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La banlieue québécoise : entre tissus résidentiels, centralités et anciens quartiers de

5.1.Les imaginaires habitants autour de la banlieue québécoise Lundi 3 septembre 2018, jour férié

Je pars me balader dans le quartier, résidentiel, pour rejoindre les rives du fleuve Saint-Laurent, à quinze-vingt minutes à pied de chez moi. Je flâne devant toutes les belles maisons, en bois, en brique, avec des sous-sols, des toitures noires ou parfois rouges, des jardins parfaitement entretenus. D’ailleurs je vois plusieurs personnes en train de jardiner. Beaucoup de sportifs et de couples ou familles avec enfants courent, font du vélo ou promènent leurs chiens sur les quais du fleuve. C’est un endroit à la fois naturel avec le fleuve et les falaises, et à la fois urbain avec le belvédère, le mobilier extérieur en bois et, au loin, les grands ponts d’entrée de la ville de Québec.

Figure 30 – Maisons dans un quartier résidentiel, Sainte-Foy (Québec). Source : Florie Colin, 2018

Cette description et ces photos prises lors de promenades autour de la maison (dans un quartier

plutôt huppé136), en apparence anodines, du moins quotidiennes, permettent d’enclencher les

réflexions sur les imaginaires de banlieues québécoises. En effet, cet extrait des Chroniques

québécoises racontant une de mes expériences, peu de temps après mon arrivée à Québec, permet

de donner une première image de la banlieue, dans un quartier résidentiel. Rappelons qu’au

Québec, le terme de « banlieue » ne qualifie pas les mêmes espaces et lieux qu’en France, comme

vu au chapitre 1 : il peut alors être assimilé au périurbain. Voyons les images que la banlieue

suscite au Québec.

Figure 31 – Banlieue « huppée » de Québec (avenue de Laune en haut, avenue des Braves en bas). Source : Florie Colin, 2018

136Les échanges avec Marylin et Jonathan à propos de mon quartier d’habitation en attestent également :

« M : ça c'est la ville… Puis les gens riches.

J : Sillery c'est un quartier plus vieux, c'était l'élite, c'était les gens vraiment fortunés qui habitaient là y'a 80-100 ans.

M : même les blocs-appartements, pour un 4 1/2 c'est 1000, 1 200 piasses… C'est neuf c'est comme un condo mais c'est cher. Tandis que moi quand j'ai commencé à habiter là les 4 1/2 c'était à 700, ça montait jusque 800 mais dès que tu t'en vas vers ce coin, c'est plus cher… »

Voici des images archétypales de la banlieue « huppée », « chic », que l’on peut retrouver dans certains quartiers de la ville de Québec. Le modèle d’habitation est ici centré sur la maison, un peu loin des logements collectifs, avec une grande dimension paysagère voire de monumentalité

dans l’esthétique et l’architecture. Jonathan137 évoque la culture américaine : « c'est sûr que

l'image qu'on se fait dans les films, la banlieue… c’est pas Beverly Hills mais presque ! » Les images

de la banlieue plus classique, courante, seraient celles du bungalow ou de la maison à deux étages presque toutes pareilles, d’une pelouse bien entretenue, de fleurs mais pas d’arbres, de voitures

et VUS138 garés dans la cour, d’asphalte, et d’une piscine comme le précise Jonathan et Marylin

lorsque l’on parle des différents imaginaires associés aux lieux.

« J : […] Puis banlieue piscine ! C'est hallucinant à Québec la quantité de piscines

qu'il y a. ça me renverse.

M : Google Maps, tu vois du bleu partout !

