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2. Communication dans le film : les séquences clés et leurs sous-titres

2.3. Analyse d’une séquence : scène de lit

Cette scène se passe dans la chambre de Bob, en pleine nuit, après que les deux personnages sont rentrés du club de strip-tease, dans lequel ils ne se sentaient pas du tout à leur aise. Comme cela était à prévoir, une fois dans leurs chambres respectives, ni l’un ni l’autre ne parviennent à trouver le sommeil. Bob envoie alors un message à Charlotte, où sont inscrits seulement ces mots : « Are you awake ? » (« Etes-vous réveillée ? »), et Charlotte le rejoint dans sa chambre. Notre séquence (séquence 3) commence lorsque Charlotte se trouve déjà chez Bob.

Lumière et couleurs

La scène se passe la nuit et, en dehors de la lumière bleutée que projette l’écran de la télévision allumée, il n’y a pas d’éclairage dans la chambre. Aussi, la lumière qui se lit sur les visages des personnages rappelle-t-elle celle des salles obscures, comme si cette scène était une mise en abyme du cinéma lui-même. À ce sujet, Sandrine Marques pense que tout le film tourne autour des thèmes du cinéma et de la représentation :

Sofia Coppola livre une réflexion sur le cinéma, et plus généralement sur la représentation, en démultipliant les écrans : surfaces de verres (les immenses baies vitrées de l’hôtel, qui donnent lieu à des surimpressions), miroirs dans lesquels se regarde Bob lorsqu’il se jauge, s’habille ou se rase, enseignes publicitaires, tous ces supports ont pour fonction de réfléchir une image26.

26 MARQUES, Sandrine, “Lost in Translation, le miroir magique”, article paru sur le site : http://lesiteducinephile.ifrance.com/ (consulté le 15.07.2010)

Après avoir éteint la télévision, Bob et Charlotte ont allumé une petite lampe (#18), qui diffuse un faible éclairage blanc. C’est dans cette lumière tamisée qu’ils parviendront à trouver le sommeil (#32). Nous remarquons qu’il s’agit du même modèle de lampes que celles qui se trouvent dans le bar de l’hôtel (séquence 2), ce qui vient renforcer la dimension impersonnelle omniprésente dans l’hôtel Park Hyatt. Cette lampe est d’ailleurs visible sur l’affiche française du film, que nous avons commentée plus haut (voir annexe).

Effets sonores

Au début de la scène, nous n’entendons que le son du film qui est diffusé à la télévision (du plan #1 au #5, puis aux plans #16 et #17), à la suite de quoi Bob et Charlotte éteignent la télévision. À partir de là, il n’y aura pas d’autre effet sonore durant toute la scène, qui sera baignée d’un doux silence jusqu’à l’endormissement des deux personnages. Il est à noter que le fait de voir un film italien sous-titré en japonais (#1, #2,

#4, #6 et #17) peut avoir un caractère saugrenu pour un public français ou américain.

Kinésique et proxémique

Cette scène, qui se situe environ aux deux tiers du film (1h 07), est l’occasion pour Bob et Charlotte de faire le point sur leur situation. Ils n’arrivent pas à dormir et en profitent pour parler à cœur ouvert de ce qui ne va pas dans leur vie. D’ailleurs, Sofia Coppola, qui s’est rendue plusieurs fois au Japon avant d’écrire le scénario du film, explique à propos du décalage horaire que : « Le fait d'être étranger au Japon rend les choses encore plus décalées. On souffre du décalage horaire, et on fait le bilan de sa vie au milieu de la nuit27 ». C’est exactement ce qui se passe dans cette séquence. D’aucuns affirment d’ailleurs que son film est en partie autobiographique.

Tout comme à la séquence 2, c’est Charlotte qui prend la parole la première. Elle rappelle à Bob le moment où ils se sont rencontrés. Selon Philippe Turchet :

Si nous parvenons à capter le premier geste que fait l’autre en nous voyant, nous avons la possibilité de savoir exactement ce qu’il ressent à notre égard. La réaction corporelle immédiate n’est jamais fabriquée. Elle est la plus riche (Turchet, 2004 : 94).

