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Ce projet de recherche prend ancrage dans différents éléments théoriques et conceptuels : la théorie du lien social telle que décrite par Serge Paugam (2008), la thèse de Frédéric Lesemann (2002) sur les quatre différentes sources de solidarité menant au bien-être d’une personne, et la théorie sur le don de Jacques T. Godbout (1995, 2000). D’autres concepts, tels que le « vieillissement », la « solidarité » (notamment la solidarité dite horizontale), et l’ « autonomie » sont également retenus.

La théorie du lien social 1.4.1

Selon Paugam (2008), chaque personne se définit dans son rapport aux autres et ses échanges. Il existe une sorte de « contrat social rationnel » entre les individus, liant chacun d’eux au reste de la société (Paugam, 2008 : 36). Le lien social est créé par la toile de ces interactions et le don entre les individus fait croître les échanges et renforce cette toile. Le don est une activité sociale au sens de la notion décrite par Max Weber (1971) qui voit les échanges comme porteurs de sens objectif pour les personnes qui les perpétuent. Pour lui, l’activité sociale s’inscrit dans les comportements humains (au sens très large du terme), pourvu qu’ils soient posés à l’endroit d’autrui et que les individus leur accordent une signification objective. Ainsi, l’activité sociale, loin d’être un acte isolé, « est porteuse de relation avec autrui. Elle est donc à la base du lien social qui se manifeste de plusieurs façons : dans les relations interpersonnelles, de groupe et d’association, du collectif politique et de l’humanité en général » (Pavageau, Gilbert et Pedrazzini, 1997 : 48).

L’activité sociale est omniprésente dans le cycle du don. Plus précisément, le « don » consiste à donner du temps (ou du matériel) à quelqu’un d’autre. Malgré cette apparente simplicité, il fonctionne selon un cycle plutôt complexe lui est propre : donner, recevoir et rendre. Cette trajectoire est génératrice de lien social, car elle « engage minimalement deux personnes dans une relation de coopération et de mutualité » (Godbout, 1995 dans Comeau et coll., 2015 : 104). Il est possible de « donner » de façon formelle, par l’engagement social auprès d’une organisation (notamment en y étant bénévole) ou d’une cause et en dehors de la famille, et de façon informelle (Wilson et Musick 1997 dans Comeau 2015 p.99). Ici, le don est fait de façon spontanée et sans intermédiaire, comme dans le cas de l’entraide (ou aide directe) entre les membres de la famille ou du réseau amical, le voisinage, etc. (Vézina et Crompton 2012 dans Comeau et coll., 2015 p.100). La complexité du don tient également dans le fait que pour que le don crée et entretienne le lien social, la roue doit constamment être en mouvement : chaque protagoniste dans le théâtre du don a l’impression que c’est lui

qui est en « dette » envers l’autre, l’incitant à toujours redonner en posant un geste, le don de temps par exemple. Contrairement au rapport marchand où l’entente prend une forme contractuelle, la fin du cycle de l’échange est fixé et le lien social, supprimé à terme :

[…] l’espace multidimensionnel dont le don a besoin pour déployer ses retours multiples, l’espace de la valeur de lien dont la chose est véhicule et symbole, valeur de lien qui, littéralement, ‘n’a pas de prix’ parce qu’elle se situe en dehors de l’espace marchand. Cela ne signifie pas qu’on ne réussira jamais à l’acheter en y ‘mettant le paquet’, comme on dit. Mais que, si on réussit, la personne a sacrifié la valeur de lien (Godbout, 1995 : 283-284)

Dans le rapport marchand, le retour monétaire symbolise que l’un ou l’autre des individus souhaite « être quitte » avec le second, donnant en retour la simple valeur monétaire contre un geste donné. Et puisque l’argent « ne possède d’autres qualités que sa quantité » (Simmel, 1988 cité dans Godbout, 1995 : 14), le fait de s’acquitter de la dette aplanit aussi le lien social entre les deux parties.

Selon Paugam, le lien social peut être schématisé en quatre dimensions : le lien de filiation, le lien de participation élective, le lien de participation organique et le lien de citoyenneté (Paugam, 2008 : 63). Seuls les deux premiers seront abordés ici pour leur pertinence en lien avec la nature du projet de recherche.

