Pour le bilan national, une enquête a été réalisée auprès du réseau des FREDON-FDGDON afin de répertorier les différents bioagresseurs observés et de connaître le niveau de présence (intensité et fréquence) dans chacune des régions (Tableau 2). Ensuite, ceux-ci ont été classés en fonction de leur progression géographique sur le territoire, de leur pression induite en 2012, mais aussi relativement à leur nuisibilité vitale, économique, fonctionnelle ou commoditaire potentielle, en quatre catégories allant de la plus problématique à la moins dommageable : bioagresseurs d’incidence importante à surveiller, significative, moyenne et
faible. Les bioagresseurs classés dans la catégorie « incidence importante à surveiller » sont
en progression rapide et sont susceptibles d’engendrer rapidement des dégâts importants voire mortels aux végétaux. Les bioagresseurs d’« incidence significative » en 2012 ont montré
une intensité ou une fréquence d’attaque marquante pour 2012 et pouvant engendrer un impact économique. Les bioagresseurs d’« incidence moyenne » présentent des nuisances
d’ordre esthétique, fonctionnelle ou commoditaire. La dernière catégorie « incidence faible » est constituée de bioagresseurs couramment rencontrés sur les végétaux en zones non agricoles partout en France et pour lesquels la pression en 2012, a été faible à très faible.
C’est le cas pour les pucerons, les acariens, les chenilles phytophages, l’oïdium, … Toutefois, ils peuvent dans certaines conditions favorables (climat, variétés, conduite culturale, …) engendrer des nuisances (miellat, aspect inesthétique, …). Ces nuisances doivent être
modulées par rapport à la situation ou la valeur du végétal : sites de prestiges, végétaux de
collections, arbres patrimoniaux, …
Bioagresseur Intensité* Fréquence* Evolution par
rapport aux années antérieures Région où le bioagresseur est présent
Bioagresseurs d’incidence importante à surveiller
Pyrale du buis (Cydalima perspectalis) 1 à 3 1 à 3 En augmentation et en progression géographique Alsace, Île-de-France, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte-d’Azur
Charançon rouge des palmiers (Rhyncophorus ferrugineus) 3 3 En augmentation et en progression géographique Corse, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte-d’Azur Chalarose du frêne (Chalara fraxinea) 1 à 3 1 à 3 En progression géographique, évolution des symptômes variable
Grand quart nord-est : Nord Pas-de-Calais, Picardie, Normandie, Champagne-Ardennes, Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Bourgogne, Rhône-Alpes, Ile de France, Auvergne
Chancre coloré du platane (Ceratocystis fimbriata f.sp. platani) 1 à 3 2 à 3 En progression géographique Midi-Pyrénées, PACA, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Aquitaine
Bioagresseur Intensité* Fréquence* Evolution par rapport aux années antérieures Région où le bioagresseur est présent
Bioagresseurs d’incidence significative en 2012 Tigre du platane
(Corythucha ciliata)
1 à 2 1 à 3 Variable selon les régions
Sur tout le territoire sauf Normandie, Nord Pas-de-Calais, Picardie Mineuse du Marronnier
(Cameraria ohridella)
1 à 3 3 Stable voire en diminution
Sur tout le territoire Processionnaire du pin
(Thaumetopoea pityocampa)
0 à 3 1 à 3 Stable Partout sauf : Alsace, Lorraine, Creuse, Haute Vienne, moitié Ouest Côtes d’Armor, Nord du Finistère, Nord Pas-de-Calais
Cicadelle blanche (Metcalfa pruinosa)
1 à 3 2 à 3
Stable
Moitié sud de la France : Corse, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Midi-Pyrénées, Aquitaine Papillon palmivore (Paysandisia archon) 1 à 3 1 à 3 Fréquence en augmentation dans les régions touchées Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte-d’Azur Chancre bactérien du marronnier (Pseudomonas syringae) 1 à 3 1 à 3 Stable (augmentation des signalements)
Nord Pas-de-Calais, Ile de France, Picardie, Basse-Normandie, Champagne-Ardenne Corvidés sur espaces verts
(Corvus sp., Pica sp.,
Garrulus sp., …)
0 à 3 0 à 2 Localement problématique en 2012
Sur tout le territoire
Bioagresseursd’incidence moyenne en 2012
Bombyx cul brun (Euproctis chrysorrhoea)
0 à 2 0 à 1 En régression en 2012
