• Aucun résultat trouvé

Bergy d’Algérie

Dans le document Td corrigé Les Miettes pdf (Page 31-39)

Bajazet Bergy

Bergy père de Paul et une fille. Oran 1950. 43 bis fd du Télemly. Alger A compléter.12

Eugènie : (Gagneux) 1863-1935 (72 ans)

Mes culbutes

Il était écrit que, dans mon enfance, je ferais ample connaissance avec la cave et que je m’exercerais à la voltige dans l’escalier. J’avais quelques mois en 187313. Eugènie me portait dans ses bras près de la cave. Qu’advint-il ? la porte s’ouvrit-elle toute seule ?... Le fait est qu’elle me lâcha. Je dégringole de marche en marche jusqu’en bas. Eugènie jette un cri d’horreur et se précipite... à ma poursuite, comme bien vous le pensez ; mais mes glapissements, à moi, dépassaient les siens. "Je mettais la main sur ta bouche pour que Mère ne t’entende pas. Cependant tes hurlement me rassuraient. Un gaillard capable d’en pousser de tels, prouvait qu’il était bien en voix... Rien de cassé. D’ailleurs, à cet âge là, les os sont élastiques." Ce fut mon premier apprentissage de la vie humaine.

Des culbutes ! je devais en faire bien d’autres. J’étais passé maître à mon premier essai... Au Liban, à 50 ou 60 ans, j’examinais paisible un silex taillé paléolithique, quand de fins galets de montagne roulent sous mes pieds comme des billes... Alors je roule aussi en cylindre. Je m’arrêtai au fond du ravin, sans le moindre mal, ou presque. Ma tête n’avait fait que frôler une roche. Une autre fois, je descendais une ancienne falaise. Une pierre sur

11- Entre nous, c’était souvent la petite guerre. Si moitié riant, moitié vexé, je disais « Mère, tu le vois, elles se moquent de moi. » Réponse : « Appelle les moqueuses de bête ."

12- note de l’auteur.

13- né le 12 mai.

laquelle je comptais me reste dans la main. Je glisse plaqué sur la falaise et me retrouve indemne 5 ou 6 mètres plus bas sur mes jambes. Encore une autre fois, je saute d’un rocher à un autre... très maladroitement. Oh mes pauvres côtes ! Je crus en avoir une demi-douzaine enfoncées. Je revins respirant à peine de la montagne à la ferme de Tanaïl (5 ou 6 km) avec nombre de stations. Mais je ne dis rien à personne ; on eut appelé le médecin qui, par devoir professionnel m’aurait certainement trouvé quelque chose de cassé et condamné au lit pour des semaines. Mon dernier exploit date de 1942 (?), dans la propriété même de Tanaïl. Dans une ravine de rien du tout, je tombe en arrière sur la tête... je reste sans connaissance et me réveille... sur un lit de jolis cailloux blancs la tête à demi-plongée dans la fraîcheur d’un gai ruisseau... où coulait aussi mon sang. Un simple accroc de 7 centimètres, à angle droit, dans la peau du crâne. Ce fut rapidement recousu au catgut. Je n’ai plus qu’un escalier à descendre, sous la chapelle14, mais ce sera moins vite qu’avec la méthode d’Eugènie, porté par 4 épaules vigoureuses. Quand je dis moi... ce ne sera plus que ma pauvre carcasse. L’âme est tout.

Eugènie

Eugènie, la cave mise à part, fut toujours la plus charmante des sœurs. A 16 ans

½ (j’en ai 6 et ½) jolie brunette, intelligente, alerte, décidée, aguerrie par le portage de pain en voiture ou à pied, la tenue de la maison où elle tient lieu souvent de maîtresse de maison, elle peut fonder un foyer. Elle épouse en 1880 le brigadier Jules Gagneux (1856-1933, dans sa soixante-dix septième année), gai-luron et travailleur "rangé", originaire d’Anjou, pays aux mœurs patriarcales et pacifiques. Le moulin paternel "de Trois Oies" (je dis "de" et non

"des", on me l’a bien recommandé là-bas) occupe l’emplacement d’une vieille mine d’or et d’arsenic15. Au fond du vallon, 1ère habitation des aïeux, basse et sombre, elle devient étable à porcs. A mi-côte, deuxième habitation des ancêtres, elle devient poulailler, pigeonnier. Au dessus, terre plain ; 3ème habitation et moulin qu’habiteront les trois frères16. Jules est, je crois, le second, avant ou après Joseph. Lui, Jules, vivra près de soixante-dix sept ans.

