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Bases immunologiques de la vaccination

Dans le document HISTOIRE DE LA VACCINATION (Page 52-57)

Liste des tableaux

IV. Vaccination au Maroc

2. Principe de la vaccination

2.2. Bases immunologiques de la vaccination

La vaccination consiste à introduire chez un individu une préparation antigénique dérivée ou proche d’un agent infectieux déterminé pour engendrer une réponse immunitaire capable de le protéger contre une maladie liée à cet agent infectieux.

Au sein d’une population, la vaccination permet le contrôle sinon l’élimination de certaines infections contagieuses. En effet, l’objectif de cette pratique est d’induire une immunité de population. Ainsi, les individus deviennent protégés directement (immunité active) et indirectement, l’état immunitaire de la population créant un obstacle à la circulation des agents infectieux.

Le système immunitaire reconnaît les antigènes des agents infectieux. Il s’agit de molécules qui constituent l’agent pathogène ou qui sont issues de sa production, capables d’engendrer une réaction immunitaire. Ils sont dits «immunogènes» et activent diverses réactions immunitaires dont certaines sont protectrices par leur capacité à neutraliser l’agent infectieux ou son pouvoir pathogène. Les vaccins miment certaines des caractéristiques immunogènes des agents infectieux : ils induisent les mêmes défenses immunitaires protectrices que l’infection naturelle. L’objectif de la vaccination préventive est de réaliser cette immunisation avant tout contact avec l’agent pathogène ; la vaccination exploite la mémoire du système immunitaire et sa réactivité plus grande lors d’un contact ultérieur avec l’agent infectieux de manière à prévenir des manifestations pathologiques.

2.2.1. Production d’anticorps

Les anticorps sont produits par les plasmocytes issus de l’activation des lymphocytes B après une succession de réactions cellulaires provoquées par les stimulations antigéniques. Certains antigènes ont la capacité d’activer directement les lymphocytes B, comme les antigènes polyosidiques de pneumocoque (réaction thymo-indépendante), mais la plupart des antigènes (en particulier protéiques) induisent une réaction immunitaire plus complexe faisant intervenir les lymphocytes T auxiliaires pour produire des anticorps (réaction thymodépendante) [8].

Les anticorps ont la propriété de « reconnaître » des structures antigéniques le plus souvent situées à la surface de l’agent infectieux (épitopes) et de s’y fixer spécifiquement. La neutralisation de l’effet pathogène peut s’effectuer de différentes façons (figure 1).

Certains anticorps se fixent aux structures de surface de l’agent pathogène, d’autres aux toxines sécrétées, d’autres encore interfèrent avec leur adhésion et leur pénétration dans les cellules cibles. Certains anticorps vont pouvoir activer le complément pour entraîner la lyse de bactéries. Enfin certains vont « armer » des phagocytes ou des lymphocytes et les rendre capables de détruire des cellules infectées.

Figure 1: Modes d’action des anticorps. [8] 2.2.2. Réactions cellulaires

Les cellules présentatrices d’antigène (CPA) : macrophages, cellules dendritiques,

s’activent en présence de l’agent pathogène ou du vaccin. Elles captent les bactéries à développement extracellulaire et les dégradent dans leurs phagolysosomes : certains vont se lier spécifiquement aux antigènes de classe II du complexe majeur d’histocompatibilité* (CMHII). Les CPA captent également les cellules infectées ou détruites par les virus ou bactéries à développement intracellulaire dont les peptides constitutifs s’associent aux antigènes de classe I du CMH (CMHI) [9].

Les lymphocytes T auxiliaires CD4+ reconnaissent les peptides antigéniques associés

aux molécules HLA de classe II à la surface des CPA grâce à un récepteur pour l’antigène, le récepteur des cellules T (RTC). Il s’ensuit une production (dite autocrine) par le lymphocyte CD4 auxiliaire de diverses interleukines qui vont activer les composants du système immunitaire :

L’interféron gamma contribue notamment à l’activation des fonctions bactéricides des cellules monocytaires, macrophagiques et des fonctions antivirales des lymphocytes T CD4 + et CD8 + effecteurs. De plus, les lymphocytes T CD4 + activés vont favoriser la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes et donc la production d’anticorps.

Certains de ces lymphocytes T vont persister et vont constituer la mémoire immunitaire T dépendante.

Les lymphocytes T cytotoxiques (Tc) CD8 reconnaissent les peptides présentés par les

molécules de classe I du CMH situées à la surface de toutes les cellules nucléées de l’organisme. Seules les cellules infectées peuvent présenter les peptides issus de l’agent infectieux sur ces molécules du CMH de classe I. Ces lymphocytes Tc sont ainsi susceptibles de détruire in vivo les cellules infectées par des virus ou des bactéries à développement intracellulaire. Leur réponse aux antigènes viraux et leur potentiel cytolytique sont stimulés par les Ta CD4 + (cytotoxicité T dépendante) [9].

Les lymphocytes B comportent des immunoglobulines de surface capables de

distinguer les antigènes infectieux (figure 2). Après internalisation par endocytose du complexe antigène-immunoglobuline, ces lymphocytes B vont exprimer à leur surface un peptide antigénique associé au CMH II. La présence de ces complexes est reconnue par certains lymphocytes T CD4 auxiliaires, qui contribuent (par l’intermédiaire d’interleukines) à la différenciation de ces lymphocytes B en plasmocytes producteurs d’anticorps. Des « lymphocytes B mémoires » sont également produits. Ces derniers pourront à l’occasion d’un nouveau contact avec l’agent infectieux, produire des IgG et IgA très spécifiques et spécialisées permettant une réponse secondaire plus adaptée, plus rapide et plus efficace.

Figure 2: Sélection clonale d'un lymphocyte B. [8]

2.2.3. Principe de la vaccination repose sur la mémoire immunitaire

Lors de la première inoculation d’un antigène :

o Les lymphocytes T apparaissent et se multiplient très rapidement, mais leur durée de vie est courte (quelques jours). Ils laissent la place à des cellules T mémoires dont le nombre se réduit ensuite très lentement. Elles vont circuler dans l’organisme colonisant la plupart des organes lymphoïdes et principalement le thymus.

o La réponse immunitaire humorale (lymphocyte B et anticorps) est lente et peu spécifique au début, car surtout médiée par des IgM de faible affinité. Les cellules B mémoires atteignent leur maximum au bout de dix à quinze semaines, avant de décroître lentement.

Lors d’un nouveau contact avec l’agent infectieux ou certains de ses antigènes, les cellules B mémoires sont rapidement réactivées, ainsi que les cellules T mémoires qui participent également à la réactivation de la réponse immunitaire en anticorps. Cela permet alors un délai de réponse plus court car les concentrations sériques en anticorps augmentent plus vite. La réponse est aussi plus efficace car les anticorps produits sont des IgG et des IgA de plus grande affinité (pour l’antigène).

La réaction cellulaire est accélérée et intensifiée. Le délai peut être suffisamment raccourci pour empêcher l’apparition de manifestations cliniques de l’infection permettant d’assurer la protection du sujet [9].

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