Le lien de filiation 1.4.1.1

Le lien de filiation renvoie à la dimension biologique ou adoptive entre les individus. Associé à la famille, il constitue le « fondement absolu » du lien social, selon l’auteur. Aussi, « la filiation est souvent associée à la notion d’attachement, au sens de la relation qui unit deux ou plusieurs individus à travers la valorisation de l’importance qu’ils ont l’un pour l’autre ou les uns pour les autres » (Paugam, 2008 : 65-66). Les représentations de la famille ont subi de grandes transformations au fil des époques. En effet, jadis, les individus d’un même clan étaient liés pour assurer leur survie : l’attachement à ce groupe n’était pas remis en question. Comme il fut mentionné plus haut, l’arrivée d’un système de protection sociale universel a modifié les rapports entre les individus, les rendant plus dépendants envers l’État qu’envers les membres constituant l’unité familiale. De cette manière, « la famille est devenue progressivement le lieu de la recherche du bonheur privé, mais n’est plus à proprement parler un groupe auquel on ne peut échapper » (Paugam, 2008 : 67, Godbout, 1995 : 39-40). Ainsi, les rapports intergénérationnels sont aujourd’hui moins motivés par le devoir et la « piété filiale » que par les affinités personnelles ou le plaisir de passer du temps avec un membre de la famille (Bourdouxhe, 2013 : 5, Godbout, 2000 : 27).

Compte tenu du caractère « permanent » du lien familial et de l’intensité de l’attachement qui unit les individus de ce groupe, la famille continue pour plusieurs d’être au cœur d’un

engagement durable et affectif, que ce soit dans la fratrie ou dans la solidarité intergénérationnelle (Paugam, 2008 : 68). Jacques T. Godbout (2000) souligne d’ailleurs que la famille est « le lieu de base du don dans toute société, le lieu où il se vit avec le plus d’intensité, le lieu où on en fait l’apprentissage » (Godbout, 1995 : 45). Au début du 20e

siècle, Durkheim qualifiait déjà la famille comme « la première forme de coopération totale à l’intérieur d’un groupe humain ». Il disait également que la façon de vivre en communauté avait beaucoup à voir avec le fonctionnement des familles (Pavageau, Gilbert et Pedrazzini 1997 : 46). Aussi, selon Jean Duvignaud (1986), les « liens de sang » entre les individus « imposent sans doute, dans ce qu’on nomme les clans, les tribus, les familles patriarcales, un noyau de figures qui légitimise la solidarité des groupes » (Duvignaud, 1986 dans Pavageau, Gilbert et Pedrazzini 1997 : 46).

Il est possible que ce qui fonde la spécificité du lien social filial soit son inconditionnalité. C’est ce que conclut Godbout (2000) dans sa recherche sur le terrain, en questionnant les membres des réseaux familiaux : « Le lien familial serait même le seul lien inconditionnel, et les membres de la famille seraient les seuls sur lesquels on a l'assurance de pouvoir compter... sans compter, c'est-à-dire quelles que soient les circonstances. Le réseau familial est donc doté pour ses membres d'une très grande fiabilité malgré cette liberté » (Godbout, 2000 : 28). En fait, dans le rapport parent-enfant, un objet ou un service n’a pas la même signification selon qu’il soit donné à son propre enfant ou à quelqu’un d’externe. Si le don vers l’enfant n’est pas « rendu » plus tard, cela n’est pas considéré comme anormal. L’idée même de « calculer » tout ce qu’on donne à son enfant serait d’ailleurs jugée comme « dénaturée » (Godbout, 1995 : 39). En ce sens, en regard de l’objet de la présente étude, plus de 70 % de l’entraide reçue par les personnes âgées provient de la famille, selon une étude américaine (Garant et Bolduc, 1990, dans Godbout, 1995 : 41).

