• Aucun résultat trouvé

APPROCHE DEMOGRAPHIQUE DE LA FAMILLE DE HEU

Nicolas II x2 : Colette Barrois en

III. APPROCHE DEMOGRAPHIQUE DE LA FAMILLE DE HEU

A. Étude onomastique

La finalité de l'anthroponymie est d'analyser les variations du mode de détermination des personnes selon les époques et les sociétés. L’apparition du nom de famille au sein de l’aristocratie reflète une tendance de la cohésion lignagère1

.

Le plus souvent, les noms de lieux pris pour noms de famille désignent soit des noms de lieux d'origine soit des noms de lieu d'habitation. De tels surnoms peuvent en effet indiquer l'origine géographique d'un immigrant. Il s'agit généralement de rappeler le pays, la région, la ville ou le village d'où provient le nouveau venu. Ainsi, l’individu et sa famille sont situés par une référence locale. Il est vrai que jusqu’au XVIe

siècle où la loi instaure le règne du patronyme héréditaire, personne n’est tenu de posséder un nom de famille. Ce qui explique alors la référence au lieu d’origine de la personne2

. En outre, cette affirmation du lieu, comme élément de situation de l’individu parmi les autres, est la forme quasi exclusive de l’anthroponymie des nobles et comme le souligne Dominique Barthélemy, dans l’ouvrage de Monique Bourin, « la particule est déjà un marqueur nobiliaire »3. À quel moment considérons-nous la noblesse de la famille de Heu ? Il est certain que, dans un premier temps, la famille originaire de Huy-sur-Meuse est appelée à Metz « de Heu » traduisant à la fois son origine étrangère et aussi l’évolution phonétique qui se posent au sujet des noms. Dans un second temps, pouvons-nous dire que les Heu sont nobles depuis que Thiébaut de Heu exerce la fonction de maître-échevin en 1314 ? Il est vrai qu’à partir de 1257 le premier magistrat de la cité porte le titre de « Sire » même s’il n’est pas chevalier4. Il faut attendre un atour de 1305 pour obliger le maître-échevin nouvellement élu à s’engager, avant tout autre serment, à se faire armer chevalier avant la Pentecôte5. De ce fait, il est possible de considérer les Heu 1 P ARISSE 1976, p. 179. 2 F RAENKEL 1992, p. 98. 3 BOURIN 1990, p. 240. 4 PDV, I, p. 342. 5 S CHNEIDER 1950a, p. 150.

comme nobles dès 1314. En outre, d’autres signes de cette noblesse sont perceptibles. En effet, plusieurs membres de cette famille se font armer chevalier par les rois de France, comme Pierre de Heu en 1328 ou encore Roger de Heu à Crécy par exemple. Enfin, un autre indice est à soulever prouvant la noblesse de la famille de Heu. Cette dernière se fait, par la suite, appeler « d’Ennery ». Or, les nobles se déterminent d’emblée par une référence de lieu. Cette référence locale correspond au cadre de leur puissance, de leur autorité1.

La transmission récurrente de certains noms de baptême est aussi une caractéristique de nombreux lignages anciens2. Il existe un type de mémoire généalogique dite « immobile », où l’identité de la famille est de rester inchangée. Les parents choisissent librement les noms de leurs enfants parmi ceux que portent les membres de la famille proche. Les généalogies des notables nous apprennent qu’on donne à un enfant le prénom de son père ou de sa mère, de son grand-père ou grand-mère, d’un oncle, d’un parent par alliance, voire d’un cousin. Le choix des noms des filles ou des cadets témoigne, en revanche, soit du souci d'insérer le lignage dans une parenté cognatique, soit de la volonté d'orienter leur carrière.

Originaire du pays de Liège, il est normal de retrouver, à côté des prénoms germaniques tels que Thiébaut, Guillaume ou Robert, des prénoms tirés de la Bible et des noms de saints. Généralement c'est au profit des grands saints que s'opère la concentration du stock anthroponymique. Dans l'ensemble, les saints locaux sont moins sollicités que les saints universels pour donner leur nom aux enfants3. Pour la famille de Heu, mis à part l'emploi fréquent de Nicolas, le reste des prénoms sont d'origine biblique : Pierre, Jean, Anne, par exemple.

