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Attirer l’investissement étranger direct L’IED peut être une voie pour le transfert de

Exemple de décomposition de la croissance de la productivité du travail

MODULE 2 Politique industrielle : un cadre

4. Quelques exemples de politiques industrielles

4.4 L’État en tant qu’innovateur

4.4.2 Attirer l’investissement étranger direct L’IED peut être une voie pour le transfert de

tech-nologie, ce qui explique l’intérêt qu’il suscite auprès des pays à faible revenu, où les efforts d’innovation sont axés sur l’assimilation des connaissances et des technologies étrangères81. Le rôle de l’IED dans la croissance économique et le développement a fait l’objet d’un vaste débat dans la littérature82. Certains ont fait valoir que les flux d’investissement étranger bénéficiaient automatiquement à l’économie du pays hôte, car l’IED peut assouplir les contraintes financières, renforcer la concurrence, attirer des technologies,

créer de nouveaux emplois, des opportunités d’investissement, et faciliter la diffusion des connaissances (Borensztein et al., 1998  ; Lipsey, 2002  ; Markusen and Venables, 1999). D’autres en revanche estiment que ces avantages sont fonction du volume et du type d’IED (voir encadré 18), de son mode d’entrée, des caractéristiques des pays hôtes, et de la capacité et volonté des pouvoirs publics d’orienter ces flux (Lall, 2000  ; Moran, 2011, 2015 ; UNCTAD, 1999, 2000, 2006c ; Wade, 2010). L’impact de l’IED sur les pays hôtes peut même s’avérer négatif, par exemple en cas d’éviction des entrepreneurs locaux (Kumar, 1996).

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Les types d’investissements étrangers directs

Encadré 18

La littérature recense plusieurs types d’IED :

L’IED de mobilisation de la technologie  : les entreprises qui entreprennent ce type d’investissements cherchent à acquérir la technologie et les connaissances étrangères sur les nouveaux procédés et produits en mettant en place des services de recherche et de conception dans des pays technologiquement à la pointe.

L’IED de recherche de ressources naturelles vise à exploiter l’avantage comparatif du pays hôte en ressources naturelles (minéraux, pétrole, matières premières, produits agricoles et autres produits de base) et en main-d’œuvre peu qualifiée ou spécialisée.

L’IED de recherche de débouchés vise à accéder aux marchés locaux en réponse à une demande réelle ou future de produits de l’entreprise sur ces marchés. Ces entreprises ciblent des marchés étrangers dont la rentabilité est assurée par le volume de la demande ou parce qu’il est plus rentable de produire sur le marché local que sur son propre marché intérieur puis d’exporter (du fait par exemple de barrières commerciales dans le pays hôte).

L’IED de recherche d’efficacité intervient en réponse à des coûts de production bas, à la spécialisation, à des économies d’échelle et de gamme, et d’autres sources d’avantages en termes de coût offertes par le pays hôte. Certains auteurs ont fait valoir que les définitions de l’IED de recherche de ressources naturelles et de l’IED de recherche d’efficacité se chevauchent lorsque la main-d’œuvre bon marché est le principal moteur de l’investissement étranger.

L’IED de recherche d’actifs stratégiques  : Les entreprises qui entreprennent ce type d’investissement cherchent à accéder à des actifs stratégiques (par exemple des technologies, des marques ou des compétences) qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs stratégiques à long terme, tels que la préservation ou l’instauration de la compétitivité. Les investissements de recherche d’actifs stratégiques sont souvent réalisés par le biais de fusions et acquisitions.

Source : Élaboré par les auteurs d’après Dunning (1993), Kaplinsky et Messner (2008), CNUCED (2006b), et Banque mondiale (n.d.).

83 Pour les effets des fusions et acquisitions sur le déve-loppement, voir CNUCED (1999, 2000).

84 Voir Lo et Wu (2014) et Guadagno (2015b) pour l’exemple de l’industrie automobile en République populaire de Chine et en Indonésie.

85 Le paradigme du vol d’oies sauvages a initiale-ment été formulé en 1932 dans un article en japonais de Kaname Akamatsu. Les premiers débats en anglais sont apparus en 1962 (Aka-matsu, 1962). Pour plus de détails, voir Korhonen (1994) et CNUCED (1995).

