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Chapitre 3 : Bref portrait statistique de quelques caractéristiques linguistiques de personnes originaires de

3.3 Étapes de réalisation

3.3.5 Analyses descriptives

Tableau 3.2 Quelques indicateurs des caractéristiques linguistiques des immigrants africains au Québec selon quatre pays de naissance en 2016.

Langue maternelle

Côte d’Ivoire Sénégal Burundi Cameroun Français seulement 80,7 % 41,9 % 20,6 % 80,3 % Français et langue africaine 2,3 % % 8,0 % 4,6 % % 3,0 % Langue africaine seulement 14,2 % 47,2 % 71,4 % 9,0 %

Autre cas1 2,9 % 2,9 % 3,5% 7,7%

Total 100 % 100% 100% 100%

N 9 950 7 210 4 625 14 015

Langue parlée le plus souvent à la maison

Côte d’Ivoire Sénégal Burundi Cameroun

Français 93 % 65,4 % 52,9 % 88 %

Anglais 1 % 0,8 % 3,1 % 4,8 %

Langue africaine + F|A2

4,2 % 16,5 % 20,5 % 5,9 %

Langue africaine 1,8 % 17,3 % 23,5 % 1,3 %

Total 100 % 100 % 100 % 100 %

N 9 950 7 210 4 625 14 015

Première langue officielle parlée

Côte d’Ivoire Sénégal Burundi Cameroun Français seulement 98,3 % 91,0 % 84,4 % 93,1 % Anglais seulement 0,7 % 1,0 % 3,0 % 5,6 % Autre cas 1,0 % 8,1 % 12,5 % 1,2 % Total 100 % 100 % 100 % 100 % N 9 945 7 210 4 625 14 015 Langue de travail

Côte d’Ivoire Sénégal Burundi Cameroun Français seulement 78,9 % 75,6 % 75,3 % 72,9 % Français et anglais 14,4 % 16,8 % 14,9 % 18,3 %

Autre cas 6,7 % 7,6 % 9,8 % 8,9 %

Total 100 % 100 % 100 % 100 %

N 6 280 5 410 3 060 9 030

Source: Statistique Canada, Recensement 2016 (traitement des micro-données par Iris Ntore)

1 Autre langue avec utilisation également de l’anglais (afin de respecter les règles nous n’avons pas pu isoler la population de langue anglaise)

2 Langue non officielle avec utilisation également du français et/ou de l’anglais

3.3.5.1 Langue maternelle

La langue maternelle déclarée correspond à la première langue apprise lors de la socialisation primaire et qui serait encore comprise. Les différents portraits sociolinguistiques de la Côte

d’Ivoire, du Sénégal, du Burundi et du Cameroun que nous avons déjà présentés nous renseignent en partie sur cet indicateur. Les statistiques nous montrent que le français et une langue africaine sont les deux premières langues déclarées.

Les personnes originaires de la Côte d’Ivoire et du Cameroun étant plus francophiles, c’est sans surprise qu’une grande majorité déclare être de langue maternelle française (respectivement 80,7 % et 80,3 %) alors que c’est moins de la moitié des personnes originaires du Sénégal (41,9 %) et du Burundi (20,6 %) qui le sont.

Il est tout de même intéressant de souligner que c’est 4/10 immigrants sénégalais et 2/10 immigrants burundais qui se disent de langue maternelle française uniquement, c’est plus que ce que nous avons observé des contextes sociolinguistiques des pays dont ils sont issus. En effet, seulement 26 % de la population sénégalaise (OIF, 2014) et 8 % de la population burundaise (OIF, 2019) parlent français. Nous supposons que dans le contexte québécois, il s’agit de personnes nées dans ces pays, mais qui ont grandi au Québec et dont le français a été relayé au plan de langue maternelle.

L’autre catégorie la plus importante de cet indicateur est celle de la langue maternelle africaine. Les personnes originaires du Sénégal et du Burundi sont les plus nombreuses à avoir déclaré une langue africaine comme langue maternelle en 2016 : c’est près de la moitié des immigrants sénégalais (47,2 %) et près de ¾ des immigrants burundais (71,4 %). À l’opposé, c’est environ 1/10 immigrant ivoirien (14,2 %) et camerounais (9 %) qui dit avoir une langue africaine comme langue maternelle. Ceci est le reflet de ce que nous avons pu observer concernant les langues nationales (wolof et kirundi) qui ont une place plus importante au Sénégal et au Burundi qu’en Côte d’Ivoire ou au Cameroun.

La combinaison français et langue africaine n’est quant à elle pas très répandue au sein de notre population à l’étude. Les immigrants sénégalais sont en tête de file avec 8 % qui disent avoir le français et une langue africaine pour langue maternelle, ensuite viennent les immigrants burundais avec 4,6 %, les immigrants camerounais avec 3 % et enfin les immigrants ivoiriens avec 2,3 %. Ainsi, les immigrants d’origines sénégalaise et burundaises sont plus bilingues que les immigrants d’origines camerounaise et sénégalaise.