J : Je me rendais pas compte parce que j'ai grandi là-dedans. Chez mes parents y'avait une piscine, tous les voisins avaient une piscine. Parce que c'est pas "normal" mais c'est juste que c'est pas remarquable. Mais quand je suis parti en appartement, après ça avec mon travail, je me suis mis à aller chez les gens un peu partout, tout le monde a une piscine ! Tout le monde a une piscine avec une clôture, généralement pour mettre la piscine on enlève un arbre, puis pour qu'il y ait du soleil sur la piscine on enlève l'autre arbre. Ça fait des grands champs de maisons avec des piscines, aucun arbre, aucune ombre ; la seule partie de verdure qu'on voit c'est la pelouse mais ça compte pas pour de la végétation pour moi ! Toutes les banlieues sont pas comme ça, il y en a qui ont les arbres, les gens font l'effort de garder l'ombre chez eux, dans Beauport beaucoup là. Presque pas d'arbres c'est vraiment dommage, ça enlève la qualité de vie… La canopée ça s'appelle je pense ! On a besoin d'ombre autant que de soleil, les gens veulent climatiser parce qu’il y a du soleil sur la maison tout l'été, toute la journée, ça climatise plus, les gens ils sortent dehors ils rentrent dans la piscine puis rerentrent… La qualité de l'air, il y a pas d'oiseaux… Je trouve ça un peu mort la banlieue.

M : en plus il y en a qui jugent quand certains font des jardins en avant… Elle habite un peu au Nord d'ici la madame qui cultivait des tomates, c'est elle le débat là… Les voisins se sont plaints, l'argument c'était qu'ils essayaient de vendre leur maison. Ils disaient que c'était laid.

J : ils disaient que c'était pas beau puis que ça faisait fuir les acheteurs.

M : que ça dévaluait leur maison… Si c'était de la ferraillerie ou des poubelles ça peut se comprendre mais là c'était juste des plants !

J : il y a une image, c'est la maison avec peut-être des fleurs Avec une voiture, idéalement une entrée en asphalte, parce que les cailloux C'est ça la bonne maison de banlieue, le modèle conçu qu'on fait pousser

M : il y a même des places où les entrepreneurs sont supposés de mettre un tant de pourcentages de plantes ou de gazon en avant, il y en a qui respectent pas, des fois il y a des allées en asphalte et en pierres puis pas du tout de gazon, puis dans une rangée d'une quinzaine il y a une personne qui avait mis gazon, arbres, arbustes puis là tous

137Jonathan a 28 ans et Marylin 30 ans, ils vivent dans une maison qu’ils ont achetée il y a peu de temps à

Charlesbourg. Ils sont tous deux originaires de banlieues de Québec. Ils sont travailleurs indépendants. Ils ont deux voitures. Marylin est la sœur de Cynthia.

les autres voulaient faire enlever alors que c'était le seul qui respectait la loi de la ville… C'est fort l'espèce de "propre" comme s’il y avait rien d'autre que du gazon qui était propre… »

On voit que le critère esthétique peut avoir de l’importance. Par ailleurs, comme Jonathan, de nombreux habitants des banlieues ont grandi dans de semblables paysages, qui constituent donc pour eux un milieu de vie évident. Les plans d'eau, les boisés, la nature en général (sauvage mais aussi domestiquée, contrôlée comme vu précédemment) jouent un grand rôle dans le choix de localisation au Québec. En ce qui concerne les piscines dont il parle, en effet, dans les lotissements des années 1980, de nombreux habitants faisaient construire des piscines ; cette évocation est fréquente lorsque les habitants parlent de la banlieue.

Figure 32 - Les nombreuses piscines du quartier de Beauport à Québec, autour de l’avenue Saint-Michel. Source : Google Earth, images de 2015

Pour Isabelle, les images de la banlieue sont non pas liées à l’esthétique mais surtout aux modes

de vie familiaux : pour elle, la banlieue c’est « la famille, un grand terrain, la nature, le chien, les

enfants qui courent partout, le besoin d’avoir un véhicule ». Outre ce modèle de la maison et de la

famille, on peut aussi retrouver l’imaginaire autour des grandes routes mais aussi des centres d’achats.

