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5.3 Les tâches développementales

5.3.2 Adopter un comportement social

Sous-hypothèse no2 :

La danse inculque au jeune de ladiscipline, du savoir-être et la notion d’entraide. Elle amène le ou la jeune à observer desrègles, à respecter les individus et incite à la collaboration.

Cette sous-hypothèse découle du système des valeurs et du savoir-vivre. Lorsque ces thèmes ont été abordés dans les interviews, de nombreuses notions très intéressantes sont ressorties. La première valeur citée par les adolescentes est le respect. Nommé par la totalité de l’échantillon, il regroupe :

Le respect du professeur Si le ou la professeure a peu de différence d’âge avec ses élèves, la relation change et la forme de respect également. Toutefois, cet apprentissage se fait qu’importe l’âge du ou de la pédagogue.

Le respect des plus anciennes En général, dans chaque classe de danse, une hiérarchie se forme. On remarque cette hiérarchie grâce à sa principale caractéristique ; les

places des élèves dans la salle. Effectivement, les plus expérimentées se retrouvent fréquemment dans les premiers rangs lors des entraînements. Aussi, il faut du temps pour réussir à "grader" dans les places. Comme vu précédemment, le niveau en danse tient également un rôle important dans leur intégration.

Le respect des horaires Comme dans tout sport, activité ou loisir, dans les écoles de danse, la ponctualité est de rigueur. Cela s’apprend avec le temps et la maturité. Pour les semi et professionnelles, l’apprentissage va au-delà du simple fait d’arriver à l’heure en cours mais c’est une discipline se calculant minute par minute, qu’ils ou elles doivent gérer.

“La vie que j’ai eu à l’école, elle est vraiment, tellement minutée que ça nous apprend déjà à être à l’heure, à suivre un rythme très intense, parce que l’on doit être et à l’école et à la danse, faut faire vite pour manger, pour ceci, pour cela donc du coup, c’est vrai que l’on peut vite se mettre de côté.”

(Agnès)

Le respect des autres Danser dans une école ou un centre de loisirs amène à se retrouver en communauté. Par conséquent, la politesse est une valeur primordiale. Par ailleurs, pour danser en groupe et afin que les cours se déroulent au mieux pour tous les élèves, il est important de laisser de côté une partie de son sentiment d’individualité. Finalement, après cela on peut être amené à respecter les autres en dehors du contexte de la danse. En outre, il faut intégrer la notion du non-jugement car l’erreur est humaine, tout individu peut commettre des fautes en danse. A travers le respect des autres, Pina parle d’une nouvelle notion ; le fair-play. Elle a dû faire preuve de fair-play dans les différents concours de danse auxquels elle a participé.

Caroline amène le fait que tous les élèves n’ont pas le même niveau et là, aussi, il faut faire preuve de respect et de tolérance.

Le respect des locaux et du personnel engagé par les écoles.

Au fil des entraînements, une sorte de rituel s’installe au niveau des classes de danse. Chacune sait où il ou elle doit se mettre, connaît le déroulement du cours, apprend une certaine discipline comme le témoigne Elisabeth :

“On arrive, on discute déjà toujours un moment dans le vestiaire, ensuite on se met en route, elle met la musique et ça vient tout seul. On se met toutes seules à nos places, on sait que l’échauffement c’est toujours le même, à part si elle fait un nouvel échauffement. Mais d’habitude, il n’y a pas beaucoup de communication verbale, on la suit et après elle nous corrige. On sait ce qui vient dans quel ordre et on se met directement à nos places. Après on rigole beaucoup, elle a une façon de nous dire quand nous faisons un truc plus ou moins faux, elle vient et elle le prend à la rigolade.”

Concernant le savoir-vivre, la notion de la posture a été énoncée. En effet, dans certaines disciplines de danse (en classique surtout), l’individu doit adopter une posture droite, rigide, ne pas être avachie sur sa colonne vertébrale mais ressentir un fil sur sa tête qui le ou la suspend au plafond. Ainsi, avec les années de pratique, les élèves danseurs et danseuses prennent parfois conscience du bienfait de cette posture ergonomique, qui donne de l’as-surance et préserve le dos. C’est pourquoi, il n’est pas rare que des élèves transposent cet apprentissage dans leur vie quotidienne et font plus attention à leur démarche et leurs postures.