Ainsi, notons que la première fois que Charlotte a aperçu Bob, elle lui a souri, spontanément. À propos de ce sourire, Bob dira d’ailleurs que c’était un « sourire accidentel » (#13). Toutefois, nous ignorons si Charlotte lui a souri car elle a reconnu un compatriote au milieu de l’ascenseur bondé de Japonais, ou si elle a reconnu l’acteur Bob Harris. Il est intéressant de noter que Bob et Charlotte n’ont pas la même perception du moment où ils se sont rencontrés. Bob se souvient très bien que, la première fois qu’il a vu Charlotte, c’était dans l’ascenseur de l’hôtel (“The first time I saw you was in the elevator ”, #8) et, qu’à cet instant, Charlotte lui a souri. Elle dit ne pas s’en souvenir ; c’est

27 COPPOLA, Sofia, dans un entretien figurant sur le bonus de la version française du DVD du film Lost in Translation, 2003.

sûrement parce qu’elle lui a souri inconsciemment. Ainsi, la première réaction qu’elle a eue en apercevant Bob a été de sourire (minute 08). Selon Turchet, cela signifie que Bob pouvait supposer à juste titre qu’ils deviendraient amis. Quant à Charlotte, elle se souvient d’avoir vu Bob pour la première fois dans le bar de l’hôtel, le soir où s’y trouvait la chanteuse (“You know the first time I saw you, you were wearing a tuxedo at the bar ”,

#6). Ce soir-là, la chanteuse entonnait Scarborough Fair de Simon and Garfunkel, une ballade romantique dans laquelle il est dit à cinq reprises : “She once was a true love of mine”, des paroles qui n’étaient pas anodines dans cette scène. Charlotte avait alors offert un verre à Bob par l’intermédiaire du serveur, sans lui parler. Ensuite, lorsqu’elle a aperçu Bob au bar dans la séquence 2, elle a osé aller s’asseoir à côté de lui, car elle se souvenait de sa réaction encourageante lorsqu’elle lui avait offert le verre.

Compte-tenu que Bill Murray, dans le film, incarne Bob Harris, un acteur connu, la scène du bar prête à deux interprétations de l’attitude de Charlotte. Il se peut qu’elle soit allée s’asseoir à côté de Bob dans le bar parce qu’elle l’a reconnu grâce à l’image de rappel qu’elle a gardé de lui de la fois précédente. Le terme « image de rappel » désigne l’ensemble des informations que notre cerveau enregistre lorsque nous voyons quelqu’un pour la première fois ; cette image est chargée d’un poids affectif, sans que nous en soyons conscients (Turchet, 2004 : 94). Il est également possible qu’elle ait reconnu l’acteur Bob Harris, connu aux États-Unis. Cela expliquerait pourquoi elle n’a pas osé aller lui parler la première fois.

Au cours de cette scène, les deux personnages se rapprochent de plus en plus physiquement. Selon le tableau de Edward Hall, au début de la scène (#1 à #19), ils sont à une distance dite « rapprochée », puisque, selon notre estimation, ils se trouvent à une cinquantaine de centimètres l’un de l’autre (Hall, 2000 : 210). À cette distance, ils parlent d’une voix douce, sur le ton de la confidence. Au plan #19, Bob et Charlotte passent de la position assise à la position allongée, ce qui témoigne de l’état de bien-être dans lequel ils se trouvent. Au plan #19, lorsque Bob s’allonge, il étend ses jambes d’une façon que Philippe Turchet interprète comme une « détente réelle » (Turchet, 2004 : 275). Cette position, selon lui, évoque la détente intérieure à travers la détente du corps. À partir du plan #20, et jusqu’au dernier plan (#32), ils sont « très près », toujours selon Hall (2000 : 210), car leurs corps se touchent presque. Au dernier plan, Charlotte est allongée en chien de fusil, tournée vers Bob, et s’endort. Il s’endort lui aussi, tourné vers elle, en lui saisissant le pied. Cette dernière image peut suggérer l’idée que Sofia Coppola prend le contrepied des drames romantiques classiques, où l’on s’attend à ce que le personnage masculin prenne la main du personnage féminin, dans une scène de ce type.