Samedi 10 novembre 2018

Il a beaucoup neigé la veille au soir et durant la nuit ; une belle surprise au réveil quand j’ouvre mes persiennes. La neige continue de tomber en gros flocons. Je marche dans la rue de l’Église, ce n’est pas facile, il y a de grosses flaques… Je croise un monsieur qui lui aussi paraît être gêné, on se regarde, il me parle rapidement en enjambant une énorme flaque : « Hiii… tabarnouche ! » Je traverse le boulevard Laurier, puis le parking de Walmart, qui est bien rempli. Je suis contente d’arriver à l’abri ; il y a du monde dans les centres d’achats en cette fin de matinée. Certaines personnes sont encore emmitouflées, d’autres sont vraiment découvertes. À l’intérieur, effectivement, il fait (trop) chaud.

Je prends l’autobus en direction du sud de Charlesbourg, limite Limoilou, ce qui me prend environ une heure. Lorsque j’arrive, le décor a changé : le Tim Hortons, les centres d’achats, les panneaux publicitaires et les grands stationnements apparaissent, après les petits immeubles bas et le tissu assez dense de la ville.

La banlieue est souvent vue par les habitants comme un lieu réunissant les inconvénients de la ville et de la campagne, ou les avantages des deux. Au-delà de cette manière de la définir en faisant référence à la ville et à la campagne, certains habitants font allusion aux différentiations

des banlieues, en évoquant notamment les « banlieues bien pensées » comme Anne-Marie ou

encore Jonathan et Marylin. Elles seraient proches des services, des autobus, mais aussi des

boisés et du fleuve. Concernant la population vivant en banlieue, l’ouvrage La banlieue revisitée

montre que, plus que des citadins, ce sont surtout des gens des campagnes qui s’installent en

banlieue, s’appuyant sur le fait qu’ils savent comment un quartier de banlieue fonctionne (Fortin,

Després et Vachon, 2002).Marylin, en parlant de la banlieue de Sainte-Foy, affirme que « si toutes

les banlieues étaient comme ça ce serait correct ». Mais, justement, cette banlieue a un statut bien

particulier : elle est « ancienne », le quartier étant au fil du temps devenu central.

5.2.Se situer aux limites, aux frontières : quartiers de banlieue ou tissus résidentiels en centralité ?

« - Et donc pour toi est-ce que c'est vraiment quand même la banlieue ici ou… ? Est-ce que tu dirais que tu habites en banlieue par exemple ?

J : Ben c'est drôle, non ! J'aurais pas dit ça ! Pourtant… Toi tu dirais… (s'adresse à son mari) J'ai jamais pensé que je restais en banlieue… C'est pas un mot qui m'est venu dans la bouche. Ouais. T'sais j'dois dire Lac Saint-Joseph ça c'est une banlieue. Parce que c'est loin ! Saint-Augustin village je dirais que c'est une banlieue. Moi je dirais pas que je suis en banlieue mais probablement que oui là ! (Pause) Du fait aussi qu'on soit obligé de prendre un autre autobus pour venir ici.

- (Pause) Parce que pour toi la banlieue qu'est-ce que ça t'évoquerait, si on parle de banlieues, c'est quoi les images vraiment qui te viendraient en tête ?

J : (Réfléchit) Ben… Un peu inaccessible au niveau transports en commun. Hmm. Comme mettons Lac Saint-Joseph, ou Lac-Beauport, peut-être encore plus nature… Je sais pas. »

Josée vit à Saint-Augustin-de-Desmaures et ne s’est jamais dit qu’elle habitait en banlieue. Elle

n’a jamais formulé ce terme ou qualifié ainsi son quartier dans le quotidien, comme cela peut

arriver fréquemment avec le terme de périurbain. Pourtant, beaucoup diraient que son quartier

en est un de banlieue. Certains habitants peuvent parfois se sentir étrangers à un monde, par

exemple celui des banlieues, comme c’est le cas de Marjorie139. J.-M. Besse précise : « Habiter

comme étranger c’est, par conséquent, rester dans une certaine distance avec le monde nouveau dans lequel on habite pourtant. C’est ne pas être complètement dedans, c’est rester, volontairement ou non, au bord de ce monde, où l’on se retrouve comme sur ses marges » (Besse, 2013, p. 217).

