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CHAPITRE 4 LE CHEMIN MARCHÉ 1 RE ANNÉE : JE NE SAIS PAS ME VOIR

4.3 J E CHOISIS DE FAIRE CONFIANCE AU GROUPE

J’étais arrivée à ce weekend avec :

Un peu plus l’impression de retrouver une famille. Une petite famille. Curieusement, je trouve ce matin que la quantité de personnes est petite. Que le cercle est moins impressionnant, que le « tissage » est un peu plus défini. Cela crée un espace où je désire laisser aller la vigilance pour plutôt y aller avec confiance. À mon rythme, avec respect pour ce que je suis. On est des chercheurs : ça me plait. (Notes de cours, 14 novembre)

Je me suis permis de recréer volontairement une cellule familiale dans ce parcours. J’ai ouvert consciemment à l’expérimentation à être en famille au sein du groupe et à en être un membre à part entière, car à la différence de ma propre famille (fratrie), se trouvait ici un filet de sureté. Les enseignants et le groupe en faisaient office. Ici, je pouvais enfin être et m’amener avec tout ce qui me composait. D’évoluer dans un groupe n’a pas été simple dans ma vie. Je me suis souvent placée en position de retrait pour finalement quitter. En acceptant de voir le groupe comme extension de ma propre famille, je savais que je jouais à me déjouer. Je choisissais ainsi d’expérimenter un rapport au groupe différent de ce que j’étais habituée de créer et recréer. Cela rejoignait cette part de moi qui aime voir autrement les choses.

En classe, la notion de blessure sacrée m’a interpelée et en même temps, l’ouverture à ce qui m’habitait évoluait. J’ai noté le14 novembre :

Les chemins éprouvants et blessants font partie du chemin et ont créé une blessure sacrée. Par elle, passe la lumière. (paroles d’un enseignant)

Pousse en moi cette force, cette puissance de dire enfin ce qui m’habite. Ces visions, ces habiletés.

Lorsque, dans mon intervention, le « Je » cède la place à ce qui est plus grand : c’est là le mystérieux, le sacré. C’est ce bout-là qui m’intéresse. (Notes de cours) Dans la nuit du 22 novembre, à la maison, j’ai fait trois rêves clairs. En voici deux. Nous achetons une maison et je me demande pourquoi nous l’avons prise si grande.

Suivi d’un autre rêve où :

Nous achetons une autre maison alors que nous sommes à peine installés dans la première. Une petite fille de cinq ans, une voisine, est entrée d’elle-même dans le hall d’entrée. Je ne suis pas vraiment surprise et je devine qu’elle est là pour me guider et me montrer ce qu’il y a à l’intérieur. Je dis qu’enfin je suis près de ma famille (fratrie) dans cet environnement. Mais je ne comprends pas pourquoi nous avons déménagé à nouveau.

Non seulement une enfant de cinq ans, âge que j’avais à la mort de mon père, apparaissait pour la première fois dans mon parcours mais elle me faisait visiter les lieux de ma nouvelle maison. J’ai compris qu’il s’agissait de ces nouveaux lieux en moi qui me rapprochaient de ma fratrie.

Le 26 novembre, j’ai écrit dans mon journal du chercheur :

Intervention à l’école où je touche le bras de l’enseignante alors qu’elle est émue. Je viens de lui demander si elle sera OK avec tout ce qui s’en vient (en lien avec l’enfant de sa classe qui est en soins palliatifs et qui devra cesser sa fréquentation scolaire).

Avais-je besoin de la toucher ?

Par la suite, elle s’est éloignée de moi à l’aide de sa chaise à roulettes.

Ce moment m’a fait penser à celui vécu en imaginaire avec Aurélie où j’avais choisi justement de ne pas la toucher alors que je savais qu’elle vivait un moment difficile.

Après cette rencontre, j’ai aussi noté dans mon journal du chercheur :

Ma citation intuitive (que je dis toujours auprès des intervenants en milieu scolaire) est : Les enfants savent quand on s’adresse à leur intelligence globale.

C’était la première fois que je parlais de l’enfant et de son intelligence dans mon parcours universitaire.

DÉCEMBRE

BLOC RECHERCHE I : 4e weekend

On y a parlé d’altérité. Il a été dit qu’une relation saine sous-tendait une tension. L’enjeu reposait plutôt sur le fait de ne pas quitter le lien, et ce, même si cela devenait très inconfortable. Jeanne-Marie a fait le lien avec cette altérité et notre groupe et en a parlé en faisant cette analogie : comme l’enfant rappelle à son parent le propre enfant qu’il a été, le groupe rappelle à l’individu sa famille biologique (Notes de cours, 6 décembre).

J’ai alors compris que peu importe où je serais et avec qui je serais, un groupe de personnes prendra toujours la couleur de ma propre dynamique familiale. À moins que je n’accepte d’entrer dans ce qui me fait peur et me fait fuir. Cela venait confirmer une fois de plus que j’acceptais consciemment d’entrer dans ce jeu de faire et de voir autrement.

Danielle Boutet, enseignante, est venue faire une courte présentation de son parcours de vie et professionnel. Les thèmes qu’elle a abordés m’ont intéressée : la connaissance qui s’avère relever d’un vécu plutôt que d’une chose stockée à l’extérieur de soi, la différence entre le monde de la psychanalyse/la psychologie et la phénoménologie. J’ai senti mon univers des connaissances continuer de s’élargir. Je me sentais nourrie, enfin. Elle a dit que celui qui éveille la lumière et la beauté chez l’autre n’est pas la lumière de l’autre. On est toujours responsable de notre propre lumière (Notes de cours, 6 décembre).

Cette dernière phrase est entrée en résonance avec les prises de conscience des cours précédents où j’avais réalisé que je n’étais pas responsable du vécu de l’autre.