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5.2 Les besoins

5.2.2 Le besoin d’appartenance à un groupe

Sous-hypothèse no2 :

La danse évite l’isolement. De plus, le club ou l’école de danse a une fonction sociale importante.

L’ensemble de l’échantillon danse dans une école de danse avec des professeures qualifiées. Une jeune femme explique que depuis très jeune elle est habituée à danser dans une école, les miroirs, la stéréo, les haut-parleurs forgent un environnement qui lui plaît. Certaines n’avaient pas d’autres opportunités pour apprendre ce sport. Un autre argument évoqué par

l’échantillon est le professeur qui présent devant ses élèves peut les corriger en vue d’une progression. De plus, ce dernier répond aux questions, c’est un professionnel. L’élève peut s’il ou si elle n’a pas compris, demander une explication. L’élève apprend plus facilement. Synthèse

L’échantillon est formel, la danse évite l’isolement. Se rendre dans une école permet de ne pas rester cloîtrer chez soi, d’être en communauté. Les jeunes argumentent en soulignant que lorsque l’on peut montrer son art c’est encore mieux. De plus, l’école de danse permet de partager sa passion avec d’autres passionnées et finalement d’accéder à un public, ce qui est le plus important. Presque tous ressentent le besoin de voir d’autres personnes, de partager quelque chose dans la danse, rencontrer des gens, rigoler et discuter.

Sous-hypothèse no2 suite :

Elle est facilitatrice d’échanges et de contacts corporels.

La danse de couple est surement le meilleur exemple pour parler de contacts corporels. La danse facilite les échanges et les contacts corporels, elle enseigne aux adolescentes à partager leur corps de manière appropriée et saine. Par la pratique de la danse de couple, Isadora a dû, en début d’adolescence, apprendre à se laisser guider par un homme, à le toucher, à accepter qu’il la touche, à se faire enlacer par un homme qu’elle ne connaissait pas. Elle a même, par le biais du milieu de la danse, connu sa première relation amoureuse. C’est à la suite des cours que débuta sa relation avec son ancien professeur de danse. Elle répond à la question de l’impact de la danse sur son couple :

“C’est tout des rapprochements, c’est une danse magnifique [parlant de la salsa] à faire en couple pour l’aspect sensuel, séducteur, le toucher et l’intimité avec l’autre. Ca m’a permis de me rapprocher de cette personne.”

(Isadora) Sylvie, par le biais du contemporain, pratique de la danse contact-improvisation. Cette dernière consiste à danser à deux ou à plusieurs en essayant de s’accorder de manière spontanée et libre. C’est une recherche de mouvements intérieurs mais en cheminant avec l’autre. Cette technique demande de la confiance en soi et à l’autre. C’est une approche particulière du corps de l’autre. Elle explique ce que le contemporain lui apporte au niveau du contact et les besoins nécessaires pour exécuter cette danse.

“D’abord, t’apprends à être en contact avec l’autre, à connaître le corps de l’autre. A connaître un autre corps quand je danse avec quelqu’un d’autre. Tu dois t’habituer, essayer de te mettre en contact, que ça marche de danser avec, tu ne dois pas être seule donc prendre conscience aussi de l’autre.”

(Sylvie)

“Ressentir l’énergie de l’autre, bon après les portés là c’est plus technique alors là tu sens moins l’autre. Par exemple quand on fait des roulades, on doit vraiment sentir le corps de l’autre...moi je porte toujours Polina1

parce que j’ai plus le profil pour porter.”

(Sylvie)

Synthèse

Cette sous-hypothèse est validée car la danse permet de réunir des hommes et des femmes pourvus d’une envie commune d’exécuter des mouvements ensemble. De plus, la danse favorise le contact corporel mais de manière respectueuse. Danser en duo, c’est briser la distance intime, c’est reconnaitre l’autre, écouter les deux corps en mouvements. La danse amène l’adolescente à prendre conscience de son identité sexuelle et permet une approche vers le sexe opposé de façon adéquate et graduelle.

Sous-hypothèse no2 suite :

Elle permet lacréation de liens et donc la possibilité de s’intégrer dans un groupe. Il est certain que la pratique de cette activité amène à connaitre de nouvelles personnes et à créer des liens mais quand celle-ci devient une profession, il n’en est pas de même. Agnès, raconte que comme elle était plutôt douée déjà enfant, sa professeure avait tendance à la mettre en avant. Elle se retrouvait ainsi, dans le groupe des grands et dans celui de son âge. Cette place était étrange, elle passait pour "l’intello". Au conservatoire, les relations évo-luèrent, il y eut de la bonne émulation, il fallait du niveau, des professeures compétentes. D’autre part, lorsque l’on est professionnelle, on voit le temps disponible pour la famille et les amies diminuer.

1. Polina est une fille qu’elle a connue par l’école de danse, elles suivent les mêmes cours et sont devenues

“Mais il y a quand même eu des moments où je privilégiais mes moments familiaux. J’étais dans un rythme école-danse, métro, dodo, c’était vraiment ça et j’avais plus de place. J’ai fait des sacrifices par rapport à la famille et à ma vie en tant qu’adolescente, je sais que j’ai fait des sacrifices mais ça ne me gênait pas parce que je faisais ça par passion pour la danse et pour les études aussi, parce que les études scolaires qu’on a eues, moi je les ai suivies en même temps que la danse.”