Certains types d’IED, par exemple les investisse-ments en recherche de ressources ou de débou-chés, génèrent des avantages limités pour le pays hôte et peuvent même lui être néfastes en  : a) déplaçant les producteurs locaux incapables de rivaliser avec les entreprises étrangères, qui ont généralement accès à une technologie supérieure, aux financements et à une main-d’œuvre mieux qualifiée  ; b) renforçant l’hétérogénéité structu-relle en créant des secteurs enclavés  ; et c) limi-tant la croissance économique à long terme en poussant l’économie à se spécialiser dans des sec-teurs tels que l’industrie pétrolière ou minière. Les modes d’entrée peuvent également affecter l’im-pact de l’IED sur le développement. Les investisse-ments de création de capacités peuvent générer des emplois et des investissements additionnels, et les fusions et acquisitions offrent un fort poten-tiel de transfert de connaissances83. Enfin, l’impact développemental de l’IED est fonction des carac-téristiques de l’économie hôte, notamment en termes de qualité des infrastructures, des institu-tions, de l’éducation, de la capacité d’assimilation et des structures de production. L’existence d’un secteur productif national offre aux entreprises étrangères un réseau de fournisseurs locaux potentiels pour les intrants et composants, multi-pliant les opportunités de transfert de technolo-gie et de diffusion des connaissances.

Les politiques publiques ont un rôle à jouer dans le modelage de ces facteurs. Les pouvoirs publics peuvent créer un environnement propice à l’IED en réduisant les restrictions, les contrôles et les procédures bureaucratiques. L’ouverture des

marchés publics et des programmes de privati-sation aux investisseurs étrangers encouragent également l’IED. De nombreux gouvernements ont mis en place des zones économiques spé-ciales, des zones industrielles travaillant pour l’exportation et des zones franches défiscali-sées dotées d’infrastructures de qualité et de généreuses exonérations fiscales. Ces initiatives s’accompagnent parfois d’actions de promotion destinées à faire connaître les mesures incita-tives et véhiculer une image internationale posi-tive du pays. À cet égard, attirer une entreprise internationale de renom peut être un signal pour d’autres entreprises et une stratégie efficace pour attirer davantage d’IED. Le Costa Rica en a fait l’expérience lorsque qu’Intel a investi dans le pays. Certains pays ont également accordé aux investisseurs étrangers une protection du marché contre les importations et la pression de l’entrée sur le marché, mais cette politique n’a pas toujours donné des résultats probants84. L’IED a joué un rôle important dans le processus d’industrialisation des pays d’Asie de l’Est. Les entreprises japonaises ont ainsi « recyclé » l’avan-tage comparatif dans les pays les moins avancés de la région, donnant naissance à la « théorie du vol d’oies sauvages »85. Comme le montre la littéra-ture, les politiques industrielles japonaises visant à restructurer les industries en perte de vitesse (des industries en déclin qui ne sont plus conformes à l’avantage comparatif dynamique du pays) ont encouragé les producteurs japonais à se déplacer dans des économies voisines offrant un avantage comparatif dans ces industries. Le Japon est ainsi

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Les stratégies d’industrialisation tributaires des sociétés transnationales : Le cas des Philippines, de l’Indonésie et du Costa Rica

Encadré 19

Aux Philippines, la création d’une zone industrielle travaillant pour l’exportation, dotée d’infrastructures MODERNESETD´UNE½SCALITmPRmFmRENTIELLECONJUGUmEgDESCONDITIONSINTmRIEURESFAVORABLESDONTLAFAIBLESSE DESSALAIRESETUNEMAIND´®UVREINSTRUITETECHNIQUEMENTCAPABLEETANGLOPHONEARmUSSIgATTIRERL´)%$EN PARTICULIERDANSLESECTEURDEL´mLECTRONIQUE#ET)%$ACONTRIBUmgLACROISSANCEDEL´EMPLOIETgSADIVERSI½CATION hors des industries fondées sur l’exploitation des ressources. Toutefois, ces zones sont devenues des enclaves entretenant peu de liens avec les activités économiques nationales et offrant de ce fait peu de possibilités de transfert de connaissances et de technologies. En outre, du fait de la mise en œuvre inadéquate des politiques complémentaires intéressant les sciences, la technologie et l’innovation, la modernisation technologique a été DIF½CILEETLESACTIVITmSMENmESPARLES34.N´ONTGmNmRALEMENTPRODUITQU´UNEFAIBLEVALEURAJOUTmE,´INDUSTRIE automobile indonésienne a connu une situation analogue, réussissant à attirer de nombreux leaders du marché (principalement japonais), mais ne parvenant pas à établir des liens entre eux et les PME locales. Les exigences en MATInREDETENEURENmLmMENTSLOCAUXIMPOSmESPARLE'OUVERNEMENTINDONmSIENAUXENTREPRISESmTRANGnRESEN échange de la protection du marché étaient rarement respectées, les entreprises nationales ne pouvant produire que des composants de faible technicité et les incitations et politiques en vue de renforcer leurs capacités étant LIMITmES0OURREMmDIERgCESPROBLnMESLESPOUVOIRSPUBLICSONTRmCEMMENTCRmmUNINSTITUTDERECHERCHEPUBLIC CHARGmDEFAVORISERLACRmATIONDECONNAISSANCESDANSLEDOMAINEINDUSTRIEL'UADAGNOB