Sur tout le territoire Oïdium du platane
(Erysiphe platani)
0 à 2 0 à 2 Pression variable selon les régions
Sur tout le territoire Complexe des maladies
des Rosiers
0 à 2 0 à 2 Pression variable selon les régions
Sur tout le territoire Black Rot du marronnier
(Guignardia aesculi)
0 à 2 0 à 2 Stable, voire en diminution sauf à l’est
Bioagresseur Intensité* Fréquence* Evolution par rapport aux années antérieures Région où le bioagresseur est présent
Bioagresseurs d’incidence faible pour 2012
Acariens (Tetranychus sp., Eotetranychus sp., Panonychus sp., …) 0 à 1 0 à 2 Faible pression en 2012
Sur tout le territoire
Pucerons (Myzus sp., Aphis sp., Drepanosiphum sp., Eucallipterus sp.,…) 0 à 1 0 à 2 Faible pression en 2012
Sur tout le territoire
Psylle de l’albizzia (Acizzia jamatonica) 0 à 2 localement 0 à 2 Faible pression en 2012 sauf localement Midi-Pyrénées, Aquitaine, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Languedoc-Roussillon, Corse, Bretagne, Centre Cochenilles (Aspidiotus sp., Parthenolecanium sp., Eulecanium sp., …) 0 à 1 0 à 2 Stabilité ou diminution de la pression
Sur tout le territoire
Chrysomèles (Agalestica alni, Chrysomela vigintipunctata…) 0 à 3 localement 0 à 1 Problèmes ponctuellement importants
Sur tout le territoire
Chenilles phytophages – Hyponomeutes 0 à 3 localement 0 à 1 Faible pression en 2012 sauf localement
Sur tout le territoire
Oïdium perforant (Sphaeroteca pannosa)
0 à 1 0 à 1 Stabilisation ou diminution
Sur tout le territoire Oïdium du chêne (Erisyphe alphitoides, E. quercicola, E. hypophylla, Phyllactinia sp.) 0 à 3 localement 0 à 3
Variable selon les régions
Sur tout le territoire
Anthracnose du platane (Apiognomonia venata)
0 à 1 2 à 3 Variable selon les régions
Sur tout le territoire Rouille grillagée du poirier
(Gymnosporangium sabinae) 0 à 3 localement 0 à 1 Localement problématique
Sur tout le territoire
Tableau 2 : bilan des suivis sanitaires ZNA 2012 – principales problématiques suivies par le réseau des FREDON-FDGDON
Assessment) of the sanitary follow-ups in Non Agricultural Areas 2012 - Main problems followed by the network of the FREDON-FDGDON
* Intensité sur parcelles avec présence : 0 = insignifiant / 1 = faible de l'ordre du pourcentage, pas d'incidence éco / 2 = Moyen, avec incidence économique / 3 = grave, Incidences économiques inacceptables
** Fréquence : 0 = Absent / 1 = rare/épars 2 = régulier / 3 = généralisé
Le bilan des suivis sanitaires 2012 (Petit et al., 2013) rend compte de façon détaillée des
bioagresseurs suivis dans le cadre du réseau d’épidémiosurveillance des FREDON-FDGDON.
Figure 1 : Papillons de la processionnaire du pin
Pine processionary moth (FREDON Ile de France)
Figure 2 : Dégâts d’alimentation du
tigre du Platane sur feuille Damages of the sycamore lace bug on leaf
(V. AUBERT, FREDON ALSACE)
EXEMPLES DE BIOAGRESSEURS NORMALEMENT CONSTATES SUR LE TERRITOIRE
Les bioagresseurs d'incidence significative en 2012
La processionnaire du pin,
Thaumetopoea pityocampa (Denis & Schiffermüller)(Figure 1), présente sur une grande partie du territoire a présenté des attaques importantes en terme de
fréquence et d’intensité dans différentes
régions. En terme de pression parasitaire, elle est considérée comme stable par rapport aux années précédentes. Toutefois, il est à noté un fait marquant pour cette
année, l’étalement des processions. En
effet, elles ont débuté dès la fin 2011, dès le
mois d’octobre pour certaines régions, et se sont poursuivies tout au long du printemps 2012, dans les zones Est, Ouest et Sud. Un autre fait marquant dans le Sud et le
Sud-Ouest de la France est l’observation de vols plus tardifs, qui se sont poursuivis jusqu’en
octobre 2012. Certains territoires sont encore indemnes de ce ravageur : Lorraine, Creuse,
Haute Vienne, moitié Ouest Côtes d’Armor, moitié Nord Finistère. Le foyer observé en Nord Pas de Calais en 2011 a été éradiqué et en 2012, l’absence du ravageur a été constatée. La
situation est similaire en Champagne-Ardenne, où des papillons ont été capturés, mais aucun
nid n’a été signalé. Partout où il est présent, ce ravageur pose de nombreux problèmes en terme de défeuillaisons, mais aussi d’urtications.
