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CHAPITRE TROISIEME : LA SELECTION DES PAYS RECEPTEURS D'IDE ET LES SOURCES DES DONNÉES

L'analyse des investissements étrangers en direction de l'Afrique subsaharienne est encore de nos jours marginalisée parmi les chercheurs. L'Afrique a longtemps été considérée comme un continent trop peu sécuritaire et sans intérêt économique, cependant, la croissance économique du continent semble atteindre des sommets jamais égalés29 et cela devrait se poursuivre pour plusieurs années (The Economist, 2011b). Dans ce chapitre nous expliquons la stratégie utilisée pour faire la sélection de pays récepteurs d'IDE en Afrique subsaharienne.

3.1. Sélection de cas

Pour notre recherche, nous analysons les IDE sud-africains et chinois en Afrique subsaharienne qui ont eu lieu en 2009 et 2010. En fonction de la disponibilité des données, nous observons aussi les années 2004 à 2010 pour la Chine, et 2001 à 2004 ; 2009-2010 pour l'Afrique du Sud. Cette période est intéressante en ce fait qu'elle va nous permettre de bien comprendre l'importance et l'évolution des IDE de l'Afrique du Sud et de la Chine vers l'Afrique durant les années qui ont vu la plus grande croissance soutenue d'IDE sortant par les pays émergents (UNCTAD, 2008). Les années 2009 et 2010 nous permettrons de voir la tendance la plus récente des investissements des deux pays émergents, tendance qui sans doute nous éclairera sur les années à venir.

Le choix de la Chine et de l'Afrique du Sud s'explique par le fait que ces deux États font partie des pays émergents, mais surtout du groupe des BRICS. Étant donné la présence plutôt faible des IDE en provenance des pays émergents vers l'Afrique nous nous sommes arrêtés aux deux économies émergentes les plus impliquées en Afrique subsaharienne. De

!9 Les économies africaines voient une croissance soutenue plus grande que presque toutes les régions du

monde : selon la Banque mondiale, pour huit des dix dernières années la croissance de l'Afrique subsaharienne a été plus rapide que l'Asie de l'Est (The Economist, 2011).

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plus, ces deux pays, comme la plupart des pays émergents, ne sont pas homogènes à certains égards notamment en ce qui concerne le système politique. La République Populaire de Chine est considérée comme un État autocratique entre 2000 et 2010, alors que l'Afrique du Sud est considérée comme un État démocratique depuis 1994 (Polity IV). Là où ces deux États sont semblables, c'est notamment en ce qu'ils partagent un passé commun d'ancienne colonie, de pays représentant les pays du Sud et sur une composition très semblable des secteurs ciblés pour les IDE (Gammeltoft, 2008). Il est donc intéressant de comparer les deux États car leurs ressemblances pourraient les pousser au même désir de modifier le paradigme (sur la démocratie) établi par le Nord—et souvent à l'avantage du Nord—et par le fait même l'équilibre mondial dans les relations internationales post-Guerre froide. Quant à leurs différences, elles pourraient expliquer une différence d'opinion sur la question des investissements qui sont considérés comme des actions politiques ciblés.

Pour réaliser notre sélection des pays récipiendaires d'IDE, nous nous inspirons de plusieurs ouvrages qui ciblent l'importance primordiale de la dotation en ressources naturelles et de la présence d'un certain potentiel de marché dans un pays pour attirer les IDE. Il est d'ailleurs généralement admis que les pays émergents industrialisés tentent avec agressivité de sécuriser leur approvisionnement en matières premières.

Lors de la sélection des dix pays ciblés, nous avons uniquement pris en considération les pays comparables sur le plan des ressources naturelles et de la taille du marché selon les données de Pessoa (2006) et Burkley et al. (2007) (tableau 9). En d'autres mots, nous avons fait notre choix parmi les États d'Afrique subsaharienne ayant un niveau de richesse en ressources naturelles élevé et aillant une taille de marché comparable avec les autres pays sélectionnés. Nous avons pris en considération ces deux caractéristiques, car elles semblent faire état d'un consensus à propos des facteurs influençant la localisation des IDE de ces deux pays selon la littérature (Lemi et Asefa, 2001 ; Basu et Srinivasan, 2002 ; Aykut et Ratha, 2003;CNUCEDb, 2005; Asiedu, 2006 ; Bezuidenhout et Naudé, 2007 ; Gammeltoft, 2008; Draper et al, 2010; Henley et al, Rasiah, 2010). Pour déterminer le

niveau de richesse en ressources naturelles des pays africains, nous utilisons les exportations des ressources naturelles (matières premières agricoles, minerais et produits combustibles) en pourcentage des exportations totales de marchandises comme proxy de l'abondance des ressources, à l'instar de Pessoa (2008). Pour mesurer la taille du marché, nous utilisons le PIB réel par habitant converti en parité de pouvoir d'achat (PPA) en dollars US constants de l'année, selon la technique de Burckley et al. (2007) 30

Tableau 9 Mesures utilisées dans le choix des cas

Caractéristique Mesure Source

-Taille du Marché PIB réel par habitant converti en parité de pouvoir d'achat

Burkley et al. (2007)

-Ressources naturelles Exportation des ressources

naturelles en pourcentage des exportations totales

Pessoa (2008)

En prenant en considération ces facteurs, nous avons sélectionné dix (10) pays d'Afrique subsaharienne. Ces pays sont : l'Angola, le Zimbabwe, la Zambie, la République démocratique du Congo (RDC), le Soudan; le Kenya, la Tanzanie, la Namibie, le Botswana et le Sierra Leone (tableau 10). Tout d'abord, nous avons éliminé les deux États les plus avancés économiquement d'Afrique subsaharienne (Nigeria et Afrique du Sud), car ceux- ci, faisant partie du groupe des pays émergents et aillant une économie et des ressources de loin supérieures aux autres pays d'Afrique subsaharienne, pourraient avoir un impact trop grand sur les résultats et ainsi produire un biais.

30 Pour les ressources naturelles, les États choisis étaient dans la catégorie des États ayant au minimum un

pourcentage d'exportation de 78%; alors que pour la taille du marché, le minimum était un PIB réel en parité de pouvoir d'achat de 400$ US. Notons que ces choix placent cinq pays en têtes pour les deux catégories.

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Tableau 10 Liste des pays sélectionnés

Autocratie Démocratie Angola Zambie Zimbabwe Kenya Tanzanie Namibie R.D.C Botswana Soudan Sierra-Leone

Suite à l'application de ces restrictions, nous avons observé quels pays parmi ceux ayant un niveau de ressources naturelles élevés et une taille de marché élevée étaient autocratiques et lesquelles étaient démocratiques. Cette opération nous a mené à la sélection de dix pays cibles soit cinq démocratiques et cinq autocratiques pour ainsi comparer de façon pertinente les effets de la démocratie sur les IDE sud-africains et chinois. Ce groupe de dix pays est représentatif de l'Afrique subsaharienne en ce fait qu'il représente cinq grands ensembles économiques d'Afrique subsaharienne, en l'occurrence la CEMAC, la CEDEAO, la SADC, la CEN-SAD, et CAE31.

Afin de vérifier notre hypothèse, nous prendrons la moyenne de stock total d'IDE sud-africain (en dollars US) pour les années 2009 et 2010 dans les dix pays indépendamment, pour ensuite observer où la Chine et l'AS investissent en fonction des index utilisés pour quantifier les variables démocratie, corruption, stabilité politique et respect des droits humains. Nous traitons ces données à l'aide de tableaux croisés dynamiques qui construira tableaux et graphiques et permettra de générer des synthèses de nos données brutes. Ainsi, nous serons à même de comparer, selon le pourcentage d'investissement, où vont la majorité des IDE sud-africains et ainsi en calculer la

31 Dans l'ordre, Communauté Économique des États de l'Afrique Central (CEMAC); Communauté

Économique des États de l'Afrique de l'Ouest; Southern African Development Community (SADC); Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD); Communauté d'Afrique de l'Est (CAE).

préférence générale selon le type de gouvernement. Avec cette opération nous pouvons vérifier l'importance de l'investissement dans chacun des pays et conclure sur la nature de la relation entre les IDE et les variables. Nous serons en mesure de savoir si l'Afrique du Sud et la Chine établissent une relation négative, positive ou nul avec un système politique ou toutes autres variables à l'étude.

3.2 Les sources des données

L'observation documentaire sera l'instrument de collecte de donnée pour notre recherche. Les publications officielles seront au centre de notre recherche.

Pour des informations générale sur les IDE nous utiliserons le Foreign Direct Investment Database du UNCTAD (United Nations Conference on Trade and Development).

Pour les données exactes sur les IDE sud-africains, nous utilisons les Quarterly Bulletin de la South African Reserve Bank (SARB) et le Coordinated Direct Investment Survey (CDIS) du FMI.

Pour les IDE chinois nous utilisons le China 's outward FDI statistical bulletin du MOFCOM (Ministry of Commerce of the People's Republic of China).

Les données sur le type de gouvernement (démocratique ou autoritaire) sont prises dans l'index Polity IV. Ce choix nous permet ainsi de voir la variable démocratie de façon dichotomique : pays démocratique et pays autocratique. Selon cet Index, l'Angola, le Zimbabwe, le Soudan, la RDC et la Tanzanie sont des pays autoritaires, soit au quatrième

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