Beau garçon, grand et large, sa magnifique chevelure noire, objet de mon admiration, encadrait son visage franc et joyeux. Belle voix, toujours chantante. D’une mémoire prodigieuse, à 60 ans, il retrouvait sans s’en douter telle chanson qu’il n’avait pas reprise depuis son enfance. Le cœur sur la main, toujours disposé à faire plaisir, il savait oublier les méchancetés d’autrui. Plein de bon sens, il comprendra bien vite qu’il a épousé une femme de tête et saura lui laisser les initiatives et la haute direction (Avon, Les Sablons, Mormant, Paris).

Le compagnon du Tour de France : Tandis que ses deux frères restaient sagement au moulin de Montlimart, lui partit pour l’aventure, avant de s’arrêter définitivement à Avon.

Il se fit compagnon du Tour de France, race jadis florissante, alors à son déclin. "Ah que nous étions fous alors" m’a-t-il raconté. "Nous allions de ville en ville, de fournil en fournil, en bandes, la grande canne enrubannée à la main. Dans le midi, cuisine à l’huile au lieu du beurre d’Anjou... pouah ! Mangeant et buvant au fur et à mesure notre paye, à sec parfois, et obligé de faire appel à la bourse paternelle. Ainsi nous faisons une entrée bruyante à Bordeaux, en plusieurs voitures s’il vous plaît, drapeaux flottants, fouets claquants, en brandissant nos cannes enrubannées, et en chantant à tue-tête notre hymne... "Je veux mourir en garçon boulanger", convaincus que toute la ville, secouée, a les yeux sur nous. Et

14- caveau de l’université Saint Joseph (Beyrouth).

15- une usine minière remplaça le moulin à farine. Elle fut incendiée. L’or a-t-il encore de l’avenir, certains le croient.

Une mine avait précédé le moulin.

16- comme les mousquetaires, ils étaient Alexandre, Mathieu-Jules, Joseph.

lorsqu’on a si bien braillé, il faut bien imiter Grandgousier, alors... etc.."

Oui... "alors.".. ce fut le quart d’heure de Rabelais, il fallut payer.

Dans une petite chambre bien modeste à Avon (pas à Bordeaux), au lendemain du mariage, trois personnages sont assis autour de la table : le vénérable meunier de Saint Pierre Montlimart, et les époux de la veille. Les visages sont graves. Il s’agit de la dot. Un petit bonhomme (6 ans ½) qui ne compte pas écoute et regarde. Le vieillard tire de sa poche un petit sac de toile grise et le pose sur la table : ce sont les écus d’or. "Voici tant." Dans l’auditoire, léger frémissement de surprise pénible. "Mais Père, il me semble que mes frères ont reçu tant." "D’accord, comptons ce que tu as reçu. A telle date, dans telle ville, dans ton Tour de France, tu as demandé et reçu tant. A telle date, à X... tant. A telle date, à Y... tant, etc. Plus ces écus. Total... tant. Est-ce exact ?" Ce fut tout. Pas de discussion. La pilule était amère, mais qui l’avait préparée ?

Ma première pipe, et la dernière :

Jules fumait. Et à l’occasion, Eugènie, aimable épouse, bourrait son calumet.

Nous étions dans le fournil Jules et moi (7 ans ?). Je veux l’imiter. Il me passe une de ses vieilles bouffardes, affablement, avec même certain sourire. Il bourre copieusement. Je tire de bonnes bouffées en riant, en marchant à grandes enjambées, comme un homme. Ce n’est que cela la pipe ! Il m’observait cependant du coin de l’œil toujours avec son sourire. Et puis... voici que mon cœur chavire. Je pâlis et puis, et puis. Non, cela ne se décrit pas. Il faut avoir navigué dans la Manche un jour de tempête et reçu, en plein visage les... les... d’une anglaise pour traduire ces impressions. Ah ! il ne riait pas, ni moi non plus. "Il ne faut pas que ta mère te voie." Il me prend dans ses bras, m’emporte dans "la cour au fond", me dépose à demi-mort sur de la paille. J’étais guéri... des vanités du monde.

