• Aucun résultat trouvé

Atteinte à l'intégrité psychique :

Dans le document La maltraitance des personnes âgées (Page 178-181)

Les personnes âgées qui ont fait partie de notre recherche évoquent l‘atteinte à l'intégrité psychologique, avec les termes suivants : insultes, violence verbale, aucune considération, comme un chien, haine, manque de respect, ne pas lui parler, plus bas, sans valeur, ségrégation, injustice, méchanceté, souffrir, traiter avec contrainte.

Elles décrivent par-là, les actes de maltraitance qu‘elles ont subi, ainsi que leurs ressenties et leur vécu de la situation.

Afin de concrétiser le concept d‘atteintes à l'intégrité psychologique qui se situe à un degré d‘abstraction assez élevé, nous nous appuyons sur la conception d‘Erikson (cité par Jacque Laforest 1990) pour qui, l'intégrité est un état d'achèvement et un processus par lequel les individus intègrent et acceptent les diverses expériences de toute une vie de façon à réaliser l'étape finale du développement. C'est un processus de différenciation et d'intégration de la personnalité.

L‘atteinte de l‘intégrité se manifeste ainsi sous forme d‘un état d‘esprit, dont l‘analyse peut révéler plusieurs composantes, mais, qui signifie essentiellement, l‘état d‘esprit d‘acceptation, de sérénité et de plénitude. Porter atteinte à cette intégrité est de ce fait nuire et endommager cette entité, dans son intégralité.

Partie pratique Chapitre 5 contexte pratique : l’enquête

168

Cet état d‘esprit d‘acceptation et de sérénité semble absent et manque affreusement à nos sujets. L‘émergence de sentiments négatifs durant les entretiens en témoigne, et les mots induits, chargés de douleurs et de désespoirs l‘indiquent clairement.

L‘arrivé de la maltraitance dans la vie quotidienne de ses personnes, semble bouleversante est déséquilibrante de tout état de sérénité ou de plénitude qu‘ils ont pu trouver au paravent, c‘est à dire, lorsqu‘elles étaient autonomes et jouissaient pleinement de leur jeune âge.

En effet, nos sujets font référence à une brutalité langagière qui recouvre les insultes et les paroles blessantes, humiliantes et dégradantes, qui ne sont pas le propre des aidants familiaux ou professionnels de la vie quotidienne, mais elles sont aussi émises par des professionnels de la santé. Ces violences verbales comme elles ont étés décrites, sont une offense directe et brutale de la personne âgée. Ils semble de ce fait, que c'est ce qui touche le plus et cause la détresse psychologique, dont ils n‘ont aucun moyen de combattre, rien qu‘en trouvant refuge dans des manifestations somatiques, très répandues dans les maisons de vieux.

La maltraitance est aussi vécue par nos sujets en terme de contrainte, d‘obligation et de répression de l‘‘expression individuelle. c‘est ce que indique Brown (2004) p 47, en décrivant la maltraitance psychologique :" il y a abus lorsque l'intégrité d'une personne est violée par une autre personne qui lui fait subir contre son gré des souffrances physiques ou psychiques , ou lorsque des droits civils sont bafoués ou ignorés". Contraindre la personne par l‘intimidation, est une forme de rejet de la personne en ignorant sa présence et en la dévalorisant.

Nos sujets parlent d‘abus, lorsque leurs besoins essentiels ne sont pas satisfaits dans la famille ou dans la société ou ils vivent, avec à la clé des préjudices cumulés ou permanents, des situations d'exclusion et de graves privations.

Toutes ces situations sont susceptibles de causer du tort, de la douleur et de blesser la personne, afin de la soumettre.

Partie pratique Chapitre 5 contexte pratique : l’enquête

169

D‘après Jérôme Pélissier (2003), il peut également s'agir, dans un très grand nombre de situations, de sévices physiques et psychologiques, qui ne sont que des instruments au service de la maltraitance matérielle. C'est à dire que l'auteur inflige de la souffrance physique ou psychologique à la personne vulnérable afin de la soumettre, pour qu'elle fini par céder à ses exploitations financières.

On retrouve, également, parmi les images évoquées de la maltraitance, un ensemble de conséquences émotionnelles négatives, tel que : se percevoir comme un chien, un animal, avec toutes les dimensions psychologiques et physiques que cela comprend et qui sont renforcées par l‘état de santé et la vieillesse. Il s‘agit de retirer à la personne toute qualité, en lui répétant à chaque fois, qu‘elle ne vaut rien, jusqu‘à ce qu‘on l‘amène à le croire. C‘est donc, l‘image d‘un être dépourvu de toute qualité humaine qui apparait et qui n‘a aucune considération sur le plan social.

Dans cette optique, les souffrances psychologiques et physiques sont intriquées et la vieillesse, qui représente un facteur de vulnérabilité en est un déterminant essentiel

Les situations de violence psychologique que vit la personne âgée, se distinguent, selon Marie-Thérèse Casman, et al.,(cité par Jérome Pelissier, 2003) ; par leur longue durée. Ce sont des attaques que la victime affronte au quotidien, dont les conséquences peuvent aller de la dépression, aux états de stress et jusqu‘aux démences, comme le souligne Jean Maisondieu ( cité par Jérome Pelissier(2003)).

Les attitudes et les réactions de la personne âgée, qui apparaissent plus couramment, sont donc, des modes d‘adaptation et des moyens de trouver un équilibre entre les différentes contraintes psychiques qui lui sont imposées. Ils vont de la parole abondante aux hurlements et aux cris ou le renfermement sur soi. Il est remarquable de noter que, à la différence des cris des autres catégories de personnes, en revanche ceux des enfants, qui sont considérés comme un mode d‘expression pour attirer l‘attention de l‘entourage , ceux des vieux sont considérés comme non signifiants et éloignent de ce fait l‘entourage. En effet, on écoute donc les premiers en cherchant à les interpréter, alors qu‘on tente de faire taire les seconds.

Partie pratique Chapitre 5 contexte pratique : l’enquête

170

Les répercussions psychologiques d‘une douleur prolongée sont également manifestes chez les personnes, qui ont fait partie de notre recherche. Elles sont exprimées en termes de souffrance profonde qu‘ils ont longtemps endurée. Cette état émotionnel qui ne peut pas être assumé, s'exprime par des plaintes douloureuses , crée une rupture de vie et déstabilise la personne.

Une fois fragile et vulnérable, la personne âgée n'arrive pas à intégrer dans sa vie les changements qui en sont les conséquences, et perd progressivement l'estime de soi. En effet, l'image de soi qu'elle a pu construire tout au long de sa vie , subit à présent une dégradation totale, pour évoluer vers une dévalorisation.

Nous constatons donc que la violence psychologique , souvent restée dans le non-dit, s'exprime par le biais d'une douleur qui stigmatise une souffrance muette.

Dans le document La maltraitance des personnes âgées (Page 178-181)