La présence du tigre du platane, Corythucha
ciliata (Say.) (Figure 2) est qualifiée de marquante en 2012 du fait de sa présence régulière et de ses attaques importantes dans plusieurs régions. Des colonies de tigres du
platane ont été observées sur l’ensemble du territoire en 2012 à l’exception des régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Normandie. Le niveau des attaques est variable en fonction des régions. La pression a été importante dans les régions Alsace, Aquitaine, Bourgogne, Corse, Limousin, Midi-Pyrénées et localement en Lorraine. La pression a été moyenne à faible dans les régions Auvergne, Bretagne, Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Île-de-France, Pays de la Loire, Poitou-Charentes,
Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Rhône-Alpes. Les populations ont été observées à partir du mois d’avril et jusqu’au
mois d’octobre. Les migrations vers le houppier ont été visibles principalement pendant le mois
de mai. Par rapport aux années précédentes, les observations semblent indiquer une stabilité de la pression dans de nombreuses régions. Certaines régions ont même connu un recul de ce ravageur, peut-être dû aux conditions climatiques particulières du début d’année 2012. Il
peut également causer des désagréments au public par de légères piqûres : ces nuisances ont été relevées ponctuellement en 2012.
Figure 3 : Oïdium sur platane
Powdery mildew on plane leaves
(FREDON Ile de France)
Figure 4 : Symptômes de Black-Rot à
gauche et mineuse du marronnier à droite
Symptoms of Black-Rot on the left and Leaf Blotch of Horse-Chestnut tree on the right
(FDGDON 53 ) Les bioagresseurs d'incidence moyenne en 2012
Les bioagresseurs de cette catégorie sont fréquemment présents en zones non agricoles et
leur incidence en 2012 s’est avérée moyenne. Les nuisances sont généralement d’ordre
esthétique ou fonctionnel. Ils peuvent avoir des conséquences sur la santé humaine ou animale comme le bombyx cul-brun Euproctis chrysorrhoea(L.) dont les poils sont urticants.
La présence de ce ravageur a été moindre en 2012 mais s’est tout de même manifestée par
des spots importants, notamment en Ile-de-France.
L’oïdium du platane, Erysiphe platani (Howe)
(Figure 3), a été classé parmi les bioagresseurs
dont l’incidence est qualifiée de moyenne en 2012
au niveau national. En raison de son besoin de chaleur, on observe l’oïdium du platane surtout dans le Sud et le Sud-Est de la France. Les régions où ce champignon a causé de forts dégâts
sont Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur,
Languedoc- Roussillon et Corse. En Midi-Pyrénées, Bourgogne, Auvergne et Lorraine,
l’oïdium du platane a localement causé des dégâts importants à très importants (Auvergne). On
constate que l’incidence de cette maladie est
renforcée par une taille sévère des arbres. En
Corse et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur,
on observe que les arbres du littoral sont plus
attaqués que ceux se situant dans les terres en raison d’une humidité ambiante plus élevée.
En Rhône-Alpes, les premiers symptômes sont arrivés de manière tardive et soudaine à la fin mai, puis la pression a été plus importante que les années précédentes. En Bourgogne, la maladie a semblé en diminution par rapport aux années précédentes. En 2012, en Midi-Pyrénées et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, un pic d’intensité des dégâts à partir du mois
d’août a été constaté alors qu’habituellement, il n’est pas rare d’observer des platanes recouvert d’oïdium dès le mois de juillet. En Lorraine, la région la plus touchée au nord, les symptômes ont été observés de septembre à octobre. En Corse et en Provence-Alpes-Côte
d’Azur, l’oïdium a provoqué une défoliation
précoce des platanes à partir du mois d’août tandis qu’on ne l’observe pas ou très peu dans
les régions du Nord et du Nord-Ouest (Ile de France, Champagne-Ardenne, Picardie, …). De manière globale 2012 ne s’est pas démarquée
des autres années en ce qui concerne l’oïdium
du platane.
La maladie des taches rouges des feuilles du marronnierouBlack Rot est causée par le champignon Guignardia aesculi (Peck). Cette maladie est présente partout, aucune région ne semble indemne. En 2012, concernant la pression parasitaire, les attaques sont stables, voire en diminution par rapport aux années
précédentes ; excepté à l’Est en région
Auvergne et Bourgogne où les attaques du Black Rot ont eu des répercussions importantes avec des dessèchements du feuillage. Puis, toujours à l’Est, l’évolution des symptômes s’est ralentie voire stoppée à partir
d’août, compte tenu des conditions météorologiques plus sèches. Autre particularité de cette année 2012, un retard dans l’expression des symptômes a été constaté sur l’Ouest du pays.
