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2. INTRODUCTION

2.1. L’ ATTENTION VISUELLE

Dans la vie quotidienne, le système visuel de l’individu est soumis à un flux continu d’informations visuelles provenant de l’environnement. Pour agir efficacement et guider son comportement, l’individu doit sélectionner parmi ces informations visuelles les plus appropriées pour la situation, ses buts et attentes (Hickey, McDonald, & Theeuwes, 2006 ; Sawaki & Luck, 2010 ; Theeuwees, 1992). Cette sélection visuelle est rendue possible grâce à l’attention que la personne prête en direction des éléments spécifiques. L’attention visuelle est une fonction cognitive désignant la capacité à nous orienter vers les diverses informations qui nous entourent (Michael, Fernandez, & Vairet, 2007 ; Posner & Petersen, 1989 ; 2012). De plus, Posner (1980) montre que l’attention peut être orientée de manière volontaire vers des objets spécifiques de l’environnement, mais qu’elle peut aussi être attirée de manière automatique et involontaire, et sans déplacement du regard.

Comme le décrit Posner (1980), le système d’attention est anatomiquement distinct des systèmes de traitement de l’information. Il interagit avec d’autres zones du cerveau, tout en gardant sa propre identité (Posner & Petersen, 1989). L’attention utilise un réseau de zones anatomiques effectuant diverses fonctions cognitives attentionnelles. Posner (1980) désigne par exemple l’orientation et la détection comme étant deux sous-systèmes de l’attention, chacun

6 représentant un ensemble de processus attentionnels (Posner & Petersen, 1989). L’orientation correspond à l’alignement de notre attention vers les stimuli sensoriels. Il s’agit dans ce cas de tous les processus responsables de la sélection d’un stimulus parmi d’autres, en donnant par exemple la priorité à la modalité ou à la localisation du stimulus (Posner, 1980). Ce sous-système attentionnel est décrit par Posner (1980) comme étant un réflexe d’orientation. En revanche, la détection signifie « être conscient du stimulus », et permet au participant de signaler la présence de ce stimulus dans l’environnement.

Cette distinction entre l’orientation et la détection permet alors d’étudier l’hypothèse selon laquelle certaines réponses peuvent être disponibles avant que l’individu en ait pris conscience (Posner, 1980). En effet, un individu peut orienter ses yeux vers un objet en mouvement, sans être directement en mesure de signaler la nature de cet objet. Dans cette situation, le changement d’attention se produit suite à un mouvement des yeux (une saccade) ou de la tête. Posner (1980) parle alors de l’attention ouverte. Mais, un déplacement de l’attention peut aussi se faire selon des mécanismes centraux et ne pas être visible directement.

Nous parlons alors de l’attention couverte (Posner, 1980). Par exemple, l’individu peut porter son attention rapidement et involontairement vers un élément de l’environnement sans bouger les yeux, pour autant que l’élément se situe dans son champ visuel. Le champ visuel est l’ensemble de l’espace vu par un œil quand il est fixe et regarde droit devant lui. À l’opposé, l’individu peut aussi déplacer son attention selon ses intentions, en bougeant les yeux vers cet élément. Finalement, Posner (1980) souligne que la direction de l’attention dans le champ visuel peut être manipulée par les instructions données pour la tâche, par un changement de la probabilité que la cible apparaisse, ou encore par le déplacement du regard.

Afin d’étudier le déplacement de l’attention couverte, comme discuté ci-dessus, Posner (1980) a mis en place un paradigme expérimental. Les participants doivent fixer un point au centre d’un écran et détecter le plus vite possible une cible présentée brièvement soit à droite, soit à gauche de l’écran. Deux indices sont utilisés dans cette tâche. Le premier indice est endogène, c'est-à-dire qu’il permet à l’observateur de contrôler son attention en la dirigeant dans l’emplacement souhaité. Il peut par exemple s’agir d’une flèche indiquant l’endroit où la cible va apparaître (Figure 1a). À l’opposé, le deuxième indice est exogène, ce qui signifie qu’il entraîne notre attention à être orientée de manière involontaire et automatique en direction de ce stimulus externe. Il s’agit par exemple d’un carré dont les côtés sont illuminés (Figure 1b).

Par ailleurs, l’attention peut également être manipulée par les instructions de la tâche. En effet,

7 Posner (1980) suggère qu’un sujet sera plus rapide pour effectuer la tâche si une indication correcte de l’endroit où le stimulus apparaîtra lui a été donnée avant son apparition. Cette condition est appelée congruente, contrairement à une condition dite incongruente où l’indication est erronée. La cible apparaît à l’emplacement opposé à celui donné par l’indice.

Les résultats de cette seconde condition indiquent un temps de réaction plus long en raison du déplacement supplémentaire de l’attention dans la bonne direction. En effet, le sujet peut prédire l’emplacement de la cible grâce à l’indice dans la condition congruente et faciliter les processus attentionnels en direction de la cible, même sans mouvements des yeux. En revanche, la condition incongruente demande au sujet de réorienter son attention dans la direction correcte afin de trouver la cible. Il utilise ainsi des processus attentionnels relevant de sa volonté.

Figure 1 : Paradigme de Posner. (a) indice endogène, (b) indice exogène. Tiré de https://en.wikipedia.org/wiki/Posner_cueing_task

Les expériences de Posner (1980) ont permis de montrer que le déplacement de l’attention prend un certain temps mais aussi que l’attention couverte est à dissocier des mouvements oculaires. En effet, un déplacement de l’attention sans mouvements des yeux est possible même en dehors de la zone fovéale, et selon les indications disponibles. Finalement, ces résultats permettent de mettre en évidence deux types d’orientation de l’attention, l’un reflétant une attention orientée de manière volontaire lorsqu’un indice est endogène, et l’autre désignant un processus involontaire et automatique de l’attention face à un indice exogène.

Deux classes de processus de contrôle attentionnel sont en lien avec ces deux types a

)

b )

a)

b)

8 d’orientation, les processus du contrôle bottom-up et top-down que nous allons développer dans la suite de ce travail.