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Dans cette annexe, je propose de recenser et analyser le contenu de deux textes (accessibles au grand public via le site internet de la ville) expliquant les politiques municipales de la ville de Laval. Tout comme pour l’analyse de discours au cœur de ce mémoire, le focus sera porté sur le rapport à l’espace et les rapports à l’ethnicités présents dans les documents. Au terme de cette analyse sommaire, certaines comparaisons sont proposées entre le contenu des politiques municipales et celles des discours citoyens.

Analyse des politiques lavalloises

Les politiques d'intégration de Laval ayant déjà été étudiées sur le plan longitudinal par Fourot (2013), cette section vise plutôt à produire un portrait de la vision municipale de la population issue de l'immigration basée sur notre propre cadre conceptuel. Plutôt que de mettre l'accent sur les méthodes de médiation entre municipalité et nouveaux arrivants, nous proposons ici d'explorer la représentation des immigrants et des minorités ethnoculturelles véhiculent les textes et comment s'articulent les relations de pouvoir entre « communauté d'accueil », « nouveaux arrivants » et « communautés culturelles » dans un cadre qui normalise une forme citoyenne précise. Ce faisant, nous serons plus à même de contraster la logique discursive des textes à celle qui émerge des entretiens individuels.

Nous proposons une analyse en deux temps. Dans un premier temps, nous proposons d'analyser un rapport produit par le Conseil Régional des Élus de Laval pour le gouvernement provincial en réponse à leur plan d'action pour l'intégration des nouveaux arrivants. Afin de bien situer le contenu du document et d'en assurer une critique contextuellement informée, nous proposons d'allier, dans ce cas, deux méthodes d'analyse, soit la méthode d'analyse de contenu selon Stoiciu et Brosseau (1989) principalement utilisée dans l'analyse médiatique et la méthode d'analyse critique du discours dans un cadre discursivo-historique inspiré de Wodak (2001) et repris par Bilge (2010). Dans un deuxième temps, nous proposons d'étendre l'analyse critique de discours à un deuxième document, soit le programme présentant la

l'étude. De plus, les éléments valorisés et la présentation de la ville de Laval dans ce deuxième document permettent de tracer un portrait de la ville de Laval plus détaillé, ce qui nous permet, en creux, de comprendre quelles représentations citoyennes sont davantage valorisées dans la vision municipale.

Les textes

Dans cette section, les deux documents municipaux à l’étude seront présentés sommairement. Le premier document est L'analyse en lien avec les grandes orientations lavalloises déjà en cours du

plan d'action visant à assurer la pleine participation des nouveaux arrivants et des membres des communautés culturelles au développement et à l'avenir du Québec 2005-2007 produit par la CRE

Laval.

Depuis l'adoption de la politique Ensemble à Laval en 1990, peu de textes explicitant clairement le contenu de la politique ont été rendus publics. Les textes fondateurs issus du Sommet de la personne de 1990 déjà analysés par Fourot (2011; 2014) s'inscrivent dans les balbutiements de la politique alors qu'ils n'avaient pas de portée réelle. Ils sont le produit de ce que Fourot circonscrit comme étant la première phase de fermeture des canaux de médiation (1990-2003).

Le rapport de la CRE est produit en réponse au Plan d'Action gouvernemental du palier provincial. Le rapport étant publié en 2005, nous pouvons le situer comme le produit de la deuxième phase de fermeture des canaux de médiation telle que rapportée par Fourot (2011) soit l'institutionnalisation de la mesure Ensemble à Laval. La fonction du rapport est d'énoncer clairement sa politique tout en discernant les points où il y a différence idéologique entre le provincial et la CRÉ Laval. Afin de légitimer ses propos, nous nous attendons à ce que la CRÉ Laval fasse référence à la situation locale de Laval. Ainsi, elle devra créer, faute d'avoir une homogénéité réelle au sein de sa population, un « mythe lavallois » probablement basé sur des statistiques et des références au groupe dominant, un groupe relativement homogène au nom duquel elle intervient auprès du gouvernement. Une analyse subséquente du rapport nous permettra de découvrir qui est ce « Lavallois » construit et mobilisé dans le rapport.