Le Black Rot semble plus fulgurant sur les marronniers rouges (var. carnea), ce qui a été
fortement ressenti par quelques régions cette année (Ile de France, Centre, …). Il est à
souligner que la mineuse du marronnier (Cameraria ohridella D. & D.) s’installe moins sur
cette variété et qu’il peut y avoir confusion des symptômes avec le Black Rot (Figure 4).
Les bioagresseurs d'incidence faible en 2012
Les bioagresseurs regroupés dans cette catégorie sont couramment rencontrés sur les végétaux en zones non agricoles partout en France. Pour cette année 2012, leur incidence a
été faible à très faible. C’est le cas pour les acariens phytophages, les pucerons, les acariens, les chenilles phytophages, … qui ont été présents comme tous les ans, mais sans causer de dégâts significatifs. Ainsi, même sur les sites ayant présenté des dégâts significatifs, les années précédentes, l’acarien du tilleul,Eotetranychus tiliarum (Hermann), n’a pas causé de
dégâts en 2012. En 2012, les pucerons (Myzus sp., Aphis sp., Drepanosiphum sp.,
Eucallipterus sp.,…) étaient, de façon générale, moins présents, parfois à des niveaux stables,
selon les espèces végétales et les régions, du fait des conditions climatiques (pluies,
températures du début d’été plus faibles dans le nord de la France), de la présence notable de nombreux auxiliaires naturels et de la mise en place de la lutte biologique par de nombreuses collectivités. Seul le Limousin a observé une augmentation des populations de pucerons. Les cochenilles (Aspidiotus sp., Parthenolecanium sp., Eulecanium sp., Aulacaspis sp.…), elles aussi considérées comme des ravageurs courants, ont été présentes mais de façon moindre
par rapport aux années précédentes sur l’ensemble du territoire.
Bien que peu présents en 2012, ces bioagresseurs peuvent dans certaines conditions
favorables (climat, variétés, conduite culturale, …) engendrer des nuisances (miellat, aspect inesthétique, …). Ces nuisances doivent être modulées par rapport à la situation ou la valeur
du végétal : sites de prestiges, végétaux de collections, arbres patrimoniaux, …
EXEMPLES D’ESPECES EMERGENTES
L’émergence d’une nouvelle problématique peut être due principalement aux échanges commerciaux, mais aussi à un changement des conditions environnementales ou à une
mutation de l’organisme lui-même. Dans le cas du chancre bactérien du marronnier apparu en 2001 en France, la bactérie Pseudomonas syringae pv. Aesculi (Durgapal & Singh) responsable de la maladie, était probablement déjà présente auparavant à la surface
des arbres, sans provoquer de symptômes. Une des hypothèses pour expliquer l’acquisition du pouvoir pathogène de la bactérie est l’influence possible de stress biotiques ou
abiotiques, entraînant un affaiblissement des marronniers et une plus grande sensibilité au
développement de la maladie (Quennesson, et al., 2012). Une autre hypothèse est une
modification de la bactérie elle-même et l’émergence d’une souche plus agressive
(Quennesson et al., 2012). Mais dans de nombreux cas, l’émergence d’une nouvelle
problématique est liée à l’arrivée sur le territoire d’une espèce d’origine exotique, comme
Chalara fraxinea (Kowalski), champignon responsable de la chalarose du frêne, originaire
de l’Europe de l’Est.