Pour les Heu, cette mémoire se traduit pour les garçons par la prédominance du prénom Nicolas et ses variantes Colignon et Nicole. Pour les filles, le prénom Marguerite est majoritaire. Ces prénoms lignagers exaltent la succession linéaire de père en fils et de mère en fille. Mais la mémoire des familles est plus complexe et s’enrichit aussi des alliances avec d’autres familles. Sur les neuf générations dont est composée la famille, nous recensons seulement soixante-sept noms, et ceux de Nicolas et Marguerite, sont fréquemment utilisés.

1 BOURIN 1990, p. 242. 2 BUTAUD,PIETRI 2006, p. 14-15. 3 B OURIN 1990, p. 245.

B. La famille face aux épidémies et conflits

Les premières mentions de la famille de Heu à Metz remontent aux années 1230 avec l’arrivée de deux frères Gilles et Roger. La ligne directe de la famille est issue de Roger de Heu et se perpétue jusqu’au XVIIe

siècle. Sur cette longue période, la famille a connu plusieurs difficultés. Comme le dit si bien une prière de cette époque : « Seigneur, libérez- nous de la guerre, de la peste et de la famine »1. Ces trois calamités s’abattent sur les gens provoquant une hausse de la mortalité, une chute du nombre des mariages et une diminution des naissances. Elles touchent aussi bien le menu peuple que le patriciat sans exception. La famille de Heu a participé aux guerres, elle n’échappe pas, non plus, aux épidémies et toutes autres calamités du temps. Toutefois, les cas de mort naturelle sont plus nombreux et Philippe de Vigneulles ne donne que peu d'exemples dans sa chronique.

Avant de parler de ces « calamités », il faut mentionner le fait que beaucoup de familles se sont éteintes en ligne masculine ou par manque d'hommes. Chez les Heu, on les femmes prédominent sur l'ensemble de la période. Par quatre fois, la lignée est se perpétue par des cadets : la première fois avec Thiébaut de Heu qui succède à son frère Colignon mort en 1285 ; la seconde fois c'est Guillaume de Heu qui en 1344 continue la lignée alors qu'il n'est que le quatrième fils de Thiébaut de Heu ; la troisième fois, en 1380, Nicolas Ier de Heu poursuit la descendance, alors qu’il est le second fils de Guillaume de Heu. Enfin, la quatrième fois par Nicolas III de Heu, en 1466, unique fils de Jean de Heu.

Les Heu et les conflits

 La guerre de Crécy (1346)

Les Heu participent à cette bataille par l’intermédiaire de Roger et Guillaume, deux fils de Thiébaut. Le manuscrit de Bruxelles en conserve une trace : « En l'an mil IIIC XLVI

furent engellez les raisins sur les sappes ou moys de septembre le/samedi apres l'exaltacion

1 M

saincte Croix. Et fut encores en celle annee la grande/battaille du roy de France contre le roy d'Angleterre, et y fut mort le roy de Behaingne,/le duc Raoulx de Lorranne, le conte de Flandre, le conte d'Alenson, le conte de Bloys,/le conte de Saulme et plusieurs autres grans seigneurs. Et y moururent messire/Rogier de Heu, chlr*, filz sr* Thiebault de Heu et messire Jacques de Moiellain, chlr*,/l'advellet de sr* Thiebault de Moiellain q(ue) fut, et y fut prins

messire Willaume Le /Hungre, chlr*, des gens du roy d'Angleterre et renssonné »1. Roger de

Heu trouve la mort lors de ce conflit. Guillaume est prisonnier des Anglais : « il fust prin

prisonier des angloys et menné en Engletere »2. Il serait aussi mort en Angleterre, toutefois d'autres éléments dans le manuscrit Goethals et les archives de Clervaux témoignent de son activité après Crécy. Nous ignorons si la famille a payé une rançon pour sa libération, de même que la date de son retour.

