• Aucun résultat trouvé

Changements d‟occupation du sol à l‟échelle du territoire urbain

Chapitre IV. Genèse et effets érosifs des écoulements sur les versants

4.2. Matériel et méthodes

4.3.1. Changements d‟occupation du sol à l‟échelle du territoire urbain

4.3.1.1. Changement d’occupation du sol sur base de la classification par maximum de vraisemblance

La croissance urbaine globale a procédé sans régression, par implantation des nouveaux noyaux urbains, par étalement sur les marges et par comblement des espaces urbains interstitiels. Cette croissance s‟est localisée préférentiellement le long des axes routiers d‟abord (route vers Bunyuka via Muchanga et Kangote, route vers Beni et Butuhe, route vers Manguredjipa et Muhangi et route vers Katwa et Musienene) avant de connaitre une généralisation sur presque toute l‟étendue de la ville.

Corrélativement à cette croissance urbaine, la tache urbanisée au sens strict, sans végétation, est passée de 3,74 km² en 1987 à 5,27 km² en 2004 (Fig. 4.9), soit un taux d‟accroissement moyen annuel de 2,04%. Les zones urbaines végétalisées sont passées de 29,14 km² en 1987 à 72,41 km² en 2004, soit un taux d‟accroissement annuel moyen de 5,5%. Ces zones sont en réalité suffisamment loties et occupées par des maisons mais avec des bananiers et/ou d‟autres essences ligneuses ou végétales. On note cependant une décroissance de surfaces occupées par des sols nus, les bois ainsi que les champs.

En considérant les zones urbanisées au sens strict ainsi que les zones urbaines végétalisées et les sols nus comme fortement imperméabilisées et capables d‟avoir des répercussions sur le ruissellement, on constate que ces espaces rendus imperméables sont passés dans l‟ensemble de 57,69 km² à 83,18 km² respectivement de 1987 à 2004. Cette

Le contexte urbain et climatique des risques hydrologiques de la ville de Butembo (Nord-Kivu/RDC) 103 imperméabilisation de l‟espace sur le territoire urbain a connu un accroissement moyen annuel de l‟ordre de 2,18%. En revanche, une diminution des zones pouvant atténuer le ruissellement est fort marquée dans la ville entre 1987 et 2004. En effet, alors que l‟espace occupé par les champs emblavés et les bois susceptibles d‟atténuer le ruissellement était de 94,27 km² en 1987, il a été sensiblement réduit jusqu‟à 68,79 km² en 2004 ; soit un taux de variation annuel moyen de l‟ordre de -1,84%.

Dans sa trajectoire de croissance, la ville s‟est étendue en empiétant aussi bien sur des espaces jadis affectés aux champs, aux boisements que sur les sols nus. Ceux-ci pour la plupart, représentent des parcelles aménagées par remblayage et déblayage avant une construction imminente d‟une maison d‟habitation. Ils sont aussi constitués de zones connaissant une concentration considérable de populations à des périodes régulières (zones de pèlerinage des mouvements chrétiens).

Sur la figure 4.9, sept types d‟évolution sont encadrés. Les numéros identiques qui sont repris avec un signe témoignent, soit d‟une stabilité, soit d‟une nouvelle affectation du sol entre 1987 et 2004 au même endroit: 1) Cette zone n‟a pas subi beaucoup de changement, le relief fort accidenté de la colline (Lwamiso) empêchant naturellement les maisons de s‟y installer; 2) Projet d‟aménagement d‟un aéroport à Matembe dont les activités ont commencé en 2003 puis interrompues suite à des enjeux multiples ; 3) Ancien boisement maintenu intact depuis plus de 20 ans puis subissant l‟effet de l‟anthropisation depuis 2004, des champs étant aménagés tout autour ; 4) Boisement de Dada (Cafekit) depuis 25 ans en place, puis la coupe à blanc est intervenue en 2003; 5) Réserve forestière de l‟ITAV longtemps restée inchangée malgré les dernières pressions anthropiques mais les environs proches sont fortement anthropisés depuis l‟an 2000 ; 6). Densification urbaine par complément des espaces interstitiels (cas du bassin versant de la Wayimirya). Un théier au sud de ce bassin versant a été systématiquement déraciné et a laissé place à un marché sans végétation permettant ainsi une augmentation du taux d‟écoulement superficiel; 7) Phénomène d‟anthropisation par pèlerinage au Mont Carmel à l‟Est de la ville où des campagnes de prières accueillent des milliers de fidèles laissant ainsi un espace considérable dénudé de sa végétation.

La vectorisation des pourtours de ces différentes zones a permis de calculer les différentes surfaces de façon diachronique et de se rendre compte de leur évolution dans le temps.