139 Marjorie a 45 ans et son conjoint 51 ans. Ils habitent dans une maison dans le quartier Saint-Roch à Québec,

maison qu’elle a achetée seule il y a quinze ans. Ils imaginent maintenant un potentiel déménagement en

banlieue. Elle est chercheure à l’Université Laval et lui travaille au parc technologique de Québec non loin de l’Ancienne-Lorette. Elle a une fille de 19 ans qui vient parfois avec son ami. Ils ont un chat. Ils ont une voiture

Outre une marge symbolique, comme évoquée ici, on peut aussi se retrouver aux limites, aux marges, aux lisières, de manière spatiale. Sur le terrain québécois, où nous nous sommes intéressés aux anciennes banlieues et donc à des lieux ayant évolué relativement rapidement dans le temps, devenant pour certains des centralités ou des polarités, nous questionnons

d’autant plus le rapport des habitants à ces différents lieux. Une réflexion autour des tissus

résidentiels, qui ne sont pas à assimiler automatiquement aux lieux périurbains, apparaît : on

constate un décrochage immédiat entre l’assimilation du pavillonnaire au périurbain, sans

association évidente ou immédiate entre les deux, ni d’effet de causalité. En effet, il est important de dissocier les quartiers de banlieues des tissus ou quartiers résidentiels et des polarités et centralités. Les structures pavillonnaires ont d’ailleurs modifié les notions de centre-ville. Un tissu résidentiel peut se trouver en centralité et des bâtiments plus denses dans des périphéries, le tout dans des limites qui peuvent être floues. Parmi ces flous éloquents, les habitants ont aussi

des difficultés à définir le (ou les) centre-ville(s), comme l’évoquent les propos de Sonia140 :

« - Pour toi où est le centre-ville de Québec vraiment ?

S : (Rires) C'est une question piège parce qu'il n'y en a pas ! Juste un. Euh… Le centre-ville traditionnel ça serait justement Vieux-Québec en incluant la Colline Parlementaire puis même Montcalm, le quartier des spectacles ils appellent, quartier des arts je pense ça s'appelle. Ça ce serait le vrai centre-ville. Mais par contre la ville considère qu'ici dans Sainte-Foy on est un deuxième centre-ville, le centre-ville d'affaires. Qui pousse pour ça, leur développement est basé là-dessus. Puis si on regarde ce qui a été poussé comme développement aussi dans tout le Bourgneuf ! Créer une ville avec des services et tout ça, on pourrait même aller dire qu'il y a un genre de centre-ville dans le Bourgneuf. C'est pas… c'est pas du niveau du centre-ville mais il y a plus des pôles, il y a des villes comme ça aux États-Unis aussi où on fait des triangles au lieu de faire un seul centre-ville. »

G. Mercier et F. Roy expliquent d’ailleurs que « la conception de la centralité urbaine constitue un

projet en constante évolution »(Mercier et Roy, 2014, p. 55)et qu’« il est apparu nécessaire de

déployer la centralité en des pôles distincts, chacun assumant un rôle propre »(Mercier et Roy,

2014, p. 62).

Prenons un autre cas concret. Avant d’arriver sur le terrain québécois, je pensais venir habiter en banlieue (j’avais trouvé mon logement à distance, depuis la France). Finalement, la venue d’accidents et de quiproquos porte ses fruits : cette apparente banlieue où je vis durant trois mois et demi, Sainte-Foy, est en fait une ancienne banlieue mais qui ne l’est plus tout à fait aujourd’hui. J’ai moi-même ici été « victime » des représentations et images que j’avais en tête ! C’est bien dans une maison de banlieue que j’ai vécu, mais une banlieue qui l’était il y a 50 ans. En revanche, le tissu résidentiel pavillonnaire est une réalité et côtoie des espaces plus denses et avec des usages diversifiés : ce lieu où je réside est d’ailleurs qualifié tantôt de nouveau centre-ville, tantôt de centre-ville des affaires. En s’y installant, l’habitant recherche certaines qualités dans ce tissu

