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L'apprentissage du français

Dans le document Réfugiés et formation (Page 138-145)

PROJET D' INTEGRATION POUR FEMMES REFUGIEES TURQUES ET KURDES ST A TUT AIRES, VIVANT DANS LA

EXPERIENCES DE FORMATION POUR REQUERANTS D'ASILE A L'AGECAS

3. L'apprentissage du français

La Confédération octroie au requérant d'asile le financement d'un cours de français axé sur la vie quotidienne afin "de dispenser les connaissances de base nécessaires de la langue officielle parlée à l'endroit où se trouve le centre"

(voir la directive n° 1 0 de la loi sur l'asile).

Dans ce cadre, les institutions s'occupant de la prise en charge des requérants d'asile ont eu systématiquement recours aux écoles de langues de la place avec un suivi et des résultats plus ou moins satisfaisants.

Une augmentation considérable d'arrivées de requérants d'asile a soulevé la question de l'adéquation du système d'apprentissage du français avec les besoins de la vie quoti­

dienne du requérant d'asile et les moyens financiers mis à disposition.

Dans ce contexte, un consultant, financé par le Départe­

ment de la prévoyance sociale et de la santé publique, a travaillé dès septembre 1 991 avec un groupe ad hoc, composé de représentants de l'AGER (Association genevoise d'entraide aux réfugiés), de l'AGECAS et de l'Hospice Général.

L'objectif du groupe a été de proposer des orientations et un programme d'apprentissage tenant compte de toutes les contraintes et en considérant les lieux de la vie quotidienne du requérant d'asile comme générateur de formation.

Objectifs

Lorsque l'on se pose la question suivante: quel type de for­

mation est à donner aux requérants d'asile ? Deux aspects importants sont à prendre en compte : d'une part, la nouvelle procédure d'asile, et d'autre part, le nouveau mandat de l'AGECAS, qui est constitué par le 1 er accueil et dont la durée d'hébergement est de 6 mois.

Le groupe de travail s'est penché sur la question, les 2 objectifs étant de

- maximaliser l'investissement de l'apprentissage du fran­

çais et de minimiser les coûts,

- donner aux requérants d'asile les moyens d'acquérir les instruments nécessaires pour se "débrouiller" dans le nouveau contexte socio-culturel et se préparer au 2ème accueil, qui consiste à la rechorche d'un travail, l'intégration sociale et professionnelle (connaissance des normes, du fonctionnement de la société suisse).

Conditions de la formation

Quels sont les lieux et les moments où l'apprentissage du français peut se faire ?

- Où ?

- les écoles privées,

- les foyers, lieux essentiels et privilégiés d'échanges. En effet, le foyer est le centre du quotidien, de la vie communautaire, de l'animation et du travail en unités de valeurs,

- les classes spécialiées assurées par l'AGER (analphabè­

tes, personnes ayant des difficultés linguïstiques).

- Quand ?

- Il est nécessaire d'évaluer les besoins de chacun en fonction de leur situation et du contexte, en particulier de la procédure d'asile en cours.

Quel public ?

Une estimation des effectifs se monte à environ 1 50 personnes (chiffre qui peut varier en fonction de l'arrivée de requérants d'asile) qui en permanence suivraient des cours de français. La population concernée est celle qui n'a pas reçu de refus dans la période des 2 premiers mois et celle provenant des pays où la Suisse ne refoule pas.

Pour les autres requérants, un apprentissage informel se fait au travail du travail en unités valeurs et de l'animation au sein des foyers.

Les formateurs

Un collaborateur de chaque foyer serait chargé de dis­

penser des cours de français àtemps partiel. Deux aspects sont à souligner : d'une part ceci implique une approche intégrée de la formation et, d'autre part ceci permet de valoriser les compétences des collaborateurs sociaux.

En effet, l'apprentissage du français se pratique dans une dynamique connue du requérant : le champ d'apprentissage est le quotidien, la vie au foyer est le noyau de cette démarche d'apprentissage. Le collaborateur social connaît très bien l'univers social du résident, les aspects culturels et leurs implications. Ce dernier doit avoir un certain nombre de qualités, dont la capacité de développer une formation­

action , la disponibilité, l'imagination , la créativité, des aptitudes à communiquer.

Les futurs formateurs suivent une formation qui comporte 2 étapes. Dès la première, la formation se caractérise par une réflexion sur les objectifs à fixer, les besoins et attentes du public, les supports didactiques, l'évaluation des acquis, etc. .. La deuxième se compose d'un encadrement pédagogique permettant l'élaboration d'un programme pédagogique, la discussion sur les problèmes rencontrés, l'acquisition d'une démarche de formation. Deux responsables de formation pour l'ensemble des structures seront chargés de cet encadrement pédagogique.

Il pourra être fait appel à d'autres écoles, telles les classes spéciales (problèmes linguïstiques) ou des classes com­

plémentaires (formalisation des connaissances).

Problèmes liés à une expérience de formation

La liste des problèmes exposés ci-dessous n'est pas exhaustive, cependant nous citerons les plus importants. Il y a des difficultés liés à des facteurs individuels tels que

- l'âge,

- les différents niveaux scolaires, - l'hétérogénéité culturelle,

- la différence de construction de la langue maternelle, - la différence entre les besoins et les attentes du public concerné.

D'autres sont liés à des facteurs contextuels

- motivation liée au contexte de la procédure d'asile en cours et au requérant lui-même,

- adaptation des supports pédagogiques au public concerné, adéquation des méthodes utilisées,

- définition des objectifs,

- mouvance des classes, abandon, - problèmes d'horaire, gestion du temps.

Ceci implique une harmonisation entre l'offre et la demande de formation, une adaptation permanente des formateurs au groupe, en somme une pédagogie dynamique.

En conclusion, l'objectif principal de cette expérience est de développer une stratégie pédagogique qui tienne compte de toutes les limites citées précédemment et de les équili­

brer avec les buts visés.

Dans une approche pédagogique, 4 aspects importants sont à prendre en compte :

- l'aspect situationnel : dans quel contexte le requérant d'asile va-t-il utiliser le français ?

- l'aspect fonctionnel : la langue étant u n instrument de communication, quels outils du langage le requérant doit-il maîtriser ?

- l'aspect comportemental : apprentissage des normes socio-culturelles du pays d'accueil.

- l'aspect structural : acquisition de compétences phono­

logiques, syntaxiques et lexicales.

Le souci est d'adapter une formation à un type de public dans un contexte restrictif.

Pistes de recherches en guise de conclusion Aide au retour

- Au niveau de la population bénéficiaire, travailler avec des groupes venant de pays où l'on ne refoule pas, afin d'avoir une certaine garantie pour échelonner la formation dans le temps.

- Avoir la possibilité de développer une formation intégrant savoir-faire, technique et gestion , dans le but de pouvoir créer de petites entreprises.

- Voir la possibilité de proposer une formation plus intensive.

-· Développer un projet d'intégrant à un programme large qui conçoit le suivi dH la réinstallation dans le pays d'origine ..

.. Identifier et développer des crénaux dfJ formation pour les k°Hnmes, tels que la couture , la santé, etc ...

Français

- Développer un système de formation qui harmonise les impératifs d'intégration / compétences et d'organisation

institutiûnnelle.

- Identifier et systématiser des éléments de la vie quoti­

dienne du requérant d'asile comme générateur de formation.

REFLEXIONS A PROPOS DE L'ASILE

Dans le document Réfugiés et formation (Page 138-145)