(Agnès) La danse a permis à six personnes sur huit d’être moins timides, plus ouvertes à l’autre. De plus, nombreuses sont les personnes qui ont senti leur intégration au groupe facilitée. Martha pense que parce qu’elle a fréquenté, depuis toute petite, des cours divers, elle ose davantage faire connaissance avec des inconnues et elle a appris à mieux parler aux gens, sans être trop timide.

Il en va de même pour Élisabeth qui, de nature timide, a pu par la danse s’intégrer dans un groupe et faire des nouvelles rencontres. De plus, la relation qu’elle avait entretenue avec ses copines de la danse était différente d’avec les autres. Ensemble, elles avaient un but commun, elles faisaient des efforts ensemble.

Pour Sylvie, les spectacles ont aussi joué un rôle dans son extraversion. Les peurs de l’in-connu, du commencement se sont transformées en ouverture sociale. Elle ajoute apprécier danser avec d’autres danseurs et danseuses lorsqu’il y a un esprit de groupe.

Plusieurs personnes ont expliqué comment les cours de danse ont diminué leur timidité. Lorsqu’ils ou elles ont acquis une certaine maturité, se rendre dans une nouvelle école pour un stage ou un cours ne leur fait plus peur. Ils ou elles admettent s’intégrer rapidement et d’autant plus vite s’il ou elles sont douées. La capacité à bien danser entre en ligne de compte dans l’intégration d’une nouvelle jeune dans une classe ou un groupe de danse. Si le ou la jeune danse soit trop, soit pas assez bien il ou elle sera exclut de toute manière.

“Là, dernièrement, je suis rentré à l’Académie Swiss Dance2, j’avais un peu peur de comment j’allais m’intégrer et ça s’est très bien passé parce qu’aussi je ne dansais pas trop mal. J’ai pu m’intégrer au niveau de la danse, du coup je me suis fait plein d’amis.”

( Jorge) Des stages à l’étranger et des compétitions ont poussé Jorge à s’extérioriser et à s’imposer. Dans un premier temps, pratiquer cet art a accentué sa différence. “Ce n’est pas normal qu’un garçon fasse de la danse”. Dans l’esprit des gens ce n’est pas la normalité toutefois Jorge en est très fier. En outre, parce qu’il savait qu’il pouvait à travers la danse, seul chez lui, exprimer ses ressentis, sa timidité a été un peu renforcée au commencement de sa pratique.

2. Nom d’emprunt

Par la suite, les relations amicales créées par le biais de la danse lui ont permis de s’ouvrir davantage. En revanche, il se retrouve très souvent avec des filles :

“J’ai été habitué à parler avec des filles et du coup je trouve les discussions de filles beaucoup plus intéressantes que les discussions de garçons et des fois je vois, j’ai de la peine...plus maintenant parce que j’arrive à un certain âge où je trouve aussi les garçons intéressants comme ils parlent, leurs discussions mais à une époque discuter avec un garçon enfin parler de foot, de voiture...alors que les filles discutent de tout et de rien et moi j’étais habitué à ça, un contact beaucoup plus facile avec les filles.”

( Jorge) On ne pratique pas la danse seulement dans une école. Suite à la création des liens, des amitiés se fondent et les jeunes passionnées se réunissent parfois pour créer des groupes de danse.

“On a fait des groupes depuis le début du collège ; on inventait nos chorégraphies toutes seules, on se voyait le week-end, on essayait de faire des spectacles, de participer... à la Foire du Valais par exemple, nous avions dansé des chorégraphies que l’on avait fait nous-mêmes.”

(Pina) Les amies de la danse deviennent parfois les personnes les plus proches des adolescentes comme le démontrait le tableau 2.4 page 38, concernant le choix du confident en fonction de la pratique sportive, selon l’étude française tirée de l’ouvrage de Le Breton3.

“Et les filles du cours de danse, nous avons tendance à nous revoir le week-end ou lors des vacances, avec le prof de danse on va manger quelque part ou comme ça. Et je pense que oui, ce sont des personnes avec qui je m’entends très très bien, vu qu’on partage les mêmes centres d’intérêts.”

(Pina)

Synthèse

Dans le monde de la danse professionnelle, se faire des amis n’est pas toujours évident. Petite, lorsque le talent est remarqué, il semblerait que l’enfant peut être très vite catégorisée. Plus tard, quand il ou elle se lance dans la profession, les camarades de classes deviennent des rivaux ou des rivales. Tous et toutes veulent être les meilleures. Enfin, une fois le danseur ou la danseuse confirmée, ce sont les tournées qui commencent hors de la ville, du pays, du continent. Dans cette situation, il est difficile de garder des contacts d’autant plus que l’entraînement que ce métier demande n’aide en aucun cas à la création de liens.

En revanche, pour les non-professionnelles qui dansent par passion ou par loisir, cette pratique est bénéfique dans le domaine des relations. Effectivement, le fait de fréquenter des cours, facilite le processus d’intégration et cela reste valable dans les situations de la vie quotidienne. Aussi, avec le temps, la timidité que ressentent certaines jeunes s’atténue. Fréquenter un nouveau lieu, débouche parfois sur des relations amoureuses ou d’amitiés. Enfin, la danse rassemble des passionnées qui créent des troupes de danse.