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5.2 Les besoins

5.2.3 Le besoin d’estime de soi

Sous-hypothèse no3 :

La danse permet le développement de laconfiance en soi et aux autres, de l’estime de soi et de contrôler ses émotions. Ces éléments sont renforcés par le biais du ou de la professeure qui fait exister le danseur ou la danseuse, prend de ses nouvelles, l’encourage et le ou la conseille.

Pour cette sous-hypothèse, Isadora renforce son point de vue qui est que pour danser les danses latines il faut avoir accepté son corps, être à l’aise et se sentir belle. Ce sentiment, d’être en paix avec son corps n’est pas inné, il se développe au fil du temps et danser faciliterait ce cheminement. Accepter son corps, c’est déjà s’estimer.

Jorge amène une autre réponse à cette hypothèse. Petit, il avoue que pratiquer la danse ne jouait pas en sa faveur. Danser quand on est un garçon peut amener à être classifié dans des catégories qui ne sont parfois que des préjugés.

Les parents font plus de sport avec le garçon, l’invite à des évènements payants ou l’incite à regarder le sport à la télé. Quant aux filles, elles sont poussées par leurs parents à lire, à faire de la danse ou à cuisiner.

Des activités artistiques ou sportives en lien avec l’esthétisme ou les animaux pour les filles (natation, danse, gymnastique, équitation).

Pour les garçons (football, arts martiaux, vélo) et les domaines technologiques ( jeux vidéo, informatique) (Darmon, 2006, p.37-43).

Pour un jeune enfant, ces moqueries sont parfois dures à encaisser et brisent des convictions. Jorge n’a pas été épargné des commentaires, ce fut une période difficile mais qui l’a renforcé.

“Franchement, ça commencé presque tout de suite, les gamins ils sont cash, ils disent les choses mais quand j’étais petit ça ne me touchait pas trop, je pensais que je m’en foutais, j’ai gardé pas mal pour moi, même au cycle ça allait et c’est plus tard que c’est ressorti. Petit, ça ne m’a pas fait poser des questions ou quoi que soit. Mais au final, j’ai ressenti que ça m’avait plus affecté que ce que je pensais et à un moment, il y a eu un trop plein dont je ne m’attendais pas vraiment.”

( Jorge)

Le regard des autres lui a fait se poser de nombreuses questions. A un moment donné de sa vie il fut perdu, complètement en crise identitaire. Par la suite, la danse lui a permis de s’imposer ; à l’école, le fait qu’il danse à Noël redonne du crédit à son talent, le public est sensible à son art. Il se sent flatté par les commentaires, il retrouve confiance en lui. Petit à petit, la conviction de faire de la danse et le fait d’être content de sa pseudo-différence lui ont redonné confiance. Durant l’entretien, Jorge creuse un peu dans son passé et s’analyse ; il découvre que les dires des autres, l’avait fait douter de ce qu’il pensait réellement de lui, de ce qu’il était réellement, de ce qu’il valait. Il était perdu mais ses parents ont répondu présents, ils ont joué leurs rôles, surtout sa mère. Il a pu discuter avec cette dernière et avancer, reprendre confiance en lui. Il qualifie cette période de sa vie de "crise identitaire". Désormais, il a accepté et se sent bien.

Nous avons vu précédemment que les parents ont un rôle à jouer : Si les parents se manifestent pendant que l’individu tente de maîtriser une pratique artistique ou sportive et que leurs réactions sont des encouragements à réitérer ou des félicitations, ils rempliront deux fonctions :

Informationnelle leur enfant peut évaluer son degré de réussite.

Motivationnelle/émotionnelle la motivation pour être compétent est redynamisée. Les encouragements des parents influencent favorablement chez l’enfant :

– sa perception de compétence sportive – les valeurs qu’il octroie à son sport – le plaisir qu’il a de l’exercer

La confiance en soi, entraîne l’acceptation de son corps et de sa propre estime.

Sylvie qui danse du contemporain est très consciente du rôle de la confiance en matière de danse. “J’ai besoin d’une énorme confiance”. La technique de la danse contemporaine comprend des improvisations. Ces dernières sont des moments de danse libre, l’élève danse sans imiter, il ou elle exerce des mouvements dans l’ordre qu’il ou elle souhaite. Parfois, le ou la professeure peut demander un thème, un sentiment, une directive que l’élève doit interpréter. Selon les souhaits du ou de la professeure, les improvisations ne sont pas faciles à exécuter. Il faut oser se lancer, sans peur d’être ridicule et sans se préoccuper du regard de l’autre. C’est de ces moments-là que Sylvie parlait en exprimant son besoin

d’être en confiance et d’avoir confiance en elle. C’est avec le temps que les jeunes évoluent et apprennent à oser davantage, se mettre dans la danse de tout leur corps et leur esprit. Danser avec des amies proches semble apporter une plus-value. Les difficultés s’atténuent et le sentiment de confiance se renforce. Sylvie explique se sentir plus à l’aise lorsqu’elle doit danser avec son amie Polina.

