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II. LES DIFFÉRENTS MODÈLES THÉORIQUES POUR LE CALCUL DE LA CAPACITÉ DE

3. VALIDATION DES MODÈLES

3.1 Brève présentation de la région des Laurentides

Lac en cœur

La proximité de Montréal, combinée à la richesse des milieux naturels et des paysages, fait de la région des Laurentides un endroit grandement convoité pour les développements résidentiels, récréotouristiques et de villégiature. L’évolution socio- économique de la région est en partie basée sur ce genre d’utilisations du territoire. Par exemple, 7 % des recettes du tourisme au Québec se récolte dans les Laurentides, faisant de cette région la troisième en importance fréquentée par les touristes, après Montréal et Québec. Ainsi, depuis plusieurs décennies, la région des Laurentides est en constante expansion démographique et économique. En effet, on y retrouve le plus important essor démographique au Québec, et ce, depuis 1991 (MRC des Laurentides, 2000).

Par ailleurs, cette même région détient sur son territoire une richesse exceptionnelle : l’eau douce, comptant plus de 7000 lacs (CRE Laurentides, 2007).

C Rivière du Nord.

Photo CRE Laurentides

« La région des Laurentides comptabilise sur ses 22 000 km2 des milliers de lacs, ce territoire est

si vaste qu’on ne peut déterminer le nombre exact de lacs. Les municipalités participantes en ont dénombré 2381 dont 1201 sans habitation (50 %). C’est la MRC d’Antoine-Labelle, avec ses 1046, qui possède le plus de lacs, et 56 % sont inoccupés. Dans la MRC Pays d’en - Haut les lacs non habités ne représentent que 13 %. 51 % des municipalités utilisent un lac comme source d’eau potable pour alimenter en totalité ou en partie le réseau d’aqueduc municipal. Dans la

ressources, tant sur le plan économique, écologique que social afin de transmettre un patrimoine naturel viable et sain aux générations futures. » (CRE Laurentides, 2007).

C'est pourquoi les pressions engendrées par un développement accru autour des plans d’eau se font de plus en plus sentir et ont des impacts sur la qualité de ces derniers. Selon le Ministère des Affaires municipales et des Régions (MAMR) du Québec (MAMR, 2007c) :

« [L] ’activité de villégiature peut entraîner des impacts négatifs sur le milieu naturel :

• pression sur le milieu naturel qu’exerce une densité trop importante en bordure d’un plan d’eau;

• problèmes potentiels de contamination du milieu naturel (par ex. : installations septiques, dépotoirs sauvages, déboisement excessif, etc.);

• problèmes d’érosion liés aux routes et aux autres voies d’accès. L’aménagement de routes et l’entretien des fossés de drainage peuvent avoir autant d’impact qu’un mauvais aménagement de la bande riveraine par les particuliers;

• difficultés d’application de normes minimales relatives à la protection des rives et du littoral, principalement lorsque les terrains sont de superficie inférieure aux exigences actuelles ou lorsque les propriétaires ne comprennent pas la nécessité de respecter le milieu naturel;

• privatisation excessive de la rive et perte d’accès public;

• dégradation des paysages;

• dégradation de la qualité de l’eau de surface et souterraine et impacts sur la santé humaine (par ex. : présence de fleurs d’eau de cyanobactéries);

• eutrophisation accélérée des plans d’eau à la suite des apports en substances nutritives découlant d’activités humaines dans les bassins versants;

Au cours de l’été et l’automne 2007 seulement, une soixantaine de lacs des Laurentides furent touchés par la problématique des cyanobactéries, ce qui en a fait la région la plus touchée au Québec par ce phénomène (www.mddep.gouv.qc.ca/eau/algues- bv/milieux_affectes/resultats.asp,). La présence de cyanobactéries ou algues bleu-vert dans les lacs a créé une onde de choc au niveau social et a soulevé de nombreuses inquiétudes et questionnements de la part des citoyens et riverains.

« Tel que mentionné précédemment, la ressource en eau est une, sinon la principale richesse des Laurentides. Tout le développement des Moyennes Laurentides s’est effectué autour de l’eau et de la forêt jusqu’au développement de l’offre récréotouristique, qui là encore, est axée en bonne partie autour de l’eau. Les principales industries des Laurentides ont un lien avec l’eau (embouteilleur, papetière, etc.) alors qu’on retrouve une part importante de l’assiette fiscale municipale en bordure des lacs et des cours d’eau. L’offre d’activités récréotouristiques est, elle aussi, en lien direct avec l’eau durant la période estivale. La venue des problématiques d’eutrophisation et de contamination de l’eau par les cyanobactéries et la réaction qu’elle a engendrée n’a fait que confirmer ce phénomène. De plus, cela a affecté grandement tout l’aspect social qui règne autour des lacs. En effet, plusieurs résidents se sont vus interdire l’accès à « leur » lac tout comme la possibilité d’y puiser de l’eau pour la lessive, le lavage, les douches et même la consommation par risque pour la santé. D’autres ont dû déménager suite à la « mort de leur lac », qui est passé d’un beau petit lac à un marais en quelques années. » (SIADL, 2007).

Laurentides

3.1.1 La problématique de l’agriculture dans les Laurentides

Le but de ce mémoire est ultimement de discuter de l’utilisation du concept de capacité de support aux apports en P à un lac, dans une perspective d’amélioration de l’aménagement du territoire. Les principaux acteurs responsables de l’aménagement du territoire sont les MRC et les municipalités. Les décisions qu’ils ont à prendre et les problématiques auxquelles ils font face touchent surtout la gestion du développement, du récréotourisme et de la villégiature. Comme mentionné précédemment, dans une

région comme les Laurentides l’agriculture est quasiment absente du territoire, contrairement à une région comme l’Estrie.

Ainsi, malgré l’impact non négligeable des apports agricoles sur l’eutrophisation des plans d’eau, cette problématique doit être traitée à part, car elle implique un nombre d’intervenants beaucoup plus grand, mentionnons le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ainsi que l’Union des Producteurs Agricoles du Québec (UPA), au-delà des compétences des municipalités et des MRC. Ainsi, l’amélioration des pratiques agricoles en bordure des plans d’eau requiert des changements majeurs, sur une échelle de temps beaucoup plus longue, impliquant des décisions à plusieurs niveaux politiques, économiques et sociaux qui ne relèvent pas en majeure partie des municipalités.

« Les problèmes de l’agriculture viennent surtout du fait que souvent on consacre une superficie majeure du bassin versant à l’agriculture. On ne devrait jamais faire ça, on devrait toujours mélanger, on devrait toujours faire de l’agroforesterie. (...) Avant de faire un changement de cette ampleur-là sur le territoire au Québec, cela ne peut pas prendre moins d’une centaine d’années. Parce qu'il y a des mentalités à changer (...) » (Carignan, 2007).

Par ailleurs, la problématique de pollution des milieux aquatiques par les apports en P en provenance des milieux agricoles s’applique plus au niveau des rivières que des lacs et est concentrée dans les régions situées au sud du fleuve Saint-Laurent, telles que l’Estrie et la Montérégie. La capacité de support des rivières et des lacs est très différente, n’ayant pas du tout la même hydrologie, les rivières étant des systèmes dynamiques avec un renouvellement constant de la masse d’eau. Cette problématique est déjà étudiée par les différents ministères (Gangbazo, 2005), qui font partie des principaux intervenants habilités à intervenir dans ce domaine.

3.2

Projet pilote d’application dans les Laurentides : « Approche de