Les personnes qui dansent depuis leur plus jeune âge, se rendent compte en grandissant que les cours de danse évoluent. Tout devient plus académique surtout pour ceux et celles qui s’investissent de manière plus intense. Ces personnes remarquent le changement du ou de la professeure en matière d’enseignement ; il ou elle devient plus stricte, les rigolades sont de moins en moins tolérées, le sérieux est préconisé. Ces modifications engendrent généralement chez les adolescentes une implication plus importante dans la danse :

“Quand on était petites, on parlait, c’était vraiment la catastrophe, puis en grandissant, aussi on apprend que ce n’est plus comme quand on était petites, ce n’est plus juste un truc à faire en dehors de l’école, maintenant c’est devenu plus (..), ce n’est pas que je vais faire ça de ma vie, mais c’est devenu plus important, la danse ç’a pris plus de place dans ma vie. Là déjà, tu te dis ok, je suis là, je travaille, je fais, j’écoute Maurice, j’écoute les profs. Avant moins, enfin ça m’a appris que ce n’est pas parce que c’est un loisir que tu peux faire ce que tu veux, il y a quand même des règles à suivre.” (Sylvie) Agnès, la danseuse professionnelle, pense que la danse est une bonne échelle de valeurs, la base de la discipline et demande de la rigueur. Pour évoquer les thèmes : système de valeurs et savoir-vivre, elle complète sa réponse avec les notions suivantes :

– Le rapport aux gens – Le partage

– La confiance

– L’écoute de son corps :

“Enfin, ce sont des détails, on va dire physiques mais se sensibiliser à ces subtilités là font très vite que ça se retrouve dans les rapports humains en fait ; l’écoute de quelqu’un qui ne va pas bien ou qui a besoin d’être entouré. Alors là, je pense que ça va avec une maturité qui intègre assez facilement et qui se développe de pair avec toutes ces notions de danse, ces notions d’écoute, de partage.”

(Agnès) – L’individualité :

“Parce que pour être en groupe, on a aussi besoin, chacun, d’être des unités, des individus donc aussi à s’écouter soi, à être en lien avec soi-même pour être bien avec le groupe aussi et je crois que c’est les principales valeurs.”

(Agnès)

Elle rajoute que la danse était une école de vie :"on n’arrive à rien sans rien !". La pratique a permis l’évolution de sa personnalité. La danse lui donne la force d’affronter les choses les plus délicates et lui fait sentir être soi. En outre, Agnès ne se voit pas faire autre chose, elle a toujours eu ça en elle. La danse et sa personnalité sont pour elle des fils qui vont les uns à côtés des autres et qui se nourrissent réciproquement.

En guise de conclusion, elle donne un nouvel aperçu de la vie des danseurs et danseuses. Cependant, cela ne concerne pas l’hypothèse véritablement mais son témoignage semble intéressant à relever afin de connaître les enjeux de la danse professionnelle. Le danseur ou la danseuse doit toujours s’entraîner, entretenir son corps et n’a pas de contrat. Il ou elle a sa propre école, il ou elle est seule. Il ou elle choisit ses cours, son école, comment organiser sa journée, son temps de repos. La vie professionnelle en danse n’est pas évidente, il faut la gérer en étant son propre patron. Pour découvrir la vie d’une danseuse professionnelle, le témoignage de Ludmila Pagliero a été annexé à l’étude. (Annexe 3)

Martha parle de son expérience et de l’impact de la danse sur ses apprentissages. Elle souligne :

L’écoute de l’autre Afin de réceptionner sa collègue lors de portés par exemple, il est important d’être à l’écoute, de percevoir les bonnes choses.

La concentration Même exemple qu’au-dessus, pour ressentir l’autre et bien la récep-tionner, une concentration intense est primordiale. Elle rajoute que la concentration lui a aussi beaucoup apporté pour l’école.

Le calme il n’est pas rare que, sur scène, un imprévu se passe, on perd un élément du costume, sa chaussure. Dans ces cas là, il faut impérativement garder son calme et ne pas paniquer.

Relativiser Dans des situations délicates, mieux vaut parfois faire abstraction du détail qui cloche et continuer sa prestation. Relativiser permet de ne pas paniquer, de mesurer les choses avec raison, à leur juste valeur et enfin de choisir la meilleure solution. Gestion de la douleur Malgré un poignet foulé, la jeune femme se rend tout de même

en cours de danse, par respect pour le professeur et pour ne pas perdre la matière. Après, tout est une question de dosage du mouvement, de la gestion de la douleur.

Après l’abstraction de la douleur, la danse demande de faire abstraction du ridicule, si l’on s’en tient aux dires de Sylvie qui apporte du nouveau à cette sous-hypothèse. Ne pas se sentir gênée face aux grandes personnes, s’ouvrir le plus possible, surtout en danse contemporaine. Avec le temps, cette jeune femme a appris à se conditionner mentalement afin de danser au mieux et elle transpose cet état d’esprit hors de la danse.

