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Chapitre 4 : Analyse des manuels

4.1 Analyse du manuel Conquêtes des Éditions Grand Duc (Richard, Bourque, Brodeur, Diotte

4.1.2 Analyse de la séquence 2 : la thèse explicite dans le théâtre

Cette séquence comporte trois volets : lecture, fonctionnement de la langue et communication orale. Notre analyse portera sur les activités de lecture et de langue. Après avoir analysé chacune d’elles, nous verrons s’il y a une articulation entre elles et, si oui, comment celle-ci s’opérationnalise.

Deux extraits de pièces de théâtre servent de support aux activités de cette séquence : Le malade imaginaire de Molière et Médium saignant de Françoise Loranger que l’on retrouve dans le manuel d’accompagnement Répertoires respectivement aux pages 177 et 197.

4.1.2.1 La lecture

L’activité de lecture de cette séquence poursuit cinq objectifs :  situer une pièce de théâtre dans son contexte social;

 situer un extrait dans l’ensemble de la pièce d’où il est tiré;

 dégager la thèse et la contre thèse d’une pièce de théâtre engagée;

 dégager les arguments et les contre-arguments d’une pièce de théâtre engagée;  reconnaitre les procédés utilisés par le dramaturge pour exprimer son point de vue.

Cette activité comprend trois phases : la planification, la lecture et la réaction. Pendant la phase de planification, les élèves doivent, dans un premier temps, situer l’œuvre de laquelle est extrait le texte à étudier dans son contexte social et historique. Les auteurs du manuel soutiennent en effet que cette étape est préalable et nécessaire à la compréhension de l’extrait et à son insertion dans l’ensemble de l’œuvre. Pour ce faire, les élèves doivent consulter plusieurs sources de renseignements, dont la biographie de l’auteur, le résumé de la pièce, l’histoire du théâtre et la critique.

La seconde phase de l’activité de lecture est consacrée à la reconstitution du contenu et du point de vue : phase de lecture proprement dite. Au cours de cette phase, les élèves lisent attentivement les résumés et les extraits des pièces dont ils doivent faire l’analyse. Ils doivent à terme en dégager le schéma narratif afin de pouvoir les situer ensuite dans l’ensemble des pièces d’où ils sont tirés. Le manuel suggère à l’enseignant de modéliser l’activité avec la pièce de Molière et de demander ensuite à ses élèves de :

 reconstituer le schéma narratif de la seconde pièce (Médium Saignant);  préciser ensuite dans quelle partie de cette pièce ils insèrent l’extrait à l’étude;  déterminer le thème de la pièce et le sujet de l’extrait.

Après cette première lecture et ce début de travail sur le contenu, les élèves relisent l’extrait à l’étude. Au terme de cette seconde lecture, ils devront relever les thèses qui s’affrontent et les personnages qui les défendent. À cette étape, ils relèvent aussi les arguments et les contre-arguments qui permettent d’étayer chacune des thèses. La troisième phase de l’activité de lecture est consacrée à la réaction aux textes. Dans cette section, les élèves doivent dire s’ils considèrent actuel le débat sur la médecine. Ils doivent s’appuyer sur des faits réels récents et sur des exemples concrets tirés de la pièce Le malade imaginaire de Molière. Cette section permet d’effectuer un retour sur l’ensemble de la lecture puisque les élèves doivent entre autres énumérer les types de renseignements qu’ils relèvent en survolant un texte théâtral.

4.1.2.2 Les connaissances langagières

Le travail grammatical proposé dans le cadre de cette activité porte essentiellement sur les registres de langue. Après un petit rappel théorique des différents registres de langue,

les élèves doivent, dans un premier temps, attribuer des registres de langue à des phrases extraites du Cid de Corneille et d’Antigone de Jean Anouilh (p. 291) :

 « J’amène cette demoiselle : on l’a prise en train de ménager au mort sépulture. » (Extrait d’Antigone, p. 162, lignes 25-27)

 « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : ils peuvent se tromper comme les autres hommes; Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans. Qu’ils savent mal payer les services présents. » (Extrait du Cid, p. 169, vers 8-11) Ces deux pièces (Le Cid et Antigone) n’étant pas à l’étude dans le cadre de cette séquence, nous présumons qu’elles ont été choisies pour le registre de langue particulier qui les caractérise et qui est semblable à celui des deux pièces à l’étude. Dans ce sens, ils servent donc de prétexte à l’étude de la notion de langue étudiée.

