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Chapitre I CADRE CONCEPTUEL

3. Aperçu sur le concept d’activité

3.1. Défnition et structure de base d’une activité

Leontiev (1975) conçoit l’activité comme une caractéristique particulière et vitale de l’homme qui lui permet en tant qu’actant à être capable d’initier des projets d’action sur le monde en vue de satisfaire ses besoins. Si ce sont ces derniers qui conditionnent et orientent l’activité du sujet sur le monde, les besoins du sujet deviennent aussi ceux de la collectivité. Ainsi, Leontiev définit l’activité comme étant « une organisation systémique permettant le

développement de la conscience » (Taurisson, 2005, p. 70-75)

Pour comprendre l’activité, il préconise une approche de sa structuration en différents paliers sous une forme hiérarchique à trois niveaux : l’activité proprement dite, les actions associées à sa conduite et les opérations exécutées. Leurs frontières entre eux sont en général difficiles à identifier (Bourguin & Derycke, 2005 ; Beauné, 2010) : elles restent floues et mouvantes.

• L’activité. Dans la hiérarchisation des niveaux de l’activité, le nom de l’activité inter- vient comme le niveau supérieur qui coiffe tous les autres niveaux. Orientée par son objet, l’activité vise une finalité trop vaste pour être complètement perçue et atteinte par une seule personne (Taurisson, 2005, p. 72). Si l’activité est orientée vers une fi- nalité, cette dernière englobe à la fois les intentions d’un sujet et la réalité de la situa- tion dans laquelle l’activité se déroule. En fonction des buts poursuivis et de la motivation suscitée, une activité peut engendrer de nombreuses actions (Kuutti, 1996).

• Les actions. Constituant le deuxième niveau de l’activité, les actions ont un objectif précis (Taurisson, 2005) : contribuer au succès de l’activité. Si une activité est réali- sée par une série d’actions conscientes orientée chacune par but précis (Bibang-As- soumou, 2013).

Pour Leontiev, le sens de l’action est indirectement orienté vers la satisfaction du besoin. Il est plus lié à la prise de conscience des acteurs qui fondent l’existence des actions complé- mentaires menées par les pairs. C'est cette prise de conscience des acteurs qui conduit à la re- cherche de la satisfaction des besoins communs à la communauté. Cette absence de linéarité des actions et la complexité de leurs relations au sein de l’activité a été aussi soulignée par Taurisson. Selon lui, cette prise de conscience de besoins communs conduit à la division du travail laquelle est indispensable pour la réussite de l’activité : chaque groupe aura à s’occu- per de certaines actions, différentes d’un groupe à l’autre, mais avec la conscience de leurs rôles dans le succès de l’activité collective (Taurisson, 2005).

• Les opérations. Elles constituent le troisième niveau et le niveau le plus bas du mo- dèle. Elles sont à la base de l’activité et correspondent à des actions produites auto- matiquement à force de réalisations successives et qui respectent un modèle fiable construit en fonction de certaines conditions. Exécutées inconsciemment, les opéra- tions sont sous l’orientation d’une base établie au travers de l’expérience qui apparaît au contact des conditions matérielles concrètes (Bardram, 1997).

« Une activité est associée à un motif, une action à un but et une opération à des conditions nécessaires à son exécution » ((Barma, 2010, p. 683), se référant à Class (2001).

Abibang-Assoumou (2013), s’inspirant de la conception de Leontiev (1978), présente les ni- veaux d’activité humaine en association avec leur orientation, leur fonction, la ou les per- sonnes intervenant à chaque niveau et l' « état de conscience », comme le montre le tableau I.1 suivant :

Niveau Orientation vers

Fonction Réalisé par État de conscience Activité Objet-Motif-

Mobile

Incite à l’action

Communauté Non ou peu

conscient

Action But Oriente et dirige l’action Individu ou groupe Conscient Opération Conditions instrumentales – Moyens Réalisation de l’action Routines (homme- machine) Non conscient, automatisé

Pour souligner le caractère mouvant des niveaux de l’activité, Leontiev précise qu’une action peut s’élever au niveau d’une activité ou, une activité peut correspondre à une action dans une activité d’une portée plus générale.

Dans son explication des niveaux de l’activité, Magakian (2009) montre que l’activité se constitue de deux niveaux en correspondance au cours de l’activité. Il indique d’abord que l’activité est liée au motif, matériel ou idée, qui éveille et oriente vers le sujet l’activité en question. De plus, ce motif peut être donné dans la perception comme il peut être imaginé. Ensuite, l’activité n’est observable qu’au travers des actions qui la réalisent. Quant aux ac- tions, leurs réalisations doivent mettre à jour des résultats. Elles sont donc bien soumises à un ou des buts conscients lesquels permettant d’attester si elles ont été clôturées ou pas, si les buts des actions ont été ou pas atteints.

Les opérations elles, se rapportent aux conditions de l’agir. Magakian souligne une éventuali- té de fluctuation de l’action en fonction des conditions d’accès à l’agir, dues aux objets de la situation. Il Il donne l’exemple d’un possible changement des conditions matérielles suscep- tible d’occasionner des bouleversements du contexte d’opération. Se référant à Leontiev, Ma- gakian résume cet état de fait comme suit :

« Dans le cours général de l’activité qui forme la vie humaine dans ses manifestations supérieures, médiatisées par le reflet psychique, l’analyse distingue premièrement les activités isolées (particulières) d’après le critère de leurs motifs. Puis, on distingue les actions – les processus qui obéissent à des buts conscients. Enfin, ce sont les opéra- tions qui dépendent directement des conditions de réalisations d’un but concret »

3.2. Exemples d’une activité

Dans le cadre de la concrétisation de la notion d’activité, et surtout son exécution sous sa forme hiérarchique respectant les niveaux, nous présentons ici deux exemples d’activité don- nés par Kuutti (1996) et repris par Magakian (2009, p. 61) : la construction d’une maison et la recherche scientifique, présentés parallèlement.

Dans l’exemple de la construction d’une maison, l’activité est de « construire un abri ». Dans cette activité, plusieurs actions sont possibles dont celles consistant à concevoir le plan de la maison et donc « assembler la structure » et puis « transporter les matériaux ». Quelques- unes des opérations possibles figurent « creuser » pour la fondation, « visser », « peindre » les murs…

En rapport avec l’exécution de l’activité en communauté, Leontiev introduit deux autres formes. D’abord, il introduit les notions de « rôles » en ce qui concerne la division du travail entre les membres d’une communauté et ensuite, les « rôles et règles » en matière de leur communication. La division du travail est vue comme médian des interactions entre une communauté donnée et son environnement dans lequel elle vit. Elle permet, dans ce sens, aux membres de cette communauté de se fixer des rôles complémentaires en vue de faciliter la réalisation de l’objet commun ainsi poursuivi (Bracewell et al., 2007). De plus, les règles et les normes de la communauté quant à elles assurent les médiations des interactions entre chaque individu et la communauté dans laquelle il vit en permettant de négocier le sens des actions à mener ensemble au sein de la communauté en tant que composante à part entière de celle-ci.

4. Différentes théories de l’activité ?