Le lien de participation élective 1.4.1.2

Le lien de participation élective renvoie quant à lui à ce qui relève de la socialisation hors du milieu familial. Plus spécifiquement, il réside dans les contacts entre les membres de divers groupes ou institutions sociales : le voisinage, les relations amicales, les lieux de culte et institutions religieuses, les groupes sportifs ou culturels, les associations et les organismes. (Paugam, 2008 : 68). Ce lien concerne donc aussi ce qui relève de la participation sociale des personnes aînées : « les associations ne sont pas seulement instrumentales pour les personnes âgées : elles sont également expressives et constituent un lieu où se vivent des amitiés, où les gens s'échangent des services et où se manifeste la solidarité intergénérationnelle » (Delisle, 1999 : 336). Dans ce lien, il faut bien considérer l’autonomie qui le caractérise : la personne est « libre » de choisir ses lieux d’appartenance,

contrairement au lien de filiation. Néanmoins, cette autonomie est « encadrée par une série de déterminations sociales » (Paugam, 2008 : 69), par exemple le statut socioéconomique. Nous reviendrons sur le concept d’autonomie à la section 1.4.4, mais pour le moment, attardons-nous à deux dimensions qui sont partie prenante des liens sociaux : la protection et la reconnaissance. « Les liens sont multiples et de nature différente, mais ils apportent tous aux individus à la fois la protection et la reconnaissance nécessaires à leur existence sociale » (Paugam, 2008 : 63). La protection provient des différents supports auxquels quelqu’un peut faire appel notamment lors de difficultés : famille, communauté, collègues, relations amicales. La reconnaissance relève pour sa part des interactions sociales qui motivent la personne, lui « fournissant la preuve de son existence et de sa valorisation par le regard de l’autre ou des autres » (Paugam, 2008 : 63).

L’amalgame des différents types de liens constituent le tissu social d’une personne. Ils peuvent servir de référence lorsqu’il est question de se présenter à quelqu’un d’autre : l’individu « peut faire référence aussi bien à sa nationalité (lien de citoyenneté), à sa profession (lien de participation organique), à ses groupes d’appartenance (lien de participation élective), à ses origines familiales (lien de filiation) » (Paugam, 2008 :76). L’intensité de ces liens varie d’une personne à l’autre, mais aussi d’une société à l’autre. Par exemple, la place accordée aux solidarités familiales est très différente au Burkina Faso et au Canada. Aussi, le principe de citoyenneté diffère largement selon les sociétés et les cultures (Paugam, 2008 :77). Au Québec, la configuration des réseaux de soutien (et les liens sociaux y étant rattachés) varie également d’une région à l’autre. Dans certains milieux, le réseau repose principalement sur la famille nucléaire (le conjoint ou la conjointe et les enfants), alors que dans d’autres, il englobe « plusieurs catégories de personnes pivots » (Delisle, 1999 : 334-335).

La théorie du lien social gagne avec l’apport de Frédéric Lesemann sur les différents acteurs de la production de bien-être dans la société.

Les grands acteurs de la production de bien-être 1.4.2

Selon Lesemann, il existe dans notre société quatre sphères majeures dans la production du bien-être : l’État, le marché, la famille et les associations-réseaux. Ces sources sont complémentaires : « Ainsi, parmi les sept composantes théoriques du bien-être (le revenu, la nourriture, le logement, les services et les soins aux personnes, l’éducation, la santé et le transport), certaines seront produites soit exclusivement, soit partiellement, avec plus ou moins d’efficacité, par l’un des acteurs plutôt que par les autres » (Lesemann, 2002 : 31). Chaque sphère possède des avantages et des désavantages face aux autres, selon qu’on veuille produire telle ou telle composante du bien-être. Leur mode de fonctionnement

respectif explique en partie cette complémentarité. En effet, l’État et le marché fonctionneraient davantage « de manière globale et abstraite, selon des critères quantitatifs, anonymes et monétarisés » tandis que les associations-réseaux et les familles sont, pour leur part, « localisées, ancrées dans des réalités territoriales (quartiers, logements), privilégiant les relations de personne à personne, face à face, axées sur le sens et la qualité des relations, loin des relations marchandes et monétaires » (Lesemann, 2002 : 32-33).