Par ailleurs, le fait que Bob prenne le pied de Charlotte peut évoquer une forme de fétichisme, telle que Sigmund Freud l’a défini en 1914 : l’objet fétiche (ici, une partie du corps), revêt une symbolique érotique.

Ainsi, dans cette scène que l’on peut considérer comme la scène centrale du film (bien qu’elle se trouve aux deux-tiers du film, elle correspond au moment où la complicité entre les deux personnages est à son paroxysme), Bob et Charlotte voient leur relation se cristalliser pour se transformer en véritable complicité. Sandrine Marques décrit d’ailleurs ce passage comme « une admirable scène de lit, aussi intime que pure28 ». En effet, il ne se passera rien de plus car, comme l’a dit Bob à l’attention de Charlotte dans la chanson du karaoké : “More than this, you know there is nothing” (« Tu sais qu’il n’y a rien de plus que cela ») de Roxy Music. Dans un entretien, Bill Murray explique aux spectateurs :

C’est une scène clé du film. C’est le moment où la plupart des spectateurs décident qu’ils aiment le film. Il y a une structure romantique à laquelle ils sont habitués. On arrive habituellement à un moment où dans le scénario, il faut choisir d’aller dans une direction ou une autre. Dans un sens, aucune de ces directions n’est correcte. En terme d’écriture, cela vaut la peine de le répéter, soit les personnages ont une aventure, soit ils font quelque chose de différent, soit ils se tournent le dos. […] C’est ce qui était difficile dans cette scène. On ne savait pas exactement comment on allait s’y prendre. Il a fallu du temps […] pour arriver à faire une scène dont je suis très fier.

C’est une de mes plus belles scènes29.

Ainsi Bill Murray confirme-t-il ce que nous pensions à propos de cette scène entre Bob et Charlotte. Il est intéressant de noter qu’il parle de « structure romantique » à laquelle les spectateurs sont habitués. Nous croyons en effet que Sofia Coppola cherche à déconstruire les attentes du spectateur par rapport aux films romantiques : Bob ne prend pas la main de Charlotte, mais le pied ; ils se remémorent la première fois où ils se sont rencontrés ; alors qu’ils ne sont pas un couple ; ils sont au lit mais n’ont pas de relation sexuelle. À la fin de cette scène, Bob parvient à dissimuler son désir pour Charlotte en lui prenant le pied, un acte qui lui permet de préserver intacte la pureté de leur relation, ce qui est une sublimation répressive de son désir pour Charlotte.

Atmosphère

Les lumières, les couleurs et les effets sonores de cette scène sont autant de signes indiquant une atmosphère douce et douillette. C’est la nuit, les deux personnages sont confortablement installés sur le lit de Bob et regardent un film classique italien en buvant du vin. En communiquant par le biais de ce tableau qui est un cliché de scène romantique, Coppola incite le spectateur à croire que les deux personnages vont s’abandonner à leur désir mutuel. Mais il n’en sera rien : Bob et Charlotte se contenteront de poursuivre leur conversation. Le silence qui règne dans l’hôtel Park Hyatt leur donne l’impression d’être les seuls à être encore éveillés et, ainsi, nul ne peut entendre leurs confidences.

28 MARQUES, Sandrine, “Lost in Translation, le miroir magique”, article paru sur le site : http://lesiteducinephile.ifrance.com/ (consulté le 15.07.2010)

29 MURRAY, Bill, dans un entretien se trouvant sur le bonus de la version française du DVD du film Lost in Translation, 2003.

Sous-titrage

La première expression que nous aimerions commenter émane de Charlotte et intervient au plan #7 : “you were very dashing ” (« Vous en jetiez »), lui lance-t-elle d’un air taquin. Nous reconnaissons bien ici l’ironie propre aux Anglo-saxons. Selon The Oxford English dictionary, dashing signifie “attractive, confident and elegant” au premier sens et “attractive and fashionable”30 au deuxième sens. Ainsi, en traduisant par « en jeter » le traducteur / adaptateur a entièrement respecté le sens, mais a modifié le registre de langue, qui est passé de courant en anglais à familier en français. Pour conserver le même registre, il aurait fallu traduire par « Vous étiez très élégant » ou par « Vous aviez beaucoup de classe », mais ici, Charlotte montre qu’elle peut aussi s’exprimer de façon familière, ce qui contraste avec la séquence 2, où elle apparaissait comme une intellectuelle, du fait de l’expression latine qu’elle employait.

