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caractère architecturale

3. La bazardisation du centre ville de Constantine

3.1. La prégnance de l’activité commerciale dans le centre ville de Constantine

3.2.1. bazardisation : définitions :

Au préalable, il vient à l’esprit qu’on entend le mot « bazardisation », la racine principale, le mot « Bazar ». Dans cette suite, le néologisme « bazardisation », reste en fait en relation avec sa racine, mais pour évoquer une situation assez particulière.

Le « bazar » renvoie à un lieu accueillant des opérations commerciales ou des échanges commerciaux et ce dans certains endroits géographiques de l’aire islamique, et particulièrement dans l’ancienne Perse et ses environs : « Le mot bazar, « marché », qui vient du

pahlévi vacar et correspond à l'arabe s•q ou au turc çars ! (du pahlévi cahar suq, persan car-su, « carrefour »), désigne, de manière générale, le centre commercial et artisanal traditionnel

de toute ville ou localité en pays d'islam »3.

D’autres indications accompagnent les définitions viennent pour préciser certains attributs du « bazar » : « Étymologie : Dérivé du persan !"#$, bâzâr, littéralement amène-nous, qui

signifie « marché » le plus souvent couvert. On retrouve entre autre le mot « pazar » dans le

nom de la ville monténégrine « Novi-Pazar », ex-possession de l’Empire Ottoman »4.

D’autres définitions du « bazar » expriment une perception plutôt « occidentale » du monde orientale qu’une explication objective proprement dite ; par exemple, il est considéré comme « Vaste magasin où se vendent au détail des marchandises diverses, généralement à

bas prix », également : « Fourbi, choses dans un grand désordre »5.

Il faut préciser que la civilisation arabo-musulmane continue à être perçue à travers le prisme du « binôme » fondamental régissant les comportements des musulmans : « Haram et

Halal », et, surtout à travers le « chaos » socio-juridico-religieux. Si bien que dans la mentalité

occidentale certains « enchevêtrements » institutionnels sont qualifiés d’ « arabesque » et de « chinoiserie » quand il s’agit de l’extrême orient. En définitif, les ordres cachés, complexes et extravagantes échappent souvent aux mentalités occidentales, car ils ne correspondent pas à leur lecture et à leur critères d’évaluation.

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Définition du mot bazar http://www.cnrtl.fr/definition/academie8/bazar le 22Nouvembre 2010à 10h00.

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Définition du mot Bazar, http://fr.wiktionary.org/wiki/bazar le 23nouvembre 2010 à 09h

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140 Il faut préciser également que le mot « bazar » figure dans les dictionnaires de la langue française. Il est traduit dans le sens propre par « marché en moyen orient et au Maghreb », ou bien magasin écoulant des marchandises variées, tandis que dans le sens figuré, il est attaché à « un lieu où tout est en désordre ».

Dans le cas précis de notre étude nous optons pour la définition suivante : · un bazar est prioritairement un lieu d’échange commercial,

· c’est également un lieu à haute diffusion culturelle,

· lieu de décision politique si nous considérons la prépondérance de la corporation des commerçants dans les affaires de la cité, comme le cas « des grands commerçants perses » ,

· lieu de rencontre et d’apprentissage…

« Basardisation» le mot n’existe pas dans les dictionnaires francophones. Cependant, c’est une construction reflétant la qualification de situation particulière. Il possède par conséquent une valence négative ou péjorative, dans le sens où il renvoie à un état de désordre, signifiant par son origine l’« image » d’une situation venue d’ailleurs (de l’orient). En somme, dans l’ethnocentrisme occidental (ou eurocentrisme), la somme des valeurs « péjoratives » est considérée comme intruses dans leur culture propre. Citons quelques exemples : barbares ou barbarisme, vandale et vandalisme, byzantins…..

Cependant, le terme « bazardisation » a acquis une valeur « lexicale » objective mais pour signifier une somme de pratiques économiques. Il est classé comme concept exprimant plus ou moins des formes économique, ne s’appuyant pas sur les modes consacrés.