Par ailleurs, Lesemann distingue l’ « exit » de la « contrainte ». L’exit serait l’opportunité d’une personne de cesser le recours à telle ou telle sphère de production de bien-être. La contrainte représente tout le contraire de l’exit : pour une raison ou pour une autre, une personne se voit dans l’impossibilité de sortir de la relation. Ainsi, selon Lesemann, « le marché et les associations-réseaux partagent […] une dynamique commune d’accès et de sortie (exit) libre et volontaire aux ressources : quiconque peut décider de consommer ou non, de participer ou non ». Par contre, l’État et la famille fonctionnent à la contrainte : « on ne peut pas choisir d’être ou non citoyen ou membre familial : la loi, le droit, la filiation, l’héritage nous rattachent inévitablement à ces institutions, même si ces liens ne sont plus aujourd’hui aussi entiers qu’ils l’ont déjà été » (Lesemann, 2002 : 36).

Cette perspective théorique, jointe à celle de Paugam (2008), permet d’identifier les différentes sources de solidarité auxquelles une personne peut s’adresser pour produire les différents aspects de son bien-être. Elle permet aussi de penser les différentes contraintes s’appliquant à chacune d’entre elles. Un autre concept mérite toutefois que l’on s’y attarde, soit celui de la solidarité horizontale.

La solidarité « horizontale » 1.4.3

Les différentes sources de solidarité évoquées précédemment ne prennent pas en considération l’idée que la solidarité puisse s’effectuer entre membres d’une même génération, notamment par le biais des relations amicales et de voisinage.

D’abord, l’horizontalité signifie ici les interrelations entre les membres d’un groupe similaire, qu’il soit local, social ou générationnel. La verticalité, pour sa part, renvoie aux rapports qui unissent les gens de groupes différents (rapports intergroupes), comme dans la solidarité intergénérationnelle (Delisle, 1997 : 154).

Par ailleurs, la solidarité horizontale ne s’applique évidemment pas qu’aux personnes vieillissantes : elle concerne toute forme de solidarité activée entre membres d’une même génération. Le mot « génération » peut toutefois revêtir plusieurs chapeaux. D’une part, il peut signifier un rapport de filiation (par exemple la génération des parents et celle des

enfants). Elle peut aussi signifier une période historique de 20 ou 30 ans, soit le « temps nécessaire pour renouveler la direction d’une société » (Delisle, 1997 : 151). Enfin, la « génération » peut vouloir dire une cohorte de « gens sensiblement du même âge qui ont partagé des expériences ayant façonné leur mode de vie et leur manière de penser » (Delisle, 1997 : 151). C’est précisément cette définition de la génération qui sera retenue ici. Dans un même ordre d’idées, la théorie des générations de Mannheim (1952, mentionné par Delisle, 1997) offre une analyse intéressante de la solidarité horizontale. Selon cette perspective théorique, « les membres d’une même génération sont susceptibles de développer des affinités et d’adhérer à des valeurs communes parce qu’ils ont été influencés, au même âge, par des courants culturels analogues » (Delisle, 1997 : 154). Néanmoins, pour qu’il en soit ainsi, les membres de cette génération ont tissé des liens de coopération : ils ne doivent pas s’ignorer ou être en lutte les uns avec les autres, car si tel était le cas, la conscience générationnelle et la solidarité intragénérationnelle ne pourraient émerger.

Les indicateurs de solidarité horizontale sont : la conscience générationnelle des personnes, leur identification au groupe, leur politisation et leur participation sociale au sein de groupes de gens de leur génération. Il y a également des indicateurs d’entraide entre personnes de cette génération (échanges de services). Ceci étant, selon Delisle, « aucune donnée considérée isolément ne permet de conclure en l’existence ou l’inexistence de la solidarité horizontale chez les aînés, mais l’ensemble des informations colligées montre que ce concept a une emprise sur la réalité » (Delisle, 1997 : 157). Dans ce mémoire, l’intérêt pour la solidarité horizontale se rapporte à l’entraide entre les personnes âgées. Nous retenons également que « la solidarité qui se forge entre les membres d’une génération est la conséquence de l’importance de l’âge dans une société en tant que critère de distribution des biens, rôles, fonctions, pouvoirs et privilèges, et en tant que facteur de différenciation culturelle » (Delisle, 1997 : 154). Dans une société où l’âge ne revêt pas une importance particulière, la solidarité horizontale n’aurait pas de sens (Delisle, 1997 : 154).