 L’expédition en Flandre (1383)

En 1383, les seigneurs lorrains se joignent à l’armée du roi de France Charles VI lorsque celui-ci se rend en Flandre. On connaît les causes de cette expédition : les Anglais, sous la conduite de l’évêque de Norwich, prétendent mener une croisade en faveur du pape de Rome Urbain VI contre le pape d'Avignon Clément VII. Les Anglais envahissent alors la Flandre et le domaine royal est menacé. Considérant ce danger, un conseil tenu à Arras décide de l’intervention de Charles VI. Le ban et l’arrière-ban sont convoqués pour s’opposer aux Anglais. L’armée royale est réunie le 22 août 1383. Le duc Jean de Lorraine et sa troupe composée des grandes familles de la région comme du Châtelet, Beaufremont, Fléville, Haussonville, rejoignent l’armée du duc de Bourgogne.

Les bourgeois messins sont aussi présents à cette expédition. Ils se sont joints à leurs voisins sous la bannière du duc de Lorraine ou sous celle du duc de Bar. Treize familles patriciennes y figurent, parmi lesquels : les Mitry avec Nicole, les Lohier avec Jean et Joffroy. Les Heu aussi sont présents à cette expédition en la personne de Nicolas, fils de Guillaume. Le manuscrit Goethals relate cet évènement ainsi que la participation de bourgeois messins : « L’an mil III C LXXXIII fut maistre eschevin de Mets messir Pier Fessault et en/l’annee

1

BRB, Fonds Goethals, ms. 1327, fol. 17 ; PDV, II, p. 26-27.

appres fut maistre eschevin s(eigneur) Nicolle Drowin, Charle VI, roy de/Fransce fit une armée pour aller en Flandre devant Bourbon et messir Nicolle /de Heu fit une chevaulchié pour aller servir led(it) roy de Fransce et amenait/avecq(ue) lui pluseurs nobles enter aultre VI noble hom(m)e de Mets c’est asçavoir s(eigneur)/Lourant le Gournay, s(eigneur) Jehan Drowin, s(eigneur) Warin le Gournay, s(eigneur) Jascque Bertrand /et s(eigneur) Jehan Bradi et firt telleman q(ue) led(it) roy fit grande honneur à d(it) s(eigneur) Nicolle /de Heu et à sa co(m)paignie et les frappit tous chevalliers et donnit à des(sus)d(it)/s(eigneur) Nicolle de gran dons »1. À noter que parmi ces seigneurs, Jean Braidi et Nicole de Heu sont de la compagnie du duc de Lorraine alors que les autres servent sous la conduite du duc de Bar.

 La défaite de Nicopolis (1396)

À une époque où le conflit franco-anglais tend à s’estomper, le péril turc réveille la chrétienté : l’avance des Infidèles par delà les détroits qui séparent l’Asie Mineure de l’Europe doit être contenue. À l'appel du roi Sigismond de Hongrie, une expédition française, commandée par Jean de Nevers, fils du duc de Bourgogne, se met en route. Les croisés sont écrasés par le sultan sur les bords du Danube, le 22 septembre 1396, devant les murs de Nicopolis2. Philippe de Vigneulles relate cet évènement comme suit : « (…) avint assés tost

apres audit crestiens une très mal adventure et une grande et piteuse bataille et très cruelle desconfiture. Laquelle desconfiture fut faicte par le dit souldan l’Amorabaquin devent ycelle cité de Nicopoly. En laquelle baitaille et desonfiture y olt bien L mil crestiens des mors et VI mil des prins. Entre lesquels y furent prins trois cens noble homme qui n’estoient pas de petitte estimacion »3. Des patriciens messins ont participé et ont péri à cette bataille : « y

furent mors plusieurs de noz vaillans seigneurs de Mets, seigneur Louran Gronnat, seigneur

Jehan Braidy et seigneur Jehan Corbelz »4. D’après la chronique de Jacques Desch,

Nicolas Ier de Heu trouve la mort également pendant cette bataille5.

1 BRB, Fonds Goethals, ms. 1327, fol. 59 et fol. 73v ; PDV, II, p. 90-91. 2 N OIRE 1971, p. 132-133. 3 PDV, II, p. 114-115. 4 PDV, II, p. 114. 5 W OLFRAM 1906, p. 356.