Ce concept est le fruit d’une situation inédite, provoquée parles nouveau modes de

l’économie mondiale. L’ouverture vers l’universalisation a poussé les pays du tiers-monde vers des circonstances fortuites et délicates en matière de développement surtout les plans),

particulièrement quand il s’agit de l’économie.

L’absence de politique économique organisée, harmonieuse et suffisamment souples avant l’avènement de la mondialisation, a laissé favorisé et même encouragé des manœuvres

anarchiques en matière d’échange économique. Ainsi, la libération du marché a donné l’occasion à aux capitaux privées d’opter pour des initiatives particulièrement économiques,

3. La bazardisation.

141 privilégiant le commerce des produits d’importation de large consommation. S’approvisionnant dans les marchés et les « zones » de libre échange, les produits sont écoulés dans les marchés « hebdomadaires » ou dans des « magasins ».

Ces modes ont également favorisé l’irruption de certains « détaillants » qui

s’approvisionnent dans les « marchés » hebdomadaires mais qui écoulent leurs marchandises en s’accaparant des espaces publics. C’est le phénomène du commerce informel.

En somme, que des « commerces » légaux écoulent leurs marchandises dans un cadre « légal » (locaux commerciaux) ou sur des marchés publics, ces « produits » se retrouvent d’une façon ou d’une autre dans les villes, particulièrement dans les centres. Ce phénomène qui donne lieu à cette vision d’un « grand » carrefour commercial, écoulant des produits souvent à la portée de larges couches de consommateurs, se définit en bazardisation.

La bazardisation dont on fait allusion est comme manifestation de l’économie du marché favorisée par la mondialisation (dans les pays consommateurs) a trouvé dans le centre de Constantine, le champ idéal pour se développer.

Qu’en est-il de ce phénomène de bazardisation à Constantine ?

Il est très important de prime abord d’approcher ce phénomène en essayant d’établir sa genèse et les conditions qui avaient favorisé son apparition.

Son apparition est étroitement liée à l’époque du revirement des options

politico-économiques adoptées durant la décennie 1980-1990. Les programmes anti pénurie mise en place pour apaiser la tension subit par le système socialiste en place ; malheureusement

l’absence d’un schéma / planification stratégique pour gérer les événements a vite fait tourner la situation au profit des pays exportateurs : c’est l’explosion de l’importation algérienne. Le développement du « trabendo » et de l’économie parallèle faisaient leur apparition en l’absence d’un système de régulation du marché et d’une certaine « tolérance » des pouvoirs publics. Le marché local est envahi par tout type de produits, reléguant le produit « local » et provoquant une hyper-commercialisation.

142 A ce stade cette hyper commercialisation, se manifeste à Constantine , par la propagation massive des étals appelés «nesba », au niveau des rues et ruelles de la veille ville de

Constantine, lieux dont la configuration les laissent échapper aux contrôles des services de l’état.

« Le début des années 1990 a laissé apparaître une complicité entre les activités légales et informelles. En ces moments-là, le marché parallèle a atteint le sommet. La diminution des importations par l’Etat a favorisé le marché parallèle. Période trouble qui a permis

« l’explosion » des étals qui se sont par ailleurs diversifiés… »6.

Il ne faut pas oublier que la « décennie noire » a également favorisé la croissance de ce phénomène, car l’attention des Pouvoirs était orientée prioritairement sur la lutte anti-terroriste.

L’ordre économique et l’ordre urbain de la ville de Constantine ont favorisé l’instauration, à partir de cette époque d’une nouvelle forme d’activité. Le phénomène de bazardisation avait trouvé un milieu favorable à son développement pour atteindre une situation de « droit à la ville ». Ce droit se traduit par des formes exposant une certaine puissance et surtout une irréversibilité, tant il a acquis une certaine légalité en investissant et en se réappropriant le centre-ville.