À la question de la langue maternelle, d’autres répondants ont répondu avoir soit l’anglais seul, soit l’anglais avec d’autres langues non officielles et soit le français avec l’anglais et des langues non officielles comme langue maternelle. Nous avons dû regrouper ces variables en la catégorie « autre cas » pour des raisons de confidentialités statistiques. Les immigrants camerounais sont les plus nombreux (7,7 %) dans cette catégorie de pratique comparativement aux autres immigrants. Ceci serait attribuable, à l’anglais qui est une langue officielle au Cameroun et qui représente la langue maternelle pour une partie des Camerounais.

En 2016, nous avons des portraits linguistiques différents. Chez les personnes originaires du Sénégal et du Burundi la langue maternelle qui est déclarée en première position est la langue africaine, en deuxième position le français et en troisième le français avec une langue africaine. Chez les personnes originaires de la Côte d’Ivoire et du Cameroun, en première position il y a le français, en deuxième position la langue africaine et en troisième position soit l’anglais seul, l’anglais avec d’autres langues non officielles et le français avec l’anglais et des langues non officielles.

3.3.5.2 Langue parlée le plus souvent à la maison

Grâce aux données recueillies, nous pouvons observer les langues que les immigrants de quatre pays d’Afrique francophones parlent dans la sphère privée. Les langues parlées le plus souvent à la maison nous permettent dans une certaine mesure d’examiner les cas de transferts linguistiques.

Le français est la langue la plus souvent parlée à la maison pour l’ensemble de notre échantillon (plus de la moitié) d’après le recensement de 2016. Ce sont les immigrants ivoiriens qui sont les plus représentés dans cette catégorie (93 %) et ils sont suivis par les immigrants camerounais (88 %). Comparativement à ces derniers, les immigrants sénégalais et burundais sont les moins nombreux à déclarer le français comme la seule langue parlée le plus souvent à la maison.

Nous pouvons classer les communautés ethnoculturelles par ordre croissant selon leur utilisation du français. Ainsi, les Ivoiriens arrivent en première ligne avec environ neuf

personnes sur dix (93 %), les Camerounais huit personnes sur dix (88 %), les Sénégalais six personnes sur dix (65,4 %) et les Burundais cinq personnes sur dix (52,9 %).

Bien que les personnes originaires du Sénégal et du Burundi parlent moins le français à la maison que celles originaires de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, une partie parle également une langue africaine seule ou une langue non officielle avec une langue officielle. En effet, c’est à peu près deux immigrants sénégalais sur dix (17,3 %) et deux immigrants burundais sur dix (23,5 %) qui parlent uniquement une langue africaine le plus souvent à la maison. Les immigrants ivoiriens et camerounais quant à eux représentent moins de 2 % dans cette catégorie. Toutefois, ces derniers vont davantage déclarer une langue africaine en même temps qu’une langue officielle comme langues parlées à la maison (respectivement 4,2 % et 5,9 %), mais les immigrants sénégalais et burundais les dépassent également dans cette catégorie. Environ deux Sénégalais sur dix (16,5 %) et deux Burundais sur dix (20,5 %) parlent une langue africaine et une langue officielle le plus souvent à la maison. Ces taux sont presque similaires à ceux de la langue africaine seulement ce qui démontre de l’importance des pratiques de la langue africaine ainsi que du bilinguisme langue africaine- langue officielle dans les foyers issus du Sénégal et du Burundi comparativement aux foyers issus de la Côte d’Ivoire et du Cameroun.

Nous notons que le nombre d’immigrants camerounais (4,8 %) qui déclarent l’anglais comme seule langue parlée à la maison avoisine celui des immigrants camerounais (5,9 %) qui parlent une langue africaine et une langue non officielle à la maison. Ces premiers sont plus nombreux que les autres immigrants de notre échantillon qui représentent moins de 4 % dans cette catégorie, ceci se justifiant par le fait que le Cameroun est un pays bilingue français- anglais. Nous pouvons interpréter cela en disant que le Québec représente tout de même une destination de choix pour la communauté anglophone du Cameroun.

Les chiffres montrent aussi que les personnes originaires du Burundi et du Sénégal sont davantage plus bilingues et/ou plurilingues que celles originaires de la Côte d’Ivoire et du Cameroun. En additionnant les taux des personnes parlant le plus souvent une langue africaine seulement avec ceux qui la parle en même temps qu’une langue officielle, nous aurons pour 2016 environ 44 % des immigrants burundais et 33,8 % des immigrants

sénégalais qui sont bilingues et/ou plurilingues, soit respectivement l’équivalent de quatre personnes sur dix et de trois personnes sur dix.