L’épidémiosurveillance et l’étude des espèces émergentes permettent de mieux connaître la progression de ces organismes en France. Si nous nous intéressons aux espèces apparues
depuis une quinzaine d’années, nous pouvons constater que certaines sont capables de
coloniser la totalité du pays, comme la mineuse du marronnier Cameraria ohridella (D. & D.), apparue en 1998 et aujourd’hui présente sur tout le territoire. D’autres espèces restent
actuellement localisées sur une zone géographique relativement définie. Néanmoins, elles sont particulièrement problématiques dans les régions où elles se manifestent. Le papillon palmivore Paysandisia archon (Burmeister), détecté pour la première fois en France en
2001, a été observé en 2012, en Languedoc Roussillon, Provence Alpes Côte d’Azur et
intenses (développement anormal des bourgeons axillaires, dessèchement des palmes, voire mort des sujets) et croissants et entraîne des conséquences environnementales, paysagères et économiques à long terme (Andre et
Tixier-Malicorne, 2013). D’autres espèces
émergentes arrivées très récemment sont en pleine progression au cours de ces dernières années sur le territoire national. Depuis 2008, date de sa première détection en Haute Saône, la chalarose du frênes’est dispersée dans une moitié nord -est de la France, comme le montrent les suivis réalisés en milieu forestier par le Département de la Santé des Forêts et en milieu urbain et zones non agricoles par le réseau des FREDON-FDGDON (Figure 5). La pyrale du buis Cydalima perspectalis Walker détecté en 2008, provoque également des dégâts importants (défoliations, voire dépérissement du végétal) en espaces verts. Elle a été
observée en 2012 dans 4 régions françaises dispersées (Alsace, Ile-de-France, Midi-Pyrénées et Provence-Alpes-Côte-d’Azur) et sa progression en France est préoccupante et doit être surveillée. Enfin, certaines espèces telles que le capricorne asiatique Anoplophora glabripennis (Motschulsky), le tigre du chêne Corythucha arcuata (Say) ou Phytophthora lateralis (Tucker & Milbrath), restent encore peu ou pas présentes au sein de nos zones non agricoles. Mais elles représentent un risque potentiel pour nos végétaux, notamment parce
qu’elles sont développées dans les pays voisins et/ou parce qu’elles ont déjà été détectées
ponctuellement en France. Par exemple, le capricorne asiatique, insecte ravageur de
plantes ligneuses, fait l’objet de suivis spécifiques et des foyers sporadiques ont été
ponctuellement détectés en France, à la suite d’importations de bois. D’une manière
générale, une attention particulière doit donc être apportée à la détection de ces organismes.
CONCLUSION
La multitude des acteurs concernés par les enjeux économiques et paysagers liés à la santé des végétaux en zones non agricoles (gestionnaires d’espaces verts, collectivités locales, acteurs de loisirs et de tourismes, ..) montrent la nécessité d’un outil de communication
régionalisé qui les informe en temps réel des risques. Le BSV fonctionne grâce à la présence
d’un réseau d’observateurs dont il faut maintenir voire poursuivre le déploiement pour garantir l’efficacité de l’outil en terme d’état des lieux. Par ailleurs, le BSV souligne le manque de seuils
de nuisibilité concernant les végétaux des zones non agricoles.
Le bilan de l’épidémiosurveillance en zones non agricoles permet de situer l’année 2012 en
terme de pression parasitaire par rapport aux années précédentes pour les bioagresseurs courants que sont les pucerons, cochenilles, acariens, … Il alerte également sur les parasites émergents tels que la chalarose du frêne, dont le développement et l’expansion géographique
imposent une surveillance méticuleuse.
Certains de ces bioagresseurs ne s’arrêtent pas aux limites des zones non agricoles : il existe une continuité phytopathologique sur le territoire. C’est pourquoi, sur base des conclusions des Etats Généraux du Sanitaire s’étant déroulés en 2010, une nouvelle politique sanitaire du
végétal voit le jour actuellement en France. Cette dernière vise notamment à mettre en place
Figure 5 : Carte de présence de la
chalarose du frêne en 2012 Map of presence of ash dieback
Cartographies : E. ALGANS FREDON 34 - Données FREDON-FDGDON - Source : IGN-RGE
une approche globale des dangers sanitaires de l’ensemble des végétaux. En tant qu’organismes à vocation sanitaire (OVS), les FREDON piloteront les schémas sanitaires régionaux en cours d’élaboration. Cette nouvelle gouvernance s’est aussi donnée comme
objectif de consolider la surveillance biologique du territoire permettant d’éditer les BSV par la création d’une cellule nationale d’épidémiosurveillance végétale, dont l’objectif est de recenser
les dispositifs et outils existants, et de développer et d’harmoniser les méthodes utilisées.
REMERCIEMENTS
Merci aux animateurs des BSV en zones non agricoles et aux collègues des FREDON et FDGDON qui nous ont apporté les éléments permettant de rédiger cette publication. Merci notamment à Laurent REBILLARD de la FREDON Franche-Comté et Sophie QUENNESSON de la FREDON Nord Pas-de-Calais pour leurs informations sur les bioagresseurs émergents.
Merci à l’ensemble des observateurs du réseau d’épidémiosurveillance, sans qui les BSV
n’existeraient pas. BIBLIOGRAPHIE
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Colloque méditerranéen sur les ravageurs des palmiers – Nice – 16, 17 et 18 janvier 2013, 13 p.
CHAUVEL G. 1998, Stratégies de protection des arbres d’ornement en ville – Comment
déterminer et utiliser les « seuils d’intervention» - Phytoma La Défense des Végétaux, n°505, pp.20-27.
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PETIT Karine, AUBERT V., BODENDORFER J., LOREAU F., FLEICH, A., ROSSIGNOL R.,