L’épreuve

Un soir, de l’autre côté de Moret, sa tournée achevée, Papa Jules regagnait paisiblement en voiture ses pénates (Les Sablons). En pleine route surgit une dame, très emmitouflée. Elle se campe carrément devant sa voiture. Il s’arrête. Avec un drôle d’accent et une parfaite désinvolture, elle s’invite à monter. Soit, elle monte. On cause. Mais en parlant, insensiblement, elle se rapproche de lui. Il se retire en sens inverse. On continue à causer. Elle continue à se rapprocher. Tout de même enfin, en voilà une pécore ! Troisième fois, même manège. Nouveau recul. Alors c’est le comble, elle lui saute au cou, l’emmitouflage tombe et l’accent aussi... A 100 lieues à la ronde on n’eut pas trouvé une femme capable de jouer un pareil tour à l’époux de son cœur.

Aux Sablons, un vol

Au début, Eugènie et Jules habitèrent à Avon les deux chambres aujourd’hui au dessus du four. Lui, travaillait comme brigadier, elle comme porteuse. Ils s’établirent ensuite aux Sablons, commune de Veneux Nadon, à deux kilomètres de Moret, sur la grande route.

Ils furent obligés de transférer le fond à 100m de là. Les ouvriers récoltaient par trop les prunes dans le jardin du propriétaire17. On montait à la boutique par un petit escalier à l’intérieur. Il me rappelle un incident : Eugènie revenait, par hasard, de Paris par le train, un peu avant minuit. A peine au lit, elle croit entendre du bruit en dessous, dans la boutique.

"Jules... écoute." "Je n’entends rien." "Mais si." "Mais non." Le lendemain à la même heure, tous deux écoutaient. Pas de doute, on opère en dessous. Mais quoi ? Puisque la caisse en fer blanc est remontée chaque soir ? Le troisième jour, Papa Jules et le garde champêtre, chacun

17- Picot relèvera l’ancienne boulangerie abandonnée et sera ainsi un concurrent.

revolver au poing, accroupis sur les marches du petit escalier veillent. Quelqu’un ouvre la porte. Une fausse clé ouvre le comptoir... Le pétrisseur est pris en flagrant délit. Un espace libre entre la caisse en fer blanc mobile et les côtés du tiroir recevait de la monnaie de billon et des piécettes d’argent. C’était sa provende. Conduit à Mormet, mains liés séance tenante, revolver dans les côtes, il avoua tout. Les pleurs de sa mère lui obtinrent le minimum18.

Le bon grain

Papa Jules, je vous l’ai dit, avait une mémoire merveilleuse. Le bon grain semé chez lui pouvait germer 20 ou 30 ans après. Sa vie de Compagnon du Tour de France n’avait pas du tout contribué à fortifier la foi chrétienne de sa première jeunesse. Sans être foncièrement "anti-", il prenait souvent plaisir à se montrer plus parpaillot qu’il n’était en réalité.

J’étais occupé, en vacances à Avon, à couper du chiendent de Tampico pour Émile, mon frère, alors brossier. Jules était alors brigadier à Avon, "chez nous." Il m’attaque sur la religion, à quel propos ? Je ne me souviens plus. Finalement je lui réponds : "Après tout, moi, je suis en bonne compagnie avec toute l’Église, avec quantité de hautes intelligences, avec les Saints. Supposé que je vive suivant leurs principes, et bien au moment de la mort, quand tombera le rideau, j’aurai tout à gagner, rien à perdre. Tandis que vous, parpaillot mon beau frère, vous êtes dans l’autre camp avec les "matérialistes", pas d’âme immortelle, pas de loi spirituelle, si vous suivez les principes de vos joyeux Compagnons du Tour de France... à ce moment là, vous aurez tout à perdre et rien à gagner. Comme disait Pascal. Moi, je ne risque rien. Vous, vous risquez tout. Et l'Éternité, c’est long. La vie, ce n’est que quelques jours à passer."

Or, 20 ou 30 ans après, en causant, il me rappela mot pour mot cette conversation. Je n’en revenais pas. Je croyais avoir jeté le bon grain parmi les épines, ou sur des cailloux secs. Pas du tout. Un fond de bonne terre angevine était resté dans un petit coin de son âme, la terre des hommes de bonne volonté. Je le vis, longtemps avant le lit de mort, bon chrétien et pratiquant.