Nous pouvons classer la population sélectionnée suivant deux catégories. Au-delà du fait que tous parlent majoritairement français à la maison, nous tenons à différencier les usages d’une part des immigrants sénégalais et burundais et de l’autre côté des immigrants ivoiriens et camerounais suivant la seconde langue la plus souvent parlée à la maison. En effet, l’usage de la langue africaine seulement dans les échanges à la maison est en deuxième position après l’usage du français chez les Sénégalais et les Burundais. Quant à l’usage d’une langue africaine avec une ou deux langues officielles, il s’observe davantage chez les Ivoiriens et les Camerounais.

3.3.5.3 Première langue officielle parlée

Dans notre contexte, la première langue officielle parlée par la population sélectionnée nous renseigne sur la connaissance des langues officielles avant l’immigration et aussi sur la capacité de soutenir une conversation en français ou en anglais par les immigrants d’origines ivoirienne, sénégalaise, burundaise et camerounaise résidant au Québec en 2016.

C’est sans surprise que le français est la langue officielle qui est majoritairement parlée par l’ensemble de notre population. Presque toutes les personnes originaires de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Cameroun déclarent le français comme principale langue officielle parlée (plus de 90 %). Les immigrants burundais sont les moins nombreux comparativement aux autres immigrants à déclarer le français comme principale langue officielle parlée. En effet, c’est à peu près 85 % qui le déclarent comparativement à 98,3 % d’immigrants ivoiriens. Ainsi, plus de 9/10 immigrants ivoiriens, sénégalais et camerounais et plus de 8/10 immigrants burundais parlent le français comme première langue officielle. Ceci peut s’expliquer par le fait que le français est une langue officielle dans ces pays. Par conséquent, ils ont pu remplir le critère de sélection sur la connaissance du français pour immigrer au Québec.

En 2016, l’anglais est la deuxième réponse la plus importante après le français chez les immigrants camerounais (5,6 %). Il reste toutefois en troisième position pour les

que l’anglais est une langue officielle au Cameroun et dans certaines régions c’est la seule qui est connue et maîtrisée, ce qui n’est pas le cas chez les autres immigrants de notre échantillon.

La catégorie « autre cas » quant à elle regroupe les cas où les personnes ont coché plus d’une réponse à la question sur la connaissance des langues officielles.

Dans les statistiques présentes, les Sénégalais et les Burundais ont davantage tendance à déclarer plus d’une langue officielle que les Ivoiriens et les Camerounais. En 2016, 12,5 %, c’est-à-dire un Burundais sur dix, représentent le taux le plus élevé de notre échantillon. En deuxième position, seulement 8,1 % des Sénégalais parlent plus d’une langue officielle. À l’inverse dans la même année de recensement, les taux des Ivoiriens et des Camerounais avoisinent le 1 % (respectivement 1 % et 1,2 %).

3.3.5.4 Langue de travail

Selon le recensement de 2016, la langue de travail qui est la plus utilisée par les immigrants d’origines ivoirienne, sénégalaise, burundaise et camerounaise est le français. En effet, plus de sept personnes sur dix la parlent au travail.

Les taux des personnes parlant français seulement au travail sont à peu près similaires pour tous les immigrants de notre échantillon (70 %). Les ¾ des immigrants d’origine ivoirienne (78,9 %) représentent la plus forte proportion et la plus faible se retrouve chez les immigrants d’origine camerounaise (72,9 %). Cette disparité peut s’expliquer par le fait que certains immigrants camerounais sont davantage bilingues français-anglais. Les personnes d’origines sénégalaise et burundaise quant à eux pratiquent le français au travail au même titre que les personnes d’origines ivoirienne et camerounaise.

Le nombre de ceux qui déclarent le français et l’anglais comme langue de travail représente les taux les plus importants après ceux de la langue française. Les immigrants d’origine camerounaise sont les plus nombreux avec environ deux personnes sur dix (18,3 %) à utiliser le bilinguisme au travail comparativement à 14,4 % des immigrants ivoiriens qui le font. Même chose que pour le français, les taux des immigrants sénégalais (16,8 %) et burundais (16,8 %), sont proches de ceux des immigrants ivoiriens et camerounais.

Les « autre cas » de notre indicateur de langue de travail regroupent les cas avec anglais seulement et/ou une langue officielle avec une langue non officielle.

En 2016, les immigrants burundais et camerounais étaient les plus nombreux dans cette catégorie (respectivement 9,8 % et 8,9 %). En termes de position, ça correspondait à la troisième position après le français et l’anglais. Chez les immigrants d’origines ivoirienne et sénégalaise, les chiffres montrent respectivement 6,7 % et 7,6 %. Cependant, la catégorie « autre cas » reste en troisième position dans les réponses.

Grâce au tableau 3.2, nous constatons qu’il n’existe pas de disparité entre les travailleurs d’origines ivoirienne, sénégalaise, burundaise et camerounaise en lien avec les pratiques linguistiques au travail.

Chapitre 4 : Les pratiques linguistiques chez les