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La capacité de remboursement des populations en risque de pauvreté

3. Evaluation qualitative de l’offre révélant la demande actuelle de microcrédit professionnel

3.2. Les indicateurs de portée sociale des IMF par pays révélant leurs missions

3.2.2. La capacité de remboursement des populations en risque de pauvreté

Afin d’apprécier le degré de pauvreté des clients atteints par les offreurs dans les 7 pays étudiés, une estimation de la capacité de remboursement du coût moyen d’un microcrédit pour les personnes en risque de pauvreté en 2007 a été construite ci- dessous (Tableau 3).

21 Définition du terme « seuil de risque de pauvreté » :1.1.1 L’exclusion sociale, page 5

22 Calcul, Annexe 13, page 41

150,0% 146,0% 138,0%

122,1%

107,2%

79,6% 67,4%

Allemagne Belgique Espagne Finlande Italie France Roy.- Uni

30 Les hypothèses suivantes ont préalablement été émises :

i. Il est d’usage de considérer que les cibles du microcrédit en Europe sont des personnes susceptibles d’être en situation d’exclusion sociale. Et nous avons convenu, auparavant, que l’exclusion sociale pouvait être mesurée avec l’indicateur « en risque de pauvreté », qui quantifie le niveau de pauvreté monétaire. Dans le but de se restreindre à ce groupe cible, le niveau de revenu annuel considéré correspond ainsi au montant du seuil de risque de pauvreté. Il est toutefois important de noter que ce montant correspond au revenu maximum dont une personne qualifiée d’être en risque de pauvreté peut disposer. L’interprétation des résultats obtenus à partir de ce revenu surestime effectivement la réelle capacité de remboursement de l’ensemble des personnes considérées en risque de pauvreté.

ii. Il est nécessaire de déterminer une proportion du revenu annuel qui sera attribuée au remboursement du microcrédit pour pouvoir établir cette simulation. Bien que cette approche ne corresponde pas à la méthodologie utilisée par un agent de crédit afin de déterminer la capacité de remboursement d’une personne, une base de 25%23 du revenu annuel au remboursement a été appliquée. Néanmoins, cette base est très arbitraire, et des précisions sur ce point seraient judicieuses. Par ailleurs, cette proportion du revenu est considérée comme étant la même chaque année durant la durée de l’emprunt. En effet, les fluctuations éventuelles du revenu disponible ne sont pas prises en compte ici. Cette méthode reste d’autant plus imprécise que nous ne considérons pas ici les recettes et charges liées à la micro entreprise.

iii. Le coût moyen du microcrédit par pays a été déterminé en utilisant la moyenne respective de la taille du microcrédit et du taux d’intérêt par pays. La valeur totale à rembourser comprend les charges d’intérêt calculées sur le capital initial et ajoutées au montant emprunté. L’établissement de l’indicateur « montant moyen à rembourser » correspond à cette valeur totale. Encore ici, les valeurs utilisées ne sont que des moyennes par pays et ne reflètent pas les conditions de prêt accordées à chaque client et par un offreur en particulier. Par ailleurs, n’ayant pas de données respectives pour les 7 pays étudiés, les autres frais additionnels supportés par le client tels que les frais de dossier ne sont pas pris en compte ici. Mais à titre d’exemple en France, l’ADIE prélève initialement 5% de la valeur du microcrédit, appelée « Contribution de Solidarité » afin de couvrir ses frais fixes. Ainsi, pour un prêt de 2 000€, la contribution de solidarité s’élève à 100€ et le bénéficiaire recevra alors au moment du déblocage la somme de 1 900€.

Par comparaison de la capacité de remboursement annuelle avec le montant moyen du microcrédit, on peut identifier par pays le nombre d’années nécessaires pour le groupe cible afin d’être en mesure d’effectuer le remboursement. A titre d’exemple, en Allemagne, une personne contractant un microcrédit en 2007 dont le montant moyen s’élève à 16 977,20 Euros et percevant un revenu annuel de 10 624 Euros, sera en mesure de le rembourser au cours de la septième année. Comme précisé précédemment, cette hypothèse est faite sous la supposition que la personne perçoit effectivement le montant définit par le seuil de pauvreté, c’est à dire le revenu maximum d’une personne en risque de pauvreté. Par conséquent, toujours pour le cas de l’Allemagne, la capacité de remboursement d’une personne en risque de pauvreté vivant avec moins de 10 624 Euros nécessitera au minimum sept ans avant de pouvoir être satisfaite.

23 Justification de la base de 25% du revenu annuel consacré au remboursement du crédit, Annexe 14, page 41

31 Tableau 3 : Estimation de la capacité de remboursement du coût moyen d’un microcrédit pour les personnes en risque de pauvreté dans les 7 pays étudiés, 2007

Seuil de

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat, REM

Au vu de ce tableau, si l’on considère respectivement le no mbre d’années minimum étant nécessaires avant d’acquérir la capacité de remboursement du montant moyen calculé, on peut alors classer les pays en quatre groupes. En effet, la capacité de remboursement est au mieux satisfaite au cours de la quatrième année pour la France et le Royaume- Uni, la cinquième année pour l’Italie, la sixième année pour l’Espagne et la Finlande et la septième année pour l’Allemagne et la Belgique.

Figure 18 : Durée annuelle minimum nécessaire au remboursement de la valeur moyenne du microcrédit pour la population en risque de pauvreté par pays, 2007

Source : Elaboration personnelle

Ayant établit la durée minimum nécessaire pour le remboursement d’un microcrédit moyen par une personne en risque de pauvreté, figure 18, il nous faudrait à présent comparer cette durée nécessaire avec la durée moyenne accordée de prêt pour un microcrédit par pays.

Des données respectives par pays ne sont pas disponibles, toutefois un aperçu de la situation peut- être donnée au niveau de l’Europe (figure 19)

Figure 19 : Proportion d’acteurs répondant par moyenne de durée de prêts accordés en Europe, 2007

Source : REM

Il apparait effectivement que la durée moyenne la plus fréquemment accordée est égale à 3 ans, avec 32% de répondants. Or, selon les calculs précédents, aucune des

Allemagne Belgique Espagne Finlande Italie France Roy.- Uni

9% 10%

32 populations considérées en risque de pauvreté dans les sept pays étudiés ne serait en mesure de rembourser à cette date. Par suite, 4 et 5 ans sont les durées respectives les plus concédées avec 18 % chacune. Pour cette considération, les populations en risque de pauvreté en France, au Royaume- Uni et en Italie ont une capacité de remboursement d’au minimum 4 et 5 ans.

En revanche, cela semble moins faisable pour l’Espagne et la Finlande qui ont une durée minimum de remboursement de 6 ans, durée pour laquelle seulement 9% des offreurs ont répondu. De plus, la durée moyenne de prêt égale à 7 ans n’a été évoquée par aucun des acteurs, alors que selon l’estimation concernant l’Allemagne et la Belgique, 7 années serait la durée au minimum nécessaire afin que les populations en risque de pauvreté puissent acquérir la capacité de remboursement demandée. Par ailleurs, remarquons que les durées estimées correspondent au temps minimum nécessaire. Ainsi, plus le revenu annuel de la personne par rapport au seuil de pauvreté est bas, plus le temps nécessaire pour la capacité de remboursement augmente. Et dans ce cas, les durées moyennes accordées par les offreurs présentées ci- dessus risquent d’être davantage insuffisantes si l’on s’en réfère au groupe cible.

3.2.3. Les missions des offreurs de microcrédit par pays : appréciation des tendances