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2. INTRODUCTION

2.6. O BJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE

2.6. Objectifs et hypothèses de recherche

2.6.1. Objectifs

Beaucoup d’études se sont déjà intéressées à la perception d’un stimulus menaçant en tant que cible. Elles ont mis en évidence un avantage de traitement de ces stimuli. Cependant,

26 peu d’entre elles se sont intéressées à l’effet de ce type de stimulus en tant que distracteur, ainsi qu’à l’aspect électrophysiologique de leur capture ou inhibition. La présente étude a donc pour objectif principal d’étudier l’effet d’un distracteur de nature menaçante, c'est-à-dire une araignée, sur l’inhibition et la capture attentionnelle des sujets ayant peur des araignées et des personnes n’en ayant pas peur. Pour ce faire, nous avons modifié l’Additionnal singelton paradigm de Theeuwes (1992), en remplaçant le distracteur de couleur par un distracteur menaçant. Nous avons choisi l’araignée pour représenter le stimulus menaçant, en raison de l’importance donnée à l’hypothèse évolutive sur les stimuli dangereux et de son influence sur la capture attentionnelle. L’attention de tout individu devrait alors, dans une certaine mesure, être influencée par ce stimulus. Finalement, à l’inverse de l’étude de Weymar et al. (2013), nous allons utiliser le stimulus menaçant comme un distracteur et non comme une cible.

De ce fait, il est pertinent de se demander si les personnes qui ont peur des araignées seront encore plus ralenties lorsque les distracteurs sont des araignées. Nous souhaitons donc observer si l’araignée va capturer leur attention ou, au contraire, si la prévisibilité de la nature de la cible va permettre au participant d’ignorer ce stimulus menaçant, comme le suggère la théorie (Bacon & Egeth, 1994 ; Burra & Kerzel, 2013 ; Sawaki & Luck, 2010, 2014). Plus précisément, nous nous demandons si cette théorie peut rester valable malgré un stimulus censé capturer l’attention de manière privilégiée. La PD va ainsi pouvoir nous indiquer si le participant a pu mettre en place des processus pour éviter le stimulus distracteur lié à la peur alors que la N2pc nous indiquera une capture de l’attention par l’araignée. Enfin, il sera intéressant d’observer s’il y a une différence entre les deux groupes. Nos résultats permettront alors de soutenir ou non le facteur de la peur dans le phénomène de capture et d’inhibition attentionnelle.

Mais aussi, d’éclairer le lien entre attention et émotion en approfondissant les mécanismes, encore mal connus, de ces deux phénomènes chez les personnes qui ont peur des araignées.

2.6.2. Hypothèses de recherche

2.6.2.1. Hypothèses comportementales

Nous allons porter notre intérêt, dans un premier temps, sur les temps de réaction des participants, mesurés en millisecondes (ms), afin de repérer la cible de notre tâche de recherche visuelle. Nous supposons alors, d’un point de vue comportemental, que les participants seront plus lents pour réaliser la tâche dans la condition où il y a un distracteur comparé à la condition

27 contrôle. Ce résultat serait alors conforme à l’hypothèse proposée par Theeuwes (1992) d’un coût temporel causé par la présence d’un distracteur.

La deuxième hypothèse porte sur les temps de réaction dans les conditions avec distracteur. Nous émettons l’hypothèse que le temps de réaction sera plus long dans la condition où le distracteur est une araignée comparativement à la condition où le distracteur est une feuille. En effet, comme les participants devraient pouvoir prédire la cible, nous supposons qu’ils seront alors capables d’ignorer les distracteurs. Cependant, nous pensons que l’araignée demandera un effort supplémentaire pour la supprimer, en comparaison à la feuille, étant donné son caractère menaçant. Si ces résultats sont effectivement observés, ils seraient alors consistants avec les études suggérant une inhibition attentionnelle d’un stimulus distracteur lorsqu’une cible est prévisible (Bacon & Egeth, 1994 ; Burra & Kerzel, 2013 ; Sawaki & Luck, 2014).

Nous nous attendons finalement à ce que les personnes ayant peur des araignées mettent plus de temps à réaliser la tâche que les personnes qui n’en ont pas peur. Comme mentionné pour notre deuxième hypothèse comportementale, certains auteurs suggèrent que lorsqu’un distracteur est présent et que les participants connaissent les caractéristiques de la cible, le temps de réaction sera plus rapide, reflétant alors une suppression attentionnelle du distracteur, comparativement à une capture attentionnelle par le stimulus non pertinent (Burra

& Kerzel, 2013). Mais, selon Devue et al. (2011) la présence d’un distracteur menaçant génère un coût supplémentaire dans le traitement visuel des sujets effrayés par les araignées. Ce coût correspondrait à la capture de l’attention par le distracteur. Ainsi, nous prédisons que les participants ayant peur des araignées seront capturés par le distracteur menaçant malgré la prévisibilité de la cible, contrairement aux participants n’ayant pas peur des araignées qui seront capables d’ignorer totalement l’araignée.

2.6.2.2. Hypothèses électrophysiologiques

Afin d’obtenir des données plus précises concernant les phénomènes de capture et d’inhibition, nous allons également étudier ceux-ci dans une perspective électrophysiologique.

Sur la base de ces mesures supplémentaires, nous pouvons émettre trois autres hypothèses.

Premièrement, nous nous attendons à ce que les sujets orientent leur attention en direction de la cible dans la condition où il n’y a pas de distracteur, quel que soit le groupe. Ceci

28 se traduirait par la présence d’une N2pc en direction de la cible, indiquant une capture attentionnelle par celle-ci. Ces résultats seraient alors conformes avec les quelques études qui ont étudié ce phénomène (Hickey & al., 2006 ; Weymar & al., 2013).

Deuxièmement, nous émettons l’hypothèse que les participants arrivent à supprimer les deux distracteurs (araignée et feuille) étant donné la prévisibilité de la cible. Ainsi, nous observerions une PD dans les deux conditions avec distracteur. Ces résultats seraient alors consistants avec les études de Burra et Kerzel (2013).

En ce qui concerne la différence de groupe, nous prédisons que le groupe n’ayant pas peur des arachnides arriverait à inhiber l’araignée pour réaliser la tâche, contrairement au groupe ayant peur qui serait attiré par le distracteur araignée avant d’être réorienté vers la cible.

Ainsi, nous observerions dans le groupe des non effrayés la présence de la composante Distractor Positivity en direction du distracteur menaçant, traduisant une suppression attentionnelle de ce dernier. Alors que le groupe qui a peur des araignées montrerait une N2pc en direction du stimulus effrayant ce qui traduirait une capture attentionnelle par ce distracteur, allant dans le même sens que les résultats électrophysiologiques de Weymar et collègues (2013). Ceci rejoindrait notre hypothèse comportementale selon laquelle le temps de réaction à la tâche serait plus court pour les sujets qui n’ont pas peur des araignées et plus long pour ceux qui en ont peur.

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