,E#OSTA2ICAPEUTmGALEMENToTRECITmCOMMEUNEXEMPLEPARTICULInREMENTRmUSSID´ATTRACTIONDEL´)%$QUIA ATTEINTSONPOINTCULMINANTENAVECL´INVESTISSEMENTD´)NTEL,´)%$RElUPARLE#OSTA2ICAAVAITPOUROBJECTIFLA RECHERCHED´EF½CACITmETVISAITgTIRERPARTIDESRESSOURCESDUPAYSDESASITUATIONGmOGRAPHIQUEDESAMAIND´®UVRE QUALI½mEDESASTABILITmPOLITIQUEETDURmGIME½SCALFAVORABLEINSTAURmPARLE'OUVERNEMENTCOSTARICIEN,´)%$

S´EST TRADUIT PAR UNE CROISSANCE SUBSTANTIELLE DES EXPORTATIONS ET LEUR DIVERSI½CATION PRINCIPALEMENT VERS LES mQUIPEMENTSmLECTRIQUESETmLECTRONIQUES,AMODERNISATIONDEL´INDUSTRIEATOUTEFOISIMPOSmAU'OUVERNEMENT et aux entreprises locales d’entreprendre des investissements complémentaires pour répondre aux exigences des INVESTISSEURSmTRANGERSENMATInRED´INNOVATIOND´mDUCATIONETD´INFRASTRUCTURES%NCONSmQUENCELESACTIVITmS MENmESPARLES34.SONTRESTmESLIMITmESAUPLUSBASDUPROCESSUSDEVALEURAJOUTmEDELACHAsNEDEVALEUR"IEN QUELE#OSTA2ICAAITRmUSSIgDIVERSI½ERLASTRUCTUREDESESEXPORTATIONSVERSLESINDUSTRIESDEHAUTETECHNOLOGIE les activités menées dans le pays font intervenir peu de contenus technologiques et intellectuels, exigent des QUALI½CATIONSMINIMALESETLIMITENTLESPOSSIBILITmSDEDIFFUSIONDESCONNAISSANCESETD´APPRENTISSAGEPOURLES ENTREPRISESETLESTRAVAILLEURSLOCAUX0AUS

Source : Élaboré par les auteurs d’après Guadagno (2015b) et Paus (2014).

86 Le terme maquiladora (ou maquila) fait référence au type le plus courant de zone de traitement pour l’exportation au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique centrale. Les filiales des sociétés trans-nationales localisent leurs activités à forte intensité de main-d’œuvre, généralement de l’assemblage, de leurs chaînes de valeur dans ces zones et importent tous les intrants et biens intermé-diaires requis pour ce faire.

devenu l’un des investisseurs étrangers majeurs dans la région, ce qui a profité à la République de Corée, à la province chinoise de Taiwan, à l’Indoné-sie, à Singapour et à Hong Kong (Chine). Sur la base de la théorie du vol d’oies sauvages, l’IED a d’abord été concentré dans les industries extractives (du fait de la nécessité d’alimenter l’industrialisa-tion japonaise), puis s’est déplacé vers l’industrie manufacturière (généralement à forte intensité de main-d’œuvre). Ce processus a été reproduit lorsque des entreprises de la République de Corée et de la province chinoise de Taiwan ont déloca-lisé leur production dans des pays nouvellement industrialisés de deuxième génération en Asie du Sud-Est. En effet, la progression de l’IED en termes de pays et d’industries est inhérente au paradigme du vol d’oies sauvages (UNCTAD, 1994, 1996).

