombre d’associations actives et reconnues en art contemporain, et apparaît, dans un secteur artistique où les syndicats ont peu de place, comme une instance de défense des intérêts des artistes, en faisant

valoir leurs aspirations (organisation en 2003 des Assises des Arts plastiques à la Villette,

publication de cahiers d’information, organisation de manifestations en soutien aux squats et aux collectifs d’artistes en situation précaire, etc.).

Nous avons constitué un corpus d’appels à résidence en collectant systématiquement les

annonces parues dans la rubrique « appel à résidence » des deux sites. Cette collecte a

débuté, de façon arbitraire, en avril 2007. Nous avons prolongé la collecte jusqu’à obtenir

un corpus raisonnablement saturé, c'est-à-dire nous semblant comporter les cas les plus

divers, eu égard aux catégorisations habituellement utilisées pour classifier les types de résidences (urbain/rural, payant/rémunéré, court/long, avec/sans médiation avec le public, etc.). Nous avons exclu tous les appels provenant de structures étrangères, toujours dans le souci d’éviter de comparer des offres pouvant subir l’influence de normes nationales spécifiques. Nous avons également écarté les quelques appels ne fournissant qu’un nombre limité d’informations et renvoyant à un contact téléphonique (ce cas est assez rare, le principe de ces appels étant, dans un souci d’économie et d’efficacité, de gérer les candidatures à distance et de façon impersonnelle, en fournissant les informations nécessaires aux artistes pour préparer un dossier de candidature adapté). En revanche, la plupart des appels mentionnent l’existence d’un site institutionnel, où un complément d’information peut être disponible, qui précise parfois des éléments clefs de l’accueil. Nous avons donc complété le corpus d’appels en ajoutant au texte diffusé sur les sites ressources les textes éventuellement disponibles sur les sites Internet des structures ou téléchargeable en format PDF. Nous avons néanmoins décidé, pour

54 http://pourinfos.org/ 55 http://www.fraap.org/

faciliter la comparaison, d’exclure de l’analyse, d’une part, les informations concernant les artistes venus précédemment en résidence (même si ces informations comportent une prescription tacite à propos du profil du candidat souhaité), et d’autre part, les informations non textuelles (photo ou plan des espaces de travail) qui sont – étonnamment – rares.

Nous obtenons ainsi un corpus de vingt-neuf appels à candidature, prélevés entre avril et novembre 2008. Les vingt-neuf appels du corpus sont archivés en annexe, classés par date de réception, et numérotés de A1 à A29 (annexe II, 1). Ces appels ayant été diffusés de façon publique, nous avons décidé de ne pas anonymer les informations concernant la

localité ou le nom des personnes56. Nous faisons figurer dans la liste suivante

l’abréviation dont nous nous servirons dans le cours de l’analyse et le nom de la (ou les) structure(s) organisateurs, ainsi que son (leur) statut ou sa (leur) mission, tels qu’ils sont

mentionnés sur l’appel à candidature ou, à défaut, sur le site Internet57. Nous obtenons la

liste suivante :

A1 : Galerie Chatiliez, Galerie municipale, « équipement culturel de proximité », Tourcoing

A2 : Parc Saint Léger, Centre d’art, (Pougues-les-Eaux - Nièvre) A3 : Frac Alsace – Fracs Grand-Est, (Strasbourg)

A4 : Book58, Librairie-galerie, association d’art contemporain, (Marseille)

A5 : Le Centre photographique d’Ile-de-France, Centre d’art, (Pontault-Combault)

A6 : Studio59, association d’art contemporain (Marseille)

A7 : Le Lait, Centre d’art et Cité scolaire Bellevue, (Albi)

A8 : Service culturel municipal, le Labo - Espace culture multimédia, et Le Blog 46 - Espace jeunesse (Beauvais)

A9 : L’art dans la garrigue, association de gestion des activités culturelles du Parc Naturel (Méjanne-le-Clap)

A10 : École municipale des Beaux-arts (Châteauroux) A11 : CulturesFrance (Paris et International)

A12 : Pépinière d’Artistes – Shakers – Lieux d’Effervescence en Auvergne (Montluçon)

A13 : DRAC Nord Pas de Calais, Rectorat de l’Académie, Inspection académique du Nord (Avesnes Fourmies)

A14 : Espace 36, association d’art contemporain et Dover Art development, association anglaise partenaire (Saint-Omer)

56 à l’exception du nom des trois associations marseillaises qui intègreront l’analyse en troisième partie, et dont nous avons transformé le nom (Starter, Studio et Book).

57 Notons que « Centres d’art » désigne des structures conventionnées par l’État et constitue donc un label, de même que FRAC.

58 Le nom réel de la structure est modifié par souci d’anonymat. 59 idem

A15 : Appelboom - La Pommerie, association d’art contemporain (Saint Sétier - Corrèze)

A16 : Synagogue de Delmes, Centre d’art (Delmes) A17 : Communauté d’agglomération (Bussy Saint Martin)

A18 : Arteppes - Espace d’art contemporain de la MJC du quartier des Teppes (Annecy)

A19 : L’Attrape-couleurs, association d’art contemporain (Lyon)

A20 : Les Ateliers de l’Image, « association de diffusion artistique et d’éducation à

l’image » (Marseille)

A21 : Point Éphémère, Paris, association d’art contemporain (Paris) A22 : Diaphane, association de photographie (Beauvais)

A23 : Association d’art contemporain, (Pontmain)

A24 : Communauté de Commune et association Aeca, Atelier d’éveil et de création artistique, (Villers sur Port)

A25 : Communauté de communes du secteur d’Illfurth (Tagolsheim)

A26 : La résidence - Service culturel municipal et As’Art en bout de ville - association de promotion des arts actuels (Dompierre-sur-Besbre)

A27 : Starter60, association d’art contemporain (Marseille)

A28 : Municipalité de Creil (Oise).

A29 : ADDC, Résidences de l’art, Service culturel du Conseil Général de Dordogne (Sarlat, Ribeyrac, Montpazier…)

La diversité de ces structures valide le choix des deux sites Internet, en tant que dispositifs communément utilisés pour s’adresser à des artistes d’art contemporain, tant par des structures fortement légitimes (un FRAC, quatre centres d’arts conventionnés,

CulturesFrance) que par des structures gérant un programme d’activités que l’on peut

plutôt situer en dehors des circuits les plus valorisés du monde de l’art contemporain (le service culturel municipal de Dompierre-sur-Besbre, par exemple).

II. L’appel dans la chaîne documentaire des médiations de