Le texte est composé de trois parties : une introduction, le corps du texte (chaque axe d'intervention du plan gouvernemental étant commenté) et une conclusion. Bien que le corps

du texte soit informatif quant aux attentes du conseil suivant la politique Ensemble à Laval, l'introduction et la conclusion offrent un espace de mise en contexte où nous pouvons entrevoir les motivations sous-tendant les résolutions d'Ensemble à Laval

La présentation du document est très sommaire et presqu'exclusivement constituée de commentaires et de tableaux Word. Aucune image n'est associée à cette publication. Le document a été trouvé sur Internet dans la section des publications du Conseil Régional des Élus classé par année de publication. Rien ne portait l'internaute à cliquer sur ce lien plutôt qu'un autre, outre le titre du document.

Le second document est la Politique culturelle de la ville de Laval. Ce document de 35 pages est publié en 2006 par la ville de Laval pour présenter la refonte de sa politique culturelle et détailler ses nouveaux axes d'intérêts. Destiné à un large public, il est aussi accessible en ligne, en format pdf., sous l'onglet des politiques municipales. Le texte est agrémenté de nombreuses photos de paysages ou d'événements culturels lavallois.

Le programme se divise en 13 parties distinctes. Au départ, un bref historique de la culture à Laval est présenté suivi d'une explication des formes que prend l'expression culturelle à Laval. Ensuite, les missions et les valeurs sous-tendant la politique, les principes directeurs ainsi que les grandes orientations sont énumérés. Les six sections suivantes exposent les manières dont la ville prévoit implanter ces actions et les ressources qui seront mobilisées. Une brève conclusion est ensuite esquissée, suivie par une rétrospective des événements en lien avec la culture ayant eu lieu depuis la création de la ville de Laval en 1965.

Se disant aligné sur les principes d'Ensemble à Laval, le programme fait peu de place, tant discursivement que visuellement, aux immigrants et aux minorités ethnoculturelles. En cela, il est plutôt inutile pour l'analyse de contenu de Stoiciu et Brosseau, mais constitue un élément d'analyse intéressant pour l’analyse critique de discours.

Analyse de contenu

L'analyse de contenu médiatique proposée par Stoiciu et Brosseau (1989) est assez pointue et permet de cibler qualitativement et quantitativement les relations de pouvoir discursives dans le contenu médiatique. Le modèle proposé par les auteures est le suivant :

Figure 3: Analyse de contenu médiatique

Pour cette démarche analytique, j'ai décidé de n'inclure dans l'échantillon que le premier texte sur la politique Ensemble à Laval. Le document sur la politique culturelle n'aurait pas été intéressant à analyser, car il ne fait référence qu'une seule fois à l'hétérogénéité de sa population.

Le rapport sur l'analyse des politiques gouvernementales étant destiné au gouvernement provincial, plusieurs éléments seront écartés de l'analyse originale proposée par Stoiciu et Brosseau pour ne garder que les éléments pertinents au biais de contenu (surlignés en orange), ce qui nous intéresse particulièrement. Cette analyse qui est idéale pour cerner les biais dans un document souffre toutefois de son faible arrimage au contexte social qui entoure la production de ce texte et au peu d'attention qui est accordée aux relations de pouvoir présentes

dans la société. C'est pourquoi je propose de compléter cette analyse avec une analyse critique de discours.

Analyse critique du discours

Selon les termes de Bilge, l'analyse critique du discours selon l'approche discursivo-historique développée par Wodak « [i]nterroge […] systématiquement, au moyen d’analyses textuelles et contextuelles, '' la relation entre le texte et ses conditions sociales, ses idéologies et ses rapports de pouvoir'' (Wodak, 1996: 20), cette approche promeut la prise en compte de tout élément d’information pertinent qui se rapporte au cadre historique dans lequel s’inscrit l’« événement » discursif (Leeuwen et Wodak, 1999: 91) » (Bilge, 2010 : 201).