Pour terminer la revue des principaux concepts, arrêtons-nous à ceux de l’ « autonomie » et du capital social. Bien que l’autonomie ne soit pas « mesurée » chez les personnes rencontrées, le concept demeure fort important. À l’heure actuelle, le discours dominant sur le vieillissement « sain » met entre autres l’accent sur l’importance du maintien de l’autonomie. Dans le cadre d’une étude sur la solidarité envers et par les personnes âgées, il est essentiel de comprendre ce que signifie ce concept, et comment il s’actualise concrètement.

La notion d’autonomie 1.4.4

Le terme « autonomie », au sens philosophique, est décrit dans Le Nouveau Petit Robert de la langue française (Rey-Debove et Rey, 2010 : 186) comme le : « Droit pour l’individu de déterminer librement les règles auxquelles il se soumet. L’autonomie de la volonté ». Au sens courant, il exprime la liberté, l’indépendance intellectuelle et/ou matérielle : « […] Aptitude à vivre sans l’aide d’autrui. Personne âgée qui perd son autonomie, qui devient dépendante » (Rey-Debove et Rey, 2010 : 186).

Or, cette définition est plutôt réductrice du point de vue de la solidarité sociale. En effet, comme le dit Paugam (2009), « la vie en société place, dès sa naissance, l’être humain dans une relation d’interdépendance avec les autres et la société » (Paugam, 2009, cité par Grenier, 2011 : 39). Ainsi, qu’on le veuille ou non, les êtres humains sont dépendants les uns des autres et sont donc unis par une multitude de liens sociaux. Ces liens, « malgré la différence et l’inégalité - sont multiples et nous assurent à la fois protection juridique – droits civils, politiques et sociaux – et reconnaissance présentées sous des formes de solidarités » (Grenier, 2011 : 39). La définition traditionnelle semble toutefois occulter cette réalité en affirmant que cette notion signifie l’indépendance, la liberté « totale ». Or, l’autonomie n’est possible que par l’articulation des différentes sources de solidarité sociale. Il est impossible de fonctionner sans les autres, d’être pleinement libre : elle implique forcément une « éthique de la réciprocité » entre liberté et responsabilité (Grenier, 2011 : 39). En effet, « la condition d’un sujet autonome réside dans l’acceptation de sa socialité en travaillant pour l’autonomie d’autrui – cas sans l’autre, je ne peux exister. Ainsi, les conditions de l’autonomie individuelle ne peuvent se réaliser que par un minimum d’hétéronomie. C’est cette hétéronomie dans le lien social qui amène cette interdépendance, devoirs et besoins autour des choix et des contraintes entre les individus » (Grenier, 2011 : 39). Ainsi, elle n’est rendue possible que par une bonne articulation des formes de solidarités sociales qui l’entourent (et c’est aussi valable pour celle des personnes aînées).

La notion de « capital social » 1.4.5

Elle aussi, la notion de « capital social » est pertinente dans une étude sur les réseaux de solidarité. Bien que la définition de ce concept varie selon les écrits, le capital social sera ici considéré comme « l’ensemble des ressources dont disposent les individus et les groupes et qui affectent leurs trajectoires, notamment dans les domaines scolaire, professionnel, matrimonial et familial » (Coulangeon, 2010 : 47). En somme, il renvoie aux ressources mobilisées par la personne à travers les réseaux sociaux dans lesquels elle évolue : la famille, les relations amicales, les collègues de travail, le voisinage, etc. (Coulangeon, 2010 : 48). Le fait de parler de « mobilisation des ressources » vient de pair avec une conception de la personne dotée d’un pouvoir d’agir ou d’agencéité en matière des décisions qui

concernent sa propre vie. Dans une étude concernant les réseaux de solidarité des aînés, il faut donc considérer la capacité des gens à orchestrer les demandes de services selon leurs besoins et leurs préférences personnelles – et non pas comme de simples « réceptacles » passifs du soutien social apporté.

1.5 Les questions précises de recherche

Les questions précises de recherche sont exploratoires puisqu’elles visent des thèmes qui ont été peu analysés par le passé et dont il est difficile « d’établir un portrait à partir des connaissances existantes » (Gauthier, 2003 :131)

 Comment s’articulent les sphères de solidarité entourant les personnes âgées de la Baie-des-Chaleurs ? Certaines sphères sont-elles plus actives que d’autres, et sont-

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