3.3 Activités nitrifiantes
3.3.4 Détermination des paramètres cinétiques des populations nitrifiantes
3.3.4.3 Bilan
Le Tableau 19 présente l’ensemble des vitesses, des ratios OC/N et des paramètres mesurés
pour les échantillons de boues activées et de solution NB diluée dans des ESF, ainsi que les
valeurs théoriques et standard utilisés en modélisation pour des stations d’épuration
municipales.
Tableau 19 : récapitulatif des paramètres mesurés de la solution NB (1X), comparés aux paramètres des
boues activées
Paramètres Symboles Sol° NB Boues
actives
Théorie ou
standard Unités
Vitesse de nitrosation
maximale ρ
BAmax13,5 – 19,5 3,3 – 12,2 µ
BA.X
BA/Y
BAmg
N-NO2.L
-1
.h
-1Vitesse de nitratation ρ
BN1,8 2,4 – 11,9 µ
BA.X
BN/Y
BNmg
N-NO3.L
-1.h
-1Taux de croissance
maximal (nitrosation) µ
BAmax0,17 – 0,24 0,59 0,8
*
j
-1Constante d’affinité
pour l’ammonium K
NHB3,67 / 0,10
*
mg
N-NH4/L
Constante d’affinité
pour l’oxygène K
OBA0,56 / 0,20
*
mg
O2/L
Constante de
température θ 1,120 / 1,059
*/
OC
BA/N-NH
43,17 2,60 – 3,27 3,24 g
O2/g
N-NH4OC
BN/N-NO
21,12 0,76 – 1,06 1,08 g
O2/g
N-N02: Les symboles correspondant à la solution NB sont obtenus en remplaçant « B » par « S »
* Paramètres standard pour la modélisation proposés par le Cemagref d’après Choubert, et al. (2005)
et Marquot 2006
L’activité nitratante de la solution NB est faible (1,8 mg
N-NO3.L
-1.h
-1). Lors d’un ajout en boues
activées, seule l’activité nitrosante sera augmentée ce qui pourrait entrainer une accumulation
de nitrites si la vitesse de nitratation dans les boues n’est pas suffisante. Rappelons cependant
que l’étape limitante de la nitrification en station d’épuration municipale est généralement la
nitrosation.
Les constantes d’affinité pour l’oxygène et pour l’ammonium sont plus élevées pour les
bactéries nitrosantes de la solution NB (K
NHS= 3,67 mg
N-NH4/L et K
OSA= 0,56 mg
O2/L) que
pour des boues activées (K
NHB= 0,10 mg
N-NH4/L et K
OBA= 0,20 mg
O2/L), reflétant une plus
faible affinité des populations X
SApour ces substrats que celle des populations X
BA. Cette
observation semble indiquer que la solution NB contient une population nitrosante de
stratégie –r (faible affinité et for taux de croissance). Or le taux de croissance obtenu est faible
(≤ 0,24 j
-1) et contredit la définition de cette population comme stratège -r. Cependant, cette
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mesure semble être sous-estimée en raison d’une divergence entre les concentrations de
biomasse de l’équation théorique et les mesures directes des concentrations de biomasse en
DCO.
D’après les différences de constantes d’affinité entre les populations nitrosantes des boues
activées et celles de la solution NB présentées dans le Tableau 19, il apparait que les
concentrations du milieu en ammonium et en oxygène pourront être des facteurs de sélection
entre ces deux populations pour des boues bio-augmentées (boues + solution NB). Cependant,
les différences d’affinité entre les populations autochtones et celles de la solution étant
beaucoup plus importantes pour l’ammonium que pour l’oxygène, les concentrations en
ammonium seront plus discriminantes que le niveau d’oxygénation.
La constante de température mesurée pour la solution NB (θ=1,120) est supérieure à la valeur
standard de la modélisation (θ=1,059). La population nitrosante de la solution NB est donc
plus sensible aux baisses de température que les populations nitrosantes des boues activées.
Toutefois, cette comparaison est délicate car la constante de température standard de la
modélisation correspond aux variations de l’activité d’une biomasse d’un même système
acclimatée à différentes températures, et ne s’applique pas à une variation brutale de la
température. Or, la biomasse de la solution NB n’a été acclimatée à la température de mesure
que 15 à 17 heures avant l’injection.
Néanmoins, lors d’un ajout en station d’épuration, la biomasse de la solution commerciale
n’aura certainement pas été préalablement acclimatée en température. La constante de
température mesurée est donc représentative des différences d’activités attendues lors d’ajouts
de solution NB dans des milieux à différentes températures.
3.3.5 Conclusion
Les vitesses de nitrification ont été analysées par un suivi direct (analyses chimiques des
formes solubles d’azote minéral) et par respirométrie. Les observations suivantes ont été
réalisées :
• Les vitesses maximales de nitrosation (ρ
BAmax) sont comprises entre 3,7 et
12,5 mg
N-Nox.L
-1.h
-1, et les vitesses de nitratation (ρ
BN) mesurées sont comprises entre
2,7 et 12,9 mg
N-NO3.L
-1.h
-1.
