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Les aspects organisationnels

L’organisation de ces festivals est très variable en fonction des départements. Certaines BDP sont totalement responsables de la gestion du festival, d’autres partagent la maîtrise d’œuvre avec des structures partenaires. Certaines BDP ne jouent qu’un rôle d’expertise et de conseil, ou bien donnent juste une subvention : c’est le cas de la BDP du Pas de Calais, qui pour l’année 2013 a versé 27 500 euros de subvention pour le festival « Conteurs en campagne », organisé par la Fédération des foyers ruraux du département. Le Festival itinérant du conte en Limousin « Coquelicontes » est un cas à part : il s’agit du seul festival organisé par un Centre Régional du Livre à l’échelle de la région, en partenariat avec la BDP de la Creuse, celle de la Haute-Vienne, l’Association des amis de la BDP de la Corrèze, et la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges. La plupart des festivals reçoivent une subvention du Conseil général, parfois du Conseil régional, et pour certains, du ministère de la Culture et de la Communication.

Concernant la programmation, on observe aussi différents cas de figure : « toutes les BDP sont responsables de la programmation, avec des nuances418 ». Si la programmation s’effectue uniquement à la tête du réseau (bien souvent pour

413http://bdp.cotedor.fr/jahia/webdav/site/bdp/shared/BDP21/COUP%20DE%20CONTES/2013/pro gramme2013web.pdf (consulté le 14 novembre 2013).

414 http://correzebiblio.cg19.fr/opacwebaloes/index.aspx?idPage=113 (consulté le 14 novembre

2013).

415 Emmanuel Négrier, Félix Dupin-Meynard, op. cit., p. 74.

416 Programme de l’édition 2013 du festival « Alors raconte ! » dans le Tarn-et-Garonne, qui n’est

plus disponible en ligne mais dont on retrouve une partie du contenu à l’adresse suivante :

http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/23/1542278-montauban-du-26-janvier-au-22-fevrier-le- conte-sera-bon-avec-alors-raconte.html. (consulté le 14 novembre 2013).

417 Dossier de presse de l’édition 2012 de « Conteurs en Touraine », op. cit. 418 ADBDP, op.cit.

DRIANT Pénélope | DCB | Mémoire d’études | janvier 2014 - 94 -

éviter que les bibliothèques choisissent toutes le même conteur ou le même spectacle), le choix des spectacles et de leur répartition parmi les communes peut dépendre de la direction ou d’un responsable de l’équipe interne de la BDP, ou s’effectuer en partenariat avec un conteur ou un programmateur professionnel associé, l’Association des amis de la bibliothèque, ou d’autres structures coorganisatrices du festival. Dans certains départements, en revanche, chaque bibliothèque du réseau est totalement maître de sa programmation : la BDP n’a qu’un rôle de conseil et d’expertise ; elle se charge aussi parfois de choisir les spectacles inaugurant et clôturant le festival. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un compromis : le choix de la programmation est dévolu aux communes mais il est encadré par la BDP, qui présélectionne une liste de spectacles et se charge d’harmoniser l’ensemble à l’issue des choix. Certaines bibliothèques émettent des demandes spécifiques quand elles veulent établir un lien entre le spectacle et une autre animation, comme une exposition sur un pays étranger. Mais la plupart du temps, les choix sont déterminés en fonction de contraintes techniques : « quand on envoie la programmation aux bibliothécaires, pour chaque spectacle on met où il peut être joué techniquement parlant » (extrait d’entretien). Les choix sont donc de toute façon très limités :

Ce qui est compliqué c’est qu’on travaille dans des salles communales polyvalentes non équipées. On a seulement 2 ou 3 communes qui ont une salle qu’on peut qualifier de spectacle et dans lesquelles on peut faire des choses plus élaborées techniquement. Donc pour ces grosses communes on va immanquablement leur imposer plus ou moins les spectacles qui techniquement sont trop lourds pour être montés dans les petites communes. Donc on va dire qu’elles n’ont pas trop le choix419.

Au sujet de l’organisation matérielle, la BDP coordonne l’ensemble de l’organisation du festival, assure la communication dans le département, et effectue les démarches administratives nécessaires (contrats de financement, déclarations aux sociétés de gestion des droits d’auteur, hébergements et transports des artistes…). Elle pourvoit aussi une aide technique aux communes, en envoyant une équipe faire la tournée des salles et, la plupart du temps, fournir des projecteurs, un fond de scène, une estrade ou des équipements de sonorisation420. Les bibliothécaires du réseau se chargent de la communication dans la commune, de l’aménagement de la salle polyvalente que la commune met gracieusement à disposition, pour y introduire des éléments de décor ou y fabriquer une loge de fortune, et de l’accueil des artistes. Au moment du spectacle, ils tiennent la billetterie et introduisent la séance afin de faire le lien avec la lecture publique. Les BDP offrent donc régulièrement aux équipes de leur réseau des formations ou des réunions d’information sur l’accueil des artistes et sur la logistique du spectacle vivant.

La majorité des spectacles sont répartis entre les salles polyvalentes des communes et les bibliothèques ayant les moyens d’accueillir du public. Mais certains spectacles sont destinés à des publics spécifiques, et ont lieu dans des crèches, dans des établissements scolaires ou dans des maisons de retraite. Quelques-uns ont lieu dans des établissements pénitentiaires : par exemple deux spectacles de l’édition 2004 de « Coquelicontes », et un spectacle de l’édition 2013

419 Extrait d’entretien avec la directrice de la médiathèque départementale du Territoire-de-Belfort. 420 La médiathèque départementale du Territoire-de-Belfort emploie chaque année des

Comment valoriser un fonds de littérature orale en bibliothèque ?

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de « Contes en balade », dans la maison d’arrêt de Nîmes. Pour maintenir le lien avec le réseau de la lecture publique, en plus de l’introduction du spectacle par un membre de la bibliothèque, plusieurs communes organisent un pot dans l’enceinte de la bibliothèque à l’issue du spectacle. Les bibliothèques tentent aussi d’organiser des animations en amont et en aval du spectacle, en lien avec sa thématique. Mais certains souffrent du « manque d’identification des bibliothèques en tant qu’organisatrices421 » du festival : « moi je préférerais remplir une jauge de 40 personnes dans la bibliothèque plutôt que 200 personnes dans la salle comme on fait422 ». Les programmes tentent souvent de remédier à ce manque d’identification : « le conte va tous nous entraîner vers un imaginaire merveilleux dont les bibliothèques sont en permanence le chemin naturel423 ».