Eugènie éducatrice

Elle fut la fille de sa mère. Primo : éducation n’est pas compression. On n’arrête pas un fleuve, on le dirige. Secundo : Quand on a du ressort et qu’on a la maîtrise au foyer, on ne livre jamais ses enfants, sous quelque prétexte que ce soit à un milieu impie et vicieux.

L’âme avant tout.

1° : La boulange n’a rien à voir avec la musique. Précisément, la musique est une détente idéale pour des garçons qui ont peiné, travaillé toute la semaine, sans écarter bien entendu les sorties. C’est le privilège hors ligne des familles nombreuses de trouver en elles mêmes la vie, le mouvement, les camarades. Des maîtres, au petit cachet, vinrent donner des leçons de violon, de piston, de solfège. D’ailleurs mes neveux, il faut tout dire, n’étaient pas... des imbéciles. Il y eut même des leçons de maintien ! ! ! La pâte, la pelle, le rouable, l’écouvillon, auraient pu leur donner des allures de lourdauds ou d’élégants dégourdis parisiens de Fouillis-les-Oies ; ils conservèrent l’allure svelte et correcte de leur maman.

Secundo : ils gardèrent le foyer et le foyer les garda. Alors qu’elle aurait pu, à bon marché ou gratis, confier l’un ou l’autre à une maison dite d’éducation, ce qui est aisé à Paris, Eugènie les conserva. Au lieu d’en faire des déclassés, elle en fit des travailleurs,... des apprentis patrons. A certaines heures difficiles, ils soutinrent la maison.

Après Paris et la rue de Rome, ce fut Mormant. Une jeune patronne, peut-être

18- A Avon, la plaque de marbre mobile pouvait glisser et découvrir la caisse.

trop nerveuse, que le succès même de sa maison étourdissait ,etc., s’imagina qu’il en serait de même ailleurs. J’étais là. Elle harcela si bien son mari que celui-ci céda et vendit le fond à Jules Gagneux. A Mormant, les Gagneux réussirent mieux qu’à Paris. Puis ce fut la retraite à Fontainebleau, Charles (l’aîné) et Jeanne leur succédèrent. Retraite des Gagneux très modeste mais paisible. Mon Père, Eugène Bergy, n’avait pas de joie plus vive que d’arriver d’Avon à bicyclette, de s’inviter à déjeuner à l’improviste chez "ses enfants" et de "faire la partie" de manille avec Papa Jules. Finalement, Juliette (Gagneux, 1ère femme) et Pannetier, le travailleur acharné, revenus de Bichain au nid d’Avon (rue des casernes) les reçurent. Les oisillons de la rue de Rome avaient pris leur envolée, bâti leur nid chacun de leur côté, mais leur cœur resta attaché au papa et à la maman devenus des vieillards, et ils aidèrent Juliette Pannetier à adoucir leurs vieux jours.

Émile Bergy (1867- ? )

J’ai peu vécu avec lui. Il resta le plus souvent un peu en marge du foyer central.

Sa colonne vertébrale, sa jambe droite, très éprouvés, lui ouvrirent assez jeune la maison des frères de Saint Jean de Dieu, dite des Incurables à Paris (aveugles, muets, sourds, etc.). Il y reçut une excellente instruction primaire, apprit le métier de brossier ; un frère aveugle lui enseigna le piano, et fort bien. Plus tard, brigadier à Avon, tandis que le four ronflait en cadence régulière, à deux temps, il jouait au piano l’accompagnement, avec quelle fougue ! D’une énergie poussée jusqu’aux limites des forces humaines malgré ses infirmités, il s’établit brossier à Avon, dans une maisonnette que mon Père fit bâtir pour lui devant la cave et détruisit par la suite. Patron Boulanger à Bichain (Yonne, Nord) puis à Avon, devant le proche de l’église puis rue des casernes où il créa un four, il prit sa retraite dans sa propre maison face à l’église, en s’improvisant dessinateur, prote de la Croix de Seine-et-Marne pendant la première guerre, compositeur de musique, écrivain de deux petits romans que la Bonne Presse, de la Croix de Paris, accepta et imprima dans sa collection Bijou19, publiciste dans des journaux lointains, il aurait même, dit-on, composé des discours pour certain député. Il ne doutait de rien... ni de lui-même. N’avait-il pas fait des études à Saint Jean de Dieu ?20 Il eut deux (ou trois ?) filles21 que je n’ai pas connues, et un fils (Abel) qui tomba au champ d’honneur en 1919 ? Un soir qu’il écoutait la radio dans son lit, sa femme le trouva mort. Elle même, en 1949, tomba de deux étages et mourut après de vives souffrances.