L'approche Critical discourse analysis (CDA) discursivo historique se démarque par sa posture critique. Ainsi, elle porte une attention privilégiée aux groupes en situation de vulnérabilité et est particulièrement sensible à la mise à jour d'idéologies qui sont vues comme importantes dans l'établissement et le maintien de relations de pouvoir inégales (Wodak, 2009:10). Les opinions étant rarement homogènes, la publication d'un certain discours est souvent le résultat d'une négociation entre différents discours et idéologies en concurrence. Le discours publié est dans cette optique un indicateur des manifestations de pouvoirs, des idéologies dominantes. La CDA favorise une méthodologie multiple selon le modèle de triangulation des données et promulgue la mobilisation de théories de plusieurs champs disciplinaires. Elle est pragmatique et se veut un outil pour apporter des pistes de solution à un enjeu spécifique. Ainsi, le contexte historique est un élément important de l'analyse et de l'interprétation des données, favorisant ainsi un aller-retour entre les données empiriques et la théorie; entre les données micro et un contexte plus global (macro) dans un va-et-vient dialectique (Wodak, 2001).

Les politiques lavalloises : une certaine vision de la ville

comme une situation potentiellement conflictuelle; une rupture dans le temps entre le « avant l’accueil » et le « après l’accueil »? Pour ce faire, j’utiliserai deux méthodes d’analyse des discours, la méthode d’analyse de contenu de Stoiciu et Brosseau (1989), et la méthode d’analyse critique de discours de Wodak (2001). La première méthode me permettra de voir comment les immigrants et les « communautés culturelles » sont abordés dans le document de la CRE Laval; comment ils sont nommés et quelles sont leur connotations (positive, négative, active, passive). Outillée de ces connaissances, je formulerai, dans un deuxième temps, une critique de ce texte qui alliera les éléments historiques propres à Laval aux rapports de pouvoir en jeux dans la ville. Cela donnera lieu, dans le troisième temps de mon analyse, à la présentation critique des thématiques latentes qui ressortent du document de la CRE Laval et du document de présentation de la politique culturelle de la ville.

Quels acteurs sont en jeu?

Le document de la Conférence régionale des élus de Laval présente plusieurs protagonistes investis dans l’accueil et l’intégration des immigrants au Québec : les instances gouvernementales, les acteurs locaux, les communautés culturelles, les organismes communautaires, les immigrants eux-mêmes, la communauté d’accueil, etc. Les termes utilisés pour représenter chacun de ces acteurs et la connotation qui leur est associée dans le texte ont été recensés selon la grille d’analyse de contenu de Stoiciu et Brosseau qui permet de chiffrer les représentations biaisées des acteurs (biais de contenu).

Le tableau 3 ci-dessous présente les acteurs de l’immigration dans la ville lavalloise selon la CRE Laval, les termes utilisés pour les présenter et les biais de contenus associés aux actions entreprises par les acteurs. Le biais de contenu cherche à recenser les sujets du texte (de qui et de quoi parle-t-on?). Les acteurs impliqués dans le texte peuvent être des individus, des institutions, des communautés, etc. Cette méthode tente aussi de recenser les liens de partenariat ou de compétition entre les différents acteurs. Pour se faire, une attention particulière est portée aux étiquettes d'identification des acteurs : « sont-ils nommés de façon neutre (EI), positive (EIP) ou négative (EIN)?». Dans le rapport à l'étude, nous pouvons noter que la majorité des termes utilisés pour désigner les acteurs sont neutres. Cela peut s'expliquer

par l'état officiel du rapport destiné au gouvernement provincial. Toutefois, nous notons néanmoins que certains acteurs sont représentés positivement, soit l'approche citoyenne Ensemble à Laval (EAL), les employeurs de la ville de Laval ainsi que la société. En plus de leur désignation, le modèle de Stoiciu et Brosseau examine aussi le lien des acteurs face à l'action à laquelle ils sont associés. Nous cherchons à voir dans le discours si l'acteur produit l'action (SA) ou si, au contraire, il la subit (OA).

À titre d'exemple, le segment « les immigrants suivent des cours de francisation » dépeindrait les immigrants (étiquette neutre- EI) comme des sujets d'action neutre (SA), alors que le segment « de très bons cours de francisation sont offerts aux nouveaux arrivants » représente les nouveaux arrivants (étiquette neutre) comme des objets d'action positive (OAP).

