II.2 Étude du verre métallique
II.2.1 Caractérisation structurale
II.2.1.1 Présentation du verre métallique étudié
La composition du verre métallique base-Zirconium utilisé dans cette étude est donnée dans
le tableau II.1.
Verre D Zr Cu Al Ni Ti
% atomique 52,5 27 10 8 2,5
Tableau II.1 Composition du verre métallique étudié en pourcentage atomique.
Nous appellerons par la suite cette composition verre D . Les élaborations du verre D ont
été faites au Consortium de Recherche pour l'Emergence de Technologies Avancées (CRETA,
Grenoble). Selon les besoins, le verre a été coulé sous forme de barreau (diamètre 3 mm ou
5 mm) ou sous forme de plaque (épaisseur 3 ou 2 mm). Les diérentes étapes de la fabrication
sont décrites dans l'annexe A et quelques exemples d'échantillons sont présentés gure II.2.
Figure II.2 Photos de barreaux de verre D de diamètre 3 mm et 5 mm et d'une plaque de D d'épaisseur
2 mm.
Il est nécessaire après chaque élaboration de vérier l'état amorphe de l'échantillon. Les
surfaces d'échange lors du refroidissement n'étant pas les mêmes entre une plaque et un barreau,
nous pouvons supposer l'existence de diérences structurales dans le matériau entre les deux
types de géométrie. Ces diérences pourraient notamment aecter la stabilité thermique. C'est
pour cette raison que nous présenterons, en parallèle, les résultats obtenus pour des échantillons
sous forme de barreau et de plaque. La comparaison des résultats nous permettra de mettre en
évidence d'éventuelles disparités.
II.2.1.2 Vérication de l'état amorphe
An de vérier l'état amorphe des échantillons, nous les avons systématiquement analysés
par diraction RX. La vitesse de refroidissement de l'échantillon étant plus grande dans le bas
du moule que dans la partie haute, nous avons eectué des analyses à chaque extrémité des
barreaux et des plaques an de s'assurer que le verre métallique est bien amorphe tout le long
de l'échantillon. Des exemples de spectres de diraction obtenus dans le cas d'un barreau et
d'une plaque sont donnés gure II.3. Ces spectres présentent bien des bosses de diraction,
caractéristiques d'un ordre à courte distance.
30 40 50 60 70 80 90 Intensité (coups) Angle (2θ) Barreau verre D" BAS HAUT
(a)
30 40 50 60 70 80 90 Intensité (coups) Angle (2θ) BAS HAUT Plaque verre D’’(b)
Figure II.3 Spectres de diraction RX des parties hautes et basses d'échantillons de verre D : sur une
section d'un barreau∅3 mm (a) et dans l'épaisseur d'une plaque de 2 mm (b).
Toutefois, cette technique ne permet pas de détecter des cristaux de tailles importantes d'une
fraction inférieure à1%, ni la présence de nanocristaux en proportion importante. Or, il
semble-rait qu'une très faible quantité de cristaux "primaires" puisse se former durant le refroidissement,
comme ont pu l'observer He et al. dans le cas du verreZr
52,5N i
14,6Al
10Cu
17,9T i
5[He et al., 2000].
Leurs observations montrent que ces cristaux sont de petites tailles (< 1µm) et qu'ils ne sont pas
le siège de nucléation lors d'une cristallisation ultérieure. Les auteurs considèrent en général que
cette cristallisation durant l'élaboration n'inue pas sur les propriétés des matériaux [Heilmaier,
2001; Gravier, 2006; Van de Moortèle, 2002]. Bien que nous n'ayons pas fait d'observation de
ces cristaux sur nos échantillons, si de tels cristaux sont présents, il est probable qu'ils inueront
peu sur nos essais réalisés par la suite.
II.2. Étude du verre métallique
II.2.1.3 Étude calorimétrique
Une étude calorimétrique permet de caractériser le phénomène de transition vitreuse d'un
verre métallique et sa cristallisation. Des scans en DSC vont dans un premier temps nous
per-mettre de déterminer les températures caractéristiques du verre D, telles que la température de
début de cristallisationT
xou la température de transition vitreuse au point d'inexionT
inf lexiong
(ce choix du point d'inexion est expliqué à la section I.1.1.3, page ??). Nous avons réalisé des
thermogrammes sur les diérents barreaux et les diérentes plaques avec une vitesse de montée
en température de 10 K/min. La gure II.4.a présente deux exemples de thermogrammes parmi
ceux réalisés, dans le cas d'un barreau de diamètre 5 mm et dans le cas d'une plaque de 3 mm
d'épaisseur.
T
xT
xT
p(a)
onset gT
inflexion gT
inflexion gT
onset gT
(b)
Figure II.4 Courbes de DSC sur des échantillons amorphes de verre D (barreau et plaque) réalisées
avec une vitesse de montée en température de 10 K/min (a). Zooms des scans de DSC entre 640 K et
740 K (b). Les températures caractéristiques suivantes sont indiquées : début de cristallisation (T
x), au
pic de cristallisation (T
p), début de transition vitreuse (T
onsetg
) et au point d'inexion de la transition
vitreuse (T
ginf lexion).
Le verre D ne présente qu'un seul pic de cristallisation (T
p). Les zooms réalisés sur les
courbes de DSC entre 640 K et 740 K (gure II.4.b) montrent quant à eux une zone de transition
vitreuse assez marquée. La zone de liquide surfondu est comprise entre la température de début
de transition vitreuse T
gonsetet la température de début de cristallisation T
x. Cette zone est
dénie par :∆T =T
x−T
gonset. Dans le tableau II.2 sont regroupées les valeurs des températures
caractéristiques à partir de ces scans de DSC.
T
onset g(K) T
inf lexion g(K) T
x(K) ∆T T
p(K)
Verre D- barreau ∅3 mm 665 692 744 79 759
(cette étude)
Verre D- barreau ∅5 mm 660 690 737 77 759
(cette étude)
Verre D- plaque - 3 mm 653 693 738 85 757
(cette étude)
Verre D [Blétry, 2004] 663 745 82
Zr
55Cu
30Al
10N i
5[Liu, 2002] 678 754 76 759
Vitreloy 4 [Waniuk, 2001] 622 727 105
Tableau II.2 Comparaison des températures caractéristiques pour divers échantillons de verre D et
pour deux autres compositions de verres métalliques base-Zr. Ces valeurs étant issues de mesures de
DSC à une vitesse de montée en température de 10 K/min.
Le verre D possède un large∆T (de l'ordre de 80 K) témoignant d'une bonne stabilité
ther-mique vis à vis de la cristallisation. En comparaison, le verre Vitreloy 4(Zr
46,25T i
8,25Cu
7,5N i
10Be
27,5)
réputé pour sa grande capacité d'amorphisation et de mise en forme, possède un ∆T de 105 K
[Waniuk et al., 2001]. Les températures caractéristiques mesurées pour le verre D sont également
en bon accord avec les valeurs trouvées dans la littérature pour une même vitesse de montée en
température, que se soit dans le cas d'autres compositions de verres métalliques base-Zirconium
[Waniuk et al., 2001; Liu et al., 2002] ou dans le cas du même verre [Blétry, 2004]. La
comparai-son des valeurs trouvées entre des plaques et des barreaux de verre D montre que la transition
vitreuse débute à une température plus faible dans le cas du barreau et pourrait indiquer une
vitesse de refroidissement plus lente lors de l'élaboration.
Dans le document
Elaboration par co-déformation de matériaux stratifiés alliage léger / verre métallique
(Page 70-73)