Ensuite, ils doivent trouver le sens moderne de certains archaïsmes des extraits, soit en utilisant le dictionnaire soit en se référant au contexte. Cette fois-ci le corpus est tiré de la pièce de Molière qui est, quant à elle, à l’étude dans la séquence.

 Trouvez le sens moderne des archaïsmes en gras suivants tirés de la pièce Le

malade imaginaire, de Molière, en utilisant le dictionnaire ou en vous servant du

contexte (p. 292) :

 Les grimaces d’amour ressemblent fort à la vérité; et j’ai vu de grands comédiens là-dessus. (acte 1, scène 4)

 Ah! ah! c’est vous? Quelle surprise! Que venez-vous faire céans? (acte 2, scène 1)

 Mandez-le un peu à son maitre de musique, afin qu’il se trouve à la noce. (acte 2, scène 4)

La dernière phase de l’activité grammaticale porte sur le champ lexical. Les élèves doivent relever dans Médium saignant tous les termes appartenant au champ lexical des assemblées politiques. Ils doivent ensuite regrouper ces termes selon trois sous-thèmes : titres et fonctions, niveaux de pouvoir et procédures d’assemblée.

On comprend que le but recherché ici est d’amener les élèves à mieux comprendre les pièces à partir d’une approche lexicale. Toutefois, on peut se demander si ces entrées

lexicales peuvent favoriser la compréhension et l’interprétation textuelle dans la mesure où elles ne permettent pas d’approfondir le sens des textes à l’étude, leur portée critique, argumentative. Les rédacteurs du manuel précisent d’ailleurs que le travail sur les archaïsmes a pour objectif de permettre aux élèves de situer la pièce de théâtre dans son contexte historique. Nous sommes d’avis que la prise en compte du contexte historique est importante dans le processus de compréhension et d’interprétation d’un texte, mais elle ne suffit pas. Cela nous mène à constater que le recours aux extraits semble plus un prétexte d’enseignement qu’un moyen de lier l’étude la langue à celle des textes, car les notions abordées en grammaire ne sont pas de nature à favoriser une meilleure compréhension du texte.

4.1.2.3 Ces volets (lecture-langue-écriture) font-ils l’objet d’une articulation à travers les activités qu’ils contiennent?

Les activités grammaticales telles qu’elles sont conçues et présentées ne sont pas de nature à favoriser une meilleure compréhension ni une meilleure interprétation des extraits travaillés. L’étude des registres de langue, des archaïsmes et du champ lexical se réalise dans des activités au cours desquelles les élèves font du repérage de termes qui ont une proximité lexico-sémantique. Ce repérage, même s’il permet un retour dans le texte, n’offre pas une analyse plus fine des actions des personnages, des thèses débattues et de la spécificité du genre dramatique, encore que la première activité portant sur les registres est totalement décontextualisée. Par ailleurs, le travail sur les textes ne permet pas d’approfondir et d’enrichir les notions langagières à l’étude, notions qui ne font d’ailleurs pas l’objet d’un apprentissage approfondi. Les textes semblent plutôt servir de prétexte à l’étude de phénomènes lexicaux. On ne peut donc pas affirmer que le travail sur les textes et la langue est articulé dans cette séquence.

Toutefois, le fait que les élèves aient pour matériau de travail des phrases tirées de ces pièces peut favoriser chez eux une nécessité de recourir souvent aux extraits pour mieux comprendre les phrases qu’ils ont à analyser. Ces retours sont importants, car ils peuvent constituer pour les élèves une occasion de confronter les analyses qu’ils ont formulées pendant la lecture. Les élèves ont donc ainsi l’occasion d’observer en contexte le fonctionnement du fait de langue étudié. En revanche, nous doutons que cette observation

puisse favoriser une meilleure compréhension des textes puisque le travail grammatical est laconique et peu approfondi.