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Annexe 2 : Programme de formation sur l’humour et la créativité dans la relation de

soin………... 80 Annexe 3 : Les entretiens……….. 81 Annexe 4 : Résumé de la thèse en anglais………...212

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INTRODUCTION

« Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter. » Raymond Devos

La « communication » est actuellement au centre de la relation entre le médecin et son patient et de la qualité de la prise en charge de ce dernier [1]. En effet, de nombreuses études ont révélé qu’une meilleure communication médecin-patient améliore le suivi des traitements, les résultats cliniques et la qualité de vie des patients. Elle améliore également leur satisfaction ainsi que celle des médecins [2].

Cependant, et tenant pour acquis le caractère inné de leurs compétences en communication, les médecins y sont pour la plupart, peu formés [1, 2, 3].

Dans la volonté de promouvoir cette communication médecin-patient et ainsi de potentialiser la prise en charge des patients en médecine générale, notre attention s’est tournée vers une étude publiée en 2008 dans le Medical Journal of Australia [4]. Celle-ci conclut que l’utilisation réfléchie de l’humour par le médecin généraliste est l’une des principales qualités humaines reconnues par les patients dans l’instauration de la relation médecin-patient. Nous avons donc choisi de nous intéresser en particulier à ce procédé de communication, si apprécié par les patients [4].

Pour autant, une revue de la littérature sur la place de l’humour en médecine générale s’est avérée peu fructueuse. En effet, lorsque nous avons interrogé la base de données PUBMED avec les Mesh suivants, sans aucun filtre restrictif associé : (("Humor" [Publication Type] OR "Wit and Humor as Topic"[Mesh] OR "Anecdotes" [Publication Type])) AND "General Practice"[Mesh], moins de cinquante articles ont été recensés.

Cela justifie donc d’étudier cette thématique peu explorée dans la littérature alors même qu’elle paraît si importante pour les patients [4].

Par ailleurs, la consultation du répertoire de thèses de médecine SUDOC a révélé que deux thèses ont traité de l’humour en médecine générale de manière pratique.

La première est une étude qualitative réalisée en 2012, menée en focus group auprès des patients sur la place de l’humour en consultation de médecine générale. Elle a été publiée

8 dans le numéro 104 de la revue Exercer paru en novembre 2012 suite à l’attribution du prix de « thèse du mois » par l’université de Strasbourg. Cette étude a montré que pour les patients, l’humour dans la relation médecin-patient était une arme efficace mais à double tranchant, tantôt thérapeutique, tantôt nuisible, qui devait être utilisée à bon escient [5]. Cependant, cette étude ne tient pas compte de l’avis des médecins généralistes qui paraît pourtant indispensable pour dégager l’intérêt pratique de l’utilisation de ce procédé de communication dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients.

La seconde est une étude quantitative réalisée en 2004 auprès des médecins généralistes sur l’intérêt et la place de l’humour dans la relation médecin-patient en médecine générale. Cette étude a mis en évidence, d’une part, que pour la majorité des médecins interrogés, l’humour était un atout thérapeutique, qu’il était utile pour dédramatiser une situation et améliorer l’accueil du patient. D’autre part, 47% des médecins généralistes interrogés pensaient que l’humour avait une place « importante » dans la relation médecin-patient [6]. Cependant, cette étude quantitative n’a pas été rigoureuse sur le plan scientifique et l’échantillon n’était pas représentatif de la population des médecins généralistes. En effet, celui-ci était constitué exclusivement de médecins généralistes enseignants et le sex-ratio ne reflétait pas celui de l’ensemble des médecins généralistes à l’échelon national [6]. De plus, la méthodologie quantitative paraît peu adaptée à l’exploration d’un sujet aussi vaste et subjectif que l’humour qui ne peut être analysé par un simple questionnaire à choix multiples. On peut donc se poser la question de la validité externe de cette étude et de la généralisation de ses résultats.

Nous émettons donc l’hypothèse que l’humour est un outil de communication permettant de potentialiser la relation médecin-patient et de bonifier la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients.

Nous avons considéré que la méthodologie qualitative était la plus appropriée pour étudier cette hypothèse. En effet, cette méthodologie a l’avantage de permettre aux personnes interrogées de développer leur point de vue au-delà des réponses préconçues d’un questionnaire préétabli. Ce dernier constituerait un biais qui influencerait les réponses dans le sens du chercheur [7].

Nous avons choisi de cibler notre enquête chez les médecins généralistes. En effet, en tant que professionnels de santé, le point de vue de ces derniers nous paraît plus légitime que celui des patients pour comprendre les potentialités de l’humour dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients.

9 L’objectif principal de cette étude est de définir l’humour, comme outil de communication et les modalités de son utilisation en médecine générale.

Le premier objectif secondaire est de déterminer si l’utilisation de l’humour par le médecin généraliste permet d’améliorer la relation médecin-patient et la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients.

Le deuxième objectif secondaire est de déterminer les besoins d’une formation sur cet outil de communication pour les étudiants en médecine et d’évaluer la motivation des médecins généralistes installés à participer à une telle formation pour améliorer leurs performances communicationnelles.

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MATERIEL ET METHODES

I. Nature de l’étude et méthodologie

Il s’agit d’une enquête qualitative menée à l’aide d’entretiens semi-dirigés.

II. Population étudiée

Cette étude a été réalisée auprès des médecins généralistes de la Somme.

Les médecins généralistes ont été recrutés au hasard par ordre alphabétique dans l’annuaire des pages jaunes. Nous avons ainsi pris contact par téléphone avec les médecins généralistes en leur demandant s’ils étaient disposés à participer à notre travail de thèse sur le thème de « l’humour en consultation de médecine générale ». Le seul critère d’inclusion était donc d’être un médecin généraliste exerçant dans la Somme.

Ont été exclus de l’étude tous les médecins pour lesquels la prise de contact téléphonique se sanctionnait par l’interposition d’un répondeur ou d’une secrétaire filtrant les appels et refusant de transmettre la communication au médecin. Il est à noter que nous n’avons pas écarté les médecins que nous connaissions dès lors qu’ils apparaissaient dans l’ordre alphabétique de l’annuaire des pages jaunes. Leur recrutement a donc aussi été effectué au hasard.

Un seul médecin nous a répondu ne pas être intéressé par le sujet et trois médecins nous ont répondu être intéressés mais trop occupés. Ils nous ont priés de les rappeler en cas d’échec de nos prises de contact ultérieures, ce qui n’a pas été le cas.

Au total, dix entretiens ont été réalisés en garantissant aux médecins leur anonymat.

Selon la méthode d’analyse qualitative, l’échantillon sélectionné ne doit pas être représentatif quantitativement mais qualitativement [7]. En cela, les informations issues des entretiens sont validées par leur contexte mais n’ont pas besoin de l’être par leur probabilité d’occurrence. En d’autres termes, une information donnée une seule fois dans un seul entretien a un poids équivalent à une information répétée de nombreuses fois dans plusieurs entretiens [8].

12 Le nombre de médecins interrogés n’a pas été déterminé à l’avance. En effet, les entretiens ont été arrêtés une fois que « la saturation des données » a été atteinte. Cette notion signifie qu’aucune nouvelle information n’a émergé lors de l’analyse du dernier entretien [9].

III. Les différentes phases de l’étude

Cette étude s’est déroulée en six phases.