Les patriciens messins sont présents à toutes les grandes batailles du XIVe siècle. Mais leur participation tend à s’amenuiser au fil du temps. Enfin, en 1415, aucun noble messin ne participe à la bataille d’Azincourt1

. Cette non-participation aux batailles françaises peut s’expliquer par une certaine désaffection de leur part. Les patriciens messins ne répondent plus qu’aux services armés (ost ou chevauchée) que la possession de fiefs leur impose. Un peu plus tard, en 1467, pour desservir uniquement leur fief, le seigneur Very Roucel et le jeune Nicolas III de Heu envoient « leur verlet pour et en lieu d’eulx »2 pour répondre à l'ost du duc Charles de Bourgogne contre les Liégeois.

 Les guerres de religion

C’est en défendant leurs convictions religieuses que certains membres de la famille de Heu ont trouvé la mort. Après le siège de 1552, Gaspard de Heu semble être resté à Metz malgré l’occupation française. Au moment où l’armée impériale se rassemble et menace la cité, et que François de Lorraine, duc de Guise, arrive pour défendre la ville, c’est à Gaspard qu’il fait appel. Il l’envoie le 15 septembre auprès du Margrave de Brandebourg qui, ayant pris Trèves, pousse jusqu’à Rurange, afin de connaître ses intentions. Gaspard participe aux négociations. Toutefois devant les prétentions financières du Margrave, les négociations sont rompues. Le Margrave qui a confié son artillerie au duc de Guise la retire de Metz et Gaspard de Heu est chargé de lui servir de guide pour traverser la Lorraine. Cependant, devant la lenteur des négociations, le Margrave, s’étant réconcilié avec l’empereur Charles Quint, revient devant Metz avec ses troupes. Gaspard de Heu profite de l’occasion pour demander son congé au duc de Guise, qui dans l’urgence de la situation, décide de vider la ville des « bouches inutiles »3.

De là, Gaspard part pour Reims puis Paris où il tente de récupérer et vendre quelques biens lui venant de sa femme. La favorite Diane de Poitiers s’est fait attribuer les biens du seigneur de Rognac, beau-père de Gaspard de Heu, et l’a fait saisir et exécuter comme hérétique dans le but de mieux assurer sa position. Malgré cela, Gaspard commence la vente 1 PDV, II, p. 168-169. 2 PDV, II, p. 390. 3 M AZAURIC 1978, p. 131.

de ses terres de France au duc de Nemours. Lorsqu’il revient à Metz courant janvier 1553, il se rend fréquemment à Ennery. C’est lors d’une de ses visites à sa mère que, rencontré au départ d’Ennery par une patrouille impériale, il est arrêté, emmené à Thionville puis envoyé à l’empereur Charles Quint à Bruxelles. Ce n’est que le 6 février 1555 que la sœur de Charles Quint, Marie, lui envoie un instructeur, Corneille Scepeus, pour entendre ses explications sur son attitude lors de l’occupation de Metz par les Français. Cet instructeur intitule son rapport : « Recueil en brief des longs propos que Gaspard de Heu a tenu a moy Corneille Sceppeus »1. Sorti de prison la même année, Gaspard retourne à Paris pour conclure la transaction de ses biens en France avec Jacques de Savoie, duc de Nemours. En échange des terres héritées du seigneur de Rognac, Gaspard obtient une seigneurie dans l’ancien comté de Neufchâtel en Suisse. C’est là que, durant sa captivité, sa femme et ses enfants se sont retirés.

Par son beau-frère, Jean de Barry, seigneur de la Renaudie, Gaspard de Heu est mis en relation avec Antoine de Bourbon, roi de Navarre, qui se disait rallié à la Réforme. Gaspard se rend à Paris, et décide de lui apporter le soutien des princes protestants allemands dont il se fait le porte-parole. Toutefois, attendant la délégation allemande, Gaspard de Heu devient de plus en plus suspect à la cour à tel point que le 25 mai, jour fixé pour l’audience de la délégation allemande à Paris, il est arrêté par ordre du Cardinal de Lorraine et transféré au château de Vincennes où il est soumis à la question. D’après Roger Mazauric, Gaspard de Heu est enseveli dans un fossé du château sous les arches du pont de la poterne2.

Deux autres membres de la famille sont décédés pendant les guerres de religion. Le premier, Robert de Heu, fils de Robert et de Claude du Châtelet, trouve la mort lors du siège de Saint-Martin d’Ardèche en 1583. Le second, Gaspard II de Heu, fils de Gaspard, est fait prisonnier en janvier 1593. Il est décapité à Bruxelles la même année.