“J’ai plus confiance avec Polina parce que je la connais et je sais que..., ce n’est pas parce qu’elle danse bien mais je sais qu’elle me connaît, elle sait comment faire, enfin c’est avec le temps. Depuis tout le temps, on fait la danse ensemble, on a grandi ensemble en fait.”

Le fait d’évoluer dans sa discipline, de remarquer que l’on progresse, de pouvoir le mon-trer et enfin d’être félicitée, donne confiance en soi. Les représentations et spectacles de fin d’année sont une opportunité pour les jeunes de montrer leur talent. Les félicitations qu’engendre ce genre d’évènement favorise la confiance que le ou la jeune a en soi. Le fait de visionner, par après, sa prestation peut également avoir des effets bénéfiques sur l’adolescente.

Élisabeth nous apporte la même réponse mais nuancée. Elle confirme être perfectionniste, répéter avant le spectacle, s’entraîner à la maison pour être au top. C’est une battante. En travaillant ses mouvements, elle évite les remarques péjoratives de sa professeure. Elle reconnait que ses efforts ont payé car elle participe toujours à l’entier du spectacle. Elle a besoin d’être valorisée, les encouragements de sa professeure touchent l’estime qu’elle a d’elle-même. La danse lui permet de se développer et de ressentir une satisfaction person-nelle. On peut déduire que la confiance en soi et l’estime de soi sont renforcées par le biais du professeur qui fait exister le danseur ou la danseuse, prend de ses nouvelles, l’encourage et le ou la conseille.

A présent, analysons les avis de l’échantillon concernant la gestion de leurs émotions. La danse a-t-elle un impact sur l’expression des émotions ?

Quatre personnes sur huit affirment ressentir parfois le besoin de danser pour évacuer leurs émotions.

Isadora danse après une journée de travail conséquente et adapte les musiques selon son état.

Jorge, se dit sensible, il prend l’ambiance qu’il y a autour de lui. Les quatre jeunes ont affirmé mieux s’extérioriser en dansant seules dans leur maison qu’en cours de danse. Agnès, pour sa part, voit la danse comme un complément dans sa gestion des émotions. Introvertie, réservée, elle a du mal à se présenter en tant que personne, d’assumer qui elle est. La danse est une thérapie qui lui permet de s’exprimer, de se présenter, ce qu’elle ne fait pas devant quelqu’un ou un groupe. C’est une aide précieuse qui lui permet de s’estimer. Élisabeth est impulsive, elle exprime ses ressentis sans trop de diplomatie. Ses émotions influencent sa manière de danser. Sur les nerfs, elle se concentre plus, force les mouvements pour, le lendemain, ressentir des courbatures. Par l’effort, elle se décharge. Le contexte de la

danse lui permet d’apprendre à maîtriser son impulsivité. Deux personnes n’ont pas donné leur avis sur cette question.

Synthèse

La danse facilite le développement de la confiance en soi. Effectivement, pour danser il est nécessaire de s’affirmer, d’exposer son corps et cela demande un sentiment de sûreté sans aucun doute lié à la confiance en soi. Cette dernière aptitude peut être acquise à travers l’entraînement, les représentations, lorsque les jeunes constatent leurs progrès et que leur professeure le remarque. Apparemment, pour avoir confiance en soi en danse, l’acceptation de son corps est primordial. Si la danse permet d’accroître la confiance en soi, elle peut également la faire diminuer. En effet, lorsque cette activité est exercée par des garçons, il n’est pas rare d’entendre des commentaires désagréables et des préjugés. Quand cette situation se présente, le jeune peut être profondément blessé et douter de lui.

Concernant, la confiance envers les autres, elle se développe avec le temps, l’entraînement et va de paire avec la confiance en sa propre personne. Si des liens d’amitié sont antérieure-ment créés, la cohésion et la confiance dans le groupe ou avec le ou la partenaire sont plus fortes et prendront plus rapidement de la valeur.

Enfin, se défouler en dansant permet de s’extérioriser, d’évacuer le stress de la vie quoti-dienne, de libérer ses émotions. Six jeunes sur huit utilisent la danse comme complément à la gestion de leurs émotions. La plupart danse chez soi car il est plus facile de se laisser aller complètement. De plus, par un effort plus ou moins conséquent les jeunes peuvent se décharger.