Lorsque Bob répond à Charlotte en lui indiquant quand il l’a vue pour la première fois (#8), en lui expliquant “But the first time I saw you was in the elevator” il fait écho aux paroles de Charlotte (“The first time I saw you…”, #6) en répétant les premiers mots de la phrase. Ces mots (“The first time…”) sont empreints d’intertextualité31, car on imagine facilement les retrouver dans un drame romantique. Ces mots semblent donc appartenir à un cliché romantique de la relation de couple et en ce sens, ils sont très connotés. Dans ce passage, ils semblent avoir une portée antagoniste. En effet, la relation qui s’est instaurée entre Charlotte et Bob n’a pas du tout été définie comme une relation de couple classique. En cela, nous pouvons considérer que ces mots sont un clin d’œil aux films classiques du genre.

Une autre expression que nous jugeons utile de commenter est également prononcée par Charlotte, au plan #9, lorsqu’elle lance à Bob “I guess you do kind of blend in ”. Elle est qui est traduite par : « Vous savez vous fondre dans la foule ». Selon The Oxford English dictionary, “to blend ” signifie “to combine with something in an attractive or effective way; to combine something in this way ”. “To blend in” a le sens de “ to be similar to its surroundings or to match its surroundings32”. Selon Le Trésor de la langue française « se fondre dans la foule » signifie : « se perdre, disparaître dans la foule33 ».

Ainsi, la traduction choisie par le traducteur / adaptateur ici peut être considérée comme une modulation. Une modulation, en stylistique comparée, est une « variation obtenue en changeant de point de vue, d’éclairage et très souvent de catégorie de pensée »

30 Définition trouvée dans The Oxford English dictionary : http://www.oxfordadvancedlearnersdictionary.com/.

31 L’intertextualité est l’ensemble des relations existant entre un texte (notamment littéraire) et un ou plusieurs autres avec lesquels le lecteur établit des rapprochements. (Le Petit Robert de la langue française).

32 Définition trouvée dans The Oxford English dictionary : http://www.oxfordadvancedlearnersdictionary.com/.

33Trésor de la langue française, http://atilf.atilf.fr/.

(Vinay & Darbelnet, 2003 : 11). En effet, en anglais, l’expression comporte la notion de se marier, d’être en harmonie avec ce qui est autour, alors que, en français, c’est l’inverse, puisque « se fondre » permet de disparaître. Ainsi, l’anglais fait appel aux notions d’adaptation et d’harmonie, alors que le français évoque la dissimulation, c’est donc une image antagoniste qui est utilisée.

Un peu plus tard dans la scène, #18, Bob et Charlotte se moquent des Japonais qui intervertissent les sons [r] et les [l]. Nous reviendrons sur ce problème de phonétique dans la troisième partie de ce chapitre, lorsque nous analyserons certains dialogues. Bob donne une explication arbitraire à ce sujet à Charlotte, puisqu’il dit “for yucks, you know, just to mix it up”, qui est sous-titré par « pour rigoler, ils mélangent ». Selon The Oxford English dictionary, “yuck” est “an exclamation used to show that you think something is disgusting or unpleasant34”. Ce mot appartient à un registre de langue familier, puisque le dictionnaire nous précise “slang”. Selon le Trésor de la langue française, « rigoler » signifie : « rire généralement bruyamment, s’amuser beaucoup35 ». Ce mot appartient à un registre de langue plutôt neutre. Ainsi, la traduction a permis de normaliser l’expression employée par Bob, même si le sens n’est pas tout à fait le même. En effet, en anglais, “yuck” est connoté négativement alors qu’en français, « rigoler » est positif.

