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Paysant Guillaume | Trajectoires paysagères des hydrosystèmes secondaires 86 2.2 L’approche paysagère – concepts et méthodes

Chapitre 3. Enjeux et démarche d’étude des trajectoires paysagères des hydrosystèmes secondaires – Deux cas d’étude

1) Cet atlas des paysages a été constitué à l’échelle régionale.

La DREAL des Pays de la Loire assure avoir suivi la « méthode définie par le ministère en charge de la politique des paysages »88. Le ministère en charge de l’écologie

(et du paysage) précise que « chaque département a vocation à être couvert par un atlas de paysages (même si son élaboration peut être conduite au niveau régional) »89. La

DREAL affirme que l’un de ses objectifs a été d’actualiser dans un même temps les atlas départementaux, mais on peut s’interroger sur l’efficacité d’un glissement d’échelle aussi « simple ». En effet, les atlas départementaux de cette version ne sont finalement que des « zooms » de l’atlas régional, alors que la démarche d’identification des unités a bien été

88 Source : http://www.paysages.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/les-choix-methodologiques- pour-la-realisation-de-l-r184.html [consulté le 11/11/2018]

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réalisée à l’échelle régionale90. Une attention a été porté à l’échelle du département91, mais

les unités paysagères qui en découlent interrogent. La disparition de certaines unités paysagères par rapport à l’atlas départemental de 2002 (pour l’Anjou), qui ont été « fondues » dans d’autres dans la version des PdL de 2016 découle peut-être de l’échelle régionale de l’analyse. En effet, dans l’Atlas des paysages de Maine-et-Loire de 2002, 13 unités paysagères avaient été identifiées (une unité « les portes du Baugeois » et une « les plateaux de l’Aubance » existaient alors, aujourd’hui « absorbées » respectivement dans « les plaines et coteaux du Saumurois » et « les coteaux du Layon et de l’Aubance »). On notera que les paysages de « plateaux » (de l’unité de 2012) et de « coteaux » (de 2016) ne sont pas compatibles et semblent témoigner de la perte de finesse dans cette identification à une échelle plus large. L’unité « les basses vallées angevines » au nord d’Angers concernait la vallée de la Sarthe et du Loir et a finalement été intégrée à l’unité « les vallées du Haut Anjou » pour le secteur de la Sarthe et constitue l’unité « la vallée du Loir » pour le reste. La « disparition » de l’unité paysagère spécifique aux basses vallées angevines n’est pas anodine sachant que ce lieu et son appellation ont du sens pour beaucoup d’angevins et concerne une zone importante de prairies inondables protégées par de nombreux dispositifs réglementaires pour son intérêt environnemental (Zone de Protection Spéciale, réseau Natura 2000, Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique et ciblées par la convention de Ramsar). D’autant que les basses vallées angevines sont mises en lumière par de nombreux acteurs du département dans le domaine du tourisme92 pour ce qui concerne les randonnées, de la sensibilisation à

l’environnement93, et de la richesse spécifique indéniable qu’elles représentent94. On peut

ainsi s’interroger sur ce que représentent ces pertes dans l’identité des paysages du département.

90 Source : http://www.paysages.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/une-identification-et-une- qualification-des-a291.html [consulté le 11/11/2018]

91 « Un premier travail de délimitation des unités a été réalisé au 1/25 000 à partir des atlas de paysages

départementaux existants, de la synthèse régionale et d’un travail de terrain. Puis des échanges avec les personnes ressources pour chaque département ont permis d’affiner et de valider leur dénomination et leur délimitation. » Source : http://www.paysages.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/une-

identification-et-une-qualification-des-a291.html [consulté le 11/11/2018]

92 Source : https://www.anjou-tourisme.com/fr/diffusio/randonnees/gr-de-pays-des-basses-vallees-angevines- angers_TFOITIPDL049V508QPU [consulté le 12/11/2018]

93 Source : http://www.angersloiremetropole.fr/projets-et-competences/domaines-d-

intervention/territoire/developpement-rural/les-basses-vallees-angevines/index.html [consulté le 12/11/2018]

94 Source : https://www.wiki-anjou.fr/index.php/Basses_vall%C3%A9es_angevines_(BVA) [consulté le

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2) Les unités de l’Atlas sont principalement caractérisées par deux éléments majeurs : la géomorphologie et l’activité agricole.

En effet, les principales descriptions de paysages mobilisent l’agriculture et la croise avec les grandes formes géomorphologiques (exemple : Les plateaux sédimentaires favorables aux grandes cultures, les larges fonds de vallées spécialisés comme le « Val d’Anjou », les buttes boisées, les coteaux viticoles, etc.) qui sont citées, selon les unités paysagères, comme contribuant à caractériser le paysage. L’hydrographie reste assez absente de ces atlas, le Couasnon par exemple n’est pas mentionné dans les unités paysagères qu’il parcoure (il est fait mention de « vallée » sans plus de précision) or sa présence marque le territoire. Ce fait confirme le manque de « médiatisation » qui est faite de ce cours d’eau. La dynamique des cours d’eau et leur lien au paysage est assez peu développés (sauf pour évoquer la ripisylve qui marque le paysage et les peupleraies qui se développent en fond de vallée).

3) Comme précisé ci-dessus, l’agriculture et les grandes formes géomorphologiques sont ce qui caractérise le plus les unités paysagères et donc leur découpage.

La place assez secondaire réservée aux hydrosystèmes fait que ces derniers ne conditionnent pas les délimitations des unités (hormis l’Authion et la Loire). Ainsi, le découpage des unités paysagères peut interroger dans notre démarche axée spécifiquement sur les hydrosystèmes. Ces emprises ne correspondent pas non plus aux périmètres de gestion de l’eau (SAGE, Commissions de l’eau, Syndicats de rivières, …) qui sont généralement rattachés au bassin versant ou au cours d’eau (lit mineur, largeur et annexes hydrauliques). Ainsi, nos périmètres d’analyse ne seront pas cohérents avec ceux des unités paysagères (les unités paysagères mobilisées pour les deux cours d’eau étudiés ont été développées précédemment dans le manuscrit).

C’est pour ces raisons que notre présentation des terrains sera complétée d’une approche « bassin versant » et « plaine alluviale » plus fine, correspondant à une certaine logique des processus de l’eau et des périmètres de gestion. Elle sera également alimentée de paramètres supplémentaires nécessaires pour la bonne contextualisation des cas d’étude.

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