Toutefois, les pays nouvellement industrialisés de deuxième génération n’ont pas pu reproduire la trajectoire de leurs prédécesseurs de première génération, principalement en raison de la nature différente de leurs interactions avec les investis-seurs étrangers (Akyuz et al., 1998 ; Hobday, 1995 ; Lall and Narula, 2004 ; UNCTAD, 1994, 1996, 1999, 2002). Les économies d’Asie du Sud-Est conti-nuent de se heurter à des difficultés sur la voie de la modernisation vers des activités à forte valeur

ajoutée, même si elles ont réussi à prendre pied dans des industries dynamiques comme l’élec-tronique et le génie électrique (Wade, 2015). Selon certains auteurs, c’est précisément cette entrée prématurée dans les secteurs de pointe qui a restreint leurs chances de modernisation tech-nologique. Le fait de sauter l’étape de la spéciali-sation dans des industries de moyenne technolo-gie les a rendues tributaires des importations de produits de base et de produits intermédiaires, limitant ainsi les liens de l’IED avec le reste de l’économie (UNCTAD, 1996, 1999). L’écart entre pays nouvellement industrialisés de première et deuxième génération est observable dans de nombreux cas, depuis les Philippines jusqu’à l’In-donésie et la Malaisie. Ces schémas ne sont mal-heureusement pas nouveaux. Pour certains, l’en-trée dans le commerce international sur la base du modèle de maquiladora (zone de traitement pour l’exportation) au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique centrale n’aurait pas conduit à une accumulation suffisante de connaissances et de capacités, réduisant ainsi les possibilités de changements structurels et technologiques (Katz, 2000 ; UNCTAD, 1999)86. L’encadré 19 traite de l’expérience des Philippines, de l’Indonésie et du Costa Rica en matière d’attraction de l’IED et de modernisation industrielle.

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87 Pour des exemples en Europe, voir Farla et al. (2015).

Concernant la province chinoise de Taiwan, voir Hsu et al. (2009).

88 Pour un examen de cette littérature, voir Mairesse et Mohnen (2010) et Zúñiga-Vicente et al. (2014).

Les données empiriques donnent à penser que l’attraction de l’IED n’est pas suffisante en soi pour déclencher et stimuler les transformations structurelles et technologiques. La dynamique positive de l’IED qui, grâce au transfert de techno-logie, renforce les capacités nationales et la tech-nicité des exportations en République de Corée et dans la province chinoise de Taiwan, n’a pas été reproduite dans les pays nouvellement indus-trialisés de deuxième génération et ailleurs. Dans les économies d’Asie du Nord-Est, les politiques publiques ont joué un rôle considérable en opti-misant les avantages de l’IED.

Que peuvent faire les gouvernements à cet égard ? Par le biais de l’isolement sélectif (c’est-à-dire l’ouverture sélective des industries et des activités économiques aux investissements étrangers) et des investissements complémentaires dans l’édu-cation et les infrastructures, les pouvoirs publics peuvent attirer des IED plus stratégiques et les préserver même lorsque les investisseurs étrangers trouvent des sites offrant des coûts moindres. Ils ont également possibilité d’aider les entreprises à négocier avec les entreprises transnationales, par exemple pour le transfert de connaissances et de technologies et l’emploi local. À cet égard, la promo-tion de coentreprises est un moyen de renforcer les liens entre les entreprises locales et les entreprises étrangères, en facilitant le transfert de connais-sances et de compétences (UNCTAD, 2014a). Les mesures visant à attirer l’IED peuvent par ailleurs être complétées par des politiques éducatives, des incitations à l’accumulation de capacités et l’inno-vation, et des politiques visant à renforcer les PME locales pour leur permettre de fournir aux STN des biens intermédiaires et des services dont elles ont besoin. La plupart de ces politiques sont mises en œuvre dans les pays nouvellement industrialisés de première génération, mais pas dans ceux de deuxième génération (UNCTAD, 1996).

4.4.3 Subventions de recherche et de