Suite à la recension des acteurs mentionnés dans le rapport, le tableau suivant peut être constitué.

Tableau III : Recension des acteurs de l’immigration lavalloise dans le document de la CRE Laval

Acteur Occurrence Étiquette et action

Laval (la région) 17 EI-OA

Partenaires de la région 1 EI-OA

Gouvernement du Québec (Ministère; MRCI) 5 EI-SAP

Emploi-Québec 1 EI-SA (possiblement négatif, car

suggère une révision de leurs méthodes)

Universités 1 EI-SAP

Partenaires du ministère 5 EI-SAP

Plan d'action (du gouvernement)(de Laval) 4 EI-SAN (et SA)

Le Québec 9 EI-OA (parfois SA)

Nouveaux arrivants (citoyens à part entière; personnes immigrantes; nouveaux immigrants; une certaine clientèle; travailleurs immigrants; population lavalloise d'origine immigrante;

29 EI-OA (et quelquefois SA) et EIN-OAN (favoriser « une certaine clientèle » p.3)

Le document est écrit pour le compte du CRÉ Laval. Les auteurs potentiels seraient les élus de cette institution qui ont pour mandat de faire la promotion des politiques municipales adoptées (comme EAL, entres-autres). À ce titre, les deux groupes principalement mentionnés dans le document, soit les nouveaux arrivants et la communauté d'accueil, sont référés à la troisième personne et le texte, comme tout texte légal ou officiel, se veut assez neutre.

Nous constatons que seulement deux termes sont utilisés pour décrire la communauté d’accueil. Ces termes sont d’ailleurs équivalents, soit « personnes de la communauté d’accueil » et « communauté locale ». En contraste, plus de neuf termes, mobilisant des notions référentielles très diverses, sont utilisés pour définir les immigrants.

Le document sépare également les « nouveaux arrivants » et les « communautés culturelles » en deux catégories distinctes. Dans la première, l’immigrant est considéré pour sa qualité de nouvel arrivant. Il est représenté comme un futur employé, un futur citoyen; des catégories neutres qui renvoient à ce que la ville de Laval attend de ces « nouveaux arrivants » plutôt que

Ensemble à Laval (approche citoyenne; grandes orientations; ces concepts)

10 EIP-OAP

Personnes de la communauté d'accueil (communauté locale)*

14 EI-OA

Communautés culturelles (Grecs, Portugais,

Italiens, Haïtiens; les organismes des…) 8

EI-SAP ( mais OA lorsque mentionne les nationalités)

Personnes dans leur pays d'origine (futurs immigrants)

3 EI-OA

Les organismes communautaires 2 EI-SA

Les institutions 3 EI-OA

La population 1 EI-SA

Entreprises 2 EI-SAN

Employeurs 2 EIP-OA

Femmes (« le Québec a gagné l'égalité des femmes »)

2 EI-OA et SAP

Société (pluriethnique; riche) 5 EIP-OAP

Tous* (la communauté) 6 EI-OA

Les élèves réguliers (en opposition avec ceux qui ont des besoins particuliers)

ce qu’ils sont comme êtres globaux (attachements culturels, religieux, scolarisés, futurs employés, etc.). Bref, le terme « nouvel arrivant » représente une vision unidimensionnelle de l’immigrant. La deuxième catégorie, celle des « communautés culturelles » fait référence à des Lavallois d’origine nationale autre ou ayant des appartenances culturelles autres que celles du groupe majoritaire Québécois francophone. Ainsi, la culture des Lavallois du groupe majoritaire est effacée et ce ne sont que les Lavallois minorisés qui sont considérés comme « ethniques » ou « culturels ». Le terme des « communautés culturelles » est associé, dans le document, à la sphère privée et à des réseaux d’entraide informels.

D’autres acteurs, institutionnels cette fois, sont mobilisés dans le document. Nous notons d’ailleurs la connotation fortement positive de la politique Ensemble à Laval qui s’oppose à la connotation assez négative du Plan d’Action gouvernemental provincial. Ce faisant, une distinction très claire est faite entre les politiques d’accueil du gouvernement et celles adoptées par le municipal. Ensemble à Laval s’inscrit donc en contradiction avec le modèle québécois. Le document fait d’ailleurs état du fait que, de la perspective de EAL, les orientations provinciales sont trop axées sur les besoins des immigrants et pas assez sur les besoins de la population d’accueil.