“Par exemple, quand je n’arrive pas à faire quelque chose, dans ma tête, c’est : je n’arrive pas, je n’arrive pas et Maurice, lui répète, chaque fois, de se dire que l’on peut y arriver et à la fin on y arrive. En conclusion, même après dans la vie, tu peux y arriver si tu te dis que tu y arrives.”

(Sylvie) A la base, ce sont les parents de Jorge qui lui ont inculqué ses valeurs mais la danse les a aussi renforcées. En introduction, il explique que parfois, il fut confronté à de drôles de situations où il a été obligé de mettre plus en avant ses valeurs que ses ambitions. Effective-ment, à des moments précis de sa vie, il aurait pu commettre des actes contraires à l’éthique pour aller plus loin mais heureusement, ses parents lui avaient inculqué les bonnes valeurs. D’autre part, il pense que garder ses valeurs dans le monde de la danse professionnelle est très difficile. Or, pour lui, devenir danseur professionnel n’est pas un aboutissement en soi, l’essentiel c’est de danser.

Autrement au niveau du savoir-vivre, Jorge a cité :

La capacité d’obéissance Vu précédemment le respect du ou de la professeure et de son enseignement est quelque chose d’important aux yeux des adolescentes. Obéir à ses consignes, accepter au mieux ses remarques, tenir compte de ses conseils sont nécessaires pour une progression efficace et plus rapide.

La persévérance L’importance de persister dans la vie pour aller plus loin.

La volonté, la ténacité Valeurs également essentielles pour avancer dans la vie et pro-gresser en danse. Être tenace est un avantage dans cette activité.

L’application Être appliquée demande différentes capacités et permet de progresser plus rapidement.

La précision Dans certaines disciplines, la précision est obligatoire pour maîtriser un mouvement (tours, portés, figures en danse de couple).

La discipline Jorge ne peux se permettre de sortir tout le temps. Entre la danse et les devoirs, il n’a pas le temps de se divertir beaucoup. Il apprend alors à s’imposer et à respecter une certaine discipline."‘Je n’ai pas le choix, je suis obligé d’être très discipliné. Mon temps est compté".

Enfin, tout comme Martha, Jorge pense qu’il est nécessaire d’apprendre à faire abstraction de la douleur. Il explique qu’en danse classique surtout, le danseur ou la danseuse doit être capable de souffrir pour progresser. Les mouvements et les postures ne sont pas toujours naturels donc pas toujours agréables et l’individu peut ressentir des douleurs.

“(...) je pense, notamment en danse classique qu’il ne faut pas avoir peur de se faire du mal. En fait, tout le temps quand on fait une jambe à la barre ou des trucs comme ça, c’est de la torture (...) mais c’est de la torture bénéfique qui t’apporte. Alors, il faut être prêt à “souffrir” pour progresser et pour améliorer ton mouvement, améliorer ta technique, améliorer tout.”

( Jorge) Caroline valide enfin l’hypothèse en parlant de la solidarité :"Il faut être solidaires les uns aux autres, ne pas empiéter sur les autres". De plus, elle mentionne :

La distance Au commencement de la pratique, il n’est pas toujours évident de danser en groupe. Il y a une distance à trouver.

La discipline et la rigueur Avant de danser des chorégraphies, un entraînement s’impose et des exercices à réaliser également.

“Pour cela, il faut être rigoureux sans compter que la danse c’est un sport que l’on doit pratiquer longtemps, un art quand même bien dicté, en tout cas si l’on prend le classique, c’est précis, c’est quelque chose qui demande de la discipline.”

(Caroline) La gestion de groupe Certaines jeunes ont la chance de pouvoir déjà transmettre leurs

compétences. Par du coaching ou de l’enseignement, ils ou elles apprennent à gérer un groupe et des conflits ce qui est utile dans la vie quotidienne. Ces capacités leur font gagner en maturité et les rendent responsables.

La mémoire Il est indispensable pour danser de se souvenir des chorégraphies, de la manière d’exécuter les mouvements, des conseils des professeures, des noms des positions, des sauts, des exercices de la barre, des figures, des acrobaties, des pas et de tous les mouvements spécifiques à chaque discipline.

Se surpasser Progresser amène le jeune à pousser les limites de son corps et à éprouver du plaisir.

Isadora cite en dernier lieu :

L’ouverture d’esprit Danser c’est s’ouvrir aux autres, aux différentes cultures dont les sortes de danses sont issues.

Enfin, Elisabeth ajoute :

La gestion du stress Avec l’expérience, le stress avant une représentation tend à diminuer. Les jeunes sont plus posées, plus calmes avant un spectacle.

Voulant éviter la répétition, un tableau "Synthèse des résultats" à été inséré en fin d’analyse, chapitre 5.5, page 110.