• La comparaison des mesures de respiration et des mesures directes d’activité
nitrosante et nitratante a mis en évidence que les mesures respirométriques sous –
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estiment la respiration réellement liée à la nitrification. La cause de cette incohérence
est probablement l’activité nitrifiante liée au relargage d’ammonium durant la phase
de respiration endogène. Les mesures d’OUR ont en effet pu être recalculées à partir
des données du suivi chimique en incluant un terme correctif calculé par
l’augmentation des formes solubles d’azote minéral (N
minPR).
• Le ratio des vitesses de nitrosation et de nitratation (ρ
BA/ρ
BN) obtenu est équivalent au
ratio des biomasses nitrosantes et nitratantes (X
BA/X
BN) estimé par marquage FISH
pour une majorité d’échantillons.
• La comparaison des vitesses de nitrosation avec les données d’exploitation des stations
d’épuration échantillonnées confirme la corrélation entre la charge volumique azotée
et la vitesse de nitrification des boues activées.
• Les différents échantillons de solution NB dilués dans des eaux de sortie filtrées
présentent des vitesses de nitrosation de 13,5 à 19,5 mg
N-Nox.L
-1.h
-1et des vitesses de
nitratation inférieures à 1,2 mg
N-NO3.L
-1.h
-1.
• Les respirogrammes obtenus pour la solution NB diluée dans des ESF ne présentent
pas de respiration endogène, et les OUR mesurés correspondent aux vitesses mesurées
par analyses chimiques. Cette observation confirme l’hypothèse d’un effet de la
respiration endogène sur la mesure respirométrique dans le cas des boues activées.
Par ailleurs, la consommation d’oxygène total nécessaire à l’oxydation du substrat introduit a
été mesurée par l’aire sous la courbe respirométrique. Rapportées à la quantité de substrats
introduits elles ont été exprimées en ratios OC/N. Il a été observé que :
• Des écarts importants de ratios OC/N sont mesurés entre les différents échantillons de
boues activées, les ratios expérimentaux étant quasi systématiquement inférieurs de 5
à 29% au ratio théorique (4,26 g
O2/g
N).
• Ces écarts semblent être dus à des variations de l’activité endogène lors de l’ajout du
substrat.
• Les ratios OC/N des respirogrammes obtenus pour la solution NB diluée dans des ESF
correspondent aux ratios théoriques. Cette observation semble également confirmer
que les faibles ratios OC/N obtenus pour les boues sont liés à l’activité endogène.
En raison des écarts expérimentaux de consommation d’oxygène observés en boues activées,
les paramètres stœchiométriques (Y
BAet Y
BN) et cinétiques (K
NHBet K
NOB) des populations
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des boues activées n’ont pas pu être déterminés à partir des respirogrammes comme il avait
été envisagé.
Pour la solution NB, les constantes d’affinité pour l’ammonium et pour l’oxygène ont été
déterminés à partir de données respirométriques (K
NHS= 3,67 mg
N-NH4/L et K
OSA= 0,56
mg
O2/L), ainsi que la constante de température (θ = 1,120).
Toutefois, le couplage des vitesses expérimentales de nitrosation avec les concentrations en
biomasse nitrosante estimées pour la solution NB a conduit à remettre en cause la relation de
proportionnalité théorique liant la vitesse de réaction à la concentration en biomasse exprimée
en DCO, en fonction du taux de croissance (µ
SA) et du rendement de synthèse (Y
SA).
D’après les paramètres cinétiques obtenus, il apparait que la solution NB contient une
population nitratante presque inactive, et une population nitrosante qui s’apparente à une
stratégie-r (d’après les constantes d’affinité élevée), et qui est plus sensible aux faibles
températures que les populations autochtones.
Par ailleurs, rappelons que l’étude de l’activité endogène en lien avec la respiration associée
devra être poursuivie afin d’établir les liens entre la respiration endogène et la vitesse de
relargage d’ammonium, et afin d’observer d’éventuelles différences de comportement en
présence ou en absence d’ammonium.
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3.4 Bio-augmentation de boues activées
Le comportement des populations de la solution NB placée dans des boues activées
nitrifiantes a été étudié par respirométrie (complémenté d’un suivi des formes solubles
d’azote minéral). De tels essais de bio-augmentation ont été conduits à différentes reprises et
analysés à l’aide du modèle ASM_N (cf. § 2.5.1.2.1 de la partie « Matériel et méthodes »)
Par ailleurs, des expériences de décantation ont également été réalisées à partir des boues
bio-augmentées afin d’étudier le maintien ou non de la biomasse ajoutée dans les boues lors de
leur décantation.
Dans le document
Bio-augmentation de l'activité nitrifiante des boues activées
(Page 177-182)