Une politique d’accueil sur fond de jeux de pouvoir

Les biais en faveur ou en défaveur de certains acteurs présentés dans le document de la CRE Laval présentant EAL ne peuvent être analysés indépendamment du contexte lavallois. Ainsi, les rapports de pouvoir du document reflètent forcément les rapports de pouvoir qui forment la toile de fond sociale de la municipalité. Ce sont ces relations inégales entre les acteurs de l’immigration présentés dans le document de la CRE Laval que nous allons développer ci- dessous.

inévitablement victime des gains et des reconnaissances de l’autre. La réalité municipale est recadrée selon ce schème dichotomique : la société d’accueil est une victime potentielle, alors que les difficultés auxquelles font face les immigrants sont absentes de l’argumentaire.

Les personnes immigrantes sont représentées comme bénéficiant de programmes et de ressources monétaires visant à aider l’intégration, ressources qui manquent cruellement, selon le document, à certains membres moins fortunés de la société d’accueil.

« Reconnaître la nécessité de contrer les obstacles à l’insertion en emploi aux immigrants par des mesures spécifiques, sans toutefois offrir à ceux-ci, par souci d’équité, des privilèges ou des services auxquels n’auraient pas droit des personnes de la communauté d’accueil; certaines d’entre elles pouvant vivre des difficultés aussi grandes, parfois même plus grandes, sur le plan de l’emploi » (CRÉLaval, 2004:3). Dans cette veine, les traitements particularistes sont honnis et vus comme un manque d’équité :

« Dans un esprit d’équité pour les personnes de la communauté d’accueil, il serait important

que les nouveaux arrivants ne bénéficient pas de privilèges particuliers » (CRÉLaval, 2004:3)

« (…)attention à la discrimination positive. Si des services sont donnés, ils doivent l’être pour contrer les obstacles, et ceux-ci existent, et non pour favoriser une certaine clientèle plutôt qu’une autre (…) (U)ne présence qui ne ferait que revendiquer des services spécifiques pour

les nouveaux arrivants irait à l’encontre de l’équité » (CRÉLaval, 2004: 4)

De plus, des statistiques sont mobilisées pour démontrer que la proportion d'immigrants ne cesse d'augmenter et que leur présence compromet la survivance de la culture québécoise et l'équilibre au sein de la communauté d'accueil. Le document présente donc la communauté d’accueil comme doublement victime de l’arrivée des immigrants, tant au niveau des ressources (services, financières) qu’au niveau identitaire (culture québécoise-francophone). Le document évite de mentionner les réelles relations de pouvoir en jeu dans la municipalité. En effet, la situation est présentée comme presque idéale pour les immigrants alors que sont évacuées les statistiques démontrant le chômage, la pauvreté et l'inaccessibilité aux services de ces populations. Les programmes d'intégration et de francisation sont mentionnés à plusieurs

reprises, au point où ils sont présentés comme empiétant sur les ressources qui pourraient être offertes aux personnes de la communauté d'accueil.

Intégration dans l’État ou intégration dans la nation?

La vision de l’intégration présente dans le document de la CRE Laval permet d’approfondir le rapport entre la région lavalloise et ses résidents immigrants. Dans le document, les « nouveaux arrivants » (rappelons-nous que cette appellation réfère à l’immigrant en excluant ses appartenances culturelles autres) sont non seulement appelés à prendre part à la société en tant que citoyens légaux, mais aussi en tant que citoyens « nationaux ». On lui demande, entre- autre, de connaître « les valeurs, la culture, etc. » du Québec.

EAL s’attend donc à ce que les immigrants lavallois fassent un effort d’introspection incroyable pour identifier les éléments « culturels » de leur personnalité. Ces éléments culturels ne doivent pas paraître dans la sphère publique, qui doit rester un lieu « neutre ». Le document argue d’ailleurs que la présence de différence mène à des discriminations, ce que EAL désire éviter :