La phrase la plus intéressante à commenter nous paraît être celle que prononce Charlotte au plan #20 : “I’m stuck ”. Cette phrase est traduite par « Je suis embrouillée » en français. Selon The Oxford English dictionary, “stuck” signifie, au sens propre, “unable to move or to be moved” et, au sens figuré, “an unpleasant situation or place that you cannot escape from” ou “not knowing what to do in a particular situation36” ; cette dernière définition semble la plus appropriée pour décrire ce que vit Charlotte à ce moment de sa vie. Le choix qui a été fait de traduire cette expression par « je suis embrouillée » nous paraît discutable. En effet, dans le Trésor de la langue française, « embrouillé » signifie, au sens propre, « qui est trouble, manque de netteté, de transparence » et, au sens figuré, « qui est compliqué, obscur, peu intelligible pour l’esprit ». Ainsi, en français, l’image est celle de nœuds entremêlés, au lieu de celle de la colle en anglais. Or en français, être embrouillé n’est pas synonyme de ne pas savoir quoi faire, de se trouver dans une situation inextricable. Il y a donc un léger glissement de sens, selon nous. Une traduction du type « Je suis coincée » ou « Je ne sais pas quoi faire » aurait été plus appropriée ici. D’ailleurs, dans une autre version sous-titrée en français (sous-titres réalisés par l’équipe de bénévoles du groupe Frigorifix), la phrase “ I’m stuck” est traduite par : « Je suis coincée ».

34 Définition trouvée dans The Oxford English dictionary : http://www.oxfordadvancedlearnersdictionary.com/.

35Trésor de la langue française, http://atilf.atilf.fr/.

36 Définition trouvée dans The Oxford English dictionary : http://www.oxfordadvancedlearnersdictionary.com/.

Un autre passage intéressant est celui où Bob parle à Charlotte de ses enfants. Au plan #28, il lui avoue que, lorsqu’on a des enfants, “They turn out to be the most delightful people you’ve ever met in your life”, ce qui est traduit par « vous découvrez que ce sont les plus merveilleuses personnes de votre vie». Selon The Oxford English dictionary, “turn out” signifie “to be discovered to be ; to prove to be37”. Le fait de ne pas avoir traduit littéralement, en employant une formule impersonnelle (« il s’avère que ce sont les plus merveilleuses personnes... ») mais d’avoir préféré une tournure personnelle (« vous découvrez que ») procède d’une modulation puisque, dans cette expression, l’anglais énonce une généralité, alors que le français se positionne du point de vue du personnage, Charlotte, pour qu’elle se sente davantage impliquée par ce que lui explique Bob.

“John thinks I’m snotty”, l’avant-dernière réplique de cette séquence, est traduit par : « John pense que je suis bêcheuse ». Selon The Oxford English dictionary, “snotty”

signifie : “impertinent, arrogant38” (“slang”). En français, l’adjectif bêcheur a le sens de

« médisant, mauvaise langue » ou encore « prétentieux, poseur, snob ». Nous nous souvenons du passage dans lequel Charlotte avait paru mépriser l’ignorance de Kelly au sujet d’Evelyn Waugh. John lui avait reproché de « trouver tout le monde stupide » et lui avait rappelé que « tout le monde n’a pas fait Yale ». La traduction de snotty par bêcheuse ne nous paraît pas très appropriée ici, d’autant que ce mot a été employé par John pour décrire sa femme, nous l’imaginons mal employer un terme si soutenu et si archaïque. Nous pensons que le traducteur a fait un anachronisme ici.

La dernière réplique de cette séquence (#32) est évocatrice de la relation qu’entretient Bob avec Charlotte. En effet, en anglais, il la rassure “You are not hopeless”, ce qui est sous-titré par « Ton cas n’est pas désespéré ». Il y a un ajout en français (le mot « cas » ne figure pas dans l’anglais), qui donne une dimension autre au rapport qui

La dernière réplique de cette séquence (#32) est évocatrice de la relation qu’entretient Bob avec Charlotte. En effet, en anglais, il la rassure “You are not hopeless”, ce qui est sous-titré par « Ton cas n’est pas désespéré ». Il y a un ajout en français (le mot « cas » ne figure pas dans l’anglais), qui donne une dimension autre au rapport qui