140 Sonia a 47 ans. Elle vit dans une maison avec son mari et leurs fils de 13 ans, maison qu’ils ont achetée il y a 9 ans. Elle est originaire d’une petite ville proche de Rimouski. Elle a vécu à Montréal puis à Boston avant de revenir à Montréal puis à Québec. Elle est chercheure à l’Université Laval à Québec. Elle fait partie du Conseil de quartier Saint-Louis. Ils ont une voiture. Sonia est une amie de Lucie.

pavillonnaire, où un idéal est parfois projeté. Voici les échanges avec Jonathan et Marylin concernant le quartier particulier de Sainte-Foy et son évolution :

« - Oui y’a plusieurs pôles…

M : Oui… D’où l’étalement… Ma mère elle a déjà été dans l'urbanisme dans les années 80, avant que Place Laurier Place Sainte-Foy s'installent. Puis à ce moment-là les gens ils se posaient la question d’où allaient s'installer ces centres d'achats. Y'en a qui disaient dans le Vieux-Québec… vieux Québec et la rue Saint-Joseph c'est l'ancienne rue marchande qui passait… historiquement, quand y'avait encore des calèches et tout ça, les gens prenaient ça jusque Montréal.

J : c'était la route transquébécoise qui partait de l’est, par cette rue.

M : c'est resté une rue marchande, par exemple Saint-Joseph. Mais avant que les centres d'achats soient sur le boulevard Laurier, il y avait comme rien, des petites maisons des trucs mais… C’était une grosse route qui allait jusque Montréal. Quand ils se sont installés là, c'était un "beat" qui a fait mais ça l’a marché ! ça a donné de la valeur à ce truc-là. Ça reste que… Il y a des hôtels. Il y a des touristes qui disent "ah oui j'ai un hôtel au centre-ville" et là on fait comme "tu t'es fait avoir ! T'es mieux d'être au Vieux-Québec !" »

L’ancienne banlieue de Sainte-Foy est donc petit à petit devenue une centralité : en effet, elle a vu se construire sur ses champs l’hôpital, puis les centres commerciaux et l’Université, à partir des années 1960. En 1976 se joue l’« opération centre-ville » qui suscite des débats : finalement, une sorte de compromis est trouvé entre la population et le pouvoir municipal, qui continue en fait le même type de développement urbain (Hulbert, 1981, p. 378). Depuis les fusions municipales de 2002, elle est devenue une polarité très importante. Certains habitants précisent d’ailleurs que les banlieues des années 1960 sont maintenant encerclées par la haute centralité et que certains secteurs de ces premières banlieues ont été happés par la ville, ou que

la banlieue s’est fait« entourée par la ville » comme le dit Lucie. Sainte-Foy est un quartier encore

situé en banlieue dans certains imaginaires, même si pour plusieurs, du fait de sa nouvelle morphologie, elle ne l’est plus. Il existe d’ailleurs une différence d’imaginaires entre les habitants qui ont vu le quartier évoluer et passer d’une ancienne banlieue à une nouvelle polarité de la ville de Québec, et ceux qui sont arrivés plus récemment dans ce secteur qui la perçoivent moins

comme une banlieue n’ayant pas vu son évolution. Interroger les habitants d’anciennes

banlieues, à la frontière avec les nouveaux centres-villes qui se déploient, ceux qui se trouvent dans des lieux qui ont rapidement évolué, permet d’aller au plus proche de ces questions et de

bousculer le cadre conceptuel jusqu’alors établi et le mettre en mouvement, par l’immersion

dans le quartier de « Saint-Louis de France » à Sainte-Foy. L’entretien avec Jonathan et Marylin

est particulièrement éclairant pour l’exploration de cette thématique. Ils ont des visions assez

différentes de la banlieue qui ressortent d’ailleurs seulement au fur et à mesure de l’entretien.

Jonathan semble plus dans une posture de « défense » de la banlieue, face à Marylin qui, elle, « préfère » la ville ; elle pense que si elle avait totalement le choix - notamment financièrement - elle habiterait plutôt en « pleine ville ». Ils semblent eux-mêmes avoir du mal à donner des définitions et encore plus à se mettre d’accord, ils n’ont pas les mêmes critères :

« - Et ici vous considérez que vous habitez où ?