Télévision

Un trait, assez curieux, me revient. Je ne l’explique pas. Je garantis simplement l’authenticité du récit. Il revenait à Avon, de placer ses brosses dans le Loiret ? l’Yonne ? avec son cabriolet et son cheval et ami, bête intelligente qu’il n’aurait jamais touchée du fouet ; Mère lui dit : "Je t’ai vu en rêve tel jour, dans un village, ta voiture menaça de verser... tu courus alors un grand danger." Lui : "De fait, une roue passa sur une borne et je faillis verser." Elle : "Je t’ai vu ensuite dans un petit hôtel. Tu déjeunais avec un inconnu...".

Lui : "Exact. Je rencontre un pauvre homme, bien misérable, qui me paraissait affamé... je l’invite à l’hôtel... il dévorait." Etc. On riait en entendant ce récit, tout en restant interloqués... On taquinait "La Prophétesse." Émile, qui aurait volontiers pris plaisir à contrarier Mère, confirma tout en riant, lui aussi, l’exactitude des faits - Vision à distance, télévision ?

19- NDA : titres ?

20- vers 1887, Émile fit un voyage chez les Bergy d’Algérie. Excellent accueil, vignobles.

21- Hermine, l’aînée et Madeleine.

M. Balquet

Je ne puis parler d’Émile sans relever le nom de Monsieur Balquet, son ami d’enfance à Saint Jean de Dieu, qui devint l’ami de la maison ouverte pour lui en vacances.

Chargé d’une classe d’aveugles à l’Institut des Jeunes Aveugles (de l'État ou la ville de Paris), il inventa l’écriture en points sur le verso, où l’on n’écrivait pas avant lui. Le volume était réduit de moitié en épaisseur.

Son riche répertoire de traits cocasses, de mots d’argot (convenables), de blagues dernier cri parisiennes, nous amusait. Il excellait d’ailleurs à mimer et à bafouer les genre des

"faux parisiens" autant que ceux-ci bafouaient la cambrousse.

Il débarque un jour à Avon. "Tu sais", lui dit Émile, "à partir de ce moment, tu ne t’appelles plus Balquet, tu es le comte d’Argentcourt. Nous avons un petit commis bourguignon, Decharnat, nouveau venu du fond de l’Yonne, il sera ton valet." "Entendu."

Dans la maison, on n’entendait plus que des "Monsieur le Comte", et Bourguignon, stylé par mes sœurs, s’épuisait en soins empressés. Naturellement, Monsieur le Comte était obligé pour honorer son titre, de mettre la main au gousset, si bien qu’il en eut vite assez des grandeurs. "Le dindon de la farce, ici, c’est moi. J’en ai assez." Et il redevint Monsieur Balquet comme devant.

Malgré son esprit, et il en avait beaucoup, le manque d’études supérieures des collègues chargés comme lui de la formation des jeunes aveugles, leur manque d’horizons larges intellectuels et sociaux, lui fit commettre une imprudence capitale : Mon Père et lui se taquinaient sur un point : l’emploi, le placement des économies. Mon Père ne connaissait que le rendement de ses quelques immeubles, Monsieur Balquet le rendement des valeurs en papier, en titres de banque, etc. "Vous êtes un arriéré, un rétrograde." "Et vous un gogo"

(sic). M. Balquet croyait à la réalité des réclames financières, aux mines d’or, d’argent, etc., de Karabamba ou de Mistanflutt, prônées par des individus auréolés d’une renommée

(sic). M. Balquet croyait à la réalité des réclames financières, aux mines d’or, d’argent, etc., de Karabamba ou de Mistanflutt, prônées par des individus auréolés d’une renommée

Dans le document Td corrigé Les Miettes pdf (Page 31-39)