Figure 4.9. Occupation du sol en territoire urbain de Butembo en 1987 et en 2004

1

1′′

2′‟

3

3′

4′

4

5

5′

6

6′

7′

2

7

3′

Légende

Le contexte urbain et climatique des risques hydrologiques de la ville de Butembo (Nord -Kivu/RDC) 105

L‟analyse de l‟occupation du sol en ville de Butembo en 1987 et 2004 traduit une conversion de l‟affectation du sol à l‟intérieur de la zone urbanisée. Le tableau 4.1 présente cette évolution de l‟occupation du sol. Elle est faite sur base de la surface planimétrique telle qu‟on peut la lire sur une carte.

Tableau 4. 1. Occupation du sol en ville de Butembo en 1987 et 2004.

Occupation du sol [km²] Catégories 1987 2004 Différence Urbain 3,74 5,27 1,53 Urbain végétalisé 29,14 72,41 43,27 Champs emblavés 32,96 22,59 -10,37 Bois 61,35 46,2 -15,13 Sols nus 24,81 5,5 -19,31

Cette conversion se traduit par:

- l‟intensification et la concentration du bâti à l‟intérieur des zones déjà urbanisées ; - l‟étalement urbain vers les franges agricoles et sylvicoles ;

- la dégradation des espaces naturels notamment les réserves boisées. 4.3.1.2. Analyse de l’urbanisation sur base des calculs de NDVI

Le lotissement de la ville de Butembo, quels que soient les acteurs (étatiques ou non) qui interviennent, se fait par octroi de parcelles individuelles de forme géométrique régulière ou irrégulière (rectangle, carré, triangle, trapèze…) selon la disponibilité et l‟emplacement, et donne un aspect particulier à la trame urbaine de Butembo. Ce mode de lotissement, tout en n‟étant pas mauvais en soi semble être consommateur de l‟espace. Le plus souvent, ce sont des champs entiers ou des boisements qui sont lotis.

L‟étalement urbain se traduit dans ce contexte aussi bien par l‟augmentation de la surface du bâti ou des champs et des routes complètement dénudés de leur végétation. L‟analyse faite par cette approche basée sur les calculs de NDVI au seuil de -0,1 montre aussi l‟état d‟une surface urbanisée en progression avec notamment une concentration du bâti ou des zones fortement artificialisées à l‟intérieur des zones qui sont déjà urbanisées. Elle n‟intègre toutefois pas les espaces verts bien qu‟ils font partie intégrante de l‟espace occupé par la ville dans ses limites administratives. Sur base de ce traitement, l‟espace artificialisé est passé de 19,55 km² en 1987 à 35,27 km² en 2004, soit un taux d‟accroissement annuel moyen

de l‟ordre 3,5%. Cet accroissement reste dans le même ordre de grandeur, soit 2,18% obtenu par l‟approche par classification pour la même période. Notons, cependant, que le taux d‟accroissement annuel moyen entre 2004 et 2006 s‟élève à 25,20%.

La figure 4.10 illustre l‟évolution de la zone urbaine rendue imperméable dans la ville de Butembo en utilisant la méthode de NDVI avec une valeur seuil de -0,1.

Figure 4.10. Evolution de la zone urbaine rendue imperméable dans la ville de Butembo en utilisant la méthode de NDVI avec une valeur seuil de -0,1.

Comme on pouvait le remarquer sur la figure 1.12, l‟allure de la croissance aussi bien de la population et de la surface urbanisée était dans un équilibre dynamique et progressait presque simultanément de manière proportionnelle sans que l‟une puisse prédominer sur l‟autre pendant la période allant de 1975 à 1987. Cette situation se confirme dans le cadre du calcul basé sur le NDVI. En effet, les deux aires d‟entrainement du bâti urbain sont presque identiques. Pour la même année 1987, les deux espaces urbains, 19,03 Km² et 19,55 Km² respectivement calculés sur base d‟une approche interactive par numérisation manuelle et du mode de calcul du NDVI au seuil de -0,1 sont quasi égaux.

Le contexte urbain et climatique des risques hydrologiques de la ville de Butembo (Nord -Kivu/RDC) 107

Le seuillage, bien qu‟ayant d‟abord fait preuve de résultats presque identiques pour la première période, a pourtant ensuite sous-estimé l‟aire d‟entrainement du bâti. Etant donné que cette sous-estimation s‟applique aux images prises dans des conditions bioclimatiques comparables, du moins si l‟on se rappelle qu‟à Butembo les mois de mai et de juillet, sont caractérisés globalement par des faibles précipitations, il y a lieu, pour des raisons d‟évaluation, de faire une comparaison dont l‟image fait preuve d‟une augmentation de la surface artificialisée.

Les trois espaces urbains fusionnés permettent de circonscrire conjointement les surfaces rendues imperméables de 1987 ; 2004 et 2006. Dans cette perspective, la comparaison visuelle des zones anthropisées est rendue aisée. Elle permet in fine de se rendre compte du changement d‟occupation du sol à l‟aide de l‟image 2006 par comparaison rétrospective avec l‟image de 2004, puis 1987. La densification des bâtiments et d‟autres surfaces artificialisées, aussi bien à l‟intérieur qu‟à l‟extérieur de la ville est facilement repérable.