 Les guerres messines

L’ensemble du patriciat messin, dont les Heu, participe à des guerres dites nobles : croisades, guerre de Cent Ans, par exemple. Cependant, qu’en est-il des guerres livrées par la ville de Metz et dans son pays ? On remarque rapidement que ces guerres ont causé très peu

1

Ibid., p. 133.

2 M

de morts parmi les patriciens messins, bien que la cité soit continuellement en conflit avec ses voisins. Par principe, la cité engage des mercenaires, les « soldoyeurs », pour se défendre ou entreprendre des actions militaires. Les chroniques relatent leurs exploits pendant ces conflits. Les durées d’engagement des soldoyeurs varient de deux semaines à toute une vie1

.

Les Heu confrontés aux épidémies : peste et autres maladies.

Introduite en France au milieu du XIVe siècle, la peste est présente dans le pays jusqu’à la fin du XVIIe

siècle, agissant avec une récurrente périodicité. D’épidémique en 1347, la peste devient endémique, toujours susceptible de se manifester avec plus ou moins de virulence, sévissant particulièrement du printemps à l’automne, ce qui est attesté dans les chroniques.

Le fléau arrive dans la région mosellane au printemps 1350 et poursuit ses ravages pendant huit mois. Elle fait à nouveau son apparition en Lorraine en 1390 et éclate à Metz vers la Saint-Jean. Le nombre de victimes, cette année, peut être évalué à quinze mille. Philippe de Vigneulles nous apprend ceci : « et y olt en celle année moult grant mortalité en

ycelle cité de Metz et par tout le pays entour »2. La peste revient fréquemment dans la cité et

n’épargne personne. Durant l’été 1466, la peste sévit particulièrement à Metz. La mortalité redouble en juillet pour ne cesser qu’au début de l’hiver 1467. Cette peste décime la population messine. En regardant de près la liste de noms que fournit Philippe de Vigneulles, nombre de patriciens illustres périssent de cette épidémie ce qui lui fait dire : « la seigneurie

de la cité en fut fort amendrie et descrute »3. La famille de Heu n’échappe pas à cette

épidémie et connaît deux décès : Jean de Heu, maître-échevin en 1458, et sa fille Perrette4. Outre la peste, d’autres maladies et épidémies peuvent sévir et notamment la méningite. Cette dernière apparaît en 1438 et touche l’ensemble de la population. Philippe de Vigneulles rapporte que l’air est infecté et qu’on ne voyait que des personnes malades dans les rues, et de chaude maladie5. Toujours d’après Vigneulles, cette épidémie fait près de

1 M ELLARD 2008, p. 284. 2 PDV, II, p. 107. 3 PDV, II, p. 378. 4 PDV, II, p. 378 ; AUBRION, p. 4. 5 PDV, II, p. 252.

20 000 morts1. Félix Maréchal voit dans cette infection les symptômes d’une méningite : fièvre ardente et délire frénétique2. Cette épidémie revient en 1458. Elle cause la mort de « plusieurs nobles et notables personaiges en plusieurs lieux »3. Cette même « pestilence » fait son retour en 1462, après un bel été et de bonnes récoltes, sans causer une grande mortalité tout d’abord, mais l’aggravation peut-être due à la chaleur provoque quatre mille morts en deux mois. Cette épidémie frappe deux seigneurs de renom, Nicole Louve et Nicolas II de Heu4.

Les épidémies ont toutes les mêmes conséquences, celle de provoquer la fuite de la population de la ville de Metz. Cette fuite n’est pas toujours salvatrice puisqu’elle conduit à la propagation de l’épidémie. En 1485, Catherine le Gronnais, femme de Nicolas III de Heu, se réfugie à Ennery, fuyant la mortalité de Metz. Toutefois, le mal la prend à Ennery. Les patriciens ne sont pas les seuls à fuir devant les épidémies. Tous ceux qui ont la possibilité de quitter la ville le font. Cette réaction de fuite n’est pas propre à Metz. Lorsqu’un fléau s’abat sur Paris, les rois sont les premiers à fuir : en 1380, par exemple, Charles V quitte la capitale pour Montargis. Lors de l’épidémie